La mise en scène est un sujet privilégié dans mes études, analyses et recherches. J'aime bien suivre l'évolution d'un individu dans le temps et l'espace, considérer les éléments qui se juxtaposent devant mes yeux et ainsi voir ce qui est montré sans que cela soit dit, exprimé ou transmis sans qu'on s'en rende compte. C'est ce que les critiques appellent le non dit, l'impensé. La mise en scène elle-même est un message qu'il faut savoir décoder et interpréter. C'est là que toute ma formation antérieure, livresque et autodidacte m'aide. Je vous surprendrai en évoquant l'impact prépondérant de Kimfingia, mon village paternel, dans ma conception du mythe. Ce que j'ai appris à Mutoni, Makiosi, Kenge, Kimbau, Kalonda, Mayidi, Rome, Fribourg, Paris et Munich constitue un pan de ma propre mise en scène autobiographique, mon côté de colonisé culturel. Ce blog constitue également un jeu de scène qui reprend, comme je l'ai révélé il y a quelques semaines, des passages d'un livre qui s'est écrit en format traditionnel et que je réécris au rythme de la nouvelle technologie. Voilà pour l'anecdote!
Une des tribunes les plus intéressantes pour observer les acteurs ou actrices se révèle être la politique. Ce pourrait être aussi l'église, la congrégation, le milieu du travail. Mais restons en politique car elle embrasse notre vie qu'on le veuille ou non. Les rapports de pouvoirs au niveau mondial, continental ou national, constituent de bons pans de mise en scène. Le monde est tellement fondé sur le mensonge qu'à chaque fois que quelqu'un dit "en vérité", il ment. Le monde est tellement fondé sur le manque de respect qu'à chaque fois que quelqu'un dit, "avec tout le respect que je vous dois", il vous insulte ou presque; il tient des propos indécents. Le monde est tellement tordu que toutes les vertus jadis vantées sont devenues des mirages, des illusions presqu'impossibles à réaliser.
Les acteurs politiques passent pour maîtres sur ces portables quotidiens. Ils promettent pour aussitôt ignorer leur promesses; ils calculent leurs ambitions au gré des circonstances et tracent des trajectoires d'actions en fonction de leurs agendas cachés. L'homme politique qui se trouve devant vous est un monsieur ou une femme à double ou triple casquette. Il tourne casaque et fait volte-face à la moindre obstruction. "Je sers mon pays" = "Je sers mes ambitions". Ne vous détrompez pas. Bref un acteur sur la scène politique. Je n'aime pas la politique, mais j'adore ses jeux de scène.
Au pays des hommes intègres, tout un peuple qui a adoré Compaoré pendant vingt-sept ans ouvre aujourd'hui sa bouche pour le vilipender. Un colonnel qui a assuré sa protection, a permis qu'il quitte le pays, réclamerait son extradition du Maroc au cas où un procès serait ouvert contre lui. Son parti se désunit, l'armée contrôle les manoeuvres alors que ce n'est pas elle qui a pris l'initiative de la révolte populaire. Si l'armée s'était révoltée, Compaoré ne serait sans aucun doute pas parti. Le président de la transition voudrait que la tombe de Sankara soit rouverte pour des tests d'identification. Viennent ensuite les autres assassinats non élucidés. Etc. Autant dire combien le bouleversement ou les enjeux du damier sont imprévisibles.
Les jeux de scène permettent un sport cérébral ou imaginaire susceptible de prédire l'inconnu ou de prévenir contre toute surprise. Vous comprenez pourquoi la politique a mis en place de puissants services de renseignements. Les mêmes analyses ont amené à des guerres comme à des invasions préventives. Souvenez-vous de la guerre de George Bush contre l'Irak sous prétexte que ce pays disposait d'énormes armes de destruction massive. Dans ce sens, les jeux de scène sont forcément proactifs. J'y reviendrai.
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