16 nov. 2014

CHIPS 2014: Idéologie et religion dans les romans francophones d'Afrique.

Chaque année depuis 2005 le département d'histoire et philosophie organise un symposium de philosophie, le Cave Hill International Philosophy Symposium (CHIPS). Et chaque année depuis 2005, ou presque, je participe à ce symposium très proche de mes thèmes de recherche. Ainsi, j'y ai publié en ligne la plupart de mes articles présenteés à cette conférence. Ce symposium étant de très bonne qualité, j'y participe parce qu'il est à ma portée de main, et l'organisateur principal F. Ochieng'Odhiambo est mon voisin de palier. Ensuite parce qu'avec les restrictions budgértaires en vigueur, ce symposium constitue pour moi une activité presque gratuite de recherche. C'est souvent l'occasion de rencontrer des collègues qui évoluent sous d'autres cieux. Je suis sans aucun doute l'homme qui a le plus capitalisé cette opportunité en y présentant  une contribution.
Le thème du dernier symposium portait sur "Philosophy of Religions".
Et ma présentation avait comme titre:" Idéologie et religion dans les romans francophones d'Afrique.
J'ai choisi de discuter le thème à partir de trois romans publiés par des écrivains africains de différents horizons. Je vais utiliser Entre les Eaux de V.Y. Mudimbe (1973), Les tambours de la mémoire de Boris Boubacar Diop (1990) et Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma (2000). Pierre Landu, le protagoniste d'Entre les eaux, est un ancien prêtre cathooique qui dans un effort de combattre le capitalisme et l'exploitation du pauvre par le riche rejoint une guerilla marxiste-léniniste qui prêche une révolution prolétarienne. Dans Les tambours de la mémoire, Fadel Sarr, le fils de Madické Sarr, milliardaire et conseiller du dictateur Major Adelezo, est inspiré par le rêve de paix et justice à rejoindre la Reine Johanna Simentho au Royaume mythique du Wissombo. Ahmadou Kourouma nous présente un enfant ivoirien de douze ans, Birahima, qui est impliqué dans guerres qui envahissent le Liberia et la Sierra-Leone. Ce qui unit les trois romans, c'est le fait qu'ils traitent tous de politique et religion. Ces romans montrent tous l'incapacité des religions, qu'elle soit de croyance chrétienne ou d'ordre islamique, de créer une nation de paix, justice et travail pour tous. Au-delà de la question ontologique qui consiste à comment vivre dans un monde d'harmonie et de comprehension entre peuples de différentes origines se pointe la réalité de l'idéologie, du rêve et de la guerre comme moyens pour promouvoir la réalisation humaine.
Mon étude consiste à questionner l'impact de la religion sur la conscience de l'être humain en tant que force impulsive pour vaincre les inégalités et construire un monde meilleur. Le titre provocatif choisi par Kourouma, déclarant que Allah n'est pas obligé d'être juste en toutes choses sur terre, montre les limites de la religion dans la construction d'une nation. Qu'un prêtre abandonne sa foi chrétienne pour embrasser des thèses révolutionaires et réorienter radicalement sa vie pose la question au sujet de l'essence des comportements idéologiques et religieux. Le but final de cette étude est d'identifier de façon critique les raisons d'être de l'idéologie et de la religion dans le processus constructif d'un être humain et d'une nation.
Publiés respectivement par un Congolais, un Sénégalais et un Ivoirien, les romans examinés reflètent à trois moments historiques les situations politiques de l'Afrique récemment frappée par le Printemps Arabe, Boko Aram, Al Shabab ou le LRA de John Koni. Cette présentation constitue l'ébauche d'une réflexion plus étendue sur le leadership african, les thèmes "Afrique et religions", relation entre idéologie et construction nationale.



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