31 déc. 2016

RDC: L'accord est signé

31 décembre 2016. Cela a bloqué longtemps à la CENCO parce qu'il se jouait un jeu de dames là-bas. Cela a bloqué à cause de l'intransigeance et de l'inflexibilité dans les positions des uns et des autres, majorité comme opposition. Malgré l'optimisme persistant des prélats catholiques, on était souvent au bord de la rupture, ce qui aurait confirmé l'échec endémique de notre classe politique. Il n'y avait qu'à regarder les visages des pourparleurs. De véritables damistes, comme on les appelait du temps de ma jeunesse, plaçaient leurs pions en fonction d'un agenda visiblement caché. Que des confusions! Entre-temps est intervenue la nomination du gouvernement Badibanga publiée à moins de trente minutes de la fin du mandat présidentiel. Et même l'identité du PM présenté comme "opposant" portait à confusion. 
Je ne crois pas à la politique parce que je la trouve sans morale ni éthique: elle ne sert que des intérêts d'une clique. Les évêques l'ont découvert à leur dépens. Négociateurs déterminés, en dépit d'une certaine naïveté à propos de la bonne foi de leurs interlocuteurs, ils ont mené le bateau à bon port. Longtemps, j'ai été pessimiste malgré l'optimisme béat affiché par beaucoup de compatriotes. Au vu de l'accord signé, je crois que notre classe politique a compris la notion de l'intérêt supérieur de la nation. Prenez garde néanmoins. Chacun en parle, mais personne n'y croit vraiment. Il suffit d'une petite virgule omise pour que chaque camp campe de nouveau sur ses positions. Il y a un accord, c'est l'essentiel. Au final, le pouvoir garde encore toutes les cartes en mains.
Avec la signature de cet accord, notre peuple vient d'ouvrir une page historique d'espoir. Bravo aux évêques et à nos autorités politiques! Le défi de l'alternance politique demeure toutefois entier car c'est une situation inédite dans l'histoire de ce pays. Maintenant que les ponts étant construits, vient l'heure de se mettre au travail et d'appliquer les résolutions de ce dialogue; ce qui ne se fera vraisemblablement pas sans problèmes. Pour un littéraire rompu à l'interprétation des non-dits des textes, ce temps de transition constitue un temps privilégié de vigilance et d'éveil critique. Des multiples pans de questions demeurent encore à élucider. Le peuple, pauvre et affamé, attend des actes concrets, des actions efficaces dans le sens du développement économique et social, du mieux-être, de la sécurité, de l'éducation, de la santé... Le reste n'est que politique, c'est-à-dire blablabla.
A tous mes compatriotes, je souhaite une année 2017 de paix, d'espoir, de travail et de prospérité. Que Dieu bénisse la RDC.

Happy 2017 To You All

Heureuse année 2017 à vous tous
Mvula 2017 ya mbote na beno yonso
Benu bosu mvula yai 2017 ya kala ya pholu ye kiesi

Procès F Diongo: un "montage" selon son avocat

Me Laurent Onyemba, l’un des avocats du député national Franck Diongo, a dénoncé un « montage » des évènements ayant entrainé l’interpellation et l’ouverture du procès à l’encontre de cet élu du district de la Lukunga à Kinshasa, également président du Mouvement Lumumbiste Progressiste(MLP), un parti politique de l’opposition.
La Cour suprême de Justice a ouvert mardi dans la soirée un procès en flagrance contre cet opposant, membre du « Rassemblement » de l’opposition. La justice congolaise lui reproche d’avoir séquestré le 19 décembre dernier trois militaires à son domicile. Un scénario cousu de toute pièce, a estimé Me Laurent Onyemba.
« Je vous ai dit que dans le récit du ministère public, on comprend visiblement qu’il s’agit d’un montage parce que je ne vois pas Franck Diongo, député national de son état, lui qui n’a pas d’armée, prendre des militaires qui sont suffisamment armés, les mettre chez lui  » a-t-il soutenu.
Il qualifie ce procès de « politique » et dénonce  la  « juridisation des décisions politiques ».
« Transféré à l’hôpital pour des soins»
Au terme de cette première audience, Frank Diongo a été placé sous mandat d’arrêt provisoire. Il a cependant été transféré dans un hôpital de la place sur requête de ses avocats. A Radio Okapi, Laurent Onyemba a expliqué que l’opposant était très faible pour assurer sa défense. Il aurait été tabassé lors de son interpellation.
« Nous avons fait remarquer à la Cour suprême de la Justice que l’honorable Franck Diongo était suffisamment affaibli et il faisait des pertes de mémoire et que la justice, la vraie, devrait s’administrer justement pour des personnes qui sont conscientes, dans les conditions de l’art. Et la Cour a répondu positivement à notre requête ».
Franck Diongo a été arrêté lundi par les forces de l’ordre.
(Source: http://www.radiookapi.net/2016/12/21/actualite/justice/proces-franck-diongo-un-montage-selon-son-avocat)

29 déc. 2016

Rest in peace Kwaku

This morning Clavère and I were stunned and shocked by the passing of Kwaku, Family Daniel and Auntie Judy Boamah's son. The death took unexpectedly place in Toronto, ON, Canada. Eternal peace to his soul. We are still waiting for details to know what happened. On Sunday December 25, a group of African families gathered at Valerie Boamah-Hope's house to celebrate Christmas together. We were all there between 2pm and 8pm, and we celebrated  the combined birthday of Mr. Boamah and his grandson Chwei. During our conversation I asked about Kwaku. His father said he was doing well and enjoying his new house in Toronto.  Auntie Judy was kind of upset by the silence of her son, on a day like that one. He did not call for his father's birthday nor did he call for Christmas' greetings. But nobody could guess anything worse than what we heard today. Valerie tried calling again and again, no response. One would suppose he traveled to Atlanta as he had planned. No notice from Atlanta where he could possibly be. At that time, nobody knew where to find Kwaku. The family then asked a neighbour to check at his house since all the windows and doors were hermetically locked. Kwaku was found dead yesterday night in his house. What a tragic end for such a young man! Many questions as to how or when he died still remain without answers. 
Boamah Family is very closed to ours. We knew each other through the Mamingis, as soon as we arrived in Barbados. During all this time we shared all the most important moments, celebrated Chrismas together and met at various events with other African fellows. We attended Dany's sixtieth birthday, Valérie's wedding, or Chwei's naming ceremony. They came to Clavère and Chrystelle's baptism, our birthdays, or mourned the passing of our parents. We visit each other on various occasions. Before moving to Canada for tertiary studies Kwaku finished his school here. After graduating, he got a job, bought a house. A very promising gentleman with wonderful projects and expectations! Last time I saw him, he came surprisingly to his father's birthday, nobody maybe except his sister expected to see him. Such a talented and intelligent young who could speak French so well. Last time when we spoke of him, Auntie Judy was wondering whether he would ever got married. "Please keep him in prayer." As soon as I heard the sad news of his death, I called and I got Auntie Judy: "God has given, God has taken away. All we can do is pray." My family fully shares the sorrow of the Boamahs and keeps praying for them, for God's mercy on them.
May Kwaku rest in eternal peace!

28 déc. 2016

Israel et la résolution 2334 de l'ONU

Le conflit entre Israëliens et Palestiniens est comme un destin sans issue. Le plus fort dicte sa loi au plus faible alors que le plus faible résiste à l'extinction. Le plus fort est supporté par la nation la plus forte du monde, les Etats-Unis tandis que le plus faible bénéficie d'une compassion et d'un appui relativement efficace de quelques alliés dont le poids ne semble pas peser sur l'échiquier international. Israël est toujours parvenu à s'en sortir sans trop de dégâts, parce qu'il a été inconditionnellement soutenu par les Etats-Unis. Les Républicains, et Trump ne sera pas différent, ont été toujours les plus tranchants dans leur soutien. Seulement voilà, pour la première fois depuis 1957, le 23 décembre 2016, les Etats-Unis n'ont pas bloqué la résolution 2334 appelant à l'arrêt des constructions de peuplement d'Israël sur le terriroitre palestinien. C'est à la réaction musclée d'Israël que j'ai compris ce que je n'avais jamais compris jusqu'à ce jour. Les premières résolutions sont demeurées sans effets parce qu'il n'avait jamais obtenu l'aval des Etats-Unis, et cette fois, l'acquièscement des EU fâche Israël qui sort de ses gonds. Evénement exceptionnel dans l'histoire d'Israël. Tout est là, j'ai compris, même très bien compris. L'ONU, le machin de CDG, n'est pas si machin que cela. Excusez mon ignorance de la politique internationale! Ce qui m'intéresse,  ce qui me surprend sans vraiment me surprendre, c'est l'indignité du jeu politique et de ses enjeux souterrains. Je ne voudrais pas poursuivre ma réflexion: la politique n'est qu'un tissu de mensonges. On nous trompe à tous les niveaux.

27 déc. 2016

Un peu de souffle

RDC: dix-neuf militants du mouvement citoyen la Lucha ont été remis en liberté ce mardi

Gloria Sengha était portée disparue depuis une dizaine de jours, elle a été libérée sans passer devant la justice. Les dix-huit autres militants arrêtés à Goma le 21 alors qu'ils faisaient un sit-in devant le gouvernorat ont, eux, été remis en liberté provisoire. Selon le mouvement citoyen, cinq sont toujours en détention dans la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Une dizaine de membres des mouvements citoyens sont toujours portés disparus à Kinshasa, parmi lesquels Carbone Beni, l'un des leaders de Filimbi arrêté devant le centre inter-diocésain alors qu'il appelait les évêques et les participants à leur dialogue à demander le départ de Joseph Kabila
Deux militants de Lucha arrêtés à Mbuji Mayi ont été transférés en prison, ils ont demandé leur remise en liberté provisoire. Réponse dans les 48h.
(Sources: http://m.rfi.fr/contenu/ticker/rdc-dix-neuf-militants-mouvement-citoyen-lucha-ont-ete-remis-liberte-mardi)

Au sujet des forces armées

1. Une violence récurrente. J'ai déjà écrit à ce sujet sur ce blog; j'aimerais y revenir en bon littéraire. Depuis quelques jours, beaucoup de compatriotes rd-congolais critiquent l'usage excessif des armes pour maîtriser des citoyens qui marchent pour réclamer leurs droits les plus élémentaires quand bien même subsistent ou naissent des violences et troubles meurtriers dans certains coins du pays. Depuis jeudi passé, plus de cinquante concitoyens ont été assassinés dans le Rutshuru et à Beni-Butembo. On dit que c'est des luttes interethniques opposant Nande et Hutu. La situation perdure depuis des années, et rien n'est fait pour ramener la paix. Il paraît que ces massacres se font au nez des autorités provinciales, des FARDC et des Casques Bleus censés y assurer la paix. Il faudrait reconnaître sans état d'âme l'existence d'une terre-sans-loi. Les agents de la MONUSCO s'adonnent à de fructeux trafics de coltan, d'or ou de diamant, plutôt que de remplir leur mission de paix. 
2. Un silence complice. Que la communauté internationale n'intervienne pas, que le gouvernement ne s'engage pas à y instaurer une sorte d'état urgence, que la presse se taise à ce sujet, tout cela montre suffisamment que la vie d'un Congolais ne vaut rien. Tuer, assassiner, kidnapper, semer la terreur, massacrer aveuglement, tout cela est prôné du moment que l'état largue sur la place publique, en pleine ville, des chars de combat et des armes de destruction massive pour défendre son pouvoir. Le silence est imposé. Les forts imposent leurs lois sur les faibles. Et le rapport est de violence. 
3. La précarité de l'Est de la RDC. Il est un fait que les armes les plus féroces sont braquées contre le peuple congolais au lieu d'être braquées contre l'ennemi. Nos frontières sont devenues des passoirs sans entraves. De nombreux groupes armés incontrôlés y pullulent, semant le désarroi dans les montagnes et vallées. Le territoire congolais est infiltré de toutes parts sans que le pouvoir central ne se préoccupe de repousser l'ennemi. Les faits sont là. Des forces ougandaises ou rebelles penètrent en RDC, commettent d'atroces crimes et retouurnent triomphalement chez eux comme en terrain conquis. Des troupes rwandaises y entrent régulièrement et en sortent sans être inquiétées. L'Est est le tendon d'Achile du pays et du régime de Kinshasa. Le pays est constamment envahi par l'Est; c'est par là que le régime Mobutu est tombé et que s'est instaurée la dynastie Kabila. Le régime de Kinshasa entretient des liens très ambigus avec le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie, et... le Zimbabwe. L'exploitation minière a fait de ce pays un bastion de toutes les multinationales et des prédateurs limitrophes.
4. Les conflits Hutu vs Nande. A propos des conflits interethniques, les avis sont partagés. Ces populations ont longtemps vécu dans cet espace sans conflits ni troubles meurtriers. Les migrations massives et forcées des vingt dernières années les ont certes amplifiés, mais elles n'en sont pas la seule raison. Toute la réalité géopolitique a changé. Grâce aux études du CRN, je suis arrivé à la conviction partagée par beaucoup de chercheurs que le problème fondamental est la distribution de la terre. Paysans agriculteurs et pasteurs ne semblent pas viscéralement entretenir de bons rapports du simple fait que les troupeaux des uns ravagent forcément les champs des autres. C'est la métaphore de tous ces conflits. C'est à ce niveau que l'état devrait jouer son rôle en tant que garant de l'ordre et de la justice. Il faut une politique de la terre, de son exploitation et de son utilisation partagées. Les forces armées feraient mieux de s'interposer comme agents d'ordre, de s'occuper de la sécurité et du bien-être des populations que de les menacer ou de les tuer. 

26 déc. 2016

Le Cardinal Monsengwo a parlé

Hier, alors que je participais à une fête africaine de Noël, le Prof. Mamingi m'a tendu son téléphone pour que je lise le discours du Cardinal Laurent Monsengwo, rapporté sur le site de radio Okapi. Un message percutant adressé aux tenants du pouvoir. Avant d'écrire ces lignes, j'ai tenu à entendre cette homélie de mes propres oreilles, et à suivre quelques commentaires.
Des commentaires entendus ou lus, j'ai compris que chaque partie tire dans le sens de ses intérêts. Le ministre Mende dit qu'il est adressé au Rassemblement. L'UNC y voit une marche en arrière de l'église catholique. Radio Tshangu en donne, selon moi, la meilleure interprétation parce que son analyse est plus posée, plus pensée quoique très tranchante par rapport au pouvoir en place. J'ai lu sur Facebook la réaction de quelqu'un qui estime qu'un tel message est lancé comme un épée pour fendre de l'eau.
Ces commentaires oublient la place précise du Cardinal au sein de l'église catholique du Congo, faute de connaissance du droit canon. Le Cardinal est d'abord un évêque de la même façon que le Pape est l'évêque de Rome avant d'être le Pasteur universel. Le Cardinal n'engage à ce titre que l'archidiocèse de Kinshasa. C'est plutôt la Conférence Episcopale du Congo qui, par la voix de son président et sa suite hiérarchique, engage l'église du pays. Malgré son retentissement national, qu'on se le dise, ce message est d'abord adressé aux catholiques diocésains de Kinshasa.
J'estime pour ma part que le Cardinal a exprimé à l'intention de ses ouailles impliquées dans les événements du 19-20 décembre un message de réconfort, d'encouragement et de sympathie. Il a mis les autorités en garde contre l'usage excessif des armes pour conserver le pouvoir, et invité ses co-diocésains à user de leurs droits "démocratiques" conformément à la loi. Le but ultime est de vivre dans la dignité et la paix.

Libérez Gloria Sengha Panda, symbole de liberté.

"(https://actualite.cd/wp-content/uploads/2016/11/IMG_8097-1132x670.jpg
Gloria Sengha - Photo Pascal Mulegwa,
23 ans, la militante de la LUCHA, Gloria Sengha Panda est portée disparue depuis le 16 décembre 2016. Ni le mouvement citoyen ni sa famille ne sont au courant de l’endroit où elle se trouverait.
« D’après ses camarades de la LUCHA, elle serait dans un bureau de l’ANR. D’autres disent qu’elle serait séquestrée dans un bureau d’une autorité des services de sécurité. Nous sommes très inquiets. Nous avons même peur d’aller à l’ANR. On nous dit qu’on peut nous arrêter si on s’y rend, » dit Veronica Sengha, sa sœur.
Jeune diplômée en droit, Gloria Sengha n’a rejoint la LUCHA qu’il y a une année. Très engagée autant sur les réseaux sociaux que sur terrain, elle représentait l’aile la plus dynamique du mouvement citoyen à Kinshasa.
En savoir plus sur https://actualite.cd/2016/12/26/rdc-dix-jours-apres-disparition-de-militante-gloria-sengha-pere-ne-sait-commencer/#VebMAiOjwcZk7oUm.99)"

Libérez Gloria Sengha Panda. Relâchez-la, et rendez-la à sa famille. 
Occupez-vous plutôt des criminels qui terrorisent la population dans nos villes, et tuent des innocents à Beni.

Happy Kwanzaa

"Kwanzaa is a secular festival observed by many African Americans from December 26 to January 1 as a celebration of their cultural heritage and traditional values." (Source: www.google.com/search)
Kwanza is a practice initiated by Maulana Karenga in 1966-67. In this week of festivities, African Americans intend to mark their difference in celebrating the end of year's festivities. According to the Black Power movement Black People have endured slavery, colonization, domination, racial discrimination in a peculiar way that no other ethnic has. Therefore, this is a time to celebrating African heritage, unity (umoja) and culture.
Happy Kwanzaa to my African American and African Fellows.

25 déc. 2016

Tu fais l'avocat du diable

Cher Claver,
Franchement dans le cas Frank Diongo tu fais l'avocat du diable. C'est un dossier en cours. Il ne faut pas que tu fasses des injonctions à la justice. Tu as le droit d'exprimer ta compassion et ton opinion, mais pas d'entraver l'action de la justice de ton pays. Le dossier est ouvert, attends le verdict pour faire des commentaires plus pertinents.
Joyeux Noël.
GM

Ma réaction à chaud:

Cher G, 
merci pour tes gentils voeux et ton opinion que je respecte. Dans ce blog il arrive très souvent que je prenne position par rapport aux événements en cours; que je défende mes opinions parfois émotionnellement. Je suis choqué de voir un compatriote persécuté et humilié. F Diongo, je ne le connais pas personnellement mais je le respecte tout comme je respecte son combat sans forcément partager son intransigence. Il appartient à un parti dont il défend les idéaux.
Je répète ce que j'ai écrit: "Ce qui m'intéresse, c'est l'homme, sa dignité et ses droits. Peu importent ses tendances politiques." Je ne souhaite pas autre chose que justice. Je ne saurais me taire à ce sujet.
C

24 déc. 2016

Le cas Frank Diongo

Je suis très peiné et très choqué du sort de Frank Diongo. On ne sait pas trop quel crime il a commis. Arrêté ou enlevé à son domicile il y a quelques jours, il a été déféré à la justice. Et hier déjà, il comparaissait devant le tribunal, inconscient et sur une chaise roulante. On dit qu'il a été cruellement frappé, brutalement torturé et violemment maltraité pour avoir sequestré des agents de l'ordre dans sa résidence. Beaucoup de détails sont publiés dans les médias souvent en fonction de la sensiblité politique de l'informateur.
Dieu seul sait s'il retrouvera jamais l'usage de toutes ses facultés motrices et physiques. La cruauté humaine l'a réduit à un vivant-mort ou mort-vivant. C'est de la clinique Ngaliema qu'il se serait rendu à son procès, sur une chaise roulante et inconscient. Donc complètement handicapé, démoli, diminué mentalement et physiquement. Une justice qui traîne un mort-vivant, sans assistance médicale, devant la barre est-elle encore humaine, démocratique et censée ? Cela ressemble au cas de Moubarak. Que sont devenus ses sequestrés? Que sont devenus ses bourreaux? L'injustice serait de les laisser courir alors qu'ils ont pratiquement tué Diongo. Les sbires démolisseurs doivent être poursuivis par la justice car lumière doit être faite sur les circonstances de son arrestation, de ses tortures et de son état actuel. Ses proches biologiques (et collègues de combat) ont le droit de savoir la vérité:c'est un droit humain élémentaire. S'il faudrait engager des enquêteurs indépendants, il faut le faire. Transparence oblige. Tout le monde s'en sortira la tête haute: que justice soit faite. C'est cela l'état de droit que tout le monde appelle de ses voeux dans ce pays dit démocratique.
Sujet éminemment politique, cas éminemment sensible, me dira-t-on. J'apprends qu'en tant que député de la Lukunga, Frank Diongo devrait en principe bénéficier de son immunité parlementaire. Qu'en a-t-on fait? Ce procès ne saurait-il attendre que le prévenu se rétablisse? Ses électeurs et amis estiment qu'il est un devoir de l'état  de soigner le patient avant de le juger. Ce qui justifie l'ajournement du procès. Ou alors, on est tellement pressé d'en finir avec le prévenu qu'aucun délai n'est autorisé.
Ce qui m'intéresse avant tout, c'est l'homme, sa dignité et ses droits. Peu importent ses tendances politiques!

Merry Christmas To You All



Joyeux Noël à tous!
Lubutuku ya kiese na beno yonso!
Benu bosu lubutuku lwa kiesi!

23 déc. 2016

RDC: Une sortie de crise?

"KINSHASA (Reuters) - Le parti au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et le principal bloc d'opposition se sont entendus sur le principe du maintien au pouvoir du président Joseph Kabila jusqu'à la fin 2017, ont annoncé vendredi deux responsables de l'opposition.
En contrepartie, le chef de l'Etat s'engage à ne pas chercher à modifier la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat, ont précisé Martin Fayulu et José Endundo en citant le texte du projet d'accord.
Une personnalité issue des rangs de l'opposition va en outre être désignée Premier ministre, ont-ils ajouté.
"Kabila va rester au pouvoir pour un an", a déclaré Martin Fayulu à Reuters. "Il ne cherchera pas à se présenter pour un nouveau mandat."
Un porte-parole du gouvernement congolais n'a pas souhaité faire de commentaire sur cet accord, qui n'a pas encore reçu l'approbation des délégués participant aux négociations organisées sous l'égide de l'Eglise catholique..."
(Source: https://fr.news.yahoo.com/le-pouvoir-et-lopposition-en-rdc-sentendent-sur-083200541.html)

1. Coup de chapeau à la CENCO pour avoir obtenu que le Président de la République reste en place jusqu'en décembre 2017 et qu'il ne se représentera pas pour un troisième mandat. Coup de chapeau également pour avoir amené les autorités comme les opposants à une solution relativement équilibrée. Mes autres sources n'étant jamais officielles - Facebook, réseaux sociaux, ou TopCongo, etc. - j'ai beaucoup de questions comme toujours.
2. Le silence du Président de la République. On apprend qu'il a fait beaucoup de concessions. Quelles sont-elles? Il n'a jamais dit officiellement quoi que ce soit à ce sujet. Des portes-paroles parlent à sa place. En réalité, il n'est pas engagé de suivre ce qui ne vient pas de sa propre bouche. A n'importe quel moment, il peut nier qu'il ait jamais déclaré ce que ses collaborateurs autorisés ont diffusé à sa place. Le problème demeure donc entier. Il dispose encore d'une année pendant laquelle tout est encore possible malgré la poussée de l'opposition. Tout dépend encore de sa volonté.
3. Un gouvernement de transition. Il y a un gouvernement Badibanga, formé à la veille de la fin du mandat réglementaire et qui a prêté serment hier. Le PM parlait d'organiser les éléctions présidentielles en 2018. Comment va-t-il fonctionner avec la Transition issue de la CENCO? Y aura-t-il un gouvernement de transition? Si oui, comment sera-t-il composé puisque celui qui est là est issu du dialogue de la Cité de l'OUA? La situation ne serait pas tout à fait inédite car on a déjà vécu une situation similaire entre Tshisekedi et Mobutu.
4. Comment les élections vont-elles s'organiser? Il y a beaucoup d'imprécisions, et malheureusement, mes informations sont encore lacunaires. J'arrête là mes questions. Ce n'est que partie remise. J'y reviendrai dès que je recevrai un peu plus de détails.
5. Une chose indéniable du point de vue simplement sémiotique est que le silence n'est pas mystérieux du tout ni énigmatique. Le silence est parole, il est significatif, il est actif. Souvenez-vous de l'expression "Sisa Bidimbu." plébiscité il y a quelques années. Tout est là, exprimé clairement. Il faudrait apprendre à interpréter le silence. Intelligenti pauca!

21 déc. 2016

Le scénario du comptage des morts

Tout est sujet à discussion dans notre pays. Même le nombre des morts pourtant aisément verifiable et prouvable est cause de sérieux malentendus. Combien des morts y a-t-il eu  sur toute l'étendue du pays? Ls autorités réduisent le nombre, les opposant l'augmentent. C'est la loi des chiffres qui suit les dégâts des émeutes et des affrontements entre les forces de l'ordre et la population. Le pouvoir veille à garder une bonne image tandis que l'opposition tient à montrer le mauvais visage des tueurs qui terrorisent et assassinent la population éprise de liberté. La guerre des chiffres ne fait que commencer.

20 déc. 2016

La violence comme dernier recours

20 décembre 2016. Le dialogue est suspendu, va-t-il reprendre? La donne a changé: le pouvoir a surpris tout le monde en publiant le gouvernement Badibanga peu avant minuit afin d'éviter un vide de pouvoir, dit-on. Les casseroles et les sifflets ont carillonné dès 23h00 la fin du mandat présidente. L'épreuve de force a commencé. L'opposition appelle à la résistance. Des affrontements entre jeunes et polices ont lieu depuis la nuit, et continuent à travers Kinshasa, et d'autres villes du pays. 
Voici un SMS que je viens de recevoir d'une amie: "Mon cher masasi mpila ve bo me losila beto gaz na kati ya lupangu, nzila ya kukawuka pas de circulation." (Mon cher, beaucoup de coups de tirs, ils nous ont lancé du gaz dans la parcelle, la rue est vide, pas de circulation).
Il y a déjà eu des arrestations d'opposants et des jeunes dans différents coins du pays, des enlèvements (au moins un: Gloria de la Lucha), des morts à Butembo, morts liées à cette confusion. Il restera à compter le nombre des morts en fin de journée. L'échec de nos élites politiques est démontré; chaque camp fonce. L'opposition appelle à la résistance pacifique contre des militaires, des policiers et des forces de sécurité férocement armés. Quel triste sort pour ce pays que nous aimons tant! 
Que la paix revienne au plus vite. Que je dis la paix, je dis la paix, comme dirait Claver Jr. Je repense à la définition qu'en a donnée Spinoza: "D'un pays où les citoyens sont terrorisés, on peut seulement dire qu'il n'est pas en guerre, on ne peut pas dire qu'il y a la paix." 

19 déc. 2016

Ma Face-réflexion, ma Face-pensée du dimanche (Declerd Midon)

(Je vous laisse le plaisir de savourer cette belle réflexion de D. Midon. Admirez la finesse de expression et la consistance du propos. K C Mabana)
Sur les réseaux sociaux, les Rd congolais sont passés d’un sentiment d’espoir à l’expression d’une déception sans nom, en passant par la cristallisation de l’idée exprimée par la frange la plus extrême de ceux-ci : la « libération » par la lutte armée. Le dénouement, heureux ou malheureux, c’est selon, du dialogue dit de la CENCO est le fruit d’un malentendu concernant « le respect de la constitution » et, l’idée sous jacente d’une captation de l’Etat par des intérêts privés voire maffieux.
Tout est question de principe. La réalité est têtue : le respect de la constitution passe par la disqualification de l’idée que les fossoyeurs de cette même constitution soient récompensés. Par ailleurs, Le régime qui relève de cette logique est celui de l’intérim du président du sénat.
Dire comme Kodjo que le sénat était hors mandature depuis longtemps, c’est ignorer que le droit organise le régime de la responsabilité des différents acteurs politiques. Ils sont exonérés de leur responsabilité par le biais de la force majeure, du cas fortuit et des circonstances indépendantes de la volonté des concernés. Le Président de la république ne peut en exciper, le sénat si.
  • Alter Africa
L’Afrique entière s‘était réjouie des résultats de l’élection présidentielle en Gambie. Le volte face de Yaya Jammeh ne fait malheureusement que conforter l’idée que les forces de la régression doivent rencontrer l’opposition la plus déterminée qui soit de la part des forces progressistes.
Comme la plupart des africanistes, j’exprime l’idée que les régimes issus des élections en Afrique de l’Ouest doivent, au besoin par la force, installer le président élu au palais présidentiel. Par la suite, l’Afrique doit installer, au niveau de l’UA, un observatoire des dérives dictatoriales. Pour prévenir.
En France, le Front national, pas que, prône de sortir de l’Union européenne pour influer sur la mondialisation ou y échapper. Erreur ! La mondialisation, tu en profites seulement quand tu l’acceptes et la comprends. Mais le rattrapage des pays asiatiques enseigne qu’au début, des mesures protectionnistes sont sinon nécessaires, du moins indispensables. Après il faut un mix entre mesures protectionnistes et non. Tout est question de niveau de développement. De ce point de vue, ni la France ni aucun pays de l’OCDE n’est à plaindre.
En France comme en Europe, la dénonciation de la mondialisation conduit à voter pour les extrêmes. Mais, le peuple n’est pas à blâmer. La mondialisation est comme le monstre de Frankenstein : elle a échappé à ses architectes.
Aussi, la reprise en mains du processus passe par la vulgarisation des mécanismes de la mondialisation dans ce qu’elle a d’ontologique et non dans ses effets. Alors, les institutions et les normes de régulation de cette mondialisation pourront générer un discours responsable.

Bon dimanche à tous.

18 déc. 2016

RDC: Tout est suspendu?

Que non! Tout continue, on attend le retour des évêques, la vie continue. Le 19 décembre va passer dans la terreur, l'incertitude et un semblant de calme militarisé. La tension est perceptible dans la rue avec une présence massive de l'arsenal militaire et sécuritaire sur toute l'étendue de la république, dit-on. La vie continue pour une population terrorisée, sommée de rester à la maison de peur de se faire tuer. La vie continue malgré la tension que suscite un tel étau en dents de scie. La vie continue, le 19 est un jour comme un autre mais avec un déploiement militaire et policier énorme, suspension des réseaux sociaux, bref une prise en ôtage totale du peuple congolais par ses propres autorités.
Un ami politologue digne de siéger à la Ceni ou au dialogue inclusif me dit: "Oui l'Etat a le monopole de la violence légitime, disons-nous en sciences politiques." Rien n'est suspendu. Mais comment? La MP affirmait déjà son schéma, et apparemment l'impose. Une chose est sûre, évidente: le président reste de fait président au-delà du 19-20 décembre en dépit de la contestation du Rassemblement, du Front et de leurs militants. Les pourparlers reprennent le mercredi 21 décembre. Les dates des élections ne sont pas déterminées. La situation des prisonniers politiques n'est pas élucidée. Aucun problème de fond n'est résolu, et vous appelez cela dialogue?
Le blocage est voulu, total. Un dialogue sans concession ni compromis n'en est pas un. Discussions inutiles et précieuse perte de temps. Verbiages démocratiques! Au final: on accuse l'autre partie d'être responsable du drame qui s'en suivra alors que soi-même on n'a rien cédé. Dialogue des sourds. Dialogue inutile qui montre l'échec flagrant de notre classe politique incapable de mettre au dessus de leurs intérêts partisans le bien suprême de la nation. Et les évêques censés assurer les bons offices se révèlent limités dans leurs manoeuvres de médiation. Le repli des évêques vers Rome n'augure rien de bon vu qu'aucun camps ne se dispose à faire des concessions.
Un historien de bonne réputation soutient avec raison que le pouvoir du Congo n'a jamais connu d'alternance. Joseph Kasavubu a gagné les toutes premières élections du nouvel état, Joseph-Désiré Mobutu a pris le pouvoir par putsch, Laurent-Désiré Kabila par guerre et putsch, Joseph Kabila par succession héréditaire, ensuite par élections. L'alternance démocratique n'est toujours pas encore réalisée ni résolue. Aujourd'hui, nous sommes à la veille d'une situation inédite: les élections n'ont pas été organisées en temps voulu. Tout est suspendu... au dialogue de la Cenco. Doit-on ou peut-on croire au miracle? Les jours qui viennent vont nous le montrer. Mais gardez-vous d'être ni dupes ni naïfs.

17 déc. 2016

Une démocratie meurtrière

"Silence, on tue, on terrorise, on vole, on viole, on pille, on éventre, on séquestre, on coupe les langues, on dynamite le peuple." La série peut continuer. Tout cela est permis au politique africain selon une tradition d'impunité sacrée. Tout cela s'est vu, se voit et se verra.
J'ai déjà dit mille fois que la démocratie n'était pas faite pour nous Africains. C'est un euphémisme qui se vérifie tous les jours, si pas toutes les années. Observez la carte de l'Afrique, et considérez les mécanismes de passation de pouvoir. C'est tout ou presque, sauf la démocratie. Coups d'état, élections truquées, constitutions révisées, assassinats, prises en ôtage du peuple, voilà par où se passe le pouvoir. Rares sont ceux qui ont été élus démocratiquement et l'ont quitté démocratiquement. On s'éternise pour s'assurer un empire politique et financier inégalable. Sans honte ni scrupule. 
On n'a pas honte de dire: "Vous m'avez voté, et j'ai fait le tour de la république pour vous remercier. Arrivé à Mbandaka,... akati motu kolo kolo... " La suite est connue. C'est ça notre démocratie d'élections par acclamation où le choix se décide à l'ampleur ou au volume des applaudissements et des cris du public. Le ridicule ne tue pas. Là, avec la date butoir du 19 décembre 2016, nous nous trouvons devant un scénario inédit du point de vue historique et littéraire. Rappelez-vous que je me définis littéraire, apolitique, et non politologue.
Le dialogue du Centre Interdiocésain piétine notamment à cause de l'intransigence de toutes les parties présentes. Le défi est de "construire des ponts." Les échos qui en sortent ne semblent pas aller dans ce sens, concernant les questions fondamentales à savoir: le statut du président et l'organisation des élections. Le monde entier est accroché à ce dialogue-point de non retour. Ou ça passe ou ça casse. Le recours à la force devient inévitable chaque jour qui passe. La logique du silence va prendre le dessus, et le pouvoir en place sera sommé de se rendre justice contre un peuple et une opposition qui n'ont d'armes que leurs mains et leurs bouches.
Je crains, hélas, qu'il y ait des morts dans les prochains jours. La discussion portera alors plus sur leur nombre que sur les vrais problèmes de fond. C'est vraiment dommage que notre peuple passe à côté d'une réconciliation historique. Malgré ce scénario-catastrophe, il y a encore un peu d'espoir.

Le pouvoir politique africain

"Silence, on tue."
C

16 déc. 2016

Que va-t-il se passer le 19 décembre? (A. Kindembi)

"Cher Claver,
Je constate qu'aucun défenseur de la MP n'a osé répondre à ton invitation d'un débat plus équilibré. Soit. La vie continue. Je me permets de livrer mon idée des choses.
La plus grande imposture. Qu'on le veuille ou non, la CENCO est téléguidée, menacée et intimidée dans sa médiation. Elle ne peut en aucun cas favoriser une résolution allant dans le sens de la destitution de Mr. Kabila. Et si une décision pareille est prise, le Centre Interdiocésain sera aussitôt encerclé, vidé de son personnel, pillé et saccagé. Elle vous dira d'ailleurs que telle n'est pas sa mission. En fait, elle voudrait simplement calmer les esprits, et forcer sans le vouloir la population à accepter passivement toutes les dispositions prises par les plus forts. D'aucuns parleront de trahison et de corruption. Que l'argent se distribue sous la table afin de garantir une issue en faveur de la partie du pouvoir du fait que celle-ci dispose des moyens nécessaires pour assurer son avenir, ne saurait être exclus. Le peuple ne peut pas se soulever de façon organisée.
On est au Congo, non pas au Burkina Faso, n'arrête-t-on de clamer. Le peuple effrayé ne se soulèvera pas quelle que soit la gravité des impostures imposées au fameux dialogue. Le peuple intimidé sera muselé du fait de son ignorance de la réalité politique, du moment qu'il a été habitué à recevoir des T-shirts, de l'argent, de la bière, du café ou du sucre à l'occasion du passion des propagandistes. Le pouvoir en place porte une grande responsabilité pour n'avoir pas organisé les élections au moment voulu. Il doit en tirer les conséquences au lieu de menacer d'exterminer le peuple et les opposants. Le pouvoir n'a aucun intention de lâcher quoi que ce soit. Pourquoi selon toi le président se tait-il si ce n'est pour cacher son intention de rester président au-delà de la date butoir? Ou s'il ne rêve de devenir président à vie? Rien ne peut s'exclure à ce niveau. Beaucoup de signes ne trompent pas. Ouvre l'oeil et tu verras ce qui se trame dans les coulisses..
Regarde la composition de la délégation de la MP au dialogue avec l'Opposition. Tous les durs des durs sont là. Ils sont là pour forcer l'Opposition à se joindre à leur glissement. Ils tiennent à ce que les élections se tiennent eu 2018 comme si leurs propositions étaient des articles verrouillés de la Constitution. De l'autre côté, l'Opposition sachant que c'est le seul espace où elle peut encore imposer ses vues, s'acharne à affirmer la fin du mandat de M. Kabila. Tout bloque autour du sort d'un individu. Un dialogue des sourds! Tous les camps campent sur leur position. Blocage complet. Les armes vont crépiter dans les jours qui viennent... à cause de l'égoïsme du pouvoir et de l'intransigence de l'opposition.
Laisse-moi te le dire clairement. Le pouvoir n'ayant pas voulu respecter la Constitution s'est arrangé pour se prolonger le mandat jusqu'en 2018. En 2018, le même coup se répétera tant qu'il gardera les commandes du pays. Nul ne connaît l'agenda de ce président qui n'a jamais dévoilé ses intentions par rapport à sa candidature pour un troisième mandat, mais qui musèle toute velléïté d'opposition à ses ambitions. Les actes parlent à la place de la parole. Aujourd'hui circule le bruit selon lequel les réseaux seront filtrés et bloqués. Aujourd'hui déjà, des chars de combat circulent dans les rues de Kinshasa. Le coup de force est maintenu malgré le dialogue de la CENCO. C'est cela la vraie réalité de notre pays.
Que va-t-il se passer le 19 décembre 2016? Rien, sauf que Kabila gardera son pouvoir par la force et imposera toutes ses volontés aux Congolais. Gare à ceux qui oseront manifester dans la rue! Mais le peuple se lèvera tôt ou tard. Je pourrais me tromper, mais je crois que le peuple aura son mot, un jour."
A. Kindembi

15 déc. 2016

UWI Awards Ceremonies 2016







Oui, samedi dernier 10 décembre a eu lieu à Cave Hill la cérémonie annuelle des employés qui totalisent 15, 20, 25, 30, 35 et 40 ans de service ainsi que les collègues qui vont à la retraite. C'est la première fois que j'y ai assisté alors que j'ai écrit pas mal de "citations" pour des collègues. L'administration de l'université, malgré la crise, nous a offert une belle fête. Un précieux cadeau a été remis à chaque collaborateur et à chaque collaboratrice. Il y a eu aussi remises des prix du Rectorat pour meilleurs recherches, meilleure contribution à la vie universitaire, meilleur collaboration internationale, etc., effectuées l'année écoulée. L'ambiance était plutôt joviale, détendue et collégiale. Nourriture, boissons, musiques et danses étaient de la partie.
Comment dire? 15 ans de service, 20 ans de service, ça se fête. Comme les photos l'attestent, Nsona et Nlandu Mamingi ainsi que Clavère et moi-même avons répondu présents.

On Saturday December 10 took place at Cave Hill Campus the Awards Ceremonies 2016. This annual celebration honored all employees of the University who accomplished 15, 20, 25, 30, 35, or 40 years of service at Cave Hill; and also retirees. It was the first time I attend this event although I have written some citations for former colleagues in the past. Despite the financial crisis it undergoes, the University Administration offered us a beautiful celebration. A precious gift was given to each academic or administrative staff as a sign of acknowledgement for her or his long service to the University. There were the PVC and Principal's Awards for excellence in academic research, university life and international contributions in recent years. The atmosphere was happy, cool and of great collegiality. Food, refreshments, musics and dances accompanied the event.
How to say it? One celebrates 20 years of service, as well as 15 years of service. As shown in the pictures, Nsona and Nlandu Mamingi, Clavère and I responded with pleasure to the invitation.

11 déc. 2016

Yahya Jammeh ou le revers de la démocratie

Le 1er décembre 2016, le monde entier s'est réveillé émerveillé par la défaite du dictateur Yahya Jammeh au profit de Adama Barrow élu président de la Gambie. Le peuple a sanctionné 22 ans de pouvoir monolithique et de démolition des droits de l'homme. Le peuple a dit non au système dictatorial afin de permettre une vie nationale pacifique, juste et légale. Le dictateur a élégamment reconnu sa défaite. On l'a cru, on l'a applaudi, on l'a admiré, on a jubilé. Mais une semaine après s'est opérée une volte-face inimaginable dans l'histoire de la démocratie si elle en est une. Du jamais vu. Comme si le ridicule ne tuait pas, comme si le pays lui appartenait à lui seul, le président déchu rejette les résultats des urnes, nomme ou promeut 250 officiers militaires, et se proclame président de la république. Le monde ahuri crie au scandale. L'UA, l'UE comme l'ONU se mobilisent pour condamner et ramener le téméraire despote à la raison. 
Le sort d'un pays entier est suspendu aux humeurs d'un individu qui se permet tout, décide tout, sans égards pour ses compatriotes, sans respect pour le souverain primaire comme on dit en démocratie. C'est là que le bât blesse. On pratique la démocratie pour la forme, mais en réalité "On joue la comédie", titre d'une célèbre pièce du Béninois S. A. Zinsou. Celui-ci avait dépeint le commandant Chaka, mais on n'est pas loin de tous les dictateurs africains qui règnent depuis plusieurs décennies comme si le monde ne changeait pas. Le pouvoir corrompt, ne cesse-t-on de dire. Après vingt-deux ans de pouvoir sans partage, rien n'empêche qu'on ajoute cinq ou six voire dix tant qu'on est encore fort. Quoique Dos Santos ait renoncé à briguer un autre mandat en Angola, Mugabe, Obiang, Biya, Sassou, Kagame, et d'autres sont encore là, et n'entendent pas céder le pouvoir. Tous les arguments sont soulevés pour garder le pouvoir: changement de constitution, manipulation des résultats, corruption de la commission électorale qui n'a d'indépendant que le nom. La loi sur mesure! Aussi déconcertant et ahurissant que cela puisse paraître, cela s'est vu, cela se voit, cela se verra encore sur le continent africain. C'est le triste tableau que notre Afrique bien-aimée présente aux yeux du monde. On la dirait maudite depuis des siècles et pour des siècles.
Des stéréotypes et des clichés de type racial sont aisément évoqués pour tenter de justifier rationnellement ces dérives presque démentielles en ce temps. Les faits ne cessent de les confirmer. On croit l'Africain, donc de surcroît le Noir, incapable d'une gestion démocratique d'une cité. On citera les cas du Sénégal, du Ghana, du Bénin, du Nigéria, de la Tanzanie ou du Botswana, ou d'Afrique du Sud, mais ce ne sont que des exeptions qui confirment les "stéréotypes racistes" collés à l'Afrique. De là à valoriser les bienfaits du colonialisme en dépit des crimes humanitaires qu'il comporte, on n'est pas loin du tout. J'ai pour ma part mon idée de la démocratie en Afrique telle que je l'observe depuis ma jeunesse. Même lorsqu'il m'arrive de parler avec des gens de ces pays, j'apprends des non-dits: certains de ces présidents qui ont quitté démocratiquement le pouvoir, ne l'ont pas fait sans avoir tenté de résister ou d'initier quelques tentatives dans ce sens. Quelque chose sonne faux chaque fois que nous évoquons ce terme "européen" dont les tenants et les aboutissants nous échappent foncièrement. La volte-face de Yahya Jammeh ne m'étonne pas outre-mesure.
Des lecteurs me traitent de pessimiste ou négativiste lorsque je soutiens que la démocratie n'est pas faite pour les Africains. Concept fondamentalement étranger à notre système d'organisation sociale, la démocratie nous a été imposée par la colonisation avec la création des états modernes issus du découpage de Berlin 1885. Nous devons encore apprendre la pratique démocratique, mais que des heurts sur ce chemin. Et, malheureusement, cet apprentissage comporte des détours et contours inattendus concoctés par les ambitions de quelques individus qui par la force prenent en ôtage leurs pays. J'ai bien dit, la force, c'est-à-dire la raison du plus fort. Qui a la force possède le pouvoir ou en dispose selon son gré. Le reste, appelez-cela, démocratie, c'est nul et non avenu. Vive Yahya Jammeh! Vive la loi de la Jungle!

9 déc. 2016

Avis aux lectrices et lecteurs

Cher(e)s Ami(e),

A propos de l'échéance du 19 décembre 2016.
Après les deux interventions de mon ami GM, je souhaiterais publier sur ce blog un article d'un lecteur ou d'une lectrice qui soutient les avis de la Majorité Présidentielle. J'estime que cela éclairera l'évolution du débat et aidera à mieux percevoir l'avenir politique de notre pays. Pas d'insultes ni d'expressions vulgaires SVP. Le respect mutuel et la liberté d'expression sont des valeurs appréciées dans ce blog. Merci.
Email: clmabana@gmail.com

Claver

Les bons offices de la CENCO (G. Mbikayi)

"Cher Claver, 
Permets que je te demande de publier cette petite réflexion sur la situation actuelle de notre cher pays. Le Premier Ministre issu du Dialogue n'est pas encore en fonction, puisqu'il n'a pas formé de gouvernement.  Ce qui est un signe manifeste d'hésitation ou d'incertitude. Donc la peur existe aussi du côté du pouvoir qu'il perde le contrôle de la situation. A moins que ce soit un semblant comme tout est possible en politique.
L'Eglise Catholique s'est impliquée sérieusement pour éteindre le feu, elle s'est désolidarisée du Dialogue de la MP dès qu'elle a senti que ce dialogue servait les intérêts que de la MP et de quelques opportunistes dissidents de l'Opposition. Un acte de courage et de loyauté à sa mission que la communauté nationale et internationale a salué avec admiration. Il n'y a pas plus que dix jours pour que le mandat de Kabila arrive à expiration. Nous, nous soutenons qu'il parte et qu'on entame la procédure de son remplacement par des élections libres et transparentes. Il n'est pas question que la MP impose son calendrier qui n'a d'objectif que de donner plus de temps à M. Kabila et sa clique qui n'ont pas organisé les élections en temps voulus, comme stipulé par la Constitution.
La CENCO a marqué un point important en réussissant à mettre ensemble un nombre restreint des représentants de différentes sensibilités politiques de notre pays. Mais sa mission n'est pas du tout facile. Le but, c'est d'éviter le bain de sang ce 19 décembre, car le régime Kabila veut conserver le pouvoir par tous les moyens militaires et policiers dont il dispose. Comment arriver à trouver des compromis, à "bâtir les ponts" au sens où l'entend le Pape François? Tel est le défi.C'est à ce niveau que l'Eglise montrera vraiment qu'elle est inspirée par l'Esprit de sagesse et de discernement. Car ces divergences peuvent se résoudre, si les deux camps dépassent leurs intérêts immédiats et visent le bien du pays. Nous de l'Opposition, nous restons ouverts à toute solution modérée, sensée et réaliste qui ne sert pas un individu ni une clique d'aventuriers assoifiés de pouvoir.
Merci de m'avoir donné la chance de partager mes vues avec tes lecteurs. Bien à toi,
GM"

8 déc. 2016

19 décembre 2016 par G. Mbikayi

"Cher Claver,
J'aime bien tes analyses politiques même si elles ne sont pas toujours percutantes. Elles sont plutôt mi-figue mi-raisin. On ne sait pas trop de quel côté tu penches. On voit aussi que tu n'habites pas le Congo où deux expressions sont d'usage: "Wumela" pour la Majorité Présidentielle que toi tu appelles le Pouvoir, et "Yebela" pour le Rassemblement que tu appelles simplement l'Opposition. Qu'à cela ne tienne, ton propos est pertinent. Pour ton instruction, je t'invite à suivre les émissions "Tokomi Wapi" de Mr. Eliezer Tambwe, que tu ne sembles pas connaître mais qui diffuse courageusement et clairement ce qu'il pense.
Moi, pour ma part, je suis dans l'Opposition. J'estime que ce que tu appelles scénario est un drame de recul en termes de démocratie. Un régime incapable de dire la vérité sur ses intentions de rester indéfiniment au pouvoir est, à mon avis, indigne, malhonnête et irresponsable. Il crée des crises et des guerres dans le seul but de gagner du temps. Il risque de changer les règles du jeu démocratique s'il passe ce cap. Je suis d'assez près les mouvements des uns et des autres. S'il est une chose que je reproche aux hommes politiques de notre pays, c'est leur manque de vision. Tous sans exception sont tellement pris par des intérêts immédiats et égoïstes qu'ils oublient la cause de la patrie. "Pro Patria Mori" est un slogan des Romains qu'aucun de nos dirigeants n'est capable d'assumer. Ils se contentent de petites miettes distribuées à coup de "per diem" et de corruption massive pour trahir son pays, compromettre sa Constitution et son avenir. Le courage pour la cause nationale n'existe pas dans le chef de nos dirigeants.
Le 19 décembre, je vais te dire ce qui se passera. Les leaders de l'Opposition seront, au cas où ils ne le seraient déjà, tous cloîtrés dans leurs maisons, en résidences surveillées. La rue bougera de façon désordonnée. Les morts sont inévitables surtout parmi les jeunes, les aventuriers et quelques politiciens téméraires. Il y aura des arrestations en masse. C'est plutôt les jours suivants qui seront décisifs, car les gens réagiront en fonction de ce qui se passera le 19. L'Opposition a sans doute monté une stratégie pour contourner les réprésailles et les assauts du régime Kabila. Nous vaincrons. 
Bien à toi
Gérard E. Mbikayi" (Email du 8 décembre 2016)
 

7 déc. 2016

RDC: 19 décembre 2016, date fatale ou fatidique?

1. Je ne suis ni politicien ni opposant ni partisan du régime en place, pour la simple raison que je ne vis pas dans ce pays et que les événements qui s'y passent ne m'atteignent pas directement. Je me définis littéraire et apolitique. La politique est pour moi un enjeu d'obrsevation où se profilent les scénarios de la vie publique; j'essaie de me mettre au-dessus de considérations partisanes tout en restant objectif, critique et judicieux. Quoique j'aie des amis politiciens, je n'aime pas la politique: elle est forcément sale, mensongère, calculatrice et cynique. Regardez bien autour de vous, ils sont tous les mêmes. Même l'ami est transformé en "potentiel" électeur. C'est la règle du métier.
2. Selon la Constitution, la présidence de Mr. Joseph Kabila arrive à terme ce 19 décembre 2016, et il ne peut pas se représenter pour un troisième mandat. Et aux yeux de ses opposants, ce dernier n'a jamais clairement  annoncé qu'il ne briguerait pas un troisième terme. Le 19 décembre est prôné comme le jour de la fin du mandat de Mr. Kabila pour l'Opposition et comme un jour comme les autres pour le Pouvoir. En fait, le soleil se lèvera, il se couchera à coup sûr. Que se passera-t-il ce jour-là? Pour les uns, c'est la fin du régime Kabila. Pour les autres, c'est la continuité car Mr. Joseph Kabila restera jusqu'à ce qu'un autre président soit élu. Deux positions difficilement conciliables. C'est ici que la médiation de l'Eglise catholique prend son sens et ses limites. Par l'entremise de la Conférence Episcopale, l'église entend jouer son rôle de bons offices, en facilitant ou rendant possible un dialogue entre les différentes parties de la vie politique. De quelles marges de manoeuvre dispose-t-elle puisque le Pouvoir poursuit son action et l'Opposition dénonce l'imposture? On assiste à un dialogue de sourds.
3. Le Pouvoir a pris ses dispositions en fonction du Dialogue qu'il a tenu en collaboration avec une frange de l'Opposition désunie. Il a mis en action une sorte de feuille de route fixant les élections présidentielles en 2018; ce que récuse l'Opposition argumentant que le Pouvoir qui a eu tort de ne pas organiser en bonne et due forme les élections ne saurait dicter les règles du jeu après la date-buttoir. C'est anti-constitutionnel, clame-t-elle. Les discussions évoluent alors dans les tous les sens. Chacun y va aussi de son commentaire. Les plus partisans des partisans sortent avec un nouveau parti "Kabila Désir", tandis que les autres brandissent les paneaux "Kabila dégage." Deux logiques de l'après-19 décembre se bousculent dans les têtes des pauvres citoyens que nous sommes. Où est alors le bon sens? Le littéraire est perdu. Perdu? Pas vraiment car il sait interprêter les scénarios.
4. Parlant avec un frère qui voudrait se rendre en RDC pour une semaine, j'apprends que les vols retour sur Paris ou Bruxelles sont déjà pleins. Il n'a pas pu obtenir une place pour le retour ni sur SN ni sur Air France. En fait, la peur a envahi beaucoup de citoyens qui ne trouvernot leur salut que dans la fuite. Des familles d'expatriés ou des compatriotes fortunés ont opté de sortir du Congo avant cette date. Que se passera-t-il le 19 décembre? Rien. Les gens resteront terrés chez eux, quitte à suivre les événements à la télévision ou par les on dit. Le Pouvoir a certes placé ses services d'armée, de sécurité et de police en état d'alerte maximum pour museler tout regroupement, sévir contre toute réunion politique, sanctionner tout dérapage sécuritaire, contenir la population et assurer l'ordre sur toute l'étendue du territoire. L'Opposition de son côté tient à faire partir ce régime qu'elle accuse de tous les maux: dictature, amateurisme, mauvaise gestion, pillage des ressources, corruption. Un bras de fer dans ces échanges de discours parfois violents et sans commune mesure! D'autres prédisent une hécatombe car le Pouvoir ne semble vouloir céder à aucune pression intérieure ni extérieure. Certains gardent leur calme quoique l'incertitude plane dans toutes les têtes. Le Pouvoir dispose d'un impressionnant arsenal anti-émeutes et semble donc en mesure de maîtriser la situation... du moins apparemment. Le Dialogue a permis à Mr. Kabila dont l'échéance arrive à terme de rester au pouvoir au-delà de 2017. Rien n'est sûr. Y aura-t-il affrontement? Y aura-t-il dialogue? A quoi riment les négociations que continue l'Eglise catholique? La vérité se révélera ce jour-là.
Mon voeu est qu'il n'y ait pas de sang qui coule, quoi qu'il arrive. Fatal ou fatidique? Seul les jours prochains nous le révèleront.

4 déc. 2016

December 3: Happy 10th Birthday Ibangu and Mukawa

                                         Chantres à la messe du dimanche 4.12
                                         Chrystelle à la soirée
                                         Claver Jr et son parain, Prof. Mamingi
                                         Dans l'attente du partage du gâteau
                                         Un des gâteaux d'anniversaire
                                          Nos hôtes: Kumba, Mobola (Nigeria), Modou (Sénégal)
                                          Père et fils
                                         Au réveil: déjà occupés
                                      Joyeux Anniversaire Madeleine-Chrystelle et Claver Jr
                                          Jr au travail

3 déc. 2016

Lelo ki ku kidikilu bana bole babutukidi


Bubu yai Ibangu ti Mukawa imene kukisa mvula kumi ya luzingu. Ntonda na Mfumu Nzambi.
Today Madeleine-Chrystelle and Claver Jr are turning 10. Happy Birthday to them. Glory to God the Lord.
C

2 déc. 2016

Abbé Nicolas Berends et le Missel "Fukimina Mfumu, Kikanda ya Nzambi"

Par Abbé Albert Ngengi Mundele, Ntotila ya Salem

I.  Petite historique du Missel ‘Fukimina Mfumu, Kikanda ya Nzambi’

On ne peut pas parler de la traduction du Missel Fukimina Mfumu Kikanda ya Nzambi dans le diocèse de Kenge, sans mentionner le nom de l’Abbé Nicolas Joseph Berends, qui jusqu’à sa retraite en supervisa les travaux et continua presque seul les parties du missel qui n’en étaient pas encore traduits après la publication des premiers volumes (1985).

Petite biographie de l’Abbé Nicolas Joseph Berends

(J’ai fait un voyage express le 17.06.2013 à Arnhem aux Pays-Bas, son pays natal, rencontrer l’Abbé Nico, comme on a souvent l’habitude de l’appeler, pour parler de cette traduction : savoir comment est née l’idée et le développement de cette traduction qui marque la vie liturgique du diocèse de Kenge. Il vit sa retraite dans cette ville).
L’Abbé Nico est né le 22 septembre 1927 d’un père menuisier et d’une mère ménagère. Il est 7e enfant d’une famille de 11 enfants. Après l’école primaire (1934-1940), il parla à un prêtre vicaire de paroisse de son désir de devenir prêtre. Au lieu de le diriger au séminaire diocésain, celui-ci l’orienta vers le séminaire de la Société Verbe divin (svd), dont le minerval était moins cher que le séminaire diocésain. Il fera son noviciat et ses premiers vœux à Teteringen (Pays-Bas). En mai 1952 il fit ses derniers vœux et reçu le diaconat. Après l’ordination sacerdotale en juillet 1953, il continua la théologie à St Augustin à Bonn (Allemagne). Il avait exprimé à ses supérieurs le désir d’aller comme missionnaire en Indonésie, puisque - dit-il - il y avait des Néerlandais. Ses supérieurs décidèrent de l’envoyer au Congo-Belge où les jésuites venaient de céder le territoire de diocèse de Kenge aux Missionnaires du Verbe divin (svd). Il suivit alors une formation au ministère des colonies à Anvers (Belgique) avant de s’embarquer en octobre 1954 pour le Congo-Belge. Il y arriva par bateau en novembre 1954. Il fut affecté à Bandundu-ville comme directeur d’école primaire. Il remplaçait en fait le père François Hoenen svd, qui venait d’être nommé inspecteur des écoles, après une formation adéquate à Kikwit.
Quand on ouvrit le petit séminaire de Kalonda, il y fut envoyé comme directeur, chargé de discipline. – le père van den Baal y était comme Supérieur-Directeur.
Vers les années 1966-67, le clergé diocésain exprimait son opposition à S.Exc. Mgr François Hoenen (svd) à propos du petit séminaire : il voulait prendre la direction du petit séminaire de Kalonda. Quand l’Abbé Dieudonné M’Sanda rentrera de ses études à Rome, il fut établi provisoirement dans la paroisse St Hyppolyte à Bandundu-ville. Puis on le fera prendre la direction du petit séminaire de Kalonda en 1968. Et comme il y avait un vide à la cure de St Hyppolite, l’Abbé Nico fut envoyé là pour aider durant la fête de Noel. Il y restera pendant 13 ans.
L’Année 1974 verra l’Abbé Dieudonné M’Sanda nommé Evêque du diocèse de Kenge. Ayant constaté que les rapports que les missionnaires svd entretenaient avec l’Evêque de Kenge, ne concordaient pas avec la théologie des ministères apprise lors de sa formation sacerdotale, théologie dont un des aspects était l’unité du prêtre avec l’Evêque dans le ministère, l’Abbé Nicolas décida, après réflexions et méditations, de quitter la Société du Verbe divin et de s’incardiner dans le diocèse de Kenge. Cela y eut lieu lors d’une messe matinale, le…. à St Hyppolite à Bandundu-ville.
Notons en passant que l’Abbé Nico est un des piliers des chants liturgiques dans le diocèse de Kenge. Dès son arrivée dans sa terre de mission comme missionnaire svd, il s’évertua d’abord à traduire des chants liturgiques avec des mélodies européennes dans les langues locales. Quand il commença la traduction du missel en kikongo, il était déjà assez avancé dans l’adaptation des chants liturgiques avec des mélodies des langues locales du diocèse. Dans le cadre de la Commission liturgique diocésaine et avec la collaboration très précieuse du père Alfons Müller (svd), il fit mettre en musique annotée les chants adaptés ainsi que les nouvelles compositions des chants liturgiques en kikongo. entre autres compositeurs des années soixante-dix, l’Animateur pastoral Tsafu Kololo, Directeur Charles Makambu, Abbés Benjamin Bwanana et Lievin Mbanga. Ceci aboutira à un premier livret des chants Kikanda ya Nzambi yimbila Mfumu publié en juin 1979 sous les éditions Edimba /Bandundu. Dans la paroisse de la cathédrale Mwenze Anuarite à Kenge, il forma le groupe ‘les fils de Coree’ avec lequel il éditera (ajoutera) d’autres chants liturgiques. Il faut aussi mentionner à propos des chants liturgiques dans le diocèse de Kenge le Père Bernard van Den Boom (svd) qui avait fondé dans les années soixante le groupe des Petits chanteurs et danseurs de Kenge dans la paroisse St Esprit à Kenge. Il quittera la SVD mais restera très attaché avec sa terre de mission. Il est mort le 13 janvier 2014 à Breda (Pays-Bas).

Origine de la traduction du Missel en Kikongo

En 1976, S.Exc. Mgr Dieudonné M’Sanda demanda à l’Abbé Nico, si c’était possible de faire une brochure pour les cérémonies des fêtes de Pacques. L’Abbé Nico lui suggéra alors qu’on pouvait faire plus ; c’est-à-dire traduire tout le missel en kikongo. Il fut chargé d’en superviser les travaux. C’est alors que débuta la traduction systématique du Missel en Kikongo dans le diocèse de Kenge. Et à partir des grandes vacances de cette même année (1976) jusqu’à la publication des premiers volumes en 1985, les grands séminaristes étaient affectés en ministère pastoral de septembre ou pendant les grandes vacances pour aider à la traduction de ce missel.

Les raisons principales de cette traduction du missel en kikongo

Il faut noter qu’il y avait déjà des missels en kikongo : depuis les années soixante, les diocèses de Matadi, Boma, Kenge, Kikwit avaient déjà produit un missel en kikongo. À cela se sont ajoutés les traductions du missel en kikongo de l’Abbé Ernest Binton, les traductions du Père Widard, sj à Kikwit et les traductions de l’Abbé Wawa de Kikwit.
Cependant il y avait déjà un désir ardent d’avoir un missel en kikongo parlé par les gens. On voulait éviter les formes infinitives de la traduction de l’Abbé Wawa un exemple de cette traduction : « Yezu KUbaka mampa, yandi KUsambula yo, Yandi KUpesa yo na balongoki na yandi nde :… ». Le préfixe KU dans ces verbes kikongo marque l’infinitif et sonne la lourdeur dans le parler des gens. La traduction de Père Widard, sj, laissait parfois aller : ce n’était une traduction correcte. La traduction de l’Abbé Binton consistait seulement en quelques textes.
Toutefois, toutes ces traductions ainsi que la bible de Jérusalem (en francais), la TOB en français et le dictionnaire Kikongo et Kituba - Français du Père Pierre Swartenbroecks, sj[1] serviront entre autres comme matériels de base pour la nouvelle traduction du missel en kikongo supervisé par l’Abbé Nico.  Les premiers trois volumes de ce missel furent publiés en 1985 avec l’imprimatur de S.E.Mgr M’Sanda Tsinda Hata Dieudonné, évêque de Kenge. Ils contenaient les textes des dimanches et des fêtes liturgiques. Ce missel est très apprécié et beaucoup utilisé même par les confrères d’autres diocèses (à l’occurrence Idiofa et Kikwit) ayant kikongo comme langue liturgique.
L’Abbé Nicolas Berends a continué presque seul la traduction du missel quotidien en kikongo. Avant de se retirer dans son pays natal à Arnhem aux Pays-Bas, il a lassé tout les documents de cette entreprise liturgique à l’animateur Kololo.
C’est le lieu de faire hommage de ce prêtre missionnaire svd d’abord, puis incardiné dans le diocèse de Kenge, terre de sa mission, qui était à la recherche de vivre un vrai sacerdoce. Quelque soit son caractère, il faut reconnaitre en l’Abbé Nico un travailleur acharné pour ce qui concerne ce travail de traduction et des chants liturgiques.
Les circonstances dans lesquelles est né pour ainsi dire la traduction du missel en kikongo dans les années soixante-dix ne sont pas inédites dans l’histoire des traductions des textes bibliques en général. On peut en épingler quelques unes : la nécessité lire les textes bibliques dans une langue parlée par le peuple, l’initiative et la ténacité d’une personne, l’intervention d’une autorité religieuse/ecclésiastique pour mener ces travaux, la collaboration d’autres personnes et (la reprise et) l’organisation des pareils travaux. Nous en donnons un bref aperçu général…
(Ceci est un extrait de l’article que j’avais donné  pour le livre du Jubillé de 50 ans de diocèse de Kenge, qui devrait déjà sortir à l’Harmattan, édité par l’Abbé Bernard Fansaka et cie).


[1] Pierre SWARTENBROECKDS, Dictionnaire Kikongo et Kituba - Francais. Vocabularie comparé des Langages Kongo Traditionnels et véhiculaires, ceeba :Bandundu, (Série II Vol. 2) 1973.

1 déc. 2016

Basika na nzo na mono, mpukumuni!

- "Basika na nzo na mono, basika, mpukumuni, basika."
Alerté par cet insolite coup de gueule, je sors de ma chambre, contourne le mur latéral du bâtiment et arrive à la chambre derrière la mienne. Je vois une femme qui vit non loin de là. Elle est gênée car je la connais. Qu'est-ce que j'entends? Mon confrère, complètement énervé, fulmine:
- "Cette femme, c'est la deuxième fois que je la chasse d'ici. Qu'à-t-elle à venir me raconter ses aventures avec les Blancs? Qu'a-t-elle à me montrer son immoralité ou sa vie de mauvaise moeurs. Je lui ai déjà demandé de ne plus mettre pied ici, mais elle continue comme si de rien n'était."
Bouche cousue, je raccompagne hors de la concession. Elle lance: "Ce monsieur est un raciste, il n'aime pas les Noirs." 

Un petit oeuf d'oiseau cassé

Ce matin, Claver Jr revient de la trampoline tout joyeux, il y a découvert un oeuf d'oiseau. Que c'est mignon, doux! Pour l'amuser, je lui dis: 
"-Donne-le moi, je le vais en faire une bonne omelette pour mon petit déj."
 - Noooonnn, crie-t-il. 
Moins de deux minutes plus tard, c'est des pleurs. L'oeuf est tombé par inadvertence et s'est cassé. Des pleurs et des lamentations. Nous avons dû attendre au moins une demi-heure pour que l'inconsolable jeune homme revienne de ses sinistres sentiments:
- Pourquoi cela m'est-il arrivé à moi? Pauvre de moi, j'ai tué la vie d'un petit oiseau. Pourquoi Dieu m'a-t-il fait ça?
Il est allé cherher consolation auprès de sa mère. Sans succès. Moi, j'écrivais sur le blog en ce moment, je l'ai prié de se calmer car "ce n'est qu'un oeuf comme il y en a plein dans le frigo". "Mais celui-là était spécial. Je suis responsable d'avoir tué un oiseau", rétorque-t-il sortant de grosses larmes. J'envoie tour à tour sa mère et sa soeur le consoler dans sa chambre, mais il ne veut rien entendre. Finalement, sa soeur lui trouve un teddy bear ou un chaton en coton qu'il étreint... et il prend des macaroni-pies avec du ketch up. Au moment où je finis ces lignes, il accompagne "Jingle Bear" avec son tambour djembé venu du Benin.

Un triste 1er décembre

A compter le nombre des morts proches et lointains qui sont pleurés en ce jour, je ne peux qualifier ce 1er décembre que de triste et morose. Aujourd'hui il y a ou il y a eu à la morgue: mon oncle Faustin Yingila qui sera enterré dimanche, l'abbé Nicolas Berends enterré aujourd'hui, le frère de monsieur Clément Bwangi, et aujourd'hui maman Viviane Ndandu. Il y a également en début de semaine la mort d'un autre oncle, le Grand Chef Kiamvu-Tsumbi, père de Clémentine, Noël d'heureuse mémoire, Désiré, Mao. Que leurs âmes reposent en paix! 
En union de coeur et de prières!

Ma Viviane Ndandu wendi kwandi

1er décembre 2016. Tôt ce matin est décédée à Kinshasa Mama Viviane, mère de Roger, d'Amparine et de l'abbé Charles. Je n'ose citer Colo ou Kipoy, d'heureuse mémoire. Que son âme repose en paix!
Ma Viviane, c'est ma mère. Il n'y a pas une meilleure façon de la présenter. Elles étaient liées depuis le temps de l'école. Elles se sont ensuite toutes les deux mariées dans ma famille paternelle. Ce n'est pas coïncidence, mais vie. Ma Viviane se conduisait comme une aînée pour maman. Et même nous les enfants avons grandi ensemble: à Kimbau Roger était mon condisciple tout comme Amparine l'était avec Béatrice. Nos parents nous ont éduqués dans sens d'amour sans partage!
Combien de fois sur le court chemin qui séparait ma maison de l'école, je me suis arrêté chez les Ndandu pour un repas, une conversation ou ou juste pour le plaisir de les voir? Laissez moi révéler que c'est dans cette famille qu'élève de cinquième primaire, je serai la main de l'abbé Firmin Kilunga pour la première fois. C'était en 1968. C'est l'époque où le petit Charles amusait la galerie par une sincerité défiant l'honnête:
- Mama, mama katumi yalomba mungwa?
- Lo, mwana, mungwa wa kuki.
Et le petit Charles dans son innocence angélique de sortir avec un fond de sel gardé dans une bouteille, ne comprenant pas que maman préservait ce fond pour leur propre besoin. Et papa comme maman Ndandu s'amusaient à raconter ces gestes aux autres parents. J'ai entendu cela en 69, et je m'en souviens encore.
De Kimbau la famille s'est déplacée à Kibengele avant de nous rejoindre à Mutoni via Kimwela Kasu, Kabengo. Nos parents sont restés très proches dans la joie comme dans le malheur. Comme Sainte Marie, Ma Viviane a gardé tout cela dans son coeur. La présence discrète de cette ancienne enseignante de l'école ménagère a été d'une grande efficacité dans notre éducation. Merci Ma Viviane de nous avoir tant édifiés! Je ne me souviens pas d'avoir une seule fois vu Papa ou Maman Ndandu fâchés. Quelle générosité! Quelle disponibilité à aider! Quel sens d'amour et de partage! Quelle piété!
Ma dernière rencontre avec Ma Viviane date du 6 août 2014, où je suis passé leur rendre visite. Maman était déjà malade, sortie plusieurs fois du coma, survivante. La mort, on peut le dire, est pour elle une délivrance. Cette année, je prévoyais d'y aller avec Charles qui s'est pointé à Kinshasa trois ou quatre jours avant mon départ. Mais la rencontre n'a pas eu lieu, faute de communication et d'organisation. Soit.
Wenda mboti Ma Viviana. Twakuzika buna bwa mboti mama!

50e anniversaire de la Barbade

30 novembre 2016. La Barbade a célébré en grandes pompes son cinquantième anniversaire d'indépendance. Des cérémonies grandioses ont été organisées tout au long de l'année qui ont culminé en ce jour. Vive la Barbade! Vive les Barbadiennes et les Barbadiens!
Que Dieu bénisse la Barbade!

29 nov. 2016

Une pluie abondante a tout paralysé

Ce 29 novembre, l'île de la Barbade a connu une pluie abondante qui l'a paralysée. Toutes les routes ont été inondées. L'eau a débordé un peu partout, et la pluie a continué toute la journée. Les voitures flottaient comme des amphibies dans d'immenses flaques d'eau. J'ai déjà vu cela. C'est une chose de voir de loin, c'en est une autre de se retrouver dedans. Dieu soit loué, on est rentré sains et saufs à la maison. Au moment où j'écris ces lignes, il continue de pleuvoir. 

Nicolas Berends (1927-2016) in memoriam 2

Je voudrais dans ce deuxième volet de mon éloge à Nico livrer quelques éléments un peu plus personnels. Nico Berends était un missionnaire respecté et écouté dans la SVD. Il jouissait d'une réputation d'excellent curé, d'initiateur expérimenté de jeunes prêtres qui lui étaient confiés sans autres. Les aînés Charles Kapende et Innocent Mwela avaient bénéficié de sages conseils. Homme de principes, intègre et idoine dans l'exercice de son sacerdoce, il fut un modèle pour beaucoup de jeunes. A ce titre, il a été un soutien remarquable pour l'évêque M'Sanda qui a énormément compté sur lui. Longtemps, Nicolas Berends a été membre du conseil diocésain, consulté pour toutes les décisions importantes. Son option de s'incardiner au diocèse de Kenge était mal vue par certains amis, mais était la preuve de son attachement à la mission de Kenge, en contradiction ouverte avec les prises de position de la SVD. 
Juste un exemple. En 1977, il avait demandé à l'abbé Denis Luhangu de quitter la paroisse St Hippolyte parce qu'il ne pouvait pas soutenir un prêtre dans sa dispute contre son évêque. Lorsque je le lui ai reproché en 1985, il m'a dit qu'il avait agi conformément à ses convictions de prêtre et curé-doyen. Mais lorsque je le revis en avril 1998 à Kinshasa-Debonhomme, il était en rébellion contre le même évêque qu'il avait longtemps publiquement soutenu. Nico a été un des rares à qui j'avais personnellement annoncé ma renonciation au sacerdoce et qui m'a compris, sans me condamner. Je rappelle ces deux faits pour souligner que Nicolas Berends est un homme, avec tout ce que cela comporte comme contradiction.
En 1987, lorsque je devais partir pour Fribourg, il m'a demandé de garder un projecteur de diapositives. Je le lui ai accordé sans hésitation car je savais qu'il en avait besoin plus que moi. J'avais beaucoup de conversations ouvertes avec lui sur n'importe quel sujet. Nous parlions souvent de l'évêque, des confrères, des missionnaires. Nous discutions théologie et vie. Lecteur assidu, il aimait critiquer le théologien Schillebeeckx, son compatriote. Très ordonné, très organisé, il était très régulier dans tous ses exercices spirituels et travaillait sans relâche.
Un soir de 1985, je lui ai demandé ce qui était le plus difficile pour lui au cours de sa vie sacerdotale. Il m'a répondu: "Composer une homélie". J'étais stupéfait, ahuri. Comment cela se pouvait-il pour un prêtre qui célébrait ses trente ans de sacerdoce? Un prêtre dont les sermons étaient très bien articulés, profonds et édifiants. Comment pouvait-il prétendre que préparer un sermon était difficile? C'est alors qu'il m'expliqua pourquoi il les mettait toujours par écrit, et suivait strictement ses notes. La difficulté pour lui consistait à trouver quelque chose d'instructif en dehors du schéma habituel du déjà connu et mille fois répété. Il me montra à cette occasion quelques cahiers où il écrivait ses homélies. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Nicolas n'était jamais satisfait jusqu'à ce qu'il eut livré son prêche. C'est côté jardin. Que dis-je côté cour.
S'il est des qualités que j'ai pu admirer chez l'abbé Nico Berends, c'était la piété, la simplicité, la modestie, l'humilité et le respect des autres. Qui aurait cru que le grand compositeur était un homme si retiré? Qui aurait cru que ce missionnaire qui a fondé le séminaire dans lequel j'étais formé, possédait un côté humain à désarmer les soldats les plus féroces? Quelle intelligence! Quel sens d'humanité! Sa présence m'a aidé à surmonter certaines difficultés que j'ai rencontrées à l'évêché. Nous avons aussi eu des désaccords sur tel ou tel points, mais dans le strict respect mutuel. Une fois, je me suis fâché contre lui. C'était le mercredi saint de 1987. Il s'était plaint que je l'avais laissé seul préparer les fêtes pascales alors que j'étais allé, sur sa demande faite en sa capacité de doyen, animer une récollection à Kenge II. Là alors, je ne me suis pas retenu. On a réglé la situation, nous sommes restés bons amis.   
Lorsque je suis retourné de Fribourg en 1992, au cours d'une messe à Anuarite, il m'a fait un éloge très fraternel qui m'a touché. Il a attiré l'attention des fidèles en mentionnant que ma signature se trouvait dans les registres des premiers baptêmes et mariages célébrés à Anuarite, du temps de Saints Pierre et Paul. Je me souviendrai toujours de sa formule: "Mono kele mukobo ya Nzambi" pour traduire la chasteté religieuse. J'ai toujours aimé l'originalité chez Nicolas, quoique certaines personnes ne partagent ce point de vue. "Tche", disait-il pour protester contre quelque chose.
Le moment n'est peut-être pas approprié pour rapporter ces histoires, mais ce sont les souvenirs que je garde de Nicolas Berends, le seul curé dont j'ai été le vicaire dominical pendant mon apostolat à Kenge. Et je ne le ferai jamais si je ne le fais aujourd'hui. Chapeau Nico et merci. Un prêtre exemplaire. Un missionnaire dans l'âme! Un apôtre des jeunes et un monument de la mission. Ses chants liturgiques traduits dans plusieurs langues resteront à jamais gravés dans la mémoire artistique universelle.
Adieu Nicolas! "E Nzambi Ungolo, Nzambi Ungolo, Nzambi Ungolo Ugangidi" 
Je m'unis volontiers à la prière de ta famille biologique et spirituelle pour que le Seigneur t'accueille dans son royaume céleste. Requiescas in pace!