Par Abbé Albert Ngengi Mundele, Ntotila ya Salem
I. Petite historique du Missel ‘Fukimina Mfumu,
Kikanda ya Nzambi’
On ne peut pas parler de la traduction du Missel Fukimina
Mfumu Kikanda ya Nzambi dans le diocèse de Kenge, sans mentionner le
nom de l’Abbé Nicolas Joseph Berends, qui jusqu’à sa retraite en supervisa les
travaux et continua presque seul les parties du missel qui n’en étaient pas
encore traduits après la publication des premiers volumes (1985).
Petite biographie de l’Abbé Nicolas Joseph Berends
(J’ai fait un voyage express le 17.06.2013 à Arnhem aux Pays-Bas, son pays natal, rencontrer l’Abbé Nico, comme on a souvent l’habitude de l’appeler, pour parler de cette traduction : savoir comment est née l’idée et le développement de cette traduction qui marque la vie liturgique du diocèse de Kenge. Il vit sa retraite dans cette ville).
L’Abbé Nico est né le 22 septembre 1927 d’un père
menuisier et d’une mère ménagère. Il est 7e enfant d’une famille de
11 enfants. Après l’école primaire (1934-1940), il parla à un prêtre vicaire de
paroisse de son désir de devenir prêtre. Au lieu de le diriger au séminaire
diocésain, celui-ci l’orienta vers le séminaire de la Société Verbe divin
(svd), dont le minerval était moins cher que le séminaire diocésain. Il fera
son noviciat et ses premiers vœux à Teteringen (Pays-Bas). En mai 1952 il fit
ses derniers vœux et reçu le diaconat. Après l’ordination sacerdotale en
juillet 1953, il continua la théologie à St Augustin à Bonn (Allemagne). Il
avait exprimé à ses supérieurs le désir d’aller comme missionnaire en
Indonésie, puisque - dit-il - il y avait des Néerlandais. Ses supérieurs
décidèrent de l’envoyer au Congo-Belge où les jésuites venaient de céder le territoire
de diocèse de Kenge aux Missionnaires du Verbe divin (svd). Il suivit alors une
formation au ministère des colonies à Anvers (Belgique) avant de s’embarquer en
octobre 1954 pour le Congo-Belge. Il y arriva par bateau en novembre 1954. Il
fut affecté à Bandundu-ville comme directeur d’école primaire. Il remplaçait en
fait le père François Hoenen svd, qui venait d’être nommé inspecteur des
écoles, après une formation adéquate à Kikwit.
Quand on ouvrit le petit séminaire de Kalonda, il y fut
envoyé comme directeur, chargé de discipline. – le père van den Baal y était
comme Supérieur-Directeur.
Vers les années 1966-67, le clergé diocésain exprimait
son opposition à S.Exc. Mgr François Hoenen (svd) à propos du petit
séminaire : il voulait prendre la direction du petit séminaire de Kalonda.
Quand l’Abbé Dieudonné M’Sanda rentrera de ses études à Rome, il fut établi
provisoirement dans la paroisse St Hyppolyte à Bandundu-ville. Puis on le fera
prendre la direction du petit séminaire de Kalonda en 1968. Et comme il y avait
un vide à la cure de St Hyppolite, l’Abbé Nico fut envoyé là pour aider durant
la fête de Noel. Il y restera pendant 13 ans.
L’Année 1974 verra l’Abbé Dieudonné M’Sanda nommé Evêque
du diocèse de Kenge. Ayant constaté que les rapports que les missionnaires svd
entretenaient avec l’Evêque de Kenge, ne concordaient pas avec la théologie des
ministères apprise lors de sa formation sacerdotale, théologie dont un des
aspects était l’unité du prêtre avec l’Evêque dans le ministère, l’Abbé Nicolas
décida, après réflexions et méditations, de quitter la Société du Verbe divin
et de s’incardiner dans le diocèse de Kenge. Cela y eut lieu lors d’une messe
matinale, le…. à St Hyppolite à Bandundu-ville.
Notons en passant que l’Abbé Nico est un des piliers des
chants liturgiques dans le diocèse de Kenge. Dès son arrivée dans sa terre de
mission comme missionnaire svd, il s’évertua d’abord à traduire des chants
liturgiques avec des mélodies européennes dans les langues locales. Quand il
commença la traduction du missel en kikongo, il était déjà assez avancé dans
l’adaptation des chants liturgiques avec des mélodies des langues locales du
diocèse. Dans le cadre de la Commission liturgique diocésaine et avec la
collaboration très précieuse du père Alfons Müller (svd), il fit mettre en
musique annotée les chants adaptés ainsi que les nouvelles compositions des
chants liturgiques en kikongo. entre autres compositeurs des années
soixante-dix, l’Animateur pastoral Tsafu Kololo, Directeur Charles Makambu,
Abbés Benjamin Bwanana et Lievin Mbanga. Ceci aboutira à un premier livret des
chants Kikanda ya Nzambi yimbila Mfumu publié en juin 1979 sous les
éditions Edimba /Bandundu. Dans la paroisse de la cathédrale Mwenze Anuarite à
Kenge, il forma le groupe ‘les fils de Coree’ avec lequel il éditera (ajoutera)
d’autres chants liturgiques. Il faut aussi mentionner à propos des chants
liturgiques dans le diocèse de Kenge le Père Bernard van Den Boom (svd) qui
avait fondé dans les années soixante le groupe des Petits chanteurs et
danseurs de Kenge dans la paroisse St Esprit à Kenge. Il quittera la SVD
mais restera très attaché avec sa terre de mission. Il est mort le 13 janvier
2014 à Breda (Pays-Bas).
Origine de la traduction du Missel en Kikongo
En 1976, S.Exc. Mgr Dieudonné M’Sanda demanda à l’Abbé
Nico, si c’était possible de faire une brochure pour les cérémonies des fêtes
de Pacques. L’Abbé Nico lui suggéra alors qu’on pouvait faire plus ;
c’est-à-dire traduire tout le missel en kikongo. Il fut chargé d’en superviser
les travaux. C’est alors que débuta la traduction systématique du Missel en
Kikongo dans le diocèse de Kenge. Et à partir des grandes vacances de cette
même année (1976) jusqu’à la publication des premiers volumes en 1985, les
grands séminaristes étaient affectés en ministère pastoral de septembre ou
pendant les grandes vacances pour aider à la traduction de ce missel.
Les raisons principales de cette traduction du missel en
kikongo
Il faut noter qu’il y avait déjà des missels en
kikongo : depuis les années soixante, les diocèses de Matadi, Boma, Kenge,
Kikwit avaient déjà produit un missel en kikongo. À cela se sont ajoutés les
traductions du missel en kikongo de l’Abbé Ernest Binton, les traductions du
Père Widard, sj à Kikwit et les traductions de l’Abbé Wawa de Kikwit.
Cependant il y avait déjà un désir ardent d’avoir un
missel en kikongo parlé par les gens. On voulait éviter les formes
infinitives de la traduction de l’Abbé Wawa un exemple de cette
traduction : « Yezu KUbaka mampa, yandi KUsambula
yo, Yandi KUpesa yo na balongoki na yandi nde :… ». Le
préfixe KU dans ces verbes kikongo marque l’infinitif et
sonne la lourdeur dans le parler des gens. La traduction de Père Widard, sj,
laissait parfois aller : ce n’était une traduction correcte. La traduction
de l’Abbé Binton consistait seulement en quelques textes.
Toutefois, toutes ces traductions ainsi que la bible de
Jérusalem (en francais), la TOB en français et le dictionnaire Kikongo et
Kituba - Français du Père Pierre Swartenbroecks, sj[1]
serviront entre autres comme matériels de base pour la nouvelle traduction du
missel en kikongo supervisé par l’Abbé Nico. Les premiers trois volumes
de ce missel furent publiés en 1985 avec l’imprimatur de S.E.Mgr M’Sanda Tsinda
Hata Dieudonné, évêque de Kenge. Ils contenaient les textes des dimanches et
des fêtes liturgiques. Ce missel est très apprécié et beaucoup utilisé même par
les confrères d’autres diocèses (à l’occurrence Idiofa et Kikwit) ayant kikongo
comme langue liturgique.
L’Abbé Nicolas Berends a continué presque seul la
traduction du missel quotidien en kikongo. Avant de se retirer dans son pays
natal à Arnhem aux Pays-Bas, il a lassé tout les documents de cette entreprise
liturgique à l’animateur Kololo.
C’est le lieu de faire hommage de ce prêtre missionnaire
svd d’abord, puis incardiné dans le diocèse de Kenge, terre de sa mission, qui
était à la recherche de vivre un vrai sacerdoce. Quelque soit son caractère, il
faut reconnaitre en l’Abbé Nico un travailleur acharné pour ce qui concerne ce
travail de traduction et des chants liturgiques.
Les circonstances dans lesquelles est né pour ainsi dire
la traduction du missel en kikongo dans les années soixante-dix ne sont pas
inédites dans l’histoire des traductions des textes bibliques en général. On
peut en épingler quelques unes : la nécessité lire les textes bibliques
dans une langue parlée par le peuple, l’initiative et la ténacité d’une personne,
l’intervention d’une autorité religieuse/ecclésiastique pour mener ces travaux,
la collaboration d’autres personnes et (la reprise et) l’organisation des
pareils travaux. Nous en donnons un bref aperçu général…
(Ceci est un extrait de l’article que j’avais
donné pour le livre du Jubillé de 50 ans de diocèse de Kenge, qui devrait
déjà sortir à l’Harmattan, édité par l’Abbé Bernard Fansaka et cie).
La contribution des grands séminaristes de Kenge de l'époque a été importante. Nos ministères de septembre-octobre 1975-77 étaient consacrés à la traduction du Missel. La première année, on était divisés en deux groupes: un à Kenge et un autre à Ito. Michel N'Gob était notre responsable à Kenge, et Jean-René Singa à Ito. Le groupe de Kenge comprenait: Antoine Mindwa, Eugène Kapita, Alexis Olenga, Séraphin Kiosi, Félix Manzanza, Firmin Mukwasa d'heureuse mémoire, Henri Joseph Tamuzi et Claver Mabana. Une des villas de la Procure, juste en face d'Omadjel, était mise à notre disposition. Merci Albert de nous remettre dans ces souvenirs. Le travail de Nico a été impressionnant.
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