27 déc. 2016

Au sujet des forces armées

1. Une violence récurrente. J'ai déjà écrit à ce sujet sur ce blog; j'aimerais y revenir en bon littéraire. Depuis quelques jours, beaucoup de compatriotes rd-congolais critiquent l'usage excessif des armes pour maîtriser des citoyens qui marchent pour réclamer leurs droits les plus élémentaires quand bien même subsistent ou naissent des violences et troubles meurtriers dans certains coins du pays. Depuis jeudi passé, plus de cinquante concitoyens ont été assassinés dans le Rutshuru et à Beni-Butembo. On dit que c'est des luttes interethniques opposant Nande et Hutu. La situation perdure depuis des années, et rien n'est fait pour ramener la paix. Il paraît que ces massacres se font au nez des autorités provinciales, des FARDC et des Casques Bleus censés y assurer la paix. Il faudrait reconnaître sans état d'âme l'existence d'une terre-sans-loi. Les agents de la MONUSCO s'adonnent à de fructeux trafics de coltan, d'or ou de diamant, plutôt que de remplir leur mission de paix. 
2. Un silence complice. Que la communauté internationale n'intervienne pas, que le gouvernement ne s'engage pas à y instaurer une sorte d'état urgence, que la presse se taise à ce sujet, tout cela montre suffisamment que la vie d'un Congolais ne vaut rien. Tuer, assassiner, kidnapper, semer la terreur, massacrer aveuglement, tout cela est prôné du moment que l'état largue sur la place publique, en pleine ville, des chars de combat et des armes de destruction massive pour défendre son pouvoir. Le silence est imposé. Les forts imposent leurs lois sur les faibles. Et le rapport est de violence. 
3. La précarité de l'Est de la RDC. Il est un fait que les armes les plus féroces sont braquées contre le peuple congolais au lieu d'être braquées contre l'ennemi. Nos frontières sont devenues des passoirs sans entraves. De nombreux groupes armés incontrôlés y pullulent, semant le désarroi dans les montagnes et vallées. Le territoire congolais est infiltré de toutes parts sans que le pouvoir central ne se préoccupe de repousser l'ennemi. Les faits sont là. Des forces ougandaises ou rebelles penètrent en RDC, commettent d'atroces crimes et retouurnent triomphalement chez eux comme en terrain conquis. Des troupes rwandaises y entrent régulièrement et en sortent sans être inquiétées. L'Est est le tendon d'Achile du pays et du régime de Kinshasa. Le pays est constamment envahi par l'Est; c'est par là que le régime Mobutu est tombé et que s'est instaurée la dynastie Kabila. Le régime de Kinshasa entretient des liens très ambigus avec le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie, et... le Zimbabwe. L'exploitation minière a fait de ce pays un bastion de toutes les multinationales et des prédateurs limitrophes.
4. Les conflits Hutu vs Nande. A propos des conflits interethniques, les avis sont partagés. Ces populations ont longtemps vécu dans cet espace sans conflits ni troubles meurtriers. Les migrations massives et forcées des vingt dernières années les ont certes amplifiés, mais elles n'en sont pas la seule raison. Toute la réalité géopolitique a changé. Grâce aux études du CRN, je suis arrivé à la conviction partagée par beaucoup de chercheurs que le problème fondamental est la distribution de la terre. Paysans agriculteurs et pasteurs ne semblent pas viscéralement entretenir de bons rapports du simple fait que les troupeaux des uns ravagent forcément les champs des autres. C'est la métaphore de tous ces conflits. C'est à ce niveau que l'état devrait jouer son rôle en tant que garant de l'ordre et de la justice. Il faut une politique de la terre, de son exploitation et de son utilisation partagées. Les forces armées feraient mieux de s'interposer comme agents d'ordre, de s'occuper de la sécurité et du bien-être des populations que de les menacer ou de les tuer. 

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