17 déc. 2016

Une démocratie meurtrière

"Silence, on tue, on terrorise, on vole, on viole, on pille, on éventre, on séquestre, on coupe les langues, on dynamite le peuple." La série peut continuer. Tout cela est permis au politique africain selon une tradition d'impunité sacrée. Tout cela s'est vu, se voit et se verra.
J'ai déjà dit mille fois que la démocratie n'était pas faite pour nous Africains. C'est un euphémisme qui se vérifie tous les jours, si pas toutes les années. Observez la carte de l'Afrique, et considérez les mécanismes de passation de pouvoir. C'est tout ou presque, sauf la démocratie. Coups d'état, élections truquées, constitutions révisées, assassinats, prises en ôtage du peuple, voilà par où se passe le pouvoir. Rares sont ceux qui ont été élus démocratiquement et l'ont quitté démocratiquement. On s'éternise pour s'assurer un empire politique et financier inégalable. Sans honte ni scrupule. 
On n'a pas honte de dire: "Vous m'avez voté, et j'ai fait le tour de la république pour vous remercier. Arrivé à Mbandaka,... akati motu kolo kolo... " La suite est connue. C'est ça notre démocratie d'élections par acclamation où le choix se décide à l'ampleur ou au volume des applaudissements et des cris du public. Le ridicule ne tue pas. Là, avec la date butoir du 19 décembre 2016, nous nous trouvons devant un scénario inédit du point de vue historique et littéraire. Rappelez-vous que je me définis littéraire, apolitique, et non politologue.
Le dialogue du Centre Interdiocésain piétine notamment à cause de l'intransigence de toutes les parties présentes. Le défi est de "construire des ponts." Les échos qui en sortent ne semblent pas aller dans ce sens, concernant les questions fondamentales à savoir: le statut du président et l'organisation des élections. Le monde entier est accroché à ce dialogue-point de non retour. Ou ça passe ou ça casse. Le recours à la force devient inévitable chaque jour qui passe. La logique du silence va prendre le dessus, et le pouvoir en place sera sommé de se rendre justice contre un peuple et une opposition qui n'ont d'armes que leurs mains et leurs bouches.
Je crains, hélas, qu'il y ait des morts dans les prochains jours. La discussion portera alors plus sur leur nombre que sur les vrais problèmes de fond. C'est vraiment dommage que notre peuple passe à côté d'une réconciliation historique. Malgré ce scénario-catastrophe, il y a encore un peu d'espoir.

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