31 mars 2018

Félicitations à SE JP Kwambamba

Par le P. Séraphin Kiosi j'ai eu la joie de recevoir la nouvelle de la nomination de Mgr Jean-Pierre Kwambamba Masi comme évêque de Kenge. Quoique je m'y sois comme un peu tout le monde attendu, j'avoue avoir été davantage ému jadis par sa consécration comme évêque. Cela ne change rien à l'importance de cet événement historique dans la succession épiscopale au diocèse de Kenge.
J'ai tout de suite tenté de diffuser la nouvelle à plusieurs personnes par le net.  Les réactions sont bonnes pour certaines et indifférentes pour d'autres surtout parmi les prélats. Normal. Inévitable! Une nomination d'autorité fait toujours des insatisfaits. Chacun y va de son tempérament. MP a crié: "Alleluia. Nkembo na Nzambi; prions vraiment pour lui avec un diocèse par terre, que Dieu lui donne la force et le guide" (sic) Dans ma propre maison, Mama Mapasa a évoqué ses relations amicales avec une nommée Marie Kwambamba. Sur Whatsapp Séra n'a pas caché sa joie de voir son cadet qu'il avait autrefois accompagné de Bulungu au PS de Kalonda accéder à ce siège tant convoité. Louange et gloire au Dieu Tout-Puissant pour ses merveilles!
Tout en me réjouissant pour le parcours exceptionnel de l'heureux élu, j'estime que le plus difficile reste à venir dans un diocèse très compliqué aussi bien par les aléa de l'histoire que par les disparités interethniques. C'est un défi à affronter. Félicitations cher Mgr Jean-Pierre! 

30 mars 2018

Les temps changent décidément

Ce matin à l'église catholique, les enfants ont participé à ce qui est devenu leur traditionnelle cérémonie du Vendredi Saint, une célébration qui relate aussi bien le Dimanche des Rameaux, que le Jeudi Saint, le Vendredi et la Veillée de la Résurrection.  Un Tuttifrutti package quoi. Aujourd'hui, Claver Jr a joué Jésus-Christ avec une certaine réussite. Quant  à sa soeur Madeleine-Chrystelle, 11ans, elle a joui du privilège de voir une de ses jambes lavée par le prêtre-officiant. Un privilège que je n'ai jamais reçu. En fait, comme prêtre je lavais les pieds des croyants préalablement triés mais jamais, ni pendant ma formation ni comme ministre de Dieu, je n'ai été sélectionné pour cet exercice de foi. Chrystelle en est déjà à sa troisième épreuve. Et moi jamais. Je n'étais pas présent. Il m'a été raconté par les participants que les enfants ont eu droit à du coca-cola et du pain présentés comme sang et corps du Christ. Une cérémonie très contestable dans son essence! De quoi dire que les temps vraiment changent!

Les malheurs de mon voisin

Vous vous souviendrez de mon article du 16 octobre 2016. Si non, relisez-le. Il s'agit du même voisin X. Après être parti de son toit conjugal, ne pouvant plus supporter son épouse qui aurait pu être sa petite-fille, il est revenu. Après plusieurs mois d'absence, je ne saurais dire combien. Toujours est-il que c'était au courant de la deuxième moitié de 2017. Il a été rappelé à la rescousse pour assurer la permanence à la maison et protéger les deux enfants mineurs de son épouse. Dame X devait effectuer un voyage d'affaires aux US ou aux Virgin Islands. Entre-temps est né un second enfant, leur second enfant commun. Je ne saurais dire si c'est une fille ou un fils. Je crois toutefois que c'est une fille. Qu'importe.
Je l'ai abordé peu avant mon dernier départ pour le Congo. Il était tout jovial, tout luisant, satisfait de ses deux progénitures et clamant sa paternité comme une emblème nationale. Pourquoi pas? C'est son droit. A ma question de savoir si les choses allaient mieux, il a répondu laconiquement: "We are trying." En fait une réponse mi-mandarine mi-pomme tropicale. Je me suis alors demandé combien de temps la seconde tentative allait durer car je ne leur accordais aucune chance de vie commune.
Pendant que nous on construisait notre bicoque, lui a investi pour une extension de leur maison, soit une prolongation incluant une chambre et un salon. Ce qui a sensiblement accru la valeur de la propriété. Mais il s'est plaint d'avoir mis beaucoup d'argent dans l'affaire.
Il y a deux semaines s'est passé un scandale. Madame aurait frappé son homme à l'aide d'une chaise, déclenchant une terrible hémorragie interne. Tout le quartier a été témoin, semble-t-il. Non seulement elle s'est servie d'une chaise, elle aurait poussé sa cruauté jusqu'à lui fracasser le crâne. Elle l'aurait sans aucun doute tué si des hommes ne s'étaient pas interposés pour protéger la victime. La police, alertée par le voisinage, serait venue apaiser les deux belliqueux. Lorsque nous nous sommes rendus dans le quartier dimanche dernier, on nous a relaté les faits et déconseillés de le rencontrer tellement son visage a été défiguré.
Avant-hier, le hasard de circonstances a fait que je le revois à travers la clôture; il était totalement hors de lui, dépité, affamé, découragé, abandonné. Voici ce qu'il m'a raconté:
"Cher ami, je ne comprends pas pourquoi ma vie est une répétition de malheurs. Je ne m'entends pas avec mes deux enfants qui ont pris le parti de leur mère. Or celle-là, après avoir volé de l'argent de la compagnie où elle travaillait, a vidé tous mes comptes et toutes mes économies avant de me quitter. Les enfants ont estimé que je n'avais pas le droit de me plaindre qu'elle ait remboursé ses dettes avec mon argent. Une fortune accumulée après près de quarante ans de travail dans une société d'assurances. Quant à celle-ci  que j'ai ramassée sans abri, vagabondant dans la rue, elle me rejette sur le pavé, après m'avoir pris plus de trois-cent milles dollars engagés pour l'amélioration de cette maison et de cette propriété. Me voilà aujourd'hui complètement ruiné! Je ne dispose d'aucune aucune ressource en dehors de ma pension pour vivre.  
Je n'ai plus le droit de voir mes enfants. Sa fille aînée qui est le nœud du problème prétend que j'abuse d'elle parce que je ne suis pas son père. Le matin, elle part avec les trois enfants, referme la porte de la maison, et m'abandonne ici dehors sans rien à manger. A leur retour vers 21 heures, elle les enferme dans une chambre afin de m'empêcher de les voir. Une fois, j'ai demandé à mon fils de me rendre mon chargeur de portable, elle s'est précipité dessus et me l'a rejeté sans sentiment: "Take it dog." Voilà comment je suis remercié par celle dont j'ai sauvé la vie et à qui j'ai offert une dignité sociale. Je n'ai rien mangé depuis hier à 21 heures. Or un diabétique comme moi peut pas sauter les repas. Et je n'ai même pas de quoi m'acheter ne fut-ce qu'un jus.
Les gens du quartiers disent qu'elle a cherché à avoir un second enfant avec moi afin de me chasser de ma maison dont par ailleurs elle a usurpé la propriété au nom de la garde des enfants. C'est du moins ce qu'elle raconte à tout venant."
Vous avez dit: "Secret-famille".
  

27 mars 2018

Secret-famille

Hier, alors que je peignais dea barres de fer m'est revenue à l'esprit une conversation que j'eus en septembre ou octobre 75 à Kenge. On était à la procure - Michel N'Gob, Félix Manzanza, Henri Tamuzi, Firmin Mukwasa, Eugène Kapita, Antoine Mindua, Alexis Olenga, Séraphin Kiosi. On traduisait en kikongo ce qui est devenu le lectionnaire Fukimina Nzambi. Ce soir là je venais de jouer au foot avec des étudiants de Nto-Kiese dont un certain Mumbongo, sur le terrain en face de la paroisse Notre-Dame alors nouvellement érigée. Vinrent nous rendre visite Jean Ndonda et Lazare Kimbuta. Ce dernier, scandalisé, s'étonnait que mon oncle Pilamosi ait hérité comme épouse Kha Hélène alors même que le temps du deuil n'était pas expiré. J'étais relativement jeune, je ne pouvais pas lui répondre. J'assumai ce qui à ses yeux était un opprobre. Pour la petite histoire Kha Kisalu-Bakaba est décédé en juillet 69. J'étais informé des dessous des cartes. Toujours est-il que de cette union sont nés un garçon et une fille. Eh oui, c'est comme ça la vie. Par la suite, j'ai appelé sa fille Anastasie à Kenge  pour m'enquérir de santé de ma grand-tante. Elle va bien comme on peut aller à cet âge.
Quelques jours avant cela, j'avais reçu de ma U une autre révélation époustouflante à vous faire dormir debout. Un dignitaire serait le paternel d'un gentilhomme aux allures apparemment sans contrefaçon. Là alors j'ai dit non, non, et non. Je me suis senti lésé dans mon amour-propre, révolté, accusant ce mensonge de malhonnête et de mauvais goût. Ce n'est pas vrai, mais vous savez? Tout en reniant tout en bloc, je me dis que le monde possède des vérités que la vérité ne relate pas. Ce qu'on a toujours pour vérité pourrait à la longue ne pas l'être. Tout dépend des détails, souvent dissimulés ou inconnus de tous. Cela peut commencer rien que par le nom qui peut cacher une histoire longue et alambiquée. C'est ainsi que l'héliocentrisme a remplacé le géocentrisme, corrigeant ainsi des croyances séculaires naïvement inspirées de la Bible. L'histoire de Galilée n'est inconnu de personne. Ou encore la relative limite de la géométrie euclidienne. Donc une nouvelle classée: secret-famille. Il y a en fait des secrets-défenses qui portent sur la vie sécuritaire d'un pays, auxquels n'ont accès que quelques initiés triés sur les volets. Et tous les mythes qui y sont collés. Exactement comme cela se passe avec les barres de fer que j'ai peintes, à travers lesquelles ne peuvent passer que les bras.  

Linda Brown, quelle vie!

Voilà une femme extraordinaire! Paix à son âme! Linda Brown restera dans l'histoire des droits de l'homme comme l'enfant de 9 ans par qui la discrimination scolaire a été officiellement abolie. Habitant près d'une école publique réservée aux enfants blancs, elle déclencha un combat acharné et soutenu par la NAACP, la puissante Association nationale pour le développement des personnes de couleur (ma traduction). Ce combat aboutit à l'abolition par la Cour de Justice de la ségrégation raciale dans les écoles publiques des US. Respect et hommages mérités!
Linda Brown vient de tirer sa révérence à l'âge de 76 ans. Que son âme repose en paix!

Rest in Peace Linda Brown

The death of Linda Brown at 76 is symbol of an era. Linda is a Black hero known especially for her immense contribution to end discrimination in American public schools. In 1951 she was refused to enter a public school reserved to Whites in her neighbourhood, forced to join a school for Blacks. This was the start of a decisive fight for human rights that was finally won on May 17, 1954. A milestone in American Human Rights' history! Respect!
Rest in Peace Linda Brown.

23 mars 2018

"I Can't Blame the Young Generation"

This morning at the Beach. I finished swimming and came back to the common showers to get rid of the salty water when I heard a Rastaman saying: "I can't blame the young generation for acting as they do." I was impressed by the seriousness of the purpose and listened carefully to his words. I will try to repeat them as exactly as can be.
"I can't blame the youth because they do not have any moral mentor to refer to. Adults are all wicked, selfish, corrupt. Adults do not show them good examples. Open the papers: all you read is madness, crazy killings, robberies, injustice, drugs, and so on. How can they act any better if society does not provide them with positive deeds.  How can they discover the sense of truth, good actions if they have never been exposed to them?
Look at politicians. The ones governing now are doing the same things they used to blame the former government for, when they were in opposition. They promised to eradicate corruption, nothing has been done, nothing has changed. They are now the ones who are corrupt. Etc."
The Rastaman continued his speech, but I had to leave. Thank you man for your clear statements about youth and society.

22 mars 2018

Quoi de neuf?

Rien, alors rien. Rien? Pas si vrai que cela. Je peux le prétendre tout en étant conscient du contraire. A une époque donnée, je m'intéressais au rien, mais c'est révolu aujourd'hui  à l'heure de l'Internet. Le monde est devenu un grand village. Nul besoin d'être sur place pour savoir ce qui se passe ailleurs. Sauf peut-être dans le coeur de quelqu'un.
Je pense désormais à un autre rien: la maladie. Il y a notamment des assurances-maladies, des assurances-vies, des assurances-prêts, et des assurances-paies. Vous avez bien lu. L'expression n'est pas de moi, elle vient d'un agent payeur qui, au gré de ses intérêts, distribue la cagnote pécuniaire des fonctionnaires. Il peut décider comme bon lui semble.
Hier, après avoir laissé dans mon bureau quelques instants seule une visiteuse de courtoisie - encore une fois l'expression est forgée - j'ai longtemps regretté d'avoir commis une erreur lorsque mon porte-monnaie est devenu introuvable. Le soupçon est tombé sur l'impromptue. Allez-y voir. C'était sans compter avec la main providentielle de Dieu qui a évité que j'accuse une innocente pour un mal qu'elle n'a pas commis. Cela m'a pris une bonne heure de soupçons. Et la personne longuememt suspectée n'a pas été inquietée et ne s'est rendu compte de rien. Alors de rien car tout s'est passé dans ma tête.
Hier encore j'ai reçu dans ce même un pasteur ghanaën, Reverend Salomon, qui officie ici. Il entame des recherches théologiques et historiques sur les rapports entre le 
Ghana et la Barbade à la suite de l'esclavage. A noter que près de 60% de la population noire de cette île sont originaires de la Côte d'Or. Comme par coïncidence, je connais à New York une collègue, Natacha, qui travaille sur ce thème précis et envisage de visiter le Ghana fin avril. J'ai donc décidé de les connecter. Une collaboration scientifique qui sans aucun doutr s'annonce prometteuse. Let's cross the fingers! Rien de neuf sous le soleil.

20 mars 2018

Ma journée d'hier

Cette semaine s'annonce difficile, mais restons optimistes. A plusieurs points de vue. Hier, j'ai éprouvé de la douleur en apprenant d'abord sur Facebook, ensuite par des messages emails et Whatsapp, la mort à Luanda, Angola, de notre frère, le Père Ambroise Kitoko Nawenayandi, SVD. Mes condoléances vont aussi bien à sa famille biologique qu'à la congrégation des Verbites. Que son âme repose en paix! Wenda mboti mwan'etu.
La journée d'hier a commencé dans une certaine euphorie. Très tôt de gentils messages l'ont mise sur les rails, mais c'était sans compter avec les circonstances du temps. J'ai accompli mes devoirs professionnels sans encombres. Dans l'après-midi, j'ai senti une sorte de vide et d'inaccompli jusqu'à ce que j'ai pu revoir mon unique, ma fleur de cactus, et lui parler  de coeur à  coeur. Un moment presque surréaliste de répit, d'inspiration et de renaissance. La mer est la meilleure consolation.
J'en profite pour souhaiter de bons voeux d'anniversaire à ma soeur, Mamie Mbakata, et à l'abbé Fidèle Khoto. Bénédictions divines et grâces abondantes!

    

18 mars 2018

Mon tout premier béton




Ce 17 mars 2018, j'ai décidé de construire les bases pour la pose d'une cuisine et de deux armoires de chambre. Le constructeur n'avait pas d'aide; j'ai donc accepté de faire le boy-maçon plutôt que d'attendre un qualifié pour le travail. Une aventure réussie selon toute évidence. Un travail dur qui sollicite tous vos membres et votre sens commun. Je n'ai jamais de ma vie fait de la maçonnerie. De la peinture oui, quelque fois de la plomberie oui, mais jamais je n'ai touché au ciment jusque hier. Pour me préparer à cette délicate opération, j'ai cherché dans l'Internet comment on mélange sable, ciment et moellon pour faire du béton. Lorsque Mr Boyce est arrivé, il a pris des décisions contraires à tout ce que j'ai appris. Je n'ai pas fait de problèmes, au contraire, je voulais apprendre. J'ai déplacé de mes mains 3 sacs de ciment de 50 kg, 10 sacs de sable de 50 kg, et 22 seaux de moellon. De quoi briser les vertèbres au moindre faux pas. Pour la petite histoire, à la fin, il y avait un seau de moellon de trop que je devais reverser au tas situé à quelque six mètres de la veranda où nous avons fabriqué le béton. Il m'a été presque impossible de le déplacer. Que s'est il passé en moi? Pourquoi ce seul seau est-il devenu si lourd à porter alors que j'en ai porté 22? C'était psychologique: j'ai relâché mes forces, pressé que j'étais d'en finir avec ce travail qui m'a rapporté 200 dollars barbadiens. Le prix que j'aurais dû payer à un ouvrier s'il y en avait eu un. Nous avons travaillé pendant pres de trois heures pour achever la besogne. Nous avons posé cinq bases: deux de 2m/60cm à la cuisine, deux de 1,5m/60cm dans les deux chambres, et une de 1m/60cm dans la salle de bain. Un boulot de pro. Surprise par mes prouesses, Mama Mapasa a vu sur mon visage les traits caractéristiques d'un boy-maçon, tellement je me suis acharné à obtenir un bon rendement. Au-delà de la fatigue lancinante, je m'en suis sorti sans trop de dégâts. 
Un weekend consacré à la construction de notre annexe. La veille j'avais vidé l'appartement de tous les objets gênants afin d'ouvir un espace pour les travaux de samedi. Ce qui a été sans failles. Tout s'apprend. C'est donc parti pour un autre métier.

Pensées pour Annie Coly

Voici l'email d'Abdou Gningue aux membres de la Communauté Africaine de Culture/Sénégal:

Bonsoir Professeur
J'ai appris avec beaucoup de tristesse le crash de l'hélicoptère dans lequel se trouvait notre amie Annie Coly qui est actuellement hospitalisée à l'hôpital Principal de Dakar. 
Je ne sais pas s'il y a une délégation de la CACSEN pour lui rendre visite.
Je reste à l'écoute. 
Merci
Abdou GNINGUE

C: Annie Coly a été d'une efficacité exceptionnelle dans l'organisation logistique du cinquantenaire du Premier Festival des Arts Nègres, à Dakar en novembre 2016. Je lui souhaite un prompt rétablissement tout en implorant la grâce divine sur elle.

15 mars 2018

Quelques réflexions sur les dernières nouvelles

Comme tout le monde, je suis ce qui se passe chez nous avec une attention particulière. Je regarde les nouvelles qui passent dans les chaînes internationales, je lis les réseaux sociaux surtout Facebook, je parcours, quand le temps le permet, les annonces officielles du pays. Des images afreuses circulent sur Internet. Des interviews des uns et des autres montrent l'ampleur de la situation difficile que traverse le pays. Faute de compagnie dans cette lointaine Barbade, il ne m'arrive que rarement de discuter avec des compatriotes. Par contre, avec mon collègue kenyan que je vois de moins en moins depuis que j'ai changé de bureau, on échange de temps en temps sur la situation politique de l'Afrique. En analysant les nouvelles des dernières semaines, j'en arrive à poser quelques réflexions que je juge importantes. 
Y aura-t-il élections? Au vu de ce qui se passe, rien ne les présage. Il y a peu de chances que le calendrier soit tenu car les tenants du pouvoir et leur opposition ne semblent pas s'entendre sur les principes fondamentaux. Mais comme impossible n'est pas congolais, laissons-nous surprendre par l'ardeur de nos autorités. On entend qu'il y a beaucoup de poches d'insécurité à l'est comme au centre du pays. Comment organiser des élections libres et transparentes dans des conditions aussi précaires que celles-là?
L'église catholique justifiant sa mission prophétique prend des initiatives relevant de l'opposition politique. Les tenants du régime le perçoivent tellement bien qu'ils ne cessent de la remettre à sa place, de la salir, et de l'attaquer par tous les moyens. Des choses qui n'existaient pas par le passé apparaissent: encerclement d'églises par des éléments de la police, profanations de lieux sacrés, menaces d'intimidation, etc. Que des prêtres soient attaqués dans leurs cures ou dans des églises démontre une dérive dangereuse. Curieux, je me demande jusqu'où elle ira dans ce qu'elle appelle sa quêté de vérité et de libération. Entre-temps, le paysage économique est en train de changer.
Le nouveau code minier est promulgué depuis le 9 mars. Une première certes, mais que dit-il? que se passait-il jusqu'à ce jour? comment a été signé celui de 2002? comment expliquer que l'état congolais a pu accepter de tels désavantages? pourquoi avoir attendu si longtemps? Quelle est la part de responsabilité de nos négociateurs dans ces pourparlers? Les multinationales qui exploitent le gâteau minier congolais et leurs alliés sont-ils vraiment prêts à laisser les Congolais bénéficier, comme tout pays souverain, des biens dont regorge leur sous-sol? Des contrats ont été signés par le passé, qui ne rapportent pas grand chose ni à l'état ni au peuple congolais. Des milliards passent au-dessus de nos têtes, exploités et gagnés par des puissantes entreprises étrangères (Glencore, Ivanohe, etc.) au détriment des propriétaires naturels de ces richesses. Et dire que ce pays est décrit comme un scandale géologique. Le défi des pouvoirs congolais a été de tout temps de bien gérer ce patrimoine commun au profit du pays plutôt que des intérêts particuliers. On ne peut que le regretter sans perdre l'espoir d'un lendemain meilleur. Malheureusement le lobbying occidental et oriental se montre extrêmement cupide pour que ce pieu voeu se transforme en réalité. Mais attendons voir l'issue que réserve le nouveau code.

14 mars 2018

Mort de l'astrophysicien Stephen Hawking

Ce jour 14 mars 2018 est mort à Cambridge le célèbre astrophysicien anglais Stephen Hawking à l'âge de 76 ans. Quelle vie extraordinaire! Cet homme handicapé de presque toutes les fonctions motrices à la suite d'une sclérose latérale amyotrophique, ayant perdu l'usage de ses mains et de sa voix, communiquait depuis plus de trente ans par un système électronique. Né à Oxford, diplômé d'Oxford, c'est plutôt à Cambridge qu'il obtiendra son doctorat et occupera la Lucasian Chair of Mathematics. Une vie semée d'incroyables défis. Physicien théoricien, il est de la trempe d'Isaac Newton et d'Albert Einstein. Son livre Une brève histoire de notre temps a connu un succès sans pareil, faisant de lui un brillant vulgarisateur de la théorie de la relativité et de la mécanique quantique. Lorsque j'évoque ces concepts, un nom me revient spontanément à l'esprit, celui de l'abbé Dominique Kahanga d'heureuse mémoire qui m'a donné à Mayidi un cours inoubliable d'épistémologie. Un des rares cours dont je me souviens encore après plus de quarante ans. Hawking, destiné à la médecine par les siens, s'est tourné vers la physique parce que le curriculum de l' université Oxford ne lui offrait pas les mathématiques dont il était féru. Ce spécialiste des trous noirs est un des meilleurs connaisseurs de l'univers spatial que le monde ait connu.
En 2000 à Berlin, j'ai raté l'unique occasion qui m'était offerte de voir de visu Mr. Hawking au cours d'une conférence qu'il y avait donnée. Une des raisons était qu'à l'époque, je ne le connaissais pas et je n'avais éprouvé aucun intérêt particulier d'y participer. Je le regrette infiniment. Car depuis ce temps, je me suis informé sur ses activités, j'ai vu un film consacré à sa vie. Il y a dans ma vie d'autres rencontres manquées que je regrette. J'avais par exemple raté de voir Michael Jackson à Bâle, Suisse, pour des raisons d'engagement professionnel. Soit. Un grand esprit de ce temps vient de nous quitter. 
Chapeau Mr. Hawking pour avoir fait rêver des milliers de personnes! Chapeau Mr. Hawking pour votre résilience et votre courage, pour avoir défié la maladie et continué à vivre en conséquence!  Paix à votre âme!  

13 mars 2018

Bon anniversaire Josephina

Joyeux anniversaire Josephina! Que le Bon Dieu te protège et te garde au fil des années. C'était le 8 mars, mais contrairement à mes habitudes, je l'ai oublié je ne sais pour quelle raison. Cela m'arrive de plus en plus, avec l'âge. Normal dira-t-on, mais toutefois inquiétant pour moi. Lors de ma réclusion volontaire, ma soeur Josephina a été la seule personne à m'assister à la mort de ma soeur Anne Louise. Je lui en sais gré à jamais.

11 mars 2018

Secrets de famille

Les secrets de famille ont deux destins contradictoires. Soit ils demeurent inconnus, c'est-à-dire secrets, soit ils deviennent des secrets de polichinelle, c'est-à-dire connus de tous sans que chacun sache que l'autre le sait. Il y a des secrets hermétiques, connus des seuls détenteurs des trésors. Comme le secret de Coca Cola. Tout le monde le dit, voire le prétend. Mais son histoire est connue de tous les amateurs de secrets, sans que ledit secret soit jamais dévoilé. Il y a des secrets plus carabinés dont les écheveaux sont difficiles à démêler tellement leurs pistes de détection sont brouillées, délibérément confondues. Il y a des secrets qui ne tiennent que pendant le temps d'une action: des secrets opératoires. D'où la pléthore de théories qui existent autour du secret. Les services secrets n'ont souvent de secret que le nom alors qu'ils répandent des milliers d'espions à travers le monde. Pas si vrai que ça. Qu'en est-il au juste des secrets de famille?
Les familles sont souvent un foyer d'intrigues romanesques dont parfois seuls les membres connaissent les tenants et les aboutissants. Initié très tôt aux arcanes de mes familles paternelles et maternelles, je sais mieux que mes sœurs et frères cadets les rapports qui me lient à tel ou tel parent. Je sais même qui sont nos esclaves, et qui donc ne pourront jamais parler pour nous en cas de problèmes d'ordre coutumier. Souvent, ce n'est pas dit, c'est simplement vécu. Les intéressés quoi qu'ils fassent le savent, et jouent parfois sur l'ignorance du milieu dans lequel leur "chef" a vécu.
Secrets de famille. Les familles sont parfois le sommet d'un monstre iceberg dont les contours sont profondément ancrés dans l'histoire. Un fils métis apparaît dans la généalogie familiale sans que le père ait jamais été identifié. Un parent se révèle sans attaches directes au milieu dans lequel il vit. Un mariage est refusé sans que les prétextes ne soient clairement élucidés. Une maladie décime des enfants sans que les parents n'en soient atteints. Des pistes d'incestes sont brouillées à dessein; des pactes sanguins sont maquillés de faux. Bref les secrets de familles relèvent de n'importe quel ordre.
"Ah Ngala", avait dit un de mes grands oncles. Tout le monde s'est retourné vers le locuteur, étonné d'entendre ce nom sorti de nulle part attribué à celui que les colonisateurs avaient imposé comme chef coutumier. Ngala était le nom de naissance de ce chef ilote. Un usurpateur qui a réussi à se faire adopter par le décideur blanc. Or justement, on n'appelle pas un chef par son nom de naissance mais par son titre. Ce faisant, mon grand-oncle voulait rétablir la vérité longtemps enfouie dans la mémoire collective. Ce faisant, il mettait en garde quiconque oserait remettre en doute l'hégémonie et la légitimité de ce brillant conducteur d'hommes. Le soi-disant chef n'était pas de la lignée des chefs fondateurs, mais avait réussi à se tailler une généalogie conséquente. Les guerres de succession dans les ethnies en sont révélatrices. Deux frères peuvent pour des raisons de pouvoir se haïr et révéler des histoires inouïes.
Secrets de famille. Chaque famille a ses secrets réservés à ses seuls membres initiés. Allez-y voir. Y en a-t-il vraiment? Oui, il y en a. Encore faut-il définir qui sont ces membres de famille. Regardez bien autour de vous. Rien qu'un nom peut servir d'indication. Rien qu'un fait anodin peut guider votre flair. Vous pouvez les supposer, les sentir sans forcément les percevoir clairement.

Kardinal Karl Lehmann in memoriam

Info: Kardinal Lehmann ist heute um 4.45 gestorben, er war 81 Jahre alt und stammte aus Sigmaringen. Schönen Sonntag und alles Liebe.
(T Schmitt)

RIP. Kard. Lehmann habe ich einmal in Mainz getroffen, als er Vorsitzender der Deutschen Bischfskonferenz war. Im August 89 war ich Stellvertreter von Pfr. Albin in Leinach bei Würzburg. Eine Delegation der damaligen Zairischen Bischofskonferenz kam nach Mainz, im Rahmen einer Sondersitzung BRD-Zaire. So bin ich mit Pfadfindern von Würzburg hingefahren, um Bischof M'Sanda von Kenge zu treffen. So hatte ich die Ehre, Kard. Lehmann zu grüssen und ein paar Worte mit ihm zu halten. Danke, Herr Kardinal, für Ihre hervoragende Leistung für die Katholische Kirche nicht nur in Deutschland, aber auch in der ganzen Welt.

10 mars 2018

Qui définit la démocratie? 3

Chacun a certes sa définition, mais le mot démocratie porte en lui-même une marque indélébile que l'on ne saura jamais éliminer. Si les politiciens l'utilsent pour tromper leurs peuples, ceux-ci ne sont pas dupes quoiqu'ils se taisent. Que la démocratie soit définie par le plus fort, le dictateur, cela ne fait que confirmer qu'elle engage et est essentielle pour la survie d'un peuple. Chaque peuple a sa définition de la démocratie. Erreur. Retournez là d'où vous avez appris ce mot, et vous verrez si vous avez raison. Au nom de la démocratie on fait des guerres soit disant de libération. Au nom de la démocratie, on brûle des édifices publiques ou religieux. Au nom de cette démocratie, on quitte son pays pour jouir d'un climat plus serein, humain et paisible ailleurs. Qui définit la démocratie en dernière analyse? Personne et tout le monde, c'est-à-dire le mot est intouchable. C'est comme un cercle, on est soit dedans soit dehors. L'ambiguïté n'existe pas en démocratie: ou bien le peuple assume ses droits et devoirs, ou bien le dictateur se la coule paisiblement douce. Qui oblitère la démocratie se condamne à la méprise du monde, à la risée des partenaires étrangers qui estiment que les Africains sont incapables de s'auto-gouverner. Le monde entier se moque de nous et de nos dirigeants-guides providentiels dans leur effort de contourner les règles du jeu démocratique en changeant leurs constitutions à l'avantage des potentats contingents. Ils se croient respectés alors qu'ils sont moqués, avilis et vilipendés. 
Hier au festival Africa World Documentary Film Festival, j'ai suivi Burkinabé Rising de Lara Lee. J'ai été à la fois impressionné et intrigué par la poésie slam, et par l'humour des artistes. "Make Fufu Not War" reprenant "Faites l'Amour, Pas la Guerre". Voilà un message simple, concis mais bien ciblé sur le peuple local. C'est la révolution alimentaire prônée par Thomas Sankara qui est lancée comme une bombe à la face des tueurs de ce héros. Comme quoi Sankara est encore plus fameux vingt ans après sa mort que du temps où il vivait. C'est aussi cela la démocratie. Qui la définit en dernière analyse? Le peuple bien entendu. Et quoi qu'il arrive, les artistes le savent. Le peuple finit toujours par vaincre, malgré les efforts assidus du despote pour démolir la démo-cratie. Le dernier mot appartient donc au peuple. Il ne faut pas lui voler sa démocratie.
Ce qui n'est pas sans rappeler le vieux slogan des démocraties populaires: "Tout pour le Peuple, Rien que pour le Peuple"

8 mars 2018

La femme, ma muse

L'expression n'est pas de moi. Tous les poètes le disent. Mon Vénérable Professeur d'exégèse le disait, le soutenait, lorsque la religieuse allemande, Schwester Tamara, qu'il appelait sarcastico-affectueusement la Verginella, lui inspirait des interprétations originales de la Sainte Bible. Rien d'important dans ce monde ne s'est fait sans la femme. D'Eve à l'Immaculée Conception et de Lucie à Mère Theresa, la femme a été présente dans les profondes mutations de l'humanité.
Ce que prétendait mon Vénérable mariologue ne s'est révélé vrai à mes yeux que quand mes enfants jumeaux sont nés. L'homme n'est plus fort que la femme que superficiellement. Ne dit-on pas que ce que femme veut, Dieu le veut aussi. Des lieux communs certes mais qui véhiculent des vérités plus probantes que ce qui se voit. Mon Vénérable maître-exégète affirmait que deux réalités le hantaient dans la vie: la Bible, sa spécialité scientifique et la femme, dont il se méfiait éperdument. Mais tous ses étudiants se souviennent de ses remarques percutantes sur la Femme. Ses homélies sur la SV Marie étaient d'une profondeur extraordinaire. Je le vois encore prêcher fin mai 82 à la résidence du Cardinal Angelo Rossi, alors Préfet de la Propaganda Fide, en présence de nombreux prêtres et séminaristes du Collège Urbain, sur la Mère de Jésus. Une homélie d'anthologie qu'on entend une fois dans la vie. Une de meilleures homélies que j'ai suivies de ma vie. 
"La femme, ma muse", c'est d'autant plus vrai que ma U, que je salue volontiers, veille à ce que je garde les pieds sur la terre. Elle m'a rappelé la Journée Internationale de la Femme. Lusm.  

Non à la violence aux femmes

Les femmes sont victimes de plusieurs crimes à travers le monde: violences domestiques, coups de poing, lapidations, viols, persécutions et martyrs, esclavages et séquestrations, harcèlements et agressions sexuels, discriminations psychologiques et raciales, restriction ou privation des droits et libertés, intolérance religieuse, etc. Il ne se passe pas un jour qu'un tel crime ne soit commis. Aujourd'hui, je joins ma voix à celles de milliers ou des millions de personnes qui défendent la dignité et l'intégrité de la femme. Je dis: NON A LA VIOLENCE AUX FEMMES.

Journée Internationale de la Femme

8 mars. Les femmes sont en honneur aujourd'hui. Quoiqu'elles le soient tous les jours, elles le sont spécialement aujourd'hui. Je rends d'abord hommage à celle qui m'a donné la vie. Et à travers elles à toutes les mères vivantes ou décédées. Je rends hommage à la femme. Je pense à celle qui vit près comme loin de moi. Je pense à toutes les femmes: grands-mères, mères, tantes, soeurs, belles-soeurs, filles, nièces, amies, associées, collègues ou supérieures, religieuses, quels que soient les titres sous lesquels on les désigne. C'est leur jour aujourd'hui.
Très tôt j'ai été rendu attentif à la question du genre. Le terme émancipation de la femme était porté par les médias, chanté par la musique congolaise. Je ne savais pas trop ce que c'était. Je me souviens de Mme Lihau Kanza, Sophie je crois. Un nom qu'on donnait en exemple à chaque fois. Nommée plusieurs fois ministre des affaires sociales, elle a longtemps incarné pour moi la femme intellectuelle, moderne et accomplie. Je ne l'ai vue que sur photos ou à la télévision. Paix et respect à cette grande dame. Puis il y en a eu plusieurs dans différents ministères, voire dans tous les départements d'état comme on disait à une époque. Puis est sorti des cendres le ministère de la condition féminine. Aujourd'hui on parle de ministère du genre. J'ai ma propre histoire sur cette question. Elevé dans un environnement phallocratique, j'ai éprouvé des réserves à considérer la question femme. Eduqué dans un milieu masculin, j'en garde les séquelles. Je n'ai eu des condisciples filles que les deux premières années d'école primaire, et il n'y en avait pas beaucoup. Un coucou à ma cousine Laurentine Ngondi, que nous appelions affectueusement Kathini. Un lointain coucou posthume à Charlotte Ilenda comme à Louise Kimbuta d'heureuse mémoire. Puis j'ai eu des condisciples dames ou religieuses à l'Urbianana, dans des écoles de langues et à Fribourg où elles étaient majoritaires.
Quand j'arrivais à Fribourg, Mme Philomène Milolo, auteure de La fille du couvent, venait de présenter sa thèse sur l'image de la femme africaine sous la direction de M. Giraud. Je n'étais pas impressionné... jusqu'au jour où je me suis occupé moi-même de ce sujet. Aujourd'hui je compte des grands noms parmi mes amies écrivaines dont Calixthe, Emmelie, Yanick, Frieda, Mariam, Monique, etc. Et même j'ai quelques publications sur les femmes, notamment une analyse de Douceurs du bercail d'Aminata Sow Fall. C'est un parcours atypique pour quelqu'un qui est parti du séminaire à la vie du monde. Respect, honneur et hommage  à toutes les femmes!
A Cave Hill existe un Centre for Gender Studies dont les travaux et les activités sont de grande qualité. Autrefois, j'étais invité par la directrice Eudine Barriteau à introduire et présenter l'activiste féministe sénégalaise Fatou Sow. Mme Barriteau occupe aujourd'hui le poste de recteur de notre université, Campus de Cave Hill. Chapeau Principal!
Hier, Mme Traudl Schmitt m'a étonné par la gravité de son propos lorsqu'elle a évoqué avec insistance l'usure que le temps cause dans la vie de quelqu'un, à fortiori d'une femme. J'ai apprécié avec beaucoup de respect. Ce matin, j'ai reçu un message dans le même sens d'une amie tchèque médecin anesthésiste: "Pierre, you really think, that a woman wants to bring her face after many years to Skype? I am starting to think about it. How to do a new look?" Le temps, le temps, le temps.
Coucou spécial à ma dulcinée qui a fait que je n'oublie pas ce jour. Merci ma U.


7 mars 2018

Qui définit la démoratie?2

Sacré Claver,
Tu en as des intuitions. J'aime bien ta façon de raisonner, et comme sur la plupart des questions, tu as raison. La démocratie, qui la définit? Je me suis souvent poser la question, mais en d'autres termes. En termes de forces et de pouvoirs. C'est la loi du plus fort. Le plus fort, dans les pays organisés et développés politiquement, c'est la Constitution. Et dans les pays en voie de développement ou sous-développés politiquement, c'est le dictateur que les militaires ont placé à leur tête comme leur guide suprême.
La Constitution est reconnue comme la seule instance de référence pour un pouvoir républicain ou monarchique digne d'assurer l'égalité des droits entre les citoyens ou sujets. Elle organise l'exercice du pouvoir. Son respect rigoureux et indiscutable constitue ou définit la démocratie. Tu as souvent soutenu dans ce blog que la démocratie appartenait aux Occidentaux, et que les Africains n'y comprenaient pas grand chose. Alors pas du tout. Tu as raison quoique l'expression soit maladroite, agressive et parfois délicate vis-à-vis des autorités en place. Y aurait-il un moyen plus adapté pour l'exprimer? Je ne saurais le dire.
Quelque part, tu as évoqué Nnikon Nniku déclarant: "La Constitution, c'est moi". C'est ce que vos minables dictateurs et despotes font une fois à la tête de vos pays. Ce qui entraîne du mépris pour vos systèmes politiques, souvent très monolithiques et peu flexibles aux vagues de l'histoire. Le despote incarne la Constitution, sans devoir rendre des comptes à qui ce soit. Il la change selon son goût. Il la tripatouille au gré de ses émotions. Grâce à ses forces de violence, il la maintient selon son seul vouloir. Ses sujets les plus proches se sont ses thuriféraires comme si le ridicule ne tuait pas. Ses collaborateurs de confiance sont maintenus sur une menace constante d'être révoqués ou éliminés sans autre forme de procès dès qu'ils s'écartent de la ligne tracée par le guide suprême. Ils sont sommés de définir la démocratie en fonction du maintien au pouvoir de leur soi-disant autorité morale. Cela s'est vu, cela se voit, cela se verra.
L'homme fort du pays fixe les règles du jeu. Il n'est redevable envers personne. Il sert les intérêts de ceux qui l'ont placé jusqu'au jour où ces derniers décideront de le lâcher. Les puissances étrangères qui le soutiennent l'aident à affûter ses armes contre ses ennemis, moyennant en contrepartie d'énormes dividendes financières. Elles ferment les yeux devant les crimes de leur protégé tant que leurs intérêts ne sont pas touchés ni bousculés. Sous le couvert d'opérations de charme en leur direction, le despote et ses acolytes creusent chaque jour la tombe commune de leurs concitoyens voués désormais à la misère, à la peur, à la précarité sans espoir de voir briller leur lendemain. 
Des questions réglées une fois pour toutes ailleurs sont sujets à discussions et à amendements de ce côté de l'Atlantique. La loi de la jungle, c'est cela la démocratie de l'homme fort africain. Un ministre des sports a été arrêté, mis en examen, pour avoir permis que le président joueur de foot soit taclé pendant le match. Intouchable quoi! C'est cela la démocratie... chez nous en Afrique. Le monde entier se moque de nous. On s'en fout. Chaque peuple a sa définition de la démocratie, soutiennent les partisans du régime. Et la définition de la démocratie, c'est celle que décide le chef. 

Qui définit la démocratie?

Ce matin, en lisant un article sur RFI, qui annonçait la création d'un parti dissident du Zanu-PF, j'ai été très surpris de lire la déclaration suivante du Nouveau Parti Patriotique: "Le parti est outré par la façon inconstitutionnelle dont Robert Mugabe a été chassé du pouvoir. Chassé par des criminels qui ont honteusement abîmé la démocratie zimbabwéenne". ' Un déclaration de combat surprenante à plusieurs égards. Un recours contre la mise à l'écart de R Mugabe. Au nom de la démocratie, le NPF est acquis à la cause de R Mugabe et réclame des réparations dans une bataille juridique qu'elle engage aussi bien au niveau de l'UA que de la Cour Constitutionnelle du Zimbabwe. J'aime mieux ne pas être surpris.
R Mugabe est, comme tous les présidents africains, un système, un maillon essentiel dans une chaîne d'inextricables intrigues politiques, économiques, financiers, maffieux, et que sais-je encore. Exécré par ses opposants et son propre peuple, il est adulé par une autre bande d'indéfectibles qui ne jurent que par lui. Intérêts individuels et ethniques obligent. L'homme fort traité de sinistre dictateur par le monde entier se trouve réhabilité par une faction de son parti, ceux-là mêmes qui ont bénéficié de ses faveurs et soutiens. Alors que le monde entier a salué une passation de pouvoir sans effusion de sang, voilà qu'on déterre une autre hache de conflits. Tout cela au nom de la démocratie. A vraiment se demander qui définit la démocratie!

Des morts

Les morts comme toujours sont nombreux. Une semaine pleine de nouvelles douloureuses. D'abord c'est Lilian Kesteloot. Grande critique littéraire, une figure incontournable en littérature francophone d'Afrique et de la Caraïbe. Une grande dame. Elle est la pionnière des études littéraires africaines. Tous ceux qui l'ont approchée gardent d'elle l'image d'une chercheuse minutieuse et d'une femme de coeur. Elle laisse une oeuvre critique immense. Lorsqu'elle avait il y a bientôt cimquante-cinq ans sa thèse à l'ULB, nul ne lui accordait le moindre succès à cette investigation inédite dans les arcanes de la jungle littéraire africaine et caribéenne. Lorsque je pense à son aventure scientifiqur, je m'imagine en présence de mes anciennes condisciples d'université, voire à mes étudiantes de Humboldt, fouinant dans des domaines insolites en quête de sujets accrochants. Je pense à ces jeunes occidentales galopant les montagnes de l'Est ou la forêt équatoriale rencontrées au CRN à Cambridge, qui étudient les sources des conflits interethniques ou tentent de défendre la survie des Bonobo. Des recherches de visionnaire. Quoique j'aie longtemps remis en doute cette perspective parfois voilé d'un teint colonial et paternaliste, je respecte la mémoire et l'immense contribution de L K aux études africaines.
Hier j'ai comme beaucoup des gens de Kenge appris la mort d'Elisée Madilu. Que son âme repose en paix! Et condoléances émues à la famille Madilu.
Cette nuit, et c'est ce qui m'a réveillé, je viens d'apprendre la mort du Père Simon Pierre Metena sj. Je ne saurais dire avec précision quand j'ai connu le père Metena. Probablement du temps de Mayidi comme les contacts étaient réguliers avec Kimwenza. Soit. Nous avions eu un ami commun, le Père Henri de Decker, lui aussi ancien directeur du Cepas. Je n'oublierai jamais une concélébration qui nous a réunis dans la chapelle du Centre Nganda en avril 1993 alors que je me préparais à retourner pour ma thèse à Fribourg. J'en garde quelque part une photo. Mais comme vous en avez sans doute aussi l'expérience, souvent les choses disparaissent ou se perdent lorsqu'on en a besoin. Une personnalité remarquable dans la Compagnie SJ. Paix à l'âme du Père Metena. Adieu Simon!Requiescas in pace!

2 mars 2018

Adieu Mme L Kesteloot


Nous venons d'apprendre le décès, ce 28 février à Paris, de Madame
Lilyan Kesteloot.
Madame Kesteloot voulait, il y a une semaine encore, écrire au journal
/Le Monde/ pour donner son avis sur la question de la "francophonie" en
discussion en ce moment ...
Les études africaines lui doivent beaucoup
Papa Samba Diop