29 avr. 2015

Buon compleanno Mabana

29 avril 2015. C'est ainsi qu'a été libélé le tout premier voeu que j'ai reçu de Lodovica Radaelli en ce jour d'anniversaire. Je compte une année de plus. Puis dans l'ordre un long message email de Séraphin, un email de Jean-Robert, un SMS de Rigobert, un SMS de Lucie, deux messages Facebook de Xavier et Gaby, et même un message Virgin Atlantic. La série va continuer probablement dans la journée avec quelques coups de fil.
Comme toujours, je retrace ma vie. Du Lukela à la MC Kimbau jusqu'à la cabane de Buccaneer Terrace à la Barbade. Quel parcours! Quel cheminement jonché de hauts et de bas! Je rends grâce au Seigneur pour tant des merveilles. Pendant que j'écris ces lignes, Claver Jr trace mon destin:
"When I will get older, I will be smarter than you Daddy. 
Hum?
Because you never practice on the 3DS" (Sic)
Je me tourne vers Chrystelle et lui demande: 
"What do you wish your Daddy for his birthday?
A coffeemaker"
Il est 7h18. On doit les conduire à l'école dans une dizaine de minutes. La journée s'annonce bien, ensoleillée et nuageuse.

28 avr. 2015

Le silence des gouvernants africains

28 avril 2015.
Comme pour confirmer des allégations antérieures, le gouvernement indonésien a exécuté aujourd'hui huit étrangers impliqués dans le traffic de drogues parmi lesquels quatre Nigérians et un Ghanaien. 
Selon l'activiste nigérian Femi Falami interviewé par la BBC, le gouvernement nigérian n'a à sa connaissance pratiquement rien fait pour défendre ses citoyens, il n'a exercé aucune pression sur les Indonesiens. Et même au Nigeria très peu de personnes sont informées de ces condamnations à mort.  Je ne crois pas que le gouvernement ghanaien ait mieux agi que son homologue nigerian. Tel est notre sort.
Souvenez-vous de l'effort du gouvernement pour défendre de Mr. Atlaoui arrêté lui aussi avec nos compatriotes africains, exécutés dans l'abandon total. La France au contraire a tenté de prouver que Atlaoui est innocent, ce que n'ont même pas osé les Africains. Là reside toute la différence dans la prise en charge de nos sorts par les gouvernants.
L'Australie a élevé sa voix menaçant de représailles diplomatiques l'Indonésie; ses deux ressortissants sont passés à l'arme. La Philipine a obtenu le retardement de l'exécution de Mary Jane Veloso, le temps de négocier. Les nôtres ont peut-être agi dans l'ombre, mais rien n'a filtré de leur action au grand jour. En d'autres mots, rien ou presque.

Mathématique démocratique au Burundi

L'histoire de la démocratie en Afrique est caractérisée par des violences; ce qui m'a toujours amené à penser qu'elle n'est pas faite pour l'Afrique. Les théories des politologues, juristes, philosophes et autres spécialistes, impressionnent sur papier pendant que la pratique du terrain réserve des surprises inattendues, qui remettent en question la fiabilité et la stabilité des institutions. Au Burundi, on assiste à un imbroglio dans le calcul des mandats du président Nkurunziza; et il y a déjà des morts, des déplacés, des emprisonnements, des fuites vers les pays voisins. Tout cela au nom de la démocratie.
Oui, c'est la mathématique démocratique qui est au coeur des troubles qui se passent au Burundi. Un littéraire, lorsqu'il parle de mathématique, ne sait plus de quoi il parle, car ce n'est pas son domaine. Peut-être est-ce un avantage de parler des choses qu'on ne sait pas, et de bénéficier du doute et de la foi des lecteurs. Il s'agit de la mathématique appliquée non pas au compte des votes, mais au principe même qui régit le vote. Selon qu'on est de l'opposition ou du pouvoir, le compte est différent: c'est cela qui fait problème. Les deux camps parlent de respect de la Constitution. Les deux camps ont raison, mais finalement, la raison du plus fort finira par triompher. Comment déterminer ce plus fort? Le plus fort, c'est celui qui a les manettes des institutions nationales. En démocratie, le plus fort, c'est le peuple, flatteusement appelé le souverain primaire. 
Le nerf du conflit, c'est le calcul mathématique. Mr. Nkurunzize affirme que la Constitution lui accorde le droit de se présenter une fois de plus, étant donné que la disposition de la Constitution qui stipule le suffrage universel est entrée en vigueur en 2010. L'opposition de son côté déclare que ce dernier a déjà épuisé ses deux mandats présidentiels pour avoir été élu démocratiquement par le Parlement en 2005. Les accords d'Arusha qui ont stabilisé le pays eux datent de 1999; mais l'article limitant les mandats présidentiels a été versé dans la Constitution en 2010. "C'est ici que les Romains s'empoignèrent", aurait dit feu Mgr M'Sanda. Même Constitution, interprétations différentes. Et bien entendu, chaque camp tire la couverture de son côté.
Essayant de comprendre ce bras de fer qui à la longue s'annonce meurtrier, passionné et délibérément confus, j'en viens à me demander ce qu'est devenu l'arbre à palabres légendaire et pourquoi on ne recourt plus à cette sagesse de nos ancêtres pour éviter que le sang coule abondamment. La confrontation démocratique mue par des sous-bassements ethniques et religieux verse beaucoup trop de sang un peu partout en Afrique. Cela s'est vu au Nigeria, en Lybie, en Côte d'Ivoire, en Egypte, au  en RDC, au Rwanda, au Kenya, etc. Les autorités politiques, toutes classes confondues, ont intérêt à sauver le Burundi du chaos en optant pour une solution basée sur la paix et l'entente nationales. Seul le dialogue consensuel peut apporter la paix des braves!

Joyeux anniversaire à Jean-Robert et Firmin

Ironie de la vie, je me rends compte par la magie de l'internet que les abbés Jean-Robert Mifuku et Firmin Mboma fêtent leur anniversaire le même jour. L'un et l'autre représentent des relations profondes et significatives pour moi. Mieux vaut tard que jamais, joyeux anniversaire à vous deux là où vous vous trouvez en ce moment. Que l'Eternel soit votre lumière et votre salut!

27 avr. 2015

L'émigration africaine et ses réalités

Des millliers d'Africains sont agressés aux quatre coins du monde sans qu'on n'ait jamais entendu une déclaration commune de l'UA plus préoccupée de politique et de commerce que de la vie de ses protégés. Des Africains meurent par centaines et par milliers dans des naufrages sur le passage de la Mer Méditerranée sans qu'aucune ambassade africaine en Italie ne se donne la peine de vérifier l'identité des siens. Des citoyens africains sont emprisonnés à tort ou à raison dans les geôles européennes ou américaines sans qu'aucun pays africain ne vienne à leur secours ni ne s'inquiète de leurs sorts. Nos pays semblent fléchir devant les actes de leurs contreparties occidentales. Nous sommes comme abandonnés à nous-mêmes. Le silence de nos autorités surprend scandaleusement alors qu'elles sont censées agir pour nous protéger, nous assister et nous rassurer. L'UA a le devoir de s'occuper de ses habitants et de leur bien-être. Si je me trompe peut-être, mon pourfendeur se chargera de me remettre à ma place.
Les Occidentaux par contre prennent la défense de leurs sujets. A titre d'exemple, la France mène depuis des années des actions pour que Serge Atlaoui soit épargné de la mort à laquelle il est condamné en Indonésie pour traffic de drogues. Je viens d'apprendre que le nom d'Atlaoui ne figure plus sur la liste des prochains tués. Touchez aux cheveux d'un Américain, vous aurez des agents de leur ambassade à vos trousses. Molestez un Togolais ou Malien, il ne vous arrivera rien du tout, sauf peut-être si vous les tuez. Le mal est plus profond, il réside dans une conception erronnée de l'état de droit. Notre système politique ne dispose pas d'arrangements pour ces genres de situation. Nos compatriotes sont victimes d'expulsions massives et de jugements sommaires à l'étranger sans que nos autorités expriment de déclarations officielles ni de demandes d'explications. Cette démission pousse beaucoup à opter pour l'activisme.
C. Koffi m'a appris à l'époque qu'un Ivoirien victime d'une perte de tous ses bagages et pièces d'identité dans une gare routière s'est vu refoulé comme persona non grata de son ambassade où il est allé chercher de l'assistance. "Vous n'avez qu'à vous en prendre à vous-même. L'ambassade n'est pas responsable de vos inepties." Il a dû corrompre une secrétaire afin que lui soit établi un "Tenant Lieu". J'en sais aussi quelque chose, mais moi j'avais la chance de connaître quelqu'un. J'imagine qu'un compatriote congolais ou angolais dans le même cas serait maltraité de la même façon.
Au lieu de traiter nos compatriotes qui vont à la recherche d'emplois et de meilleures conditions de vie à l'étranger d'aventuriers, d'opportunistes ou de bandits de grand chemin, les pouvoirs africains devraient intégrer ce problème dans leurs préoccupations. Longtemps chemin d'opposants politiques, l'exil est devenu le refuge d'émigrés économiques. Beaucoup de nos familles tiennent au pays parce qu'elles ont un fils ou une fille à l'étranger. Et Western Union fonctionne impécablement. D'autre part, un séjour à l'étranger aide à ouvrir les yeux sur la façon de résoudre certains problèmes: "Pourquoi ne pouvons-nous pas faire ceci ou cela chez nous?... Pourquoi l'eau et l'électricité sont encore des problèmes chez nous?" On comprend même mieux l'ampleur du sous-développement dans lequel nous vivotons au pays. Car le délestage et la coupure d'eau, usuels chez nous, constituent de nettes défaillances dans la gestion des infrastructures publiques.
Le silence de nos pays est ahurissant devant ce drame qui se déroule sous les yeux du monde. Les Occidentaux se plaisent à diffuser les images des rescapées avec un sadisme déconcertant. Pour faire face à cette migration massive venant d'Afrique, l'Union Européenne se réunit sans faire référence à l'UA inexistante et inactive. Comme quoi, ce ne sont pas des partenaires crédibles. Terrorisés, tués et exterminés dans leurs propres pays, avalés par les vagues maritimes, exploités, moqués, dominés et muselés, les Africains n'ont plus qu'à s'en remettre à la clémence céleste.




25 avr. 2015

Bon anniversaire Kalongo

26 avril 2015. Très bon anniversaire à ma soeur bien-aimée Victorine Kalongo. Puisse l'Eternel lui accorder paix et joie, santé, foi et sagesse. Qu'elle accomplisse ses responsabilités d'épouse et de mère avec droiture! Que sa maison soit accueillante, bénie, et un nid de paix pour son mari et ses enfants!
Buna bwa malembi Kalongu! 
C

La pratique de la démocratie

Les pays africains sont démocratiques officiellement, en tant qu'états modernes sur papier mais pas dans la réalité. Il ne faut pas être magicien pour constater que la réalité souvent ne correspond pas à ce qui est affirmé dans les slogans et devises.
En Afrique, le pouvoir revient au régime, pas au peuple. Les institutions par lesquelles le peuple peut sanctionner le régime sont prises en ottage par le pouvoir qui les manipule pour ses propres intérêts. Quelques pays font montre d'une avancée démocratique évidente construite au cours des années d'indépendance. D'autres sont marqués par des coups d'état répétés. D'autres encore sont gérés comme des propriétés privés de quelque tyran schyzophrène et en mal d'équilibre. La personnalité du leader joue donc un très grand rôle. Mathieu Kerekou est passé de dictateur à président démocratique avant de quitter pacifiquement le pouvoir. Il se la coule douce aujourd'hui. Le Bénin est un exemple. Mais on apprend aux dernières nouvelles que l'actuel président arrivé fin de deux mandats serait tenté de modifier la Constitution de 1999, qui l'a porté pouvoir. Attendons-voir. Au Burundi, Nkurunziza ne cache pas ses ambitions pour un troisième mandat alors que la Constitution le lui interdit; ses partisans accusent toute opposition à ce projet de vouloir semer le désordre dans le pays. Aujourd'hui même au Togo,  Faure Nyassimbé en découd avec quatre candidats désunis de l'opposition dans une élection présidentielle à un seul tour. Un boulevard pour sa réélection. Au Congo-Brazzaville on parle d'un referendum pour ouvrir la possibilité de réélire le septagénaire Sassou à son poste naturel. En RDC, on a tu la modification constitutionnelle pour entamer en un temps record la division du pays en 26 provinces, en vertu de la Constitution de 2006. Nos juristes et constitutionnalistes peuvent-ils nous éclairer à ce sujet? Autant de présidents, autant de rhétoriques politiques! Les présidents a vie n'existent plus, mais rien n'empêche ceux qui règnent sur leurs républiques  tels des seigneurs féodaux d'y penser et d'oeuvrer dans cette perspective, en privilégeant leurs propres progénitures. Sekou Touré, Houphouët, Eyadema, Bongo,... sont morts dans la gloire encensante du pouvoir.
Autant de chefs, autant de rhétoriques politiques. L'attitude au sommet de l'Etat est décisive dans la marche et la pratique du leadership démocratique. Tous s'appuient sur l'armée, la police et les services de renseignements pour imposer leur volonté au peuple et faire taire l'opposition. Mon collègue kenyan m'a appris l'autre jour: "At times, they do not need to kill; they will just create a scandal such as rape, robbery or bribery to silence a loquative opponent." Hélàs, la pratique de la démocratie est souvent entachée de sang, de trop de sang d'innocents.
C'est pourquoi, j'ai toujours dit: Démocratie pas pour l'Afrique! Un peu partout existent d'éternelles tentatives de processus sans jamais vraiment atteindre l'essence démocratique. Rentrons dans nos coutumes séculaires et laissons-la aux propriétaires qui l'ont créée. Parole de littéraire.


22 avr. 2015

A propos de maboko-banque

"Monsieur le professeur, on voit vraiment que tu es un littéraire. Qu'est-ce que cela change qu'on dise le maboko-bank ou la maboko-banque? Pour ton information, la plupart de gens appellent cela maboko-banki. Comme tu vis loin de nos misères, tu te contentes de t'en moquer en utilisant l'expression "initiative sauve qui peut." Pour ton information encore une fois, sache que cette expression concerne une immense frange de la population de ce pays, sommée de travailler sans être payée. Une misère sans nom! Je suis moi aussi scandalisé par la légereté avec laquelle tu traites un sujet aussi sérieux.
Maboko-banki, monsieur le professeur, c'est la consécration de la décrépitude sociale. C'est le flou dans la gestion de la crise financière qui sévit chez nous depuis des années. Il y a un tas de questions à se poser; mais je me réserve de le faire par courtoisie. Au lieu de payer les gens, on prend tout l'argent pour soi et les inconditionnels, on se contente de les apaiser en promettant des jours meilleurs. A se demander s'il ne s'agit pas d'un détournement de fonds publics sous couvert d'un acte de générosité. A se demander si l'on ne se moque pas du petit peuple en sous-estimant la valeur de son travail. A se demander, enfin, s'il existe une réelle volonté de voir toute la population jouir du fruit de son travail et valoriser ses ressources humaines. Flagrante injustice!
Maboko-banki; tu l'as bien souligné, appartient à la catégorie d'exutoires sociaux. Sommé de rire de sa misère pour s'en guérir, le peuple s'invente des expressions humoristiques pour braver l'ardeur de sa souffrance. Ces genres d'expressions se consomment avec une complaisance d'averti et connotent une profonde fracture sociale: les exploités en les lançant montrent du doigt les nantis, patrons ou propriétaires de biens de production. En fin de compte, c'est le symbole d'un malaise social et d'une évidente discrimination financière. J'aurais donc voulu que tu ajoutes un peu plus de passion à ton commentaire sur le maboko-banque."
(GF, email du 21 avril 2015)


Ma réponse:

"Merci GF, j'apprécie ta remarque mais j'apprécierais mieux que tu respectes ma sensibilité personnelle. L'idéal est que notre continent devienne une terre des gens heureux, vivant en paix; jouissant de droits égaux et bénéfiant d'emplois équitablement rémunérés. Solidarité et partage, jadis des maîtres-mots, doivent se vivre au quotidien." C

18 avr. 2015

NON A LA XENOPHOBIE

Lorsque l'on quitte son pays pour un autre, on s'expose forcément à une certaine vulnérabilité morale et physique. On n'est jamais complètement libre ni à l'aise dans un pays d'adoption quelles que soient les illusions que l'on s'efforce de bercer, quel que soit le degré de satisfaction et de sécurité que l'on peut atteindre. L'exil a toujours un prix, l'exil se paie parfois très cher. On n'est jamais traité avec justice malgré la prétention déclarée à l'état de droit. Droit, oui mais pour qui? L'exil expose, qu'on le veuille ou non, à d'innombrables risques, humiliations et frustrations.
Lampedusa, Reggio et la Méditerranée rappellent certes des passages macabres vers l'Eldorado occidental mais l'exil à l'intérieur de l'Afrique s'avère autant dangereux, périlleux et dégradant. Est-on bien chez soi? Sur papier peut-être mais pas toujours dans la réalité. Chaque jour qui se lève nous apporte des révélations surprenantes et inouïes, quoique parfois prédictibles ou prévisibles. La xénophobie ou la haine des étrangers semble fonctionner à tous les niveaux. La guerre de religions existe encore: cette semaine même, des musulmans noirs africains ont jeté en mer des chrétiens noirs africains à la suite d'une discussion passionnée. Le dilemme est que rester chez soi n'offre pas décidément plus de sécurité que partir, qu'aller chercher sa vie ailleurs. A quel prix? Sous quel risque?
Depuis quelque temps, l'Afrique du Sud s'illustre avec la chasse aux étrangers: des migrants, non-natifs du pays sont tués, égorgés, brûlés vifs, violemment agressés, humiliés tandis que leurs propriétés sont pillées, incendiées. Des Somaliens, Nigérians, Mozambicains, Malawiens, Ivoiriens, Congolais, Zimbabweens, etc., subissent la violence collective de la part des Zoulous et autres ethnies sud-africaines; leur seul crime est d'avoir choisi de vivre et/ou travailler en Afrique du Sud. Ce pays qui a connu les horreurs de l'Apartheid se révèle être, aux yeux de beaucoup d'observateurs, pire que l'enfer pour les autres Africains qui s'y réfugient. Des Noirs qui tuent d'autres Noirs, s'en prennent à leurs personnes et biens parce qu'ils ne sont pas de là. Qui l'eût cru du temps de Mandela? Qui eût pensé qu'un Noir transgresse le sacré principe de la solidarité africaine? JE SUIS SCANDALISE, DECU, DEPASSE. Des quartiers où habitent les étrangers sont passés un à un au peigne fin, avec la claire idée de les déloger d'Afrique du Sud. La crise économique ne suffit pas pour expliquer de tels dérapages criminels dans la violence, le crime et la combinaison de plusieurs facteurs meurtriers. Tout Africain, qui est fier de l'être, doit dénoncer cet état de choses. NON, NON, ET NON!
NON A LA XENOPHOBIE AVEUGLE!



Maboko-Bank

J'ai appris depuis quelques jours un nouveau vocable: "Maboko-Bank", "Maboko-Banque", "Banque Maboko Bank". Vous avez bien lu. C'est une expression qui circule dans les milieux professionnels au pays. Je l'ai appris au cours d'une conversation avec une proche parente qui travaille dans un service médical de l'état. En effet, depuis la bancarisation des salaires - ie depuis qu'est introduit le système de versement des salaires dans des comptes bancaires - certains agents ne sont toujours pas encore mécanisés comme on dit chez nous. Il est compréhensible que cette pratique technologique moderne prenne encore du temps avant qu'elle soit complétée. On sait que beaucoup d'agents ne sont pas payés à ce jour, mais bénéficient d'une prime mensuelle de 50.000 FC, soit 55 US. C'est le pécule que reçoit ma parente du service comptable, des mains du comptable de l'hôpital dans lequel elle travaille. Comme l'humour constitue un puissant moyen pour contourner les difficultés de la vie et la prendre du bon côté, les gens ont créé de toutes pièces ce vocable thérapeutique: "Maboko-Bank." La créativité d'un peuple peut sauver de la perdition.
- Boni maboko-bank?
- Nanu epesi te. Tozela lobi.
- Lobi? Lobi ekokoma lobi kuna.
Comment définir ce maboko-bank sinon comme une initiative du genre sauve-qui-peut social pour calmer les frustrations des employés impayés? Car cela fait des années que cette parente travaille dans cet établissement médical sans avoir jamais été payée. Elle est mariée et a des enfants. De quoi vit-elle? Du maboko-bank. Voyons. Qu'est-ce qui est correct? Le maboko-bank ou la maboko-banque. Alors pour plus de simplicité, optons de nous passer de l'article. Génial: elle vit de maboko-bank.
Aux dernières nouvelles, la parente aurait rempli un formulaire bancaire pour que lui soit attribué un compte sur lequel elle percevra désormais son salaire. La question demeure. Sera-ce son salaire maboko-bank ou son salaire du barême officiel? De deux choses l'une. Si le montant reste le même, autant continuer avec le système maboko-banque, car la banque impose des frais... Et que dit le code du travail?


16 avr. 2015

kikongo.blogspot.com

El Kikongo es la lengua del Pueblo Kongo compuesto por más de 4.500.000 de personas que viven en el sureste de Congo-Brazzaville, suroeste de Congo-Kinshasa y noreste de Angola. Las principales formas dialectales del kikongo son: kimañanga, kintandu, kiyaka, kizombo, kiyombe, kisuku, kilaadi, kibuembe, kifioti, kinzamba.
Mucho antes de la colonización de la Rep.Dem. del Congo por los belgas, gentes llegadas de otras tierras , especialmente lingala-hablantes, mantienen relaciones comerciales o se establecen en algunas zonas de antiguo reino del Congo (Matadi, Tysville, Kikwit, Bandundu, Dolisie, Poinrte-Noire, etc.) y del mestizaje linguistico de todas esas lenguas y sobre la base del kikongo nace una lengua pidgin inteligible para todos los que hablan lenguas diferentes en la región. Con la llegada de los colonialistas, éstos tomarán esta lengua como medio de comunicación con los nativos y la lengua se verá enriquecida con términos procedentes de los recien llegados. Esta nueva forma dialectal kikongo recibirá el nombre de Kikongo Ya Leta (se dice "Kikongo a letá"), en referencia a su utilización por la administración colonial.
El Kikongo ya Leta es conocido por diferentes nombres como son: "kituba", nombre empleado por las misiones de Kwango-Kwilu y por el Instituto Americano de Servicios Extranjeros; "ikeleve", "kibulamatadi" o "kizabave" en algunas zonas del Bajo Congo; "monokutuba", "kikongo vehicular", "kikongo simplificado" o "kikongo comercial". Los nombres "monokutuba" (yo digo), "ikeleve" (no es), "kizabave" (no sé) son expresiones muy utilizadas en kikongo ya leta y utilizado por personas que no hablan kikongo.
La principal diferencia entre los demás dialectos kikongo y el kikongo ya leta es que éste ha eliminado totalmente los prefijos verbales utilizados pra la creación de formas substantivadas, así como lo sufijos en adjetivos y pronombres. Por otra parte, mientras que en el resto de dialectos kikongo existe un complicado sistema tonal con valor semántico y gramatical, en el kikongo ya leta el tono de una palabra no tiene importancia alguna que haga que el sentido de una misma palabra sea distinto en función del tono con que se pronuncie.
(Source: kikongo.blogspot.com)



15 avr. 2015

L'image de l'Allemagne

Des événements récents m'ont permis de considérer l'image que projette actuellement l'Allemagne sur la scène internationale. Il s'agit notamment de l'épreuve de force menée dernièrement par la Grèce et du crash de Germanwings. 
1. Annoncé comme anti-européen, le nouveau gouvernement grec voulait faire mieux que le précédant au point de remettre en question les accords en vigueur entre les créanciers et la Grèce. Ayant promis monts et merveilles aux élections, notamment en instaurant la fin de la politique d'austérité, les autorités grecques ont buté sur une résistance opiniâtre de l'UE. L'intransigeance la plus catégorique est sans aucun doute venue de la chancellière Angela Merkel et du ministre Wolfgang Schäuble. Deux personnages mal aimés en Grèce. Les Allemands sont vus non seulement comme les responsables de la mauvaise performance économique et financière grecque, mais aussi ceux qui voudraient les maintenir dans cette situation. Les Grecs ont cru en finir avec l'austérité en impulsant une révolution à l'intérieur de l'UE et d'autres créanciers. Le résultat est mi-figue mi-raisin.
2. L'accident de Germanwings et tout ce qui se découvre au jour le jour à propos d'Andreas Lübitz montrent un autre visage de l'Allemagne. La Lufthansa, une société réputée sure, une des meilleures sociétés aériennes au monde, est remise en question dans sa raison d'être. Lorsqu'il s'agit de l'Allemagne, l'assomption de la rigueur colle au stéréotype. L'Allemand est réputé rigoureux, ferme, implacable. Ses produits l'attestent: sa compagnie aérienne, sa Mercedes, sa BMW, sa Mannschaft, son gouvernement, son système financier et éducatif, etc. respirent d'une solidité à la limite de la perfection. Comment alors expliquer cette grossière faille dans le fonctionnement de Germanwings sinon par la défaillance caractéristique de toute oeuvre humaine? Et elle a provoqué des morts.
3. L'image de l'Allemagne a certes été affectée, mais elle demeure égale à elle-même. Du côté de l'Europe, les Grecs ont fini par comprendre qu'il faudrait respecter les règles du jeu, et les Allemands par accepter des concessions négociées. L'UE peut continuer à exister dans son intégrité car des voix avaient préconisé un retrait éventuel de la Grèce. Concernant le crash aérien, les responsabilités sont reconnues. Les médias exonèrent Germanwings et insistent unanimément sur la folie suicidaire d'un pilote déséquilibré et schyzophrène. L'image de la Grande Allemagne demeure intacte.

Le portrait du pourfendeur

La Bruyère examinait les caractères des gens avec une rigueur inégalable, peignait les visages et les coeurs avec une précision peu commune. Il a créé Ménalque, mais a manqué de dire un mot sur mon indéboulonnable pourfendeur. Pour un pourfendeur, c'en est vraiment un. Cet homme est venu sur terre, on dirait, pour rendre ma vie invivable. Je l'ai retrouvé à chaque tournant de ma vie sans toujours être en mesure d'expliquer sa presence indécrotable et périlleuse. Il est cependant tellement changeant qu'il m'est difficile de le dévisager.
Je vais le semer. J'ai décidé de livrer le portrait du méchant pourfendeur. Il m'a agressé physiquement et moralement. Jaloux de mes succès, il me réveille chaque nuit pour me rappeler que je lui ai usurpé sa place au ciel. Ah, mais je ne suis pas encore mort. Oui, justement , répond-il, sais-tu que tu meurs chaque fois que tu fermes l'oeil? Il y a aura d'ici peu une nuit où tu fermeras l'oeil sans plus avoir la force de le rouvrir.
Ah bon, que je dis. Beh oui, dit-il dans son rire macabrement sarcastique et incendiaire, tu es déjà dans l'au-delà sans que tu le saches. Seulement, tu jouis encore de ton oeil. Sais-tu que tu as une cataracte qui s'incruste dans ton iris?
Comment le sais-t , que je retorque. Dieu me l'a dit. Je suis ton médecin, celui qui retient encore ton souffle dans les fibres de la terre. Sinon, tu serais déjà parti. Dis-moi maintenant, qui de toi et de moi est le méchant bonhomme?
Toi bien entendu puisque tu réponds au portrait du méchant, de l'impitoyable pourvoyeur de la mort. Je suis Ménalque dans ton coeur, dans tes rêves et dans tes projets, toujours prêt à te detruire à la moindre faute ou distraction. Je suis le technicien du libumu ndundu qui raccorde de ses mains la vie de l'avion-cargo par le biais de deux cordes électriques. Démolisseur éclairé, méchant pourfendeur, Lübitz ou Lucifer, l'homme qui apporte la lumiere dans la nuit ténébreuse. Tel est mon portrait craché.

Encore des Africains noyés sur la route vers l'Eldorado européen

En deux jours seulement, les garde-côtes italiens ont porté secours à 42 bateaux chargés au total de plus de 6.500 migrants.
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Les gardes-côtes n'ont réussi qu'à sauver environ 150 personnes, sur les quelque 550 qui se trouvaient à bord. Ce mardi, les rescapés, venant d'Afrique subsaharienne majoritairement, ont affirmé qu'environ 400 migrants avaient péri noyés dans un naufrage en Méditerranée alors qu'ils tentaient de gagner l'Italie, vingt-quatre heures après avoir quitté les côtes libyennes. 
(Source: http://www.lefigaro.fr/international/2015/04/14/01003-20150414ARTFIG00427-environ-400-migrants-auraient-peri-dans-un-naufrage-en-mediterranee.php#xtor=AL-201 )

1. Il est grand temps que cessent ces assassinats et suicides. Je pèse bien mes mots. Les auteurs de ces passages sont des criminels à juger à cause de leur irresponsabilité et de leur avidité. Pour des sommes allant de 3000 dollars à plus, ils acceptent de bourrer leurs bateaux sans tenir compte de la sécurité de leurs clients. On dit même qu'il arrive que ces assassins sans scrupule abandonnent leurs passagers sur la mer. Quoi qu'il en soit, le bateau n'a jamais d'équipage lorsqu'il arrive en Italie. De la part des passagers, c'est aussi une négligence que de céder à de tels mirages et impostures. Au lieu de poser des conditions, ils se mettent en position de faibles mendiants et demandeurs. Sans discernement, ou  plutôt obnubilés par le bonheur qui pointe au bout de l'aventure, ils se laissent à corps perdus aux mains de leurs sauveurs. Ils ne peuvent percevoir que ces facilitateurs sont de la pire espèce des bandits et tueurs; que ces navires bondés de monde constituent leurs tombes en mer. L'envie de l'Europe est plus forte que tout. Personne ne peut y résister. Ils sont convaincus que les sacrifices engagés, subis ou acceptés, seront triplement ou impayablement récompensés. Rien ne peut s'opposer à leur aspiration de jouir de l'Europe, objet de leurs rêves depuis leur tendre enfance. Pays de cocagne, la France, l'Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, la Suisse, etc., représentent dans leur imaginaire des lieux d'absolu bonheur, de droit, de liberté, de jouissance, de facilité, de la sape, de bonne bouffe et d'autres plaisirs impossibles à obtenir dans leurs pays de naissance. D'où la soif inextinguible de ce bonheur! D'où le désir inaltérable et insatiable d'y aller. Alors on vend la parcelle familiale, on tue, on vole, on se prostitue,  en vue d'obtenir l'argent nécessaire pour acheter le passeport, corrompre les agents de visas Schengen ou traverser par route les frontières qui mènent jusqu'en Libye ou au Maroc. Un peu comme Enée ou Ulysse à l'assaut de l'univers.

2. Rendre nos pays viables. Si les gens cherchent l'Eldorado ailleurs, c'est parce que les conditions de vie ne sont pas idéales dans nos pays d'une part, c'est aussi parce qu'il y a un constant mirage de l'Europe d'autre part. Voulant une fois convaincre un jeune homme de la nécessité de se trouver un travail ou de commencer son propre business, plutôt que de tourner les yeux vers l'Europe, j'ai été surpris d'entendre la réaction suivante de sa bouche. "Toi, tu parles comme ça parce que tu as déjà été en Europe. Moi, j'ai jamais vu l'Europe; j'ai le droit d'y aller comme toi. Et je t'assure, j'y arriverai par tous les moyens." Chacun pourrait commenter cette réaction dans son sens. Ils sont très nombreux - enfants, jeunes et adultes, homme et femmes - à penser comme cela. Selon c'est un credo cité comme une option de vie, du genre "Voir l'Europe et mourir!" Que vont-ils chercher dans cette Europe de leurs rêves? Du travail, de l'argent, une meilleure vie. J'ai souvent entendu des Camerounais comme des Congolais dire: "Je suis venu chercher." Après bientôt soixante ans d'indépendance, nos pays n'ont jamais vraiment coupé le cordon ombilical avec leurs anciens colonisateurs. Rien de plus simple. A tous les niveaux, on se réfère à l'Europe. Et les Africains qui vont ou vivent en Europe font rêver ceux qui sont restés au pays par leurs frimes, leurs jolies voitures ou les propriétés qu'ils acquièrent une fois de retour au pays. La vie dorée et luxueuse réservée aux autorités et aux nantis des régimes est facilement accessible en Europe. On ne se demande pas toujours à quel prix ni comment ces gens vivent dans ces pays-là. L'essentiel est d'y aller, et d'y goûter aux plaisirs de la bonne vie. Et tous les moyens sont bons pour atteindre ce but.

3. Une déshumanisation de l'Africain. Il est temps que cesse cette honte avilissante et homicide. Aliénation spirituelle et mentale! L'Afrique actuelle a malheureusement perdu ses repères humains et spirituels pour être encore viables. Guerres, génocides, tribalismes, conflits ethniques, rébellions, kidnappings, éducation tronquée, mauvaises conditions économiques, politiques terroristes, ... n'y favorisent pas une vie normale, paisible, aisée et heureuse. Nos dirigeants politiques et militaires y ont une grande responsabilité, mais la société civile aussi car il revient à tous de la construire, notre Afrique. Sinon, le nombre de noyés abondera au centuple sur les côtes méditerranéennes. Un peu de fierté et d'amour de notre bercail-berceau-Afrique suffiraient-ils à changer le cap? Pas si sûr!

14 avr. 2015

14 Avril: six ans de logement

Aujourd'hui se réalise un record dans ma vie, et non des moindres. Cela fait six ans que j'habite la même maison. Cela fait rire, mais c'est vrai. Ma famille s'est installée dans notre bivouac le 14 avril 2008, avec un soulagement inouï et un plaisir indescriptible. Six ans déjà. Il ne m'est jamais arrivé auparavant de vivre dans une même maison, à un même endroit, pendant six années d'affilée. Je citerai Kalonda dans la foulée. Oui Kalonda a aussi été une première; mais là on changeait de dortoir presque chaque année. Kenge également car j'y ai passé sept ans soit deux comme écolier et cinq comme ecclésiastique. La Barbade bat aussi un record. Elle est le deuxième pays où j'ai le plus vécu soit 13 années après 27 ans au Congo et 12 ans en Suisse interrompus à trois reprises, et ... trois mois à Kinshasa, 2 mois en Hollande, trois semaines au Canada, deux semaines au Bénin, une semaine au Congo Brazzaville et quatre jours au Lichtenstein. En vrac..., je ne saurais mentionner tous les pays où j'ai vécu. Six ans, c'est la durée de toute ma formation primaire depuis Mutoni jusqu'aux vieux locaux de Kimbau en passant par Makiosi, puis Kenge. Que des migrations, des bonds et des rebondissements! Six ans dans une maison, il faut le faire et cela se célèbre. Six ans sans changer d'adresse postale, cela se savoure. Bravo aux miens et à moi-même!

14. April: Lisa im Hundehimmel


Seit heute früh ist in Wurmlingen die Lisa, die letzte Hündin von Frau Traudl Schmitt, im Hundehimmel. Sie hat ein paar Jahre mit ihr verbacht. Ich habe sie ein paar mal gesehen, mindestens zweimal, wenn mein Gedächtnis mich nicht verrät. Die letzte Zeit war sie schwer krank; alles wurde getan, um sie zu retten, aber der Schöpfer aller Geschöpfer has es anders entschieden. Mein Beileid an Traudl. Ruh im Frieden, Lisa.

Traudl Schmitt 
14/04/2015
To: Claver Mabana
Lieber Claver,
 ich danke dir sehr herzlich für den gut gemeinten Nachruf in deinem Blog zum Tod meiner Lisa. Sie fehlt mir sehr und sie war auch heute noch immer in der Wohnung anwesend. !!! Sie hat wirklich ein gutes Plätzchen im Hundehimmel verdient und kann nun dort in frieden ruhen. 
TS

11 avr. 2015

Démocratie et institutions en Afrique

Voilà un sujet qui pourrait bien faire l'objet d'une thèse en sciences politiques ou juridiques. Mais moi, en littéraire qui se prétend bon, j'en fais le sujet de ma réflexion de ce soir 11 avril 2015. Demain aurait été le 60e anniversaire de l'abbé Faustin Mampuya s'il avait vécu jusqu'à ce jour. Paix à ton âme L'homme. Je commencerai par des anecdotes que nous avions entendues ensemble il y a de cela plus de trente-trois ans.
Du temps de notre formation à Rome, il y avait un compatriote militaire mécanicien d'avions qui était en stage de perfectionnement à Varese. Amisi descendait souvent à Rome. Il était proche des amis d'Inongo et de Faustin. Il racontait des histoires sur le "Libumu Ndunda", avion-cargo militaire qui faisait toutes sortes de besognes comme "transporter des militaires pour des entraînements de parachutage, aller déposer le matelas du fils d'un général à Kinzambi, acheter du manioc, du riz ou des haricots pour un camp militaire, larguer des morts sur la forêt vierge ou l'Océan Atlantique, exporter des quantités d'ivoire pour l'épouse du général, etc." Les passagers s'y tenaient debout. Sa grande préoccupation concernait plutôt l'état technique de ces avions militaires. Les ordres du général ayant force de lois et ne pouvant souffrir d'aucune objection, le libumu ndunda devait aller en mission quel que soit son état. Il leur est arrivé qu'un militaire tienne connectés de ses mains des cables électriques pendant toute la durée d'un vol. Du jamais vu ni entendu. Une distraction, une fatigue, une erreur auraient pu causer un accident catastrophique." Vrai ou faux? Cela s'est fait. Lui-même appelait ces libumu ndunda des corbillards volants.
Ces anecdotes illustrent parfaitement le rapport entre la démocratie et les institutions en Afrique. La démocratie pourvoit une autorité absolue qui met l'élu au-dessus de la mêlée, de la loi. Les institutions marchent dans le sens de la volonté ou des caprices de l'élu providentiel. Ses volontés sont des ordres, et même leurs sujets les avalent sans les critiquer ni les remettre en question. Oser soutenir une opinion contraire à l'élu peut se révéler fatal. Chacun qui possède une parcelle d'autorité en profite abusivement, l'exerce sans limite et sans partage. Le subordonné a rang d'esclave plutôt que de collègue; il sert aussi bien la sphère publique que privée de son chef. Il paraît même que c'est inscrit dans nos traditions politico-sociales africaines. 
A la question "peut-on appliquer la démocratie en Afrique", le président JD Mobutu a une fois répondu: "Oui, mais pas à la lettre." C'était peu après la pendaison des Kimba et consorts. La faiblesse de l'Afrique, je ne cesserai de le dire, réside dans la faiblesse de ses institutions. Je ne conçois pas un coup d'état possible aux Etats-Unis et en Europe Occidentale, alors qu'un coup d'état guette chaque pays d'Afrique à n'importe quelle étape de son histoire. Le putsch est peu probable en Occident parce que les institutions de démocratie y sont stables, sûres et crédibles. La démocratie y joue le rôle de catalyseur et de régulateur. En Afrique, les autorités une fois élues se préoccupent avant-tout de leur pérennité au pouvoir plutôt que du programme qui les a fait élire; elles assurent abusivement leur pouvoir par la corruption, la gabégie ou la démolition des institutions étatiques établies. Au lieu de promouvoir le bien-être intégral du peuple, elles misent sur l'efficacité répressive des forces armées, de la police et des services de sécurité. Elles gèrent le pays à l'image du général avec son libumu ndunda. Je reste littéraire, je ne serai jamais ni général ni politicien, ni politologue ni juriste.
     

10 avr. 2015

Que vaut la vie d'un Congolais?

Lorsque des ressortissants de pays développés sont tués à l'étranger, leurs pays d'origine exigent des explications. Lorsqu'ils sont pris en otage ou arrêtés, des efforts onéreux sont entrepris pour les libérer, des pressions diplomatiques et des sanctions économiques sont brandies pour protéger la vie de ces gens. Israël est prêt à échanger des centaines de prisonniers palestiniens contre un seul soldat. Les US, la France bombardent, envoient des commandos pour "extraire" leurs compatriotes. Ils estiment que le sang de leurs concitoyens est sacré. Quant aux pays sous-développés, souvent ils croisent les bras, ne font des déclarations fracassantes que lorsqu'on leur reproche leur inaction et leur irresponsabilité.
Que vaut la vie d'un Congolais? C'est la question qui me passe par la tête maintenant que les premières impressions et émotions au sujet de la fosse commune de Maluku sont passées. Peut-être serait-il mieux de poser la même question de façon différente. Plutôt que de dire "que vaut la vie d'un Congolais?", serait-il mieux de dire "que vaut la vie chez les Congolais?". Comment les Congolais concoivent-ils la vie? Le sang coule à flot sur notre territoire comme si un destin maléfique et indomptable pesait sur nous. Une simple manifestation sociale tourne vite au carnage. "Nous ne vivons plus, nous ne survivons même pas", répète souvent avec raison un oncle qui critique tout et se plaint de tout. Son pessimisme me rebuttait jadis, mais je le comprends maintenant, avec le temps.
Le charnier de Maluku permet de poser beaucoup de questions au sujet de la valeur que les Congolais toutes classes confondues attachent à la vie. Désormais les autorités provinciales de Kinshasa, comme les instances de l'intérieur et de la sécurité se voient obligées de répondre aux interrogations de l'opinion nationale. Avant de politiser l'affaire, je souhaite en tant qu'intellectuel que l'insistance soit portée sur la protection de la vie. L'enterrement dans une fosse commune ne passe jamais pour un geste positif, étant donné qu'il porte une grave atteinte à la dignité humaine et à nos traditions africaines. Effectué de nuit, loin des regards, ce genre d'enterrement laisse soupçonner que l'on cache quelque chose, que des crimes sont voilés, que des victimes des émeutes dont les familles réclament encore les corps font partie de ce macabre cortège, etc. On est à la limite de la profanation. Autant des soupçons malsains qui enveniment le climat publique local et international.
Si c'est une pratique habituelle pour désengorger les morgues, rien ne serait plus simple que d'alerter la population, et au besoin de l'inviter, pour qu'elle s'associe à l'hommage dû aux personnes décédées. La transparence vaut le coût car la population a besoin d'être rassurée, sécurisée plutôt que d'être traumatisée par des violences meurtrières à répétition. Cet acte renforce la méfiance et la peur de la population vis-à-vis de l'armée, de la police et des forces de sécurité. Cet acte renforce l'accusation de tueries et d'assassinats que l'opposition, la société civile et les autorités religieuses expriment à l'endroit du pouvoir. A supposer qu'il y ait crimes politiques, ce qui reste à prouver, dans quel intérêt de tels crimes seraient-ils commis? Y aurait-il des enjeux politiques ou idéologiques derrière?
L'heure est à la conscientisation de tous en termes de protection et de responsabilité les uns des autres. L'heure est au respect de la vie, à la conservation de la vie. Si rien n'est fait immédiatement, la vie d'un Congolais ne vaudra même pas celle d'une mouche. Parole de littéraire!

8 avr. 2015

Alles Gute zum Namenstag

Liebe Traudl,
es ist so lange seit wir miteinander zum letzten mal gesprochen haben. Und heute ist Dein Namenstag. Ich habe Dich nicht vergessen. Ich werde mich bemühen, Dich irgendwie zu erreichen. Ich habe heute vormittag zwei wichtige Sitzungen, ich unbedingt nicht verpassen darf. Sobald ich Zeit habe, werde ich mich melden.
Inzwischen bitte alles Gute zum Namenstag Mögen Dich die Vorfahren and die Engel behütten im Namen des lieben Gottes.
Pfüti!
C
 

7 avr. 2015

425 corps dans une fosse commune à Maluku?

Il s'est ouvert un houleux débat en RDC depuis la découverte cette semaine à Maluku, près de Kinshasa, d'une fosse commune dans laquelle ont été inhumés nuitamment des centaines de cadavres. Des voix passionnées s'élèvent dans tous les sens pour condamner cette pratique très bizarre et réclamer la vérité. Le pouvoir comme l'opposition s'en mêlent pour en faire une affaire politique. Dans tout ce débat, l'absent c'est le petit peuple, la population. Une véritable épreuve de forces!
On parle d'un ordre venu de l'Hôtel de ville pour inhumer des cadavres abandonnés à l'hôpital central par les leurs. Selon la version officielle, le pouvoir a l'habitude d'enterrer dans le respect des personnes décédées dont les proches parents ne se manifestent pas. Cela justifie l'usage d'une fosse commune? Les fosses communes sont souvent considérées comme la conséquence de tueries brutales de grande envergure dont les responsables tiennent à effacer les moindres traces. Clémentine Anwarite comme Thomas Sankara ont été enterrés dans des fosses communes. Dans le cas des cadavres de Maluku, rien n'a filtré à propos de leurs identités avant la découverte de la fosse. Seuls les initiés étaient au courant comme M. Pobard dans Ces fruits si doux de l'arbre à pain de Tchicaya U Tam'si. Mais il ne s'agit pas de fiction ici.
L'opposition politique et la population demandent des explications au gouvernement et aux services de sécurité. Elles exigent simplement la vérité. Qui sont ces morts? Comment sont-ils morts? Sont-ils morts de maladies, d'accidents, d'assassinats ou de suicide? Pourquoi ont-ils été inhumés là plutôt qu'ailleurs? Pourquoi leurs familles n'ont pas été sensibilisées ni alertées pour assurer un enterrement décent et digne à leur(s) proche(s)? Pourquoi n'y a-t-il pas une liste des noms simplement? Qui a décidé cette action? Autant de questions sans réponses claires. Les soupçons vont dans tous les sens. Les autorités, surprises par l'ampleur de l'événement dont ils ont peut-être minimisé les conséquences, en sont maintenant à repenser leur stratégie. Elles sont partagées entre exhumer les corps et/ou les laisser intacts. Parmi les explications éventuelles, j'imagine que d'autres, guidés par leur intuition, parlent de meurtres sacrificiels pour voiler un terrorisme d'état qui ne dit pas son nom. Ceci me ramène à des réflexions faites précédemment à propos de dernières tragédies.
Un avion allemand s'écrase dans les Alpes Françaises avec 150 personnes à bord. Tous les efforts sont menés par la police française et les services de la Lufthansa  pour identifier les cadavres dont pourtant les noms étaient inscrits dans le manifeste. Un devoir de vérité et de transparence oblige toutes les instances à élucider l'accident dans son entièreté. Quoique les boites noires aient conclu à un accident délibéré du copilote Lubitz, les parents des défunts ont eu droit à un accompagnement psychologique, à un soutien religieux, à des égards très particuliers. La compagnie aérienne s'est engagée à dédommager les sinistrés. L'école des étudiants morts dans ce crash a entrepris un travail collectif de deuil. Autant d'actions menées de la part des autorités, des institutions et de la compagnie pour assurer le plus d'assistance aux personnes touchées ou endeuillées par cet accident. 
Dans le cas de Maluku, tout est différent. Obscurantisme total. On a plutôt à faire à des morts anonymes, inconnus ou méconnus, ignorés, devenus objets de discussions et de polémiques politiques. Là réside la différence d'approche et de leadership avec les contreparties européennes. On parle de dépouilles d'indigents longtemps gardées à Mama Yemo. Le sens d'humanité et de respect envers les morts semble avoir été le dernier souci des décideurs. Doit-on attribuer cet embrouillement à un flagrant degré de sous-développement ou à un manque de structures logistiques? Que 425 morts soient enterrés dans l'anonymat total ne surprend, ne scandalise au plus haut point que les non-initiés. Les gens qui en savent quelque chose se trouvent liés par le secret professionnel. Des jours passeront, des semaines passeront certainement sans que la vérité au sujet de ces morts ne soit élucidée. Attendons donc voir!

Mgr Eugène Moke (1916-2015) in memoriam

Ce 6 avril 2015 est décédé à Kinshasa un illustre personnage dans la vie de l'Archidiocèse de Kinshasa et de l'église de la RDC, Son Excellence Mgr Eugène Moke Motsuri. Paix à son âme! Ami et proche du Cardinal Malula, il a vécu sa vie, oeuvré toute sa vie au service de l'église catholique de Kinshasa. Je me souviendrai toujours de son fameux "biso babale" lancé lors de son homélie à l'occasion du jubilé épiscopal de son ami. 
Dieu lui a accordé de longues années de vie, grâce lui soit rendue pour son fidèle serviteur. Condoléances émues à l'archidiocèse et à sa famille biologique! Et aussi à une de ses filles adoptives à qui je présente ma sympathie.
Requiescat in pace!

You little boy

Arpil 7, 2015 around 9.00 am. This morning as Madeleine asked me to help her unlock the house door, she wanted to get out but I stopped her.
- Wait please. Try it again so you will not need help any more.
- Be patient, you little boy.
- Hey, whom are you talking to like that?
- You, Daddy.
- I am your dad.
- But you were a little boy too, years ago.
- Yes ago but not any more.
- You are still God's boy.
- I think it would be more correct to say: God's son.
- Hum... You might be right.
- I am.
These are the kinds of discussions I happen to have almost every day. In the past used to get angry, but now I have opted to take it easy, not to challenge them and try to understand the bottom line of the children's thoughts.

6 avr. 2015

Les tragédies des dernières semaines

Regarder la télévision, lire les nouvelles sur l'Internet, c'est devenu synonyme de voir des atrocités qui ont lieu de par le monde. J'en connais des gens qui préfèrent ne plus regarder les téléjournaux, tellement ils sont sidérés d'assister à des scènes abominables. Ces dernières semaines, partout où on jette les yeux, on rencontre des morts difficiles à expliquer puisqu'elles sont provoquées par la folie des hommes. Du fou pilote de Germanwings aux assassins de Shabab au Kenya, en passant par les bombes sur Aden, les scénarios rendent compte de nombreuses morts d'innocents. Tuer 150 personnes dans un avion ou 150 étudiants dans une université revient à porter sur soi le crime de plusieurs innocents qui se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. La vie tient à un fil, je dirai même plus: elle ne tient qu'à une corde. Paix aux âmes de ces innocents!
Les actions d'individus isolés comme les attaques massives sur des personnes, des institutions, des villes, relèvent sans aucun doute de la responsabilité déplacée des hommes. Ces actions meurtrières sont souvent dictées par une volonté de nuire, un désir de pouvoir et une cécité idéologique ou religieuse. Un homme ambitieux déçu et incapable d'arriver au sommet de ses aspirations se transforme aisément en un impitoyable criminel. Un extrémiste religieux justifie sa folie par une foi paradoxale en Dieu. Tout bon musulman te dira: "Tuer des innocents, c'est pas l'Islam... que c'est une minorité de gens qui tuent comparé au nombre des musulmans pacifiques dont les médias ne parlent guère." Je le crois, seulement je me demande pourquoi ces crimes sont commis au nom d'Allah akbar. Pourquoi évoquer le nom de Dieu pour justifier un crime? Quelque chose ne marche pas là. Tout en reconnaissant leurs droits aux musulmans, je me retrouve sans réponse face à une aussi simple question. Il ne suffit à mon avis pas de dire que c'est pas l'Islam, mais d'agir dans le sens d'une prise de conscience de ce crime et de le combattre. Dieu n'exige pas de l'homme la décapitation d'autrui mais l'amour du prochain. Il faudrait appliquer les principes de la paix et de l'entente humaines au lieu de tuer froidement les autres à  cause d'inévitables différences politiques, religieuses, raciales ou idéologiques.
L'extrémisme religieux, sous quelque forme que ce soit, est une tare dans l'histoire de l'humanité qu'il faudra éradiquer à tout prix. La religion réputée source d'amour et de miséricorde devrait semer la paix dans le monde plutôt que la discorde. Une femme accusée injustement d'avoir "brûlé" le Coran a été lynchée par une foule impitoyable, sans qu'on sache si elle a posé ou non l'acte. De tels assassinats aveugles doivent cesser car tout être humain a responsabilité sur la vie des autres et se doit de la protéger pour autant qu'il en a les moyens.

5 avr. 2015

Démocratie et calcul

1. Un jeu de mascarade. On tire les ficelles des marionnettes pour pratiquer la démocratie. Les Européens sont à la manœuvre. Lors des élections du Togo après la mort de Nyassimbe Eyadema, j'étais surpris d'entendre une interview d'Alain Madelin dans laquelle il soutenait qu'il fallait tenir compte des réalités africaines pour comprendre l'élection de Faure Nyassimbe. En fait, j'ai compris qu'en clair que nos anciens colons se moquent de nous en clochardisant nos autorités. Le message d'un tel mépris est que les Africains n'ont qu'à s'entretuer entre eux pourvu que les intérêts coloniaux  soient préservés.
2. Calcul. Tout acte posé par un candidat à l'élection est suspect. J'en viens à notre Kenge national. Le problème primordial de Kenge, c'est l'eau. L'eau et son pendant, l'érosion. Pour moi qui ai connu toutes les sources de Kenge depuis le dingu de Yete jusqu'à celui de Manioka en passant celles qui qui s'appelaient Cinema, Kataba, etc. Une source en bas de la procure ou camp Masikita s'appelait Pompe ya l'Etat. J'ai puisé de l'eau à toutes ces sources et fontaines. Il y a même la colline de Zeka..., réputé pour l'âpreté de son clivage, qui mène du Champ de tirs vers la rivière Bakali. Depuis 1960, des députés se font élire sur la promesse de résoudre ce problème vital d'eau. Les missionnaires avaient tenté leur part, avec un relatif succès. Je me souviens avoir vendu de l'eau à la pompe de la procure lors d'un de mes stages à Kenge I. Lorsque la Régidéso s'est installée dans les années 80, des députés en ont revendiqué la paternité. En réalité, des discours électoraux qui ne se sont jamais traduits en une solution permanente. La députation se résume donc à se faire élire sur un programme d'équipement en eau qu'on oublie aussitôt qu'on obtient le poste tant convoité. Rapportez cette stratégie à l'échelle nationale et vous trouverez la vérité des élections dans nos pays. Les promesses d'eau constituent souvent l'essentiel du programme électoral des élus de Kenge depuis plus de 50 ans  de vie démocratique et rien n'a changé d'un iota.
3. Violence et crime. Les élections législatives divisent souvent le pays, car chaque candidat retourne à sa région natale. Rarissimes sont les personnes à se faire hors de leur berceau. Un coup d'oeil sur les élections montre toute la différence. En France, en général c'est le parti qui fixe les circonscriptions aux candidats, sur la base d'un programme plutôt que de la provenance. Chirac, élu de Corrèze, maire de Paris. Presque impensable chez nous. Oui, mais il y a Khonde Vila Kikanda. On a vu au Nigeria comme la menace de Boko Haram a pesé sur les élections. Des présidents de bureaux de vote sont séquestrés, menacés, agressés par la population, comme par les agents de l'administration locale acquis au pouvoir central. Des discours virulents sont adressés à la population si elle n'ose voter pour le candidat en lice; des menaces de mort proférées contre les non-natifs du coin qui postulent pour un poste. Des crimes verbaux et réels sont commis dans cette ambiance ouverte par la démocratie.
4. Démocratie, incompatible avec l'Afrique? Le Nigéria vient de prouver que l'alternance pacifique du pouvoir est possible en Afrique si les règles du jeu sont scrupuleusement respectées. Les tentatives de fraude existent au niveau des données de base, du bourrage des urnes, ou simplement des agents de la commission électorale qui peut favoriser un candidat. Qu'on se le dise, un gouvernement africain n'organise jamais les élections pour que son candidat les perde. Les structures sont organisées en sorte qu'il monopolise les grands moyens de l'état au service de ses candidats. La radio, la télévision, la presse nationales restent la chasse-gardée du régime en place qui les utilise à ses propres fins. Lorsqu'elles parlent de l'opposition, c'est toujours en termes de contre-propagande et d'avilissement. Maintenant, le gouvernement va, pour des raisons de sécurité, jusqu'à arrêter les signaux des radios, télévisions privées comme ceux des résaux sociaux d'Internet et de téléphones. Cela s'est vu en Afrique et se verra toujours. Et dites-moi que la démocratie est faite pour l'Afrique.

Mais la roue de l'histoire tourne. Elle tourne, continue de tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. Le temps est au changement, même au sein des institutions jadis réputées inamovibles. On ne peut plus agir en 2015 comme du temps de nos ancêtres, lesquels distribuaient mieux le pouvoir que nous ne le faisons aujourd'hui. Ai-je raison si j'affirme que nos ancêtres étaient plus démocratiques que nous?

Muna mbotika beto bakristu

"Muna mbotika beto bakristu ntoma tatu tutambwele y/zo
Alleluya, alleluya, a kiese tu... !" Mono yimbaka yo na nsi ntima na misa na ntangu ya kutangulula lusilu ya mbotika.
"Mabundu ma Nzambi keti makwa mena? Dimosi kaka dina di katolika, Yezu kagangidi -
Dibundu, dibundu di katolika"
Bambuta kuzaba ba-nkunga yai ya ntangu ya batata ti bamama na beto.  L'abbé Ferdinand Mukoso vandaka kuyimba yo konso ntangu na mbansa Roma. Ngemba na moyo na bau.

"On ne sait pas ce qu'il se passe" vs "On ne sait pas ce qui se passe"

Bon dimanche de Pâques. 
Ce matin, j'ai surpris une intéressante discussion entre mes deux enfants, dérangés par un dysfonctionnement de la télévision.
 - "Je ne sais pas ce qu'il se passe", dit Claver.
- "Non on ne dit pas comme ça, on dit: "Je ne sais pas ce qui se passe", rétorque Chrystelle.
- "C'est écrit dans le jeu de ... "
- "C'est écrit, mais on dit ce que j'ai dit moi".
Je me suis retenu d'intervenir avant d'arrêter: "On dit les deux". Cela m'a fait réfléchir. Au fait, une des deux formulations doit être incorrecte. A quel niveau se situe la différence entre ces deux phrases? Notez en passant que ces deux enfants n'ont jamais appris une seule leçon de grammaire française. A l'oeuvre grammairiens!

4 avr. 2015

O Sapologie, toi qui règnes


Wemba: "O Sapologie, toi qui règnes sur tous les podiums du monde entier." Ainsi s'ouvre une émission-documentaire consacrée à la sape. "Sapologie, ou l'art de bien s'habiller". Sans grande surprise, j'ai retrouvé ce que j'ai toujours dit et pensé de la sape dans ce documentaire. Je déduis des interventions et des images diffusées dans cette émission que la sape est un phénomène de société, une idéologie et un business.
1. Phénomène de société. Papa Wemba n'est pas le fondateur de la sape, mais il est celui qui l'a incarnée le mieux. Sans doute à cause de sa réputation internationale en tant que musicien, artiste, acteur et peintre. Personne avant lui n'avait autant vulgarisé cette adoration particulière du vêtement. Il a pesé de tout son poids pour la diffuser aux quatre coins du monde à tel point que son nom est évoqué à chaque fois qu'on parle de la sape, de la sapologie, des sapeurs. A l'inverse également, chaque fois que des gens entendent le nom de Wemba, ils le lient spontanément au phènomène de la sape. Le culte du paraître envoûte toute la société africaine. On vaut ce qu'on porte. Le vêtement fait l'homme. Autrement dit, le vêtement est l'exutoire psychologique idéal contre la pauvreté, la précarité, la marginalisation et le mal-être. Il s'agit de paraître riche alors qu'on vient d'origines modestes, de goûter aux plaisirs réservés des parfums et des couleurs inaccessibles aux communs des mortels. Casque colonial, bermuda etc... et il paraît, habillement inspiré de nos ancêtres. Un sapeur n'est pas un clown malgré l'extravagance de son  masque vestimentaire. Il est. Il est ce qu'il est. Son défi consiste à tenter de joindre l'être et son paraître, à annuler la distance entre le jeu et la vie réelle.
2. Une idéologie. A en croire l'interviewé congolais, l'idéal du paraître est de choquer le regard des passants. On est vu comme un clown, mais on est une personne normale. La seule différence est qu'on voue une dévotion à l'habillement qui reçoit dès lors une dimension sacrée. La sape, c'est une idéologie; mieux c'est une religion. Il ne s'agit certes pas de remplacer Dieu par le vêtement, mais de l'atteindre de façon privilégiée par l'intermédiaire du vêtement. Dieu étant le sommet des sommets, le Très-Haut, on utilise l'habit comme une relique, un scalpel, voire un fétiche pour contempler la divinité céleste. Je ne m'étonnerais pas qu'il s'y cache des pratiques occultes ou mystiques encore voilées au public.
3. Un business. Sape rime avec argent, plus précisement argent à dépenser. Il faut savoir placer son argent, dit un adage. Lorsque d'autres pensent à se construire ou à acquérir des maisons, le sapeur investit dans l'habillement. Il épargne mensuellement 250 Euro afin de se payer des chaussures Weston de 2500 Euro au bout de dix mois. Il peut emprunter un prêt bancaire pour enrichir sa tenue vestimentaire. Le sapeur dépense onéreusement pour son look. Autant la pensée du père de maison se concentre sur les coins et recoins de sa bâtisse, autant celle du sapeur est orientée vers les derniers produits de la mode, vers les magasins du prêt-à-porter, vers les modèles et les créateurs de rêves. La sape est un investissement. Lorsqu'on y réussit, elle ouvre des horizons financiers insoupçonnés.

Mes réflexions sur la sape et la sapologie (science de la sape) ont pris une tournure plus objective depuis quelques temps. Auparavant, je la condamnais en bloc sans même y percevoir le moindre signe positif. C'est dans cet esprit que j'ai écrit ma pièce Le sapeur en 2010. Je la prenais pour une folie, pour une vie faussée. Tout en relativisant la portée de mes pensées antérieures, j'ai pris de la sympathie pour ce mouvement excentrique, estimant que les prétentions des sapeurs ne sont pas forcément toutes des contre-vérités ni des faussetés. La sape constitue un phénomène de société dont les racines doivent être explorées car elle entraîne dans sa vague, comme envoûtée par un esprit irrésistible, toute une jeunesse en quête d'identité. Ca, c'est la réalité.

Belle lettre pascale d'un missionnaire à son ami (2.4.15)

"Cher Claver,
Jeudi Saint, c’est déjà les fêtes de Pâques.
Je te les souhaite saintes, joyeuses et belles.
Pâques porte en elle-même une bonne nouvelle, voire La Bonne Nouvelle de toutes nos histoires et de toute l’Histoire, en ce qu’elle renverse et transforme les ténèbres en lumière, l’échec en victoire, le pessimisme en espérance, la haine ou l’indifférence en charité, la mort en la vie, bref la garantie d’un dénouement heureux – « happy end » -  au bout des incertitudes, doutes et même chaos de la vie.
C’est la dernière Pâques que je passe à Kinshasa, après douze ans de présence ininterrompue au Congo. Je dois aller en mission en France dès la semaine prochaine, et pour les deux ou trois ans à venir. Je prendrai le temps de signaler mes contacts définitifs une fois que je les aurais eus ; entretemps, l’adresse email reste le moyen inchangé et fidèle de continuer à communiquer comme toujours.
On va la fêter aussi avec cette joie de la nomination de Mgr JP Kwambamba comme évêque à Kin. (...)
Joyeuses fêtes de Pâques. Que Christ ressuscité  fasse briller la lumière de sa présence glorieuse dans ta vie et dans tes  activités.
Salut aux gosses et à Mère Double.
PSK"
 

"Yezu Kristu ufutumukini, Alleluia alleluia"

"Yezu Kristu ufutumukini", nkinsi ya mbote ya Pake na beno yonso.
Mwinda ya Yezu ya me futumuka kutemuna banzila na beno ti lusumbulu na yandi.
C

3 avr. 2015

Vendredi-Saint à St Francis, Barbados

3 avril 2015. Ce matin, je ne voulais pas aller à la cérémonie de 10h30 programmée pour les enfants. J'ai gardé un souvenir mitigé de celle de l'année dernière. Mais les circonstances ont fait que je me décide à y accompagner Madeleine-Chrystelle et Claver. Fr. Michael sj, le curé, est très original dans la conception de cette cérémonie qui, en fin de compte, se révèle au-delà des normes liturgiques habituelles. On arguera que c'est pour que les enfants comprennent la passion de NS Jésus-Christ. Soit, je vous laisse juger.
La cérémonie a commencé dehors par une procession avec des palmes avant de rentrer dans l'église pour célébrer l'entrée de NSJC à Jérusalem. Ensuite, le curé a effectué le lavement des pieds de douze enfants, parmi lesquels Claver. Un privilège unique, car je n'ai jamais de ma vie eu cet honneur. Puis on a mis sur une table du pain et des boissons sucrées pour commémorer la Dernière Cène. Réunis autour du curé, les enfants ne se sont laissés prier de prendre le corps et le sang avant même leur première communion. Des bébés ont pris leur part également, à la grande joie de leurs parents amusés. Puis a suivi l'étape de la crucifixion de JC: une croix et un enfant de race blanche y a étendu les bras. Ensuite, la mort: le curé a demandé à l'enfant crucifié d'aller se cacher derrière le flanc gauche de l'autel pour reparâitre, tout de blanc vêtu, en Christ Ressuscité. Bref une cérémonie indigeste pour qui possède des notions liturgiques, mais parfaitement réussie pour les enfants qui en ont redemandé. Les fidèles étaient très amusés d'assister à cet exercice de dévotion qui a combiné toute l'essence de la semaine sainte et du triduum pascal en un seul cocktail cultuel.
La partie sérieuse de l'office était consacrée à l'adoration en bonne et due forme de la Croix à laquelle se sont associés volontiers les adultes et les parents des enfants présents. Quoique je sois resté comme sur ma soif, l'essentiel est que les enfants ont compris le message de Pâques en y participant de façon active.
J'ai observé beaucoup de choses, mais je m'arrête à une seule. Un point sensible. On me dira que JC était de race blanche. Il fallait donc recourir à un enfant blanc pour représenter le crucifié et le ressuscité. Cela m'a fait tiquer... Seigneur prend pitié de moi, arrête de telles pensées en moi car pour beaucoup de fidèles ce n'était pas du tout un problème. Alors pas du tout! Du moins j'ai entendu quelqu'un parler de la Madonne noire au Mexique. Le Christ noir était évoqué autrefois, mais sa mémoire semble s'être effacée des esprits. La bonne chose, c'est que dans une société multiraciale il est aisé d'opérer de telles représentations sans froisser des sensibilités. Je dois avouer que le curé sj a su faire passer son message sans s'attirer les foudres des défenseurs d'idéologies. Sauf les miennes bien entendu!

"Pour mieux faire que Mobutu... " (3)

Arrêtons-nous cette fois-ci à la première séquence: "Pour mieux faire que Mobutu..." Faisons-en un rhème en quelque sorte. Quelle information porte-t-elle cette séquence? Il faudrait déterminer la fonction de Mobutu, s'il est un élément, un argument, un paramètre de comparaison. Il faudrait savoir si le ministère considère Mobutu comme président; s'il entend dépasser le président dans son action ou encore si son discours se limite simplement à un niveau individuel. Je vais traduire plus clairement le message du ministre kabiliste.
Mobutu a regné sans paratage sur un pays qu'il a servi tout en l'exploitant, sur des habitants qu'il a fascinés tout en les intimidant. Telle est la vérité du pouvoir dictatorial. Très éloquent, il savait galvaniser des foules à sa cause. L'opposition a surgi de ses propres rangs dès que la dérive despotique a atteint son apogée. Après la création de l'UDPS, il n'avait pas compris aveuglé par son ambition que la roue de l'histoire tournait irrémédiablement contre lui. Etc.
"Mieux faire que Mobutu?", de quoi s'agit-il? Quel contenu y mettre? Faire quoi, agir sous quelle forme? Autant de questions! Le kabiliste a sans doute entendu dire: "mieux servir son pays", "obtenir de meilleurs résultats", "réussir" en terme de développement économique, de bien-être et de justice sociale. Les esprits cyniques pourraient renverser ces valeurs en options négatives telles être  plus dictateur, imposer un empire monolithique de corruption, développer et adopter les méthodes les plus machiavéliques, museler la démocratie en incarcérant ou assassinant le plus nombre d'opposants politiques, en radicalisant plus fermement le despotisme, etc. D'aucuns vous diront que ce fut une des dictatures les plus sanguinaires, les plus dégradantes et les abominables; et que l'on ne peut faire pire. La discussion ouverte ne laisse personne indifférent selon qu'on est d'un côté ou de l'autre.
La démocratie quoi qu'il en soit constitue un très mauvais jeu pour l'Afrique. Souvent, elle est de façade et divise plus qu'elle unit le peuple. Les élections souvent divisent le pays en pôles géopolitiques difficiles à maîtriser, car la base de départ de beaucoup de partis est souvent régionale, ethnique ou tribale. Le Nigeria vient d'opérer une révolution démocratique exemplaire avec l'élection de Muhammad Buhari. Coup de chapeau à Goodluck pour avoir concédé sa défaite sans résistance; ce qui est rarissime dans une Afrique où les partis au pouvoir perdent rarement les élections. Souvent c'est le recours aux armes qui les forcent de partir.

1 avr. 2015

Félicitations à Mgr Jean-Pierre Kwambamba

Depuis hier le 31 mars 2015 a été diffusée à travers les médias et l'Internet la nouvelle de l'élevation au rang épiscopal de l'abbé Jean-Pierre Kwambamba Masi, prêtre du diocèse de Kenge. Le Saint-Père François a nommé son maître de cérémonies liturgiques évêque auxiliaire de Kinshasa. Une grande nouvelle pour tous les proches de cet homme de Dieu si brillant dont la carrière est admirablement bien étoffée. Une nomination bien méritée pour laquelle il convient d'abord de rendre gloire à Dieu et implorer sa bienveillance sur son humble serviteur. Un honneur pour sa famille biologique et spirituelle qui doit vraiment être fière de lui, car le Seigneur reconnaît ses mérites, sa bravoure, son zèle et son idoneïté à l'Eglise catholique romaine. 
En Jean-Pierre je salue personnellement un cadet du petit séminaire, un élève du temps de ma régence, un confrère dans le sacerdoce, un frère avec lequel je partage beaucoup d'affinités dans la vie. Je ne m'étendrai pas sur les détails tellement il y a de choses à dire. Du plus profond de mon coeur, je le félicite et lui souhaite un fructueux ministère épiscopal à Kinshasa. Le chemin est, hélas, semé d'embûches. Que nos prières l'accompagnent pour que le Seigneur soit son unique guide et rempart!
Proficiat, Mgr Jean-Pierre!