L'histoire de la démocratie en Afrique est caractérisée par des violences; ce qui m'a toujours amené à penser qu'elle n'est pas faite pour l'Afrique. Les théories des politologues, juristes, philosophes et autres spécialistes, impressionnent sur papier pendant que la pratique du terrain réserve des surprises inattendues, qui remettent en question la fiabilité et la stabilité des institutions. Au Burundi, on assiste à un imbroglio dans le calcul des mandats du président Nkurunziza; et il y a déjà des morts, des déplacés, des emprisonnements, des fuites vers les pays voisins. Tout cela au nom de la démocratie.
Oui, c'est la mathématique démocratique qui est au coeur des troubles qui se passent au Burundi. Un littéraire, lorsqu'il parle de mathématique, ne sait plus de quoi il parle, car ce n'est pas son domaine. Peut-être est-ce un avantage de parler des choses qu'on ne sait pas, et de bénéficier du doute et de la foi des lecteurs. Il s'agit de la mathématique appliquée non pas au compte des votes, mais au principe même qui régit le vote. Selon qu'on est de l'opposition ou du pouvoir, le compte est différent: c'est cela qui fait problème. Les deux camps parlent de respect de la Constitution. Les deux camps ont raison, mais finalement, la raison du plus fort finira par triompher. Comment déterminer ce plus fort? Le plus fort, c'est celui qui a les manettes des institutions nationales. En démocratie, le plus fort, c'est le peuple, flatteusement appelé le souverain primaire.
Le nerf du conflit, c'est le calcul mathématique. Mr. Nkurunzize affirme que la Constitution lui accorde le droit de se présenter une fois de plus, étant donné que la disposition de la Constitution qui stipule le suffrage universel est entrée en vigueur en 2010. L'opposition de son côté déclare que ce dernier a déjà épuisé ses deux mandats présidentiels pour avoir été élu démocratiquement par le Parlement en 2005. Les accords d'Arusha qui ont stabilisé le pays eux datent de 1999; mais l'article limitant les mandats présidentiels a été versé dans la Constitution en 2010. "C'est ici que les Romains s'empoignèrent", aurait dit feu Mgr M'Sanda. Même Constitution, interprétations différentes. Et bien entendu, chaque camp tire la couverture de son côté.
Essayant de comprendre ce bras de fer qui à la longue s'annonce meurtrier, passionné et délibérément confus, j'en viens à me demander ce qu'est devenu l'arbre à palabres légendaire et pourquoi on ne recourt plus à cette sagesse de nos ancêtres pour éviter que le sang coule abondamment. La confrontation démocratique mue par des sous-bassements ethniques et religieux verse beaucoup trop de sang un peu partout en Afrique. Cela s'est vu au Nigeria, en Lybie, en Côte d'Ivoire, en Egypte, au en RDC, au Rwanda, au Kenya, etc. Les autorités politiques, toutes classes confondues, ont intérêt à sauver le Burundi du chaos en optant pour une solution basée sur la paix et l'entente nationales. Seul le dialogue consensuel peut apporter la paix des braves!
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