3 avr. 2015

"Pour mieux faire que Mobutu... " (3)

Arrêtons-nous cette fois-ci à la première séquence: "Pour mieux faire que Mobutu..." Faisons-en un rhème en quelque sorte. Quelle information porte-t-elle cette séquence? Il faudrait déterminer la fonction de Mobutu, s'il est un élément, un argument, un paramètre de comparaison. Il faudrait savoir si le ministère considère Mobutu comme président; s'il entend dépasser le président dans son action ou encore si son discours se limite simplement à un niveau individuel. Je vais traduire plus clairement le message du ministre kabiliste.
Mobutu a regné sans paratage sur un pays qu'il a servi tout en l'exploitant, sur des habitants qu'il a fascinés tout en les intimidant. Telle est la vérité du pouvoir dictatorial. Très éloquent, il savait galvaniser des foules à sa cause. L'opposition a surgi de ses propres rangs dès que la dérive despotique a atteint son apogée. Après la création de l'UDPS, il n'avait pas compris aveuglé par son ambition que la roue de l'histoire tournait irrémédiablement contre lui. Etc.
"Mieux faire que Mobutu?", de quoi s'agit-il? Quel contenu y mettre? Faire quoi, agir sous quelle forme? Autant de questions! Le kabiliste a sans doute entendu dire: "mieux servir son pays", "obtenir de meilleurs résultats", "réussir" en terme de développement économique, de bien-être et de justice sociale. Les esprits cyniques pourraient renverser ces valeurs en options négatives telles être  plus dictateur, imposer un empire monolithique de corruption, développer et adopter les méthodes les plus machiavéliques, museler la démocratie en incarcérant ou assassinant le plus nombre d'opposants politiques, en radicalisant plus fermement le despotisme, etc. D'aucuns vous diront que ce fut une des dictatures les plus sanguinaires, les plus dégradantes et les abominables; et que l'on ne peut faire pire. La discussion ouverte ne laisse personne indifférent selon qu'on est d'un côté ou de l'autre.
La démocratie quoi qu'il en soit constitue un très mauvais jeu pour l'Afrique. Souvent, elle est de façade et divise plus qu'elle unit le peuple. Les élections souvent divisent le pays en pôles géopolitiques difficiles à maîtriser, car la base de départ de beaucoup de partis est souvent régionale, ethnique ou tribale. Le Nigeria vient d'opérer une révolution démocratique exemplaire avec l'élection de Muhammad Buhari. Coup de chapeau à Goodluck pour avoir concédé sa défaite sans résistance; ce qui est rarissime dans une Afrique où les partis au pouvoir perdent rarement les élections. Souvent c'est le recours aux armes qui les forcent de partir.

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