Les pays africains sont démocratiques officiellement, en tant qu'états modernes sur papier mais pas dans la réalité. Il ne faut pas être magicien pour constater que la réalité souvent ne correspond pas à ce qui est affirmé dans les slogans et devises.
En Afrique, le pouvoir revient au régime, pas au peuple. Les institutions par lesquelles le peuple peut sanctionner le régime sont prises en ottage par le pouvoir qui les manipule pour ses propres intérêts. Quelques pays font montre d'une avancée démocratique évidente construite au cours des années d'indépendance. D'autres sont marqués par des coups d'état répétés. D'autres encore sont gérés comme des propriétés privés de quelque tyran schyzophrène et en mal d'équilibre. La personnalité du leader joue donc un très grand rôle. Mathieu Kerekou est passé de dictateur à président démocratique avant de quitter pacifiquement le pouvoir. Il se la coule douce aujourd'hui. Le Bénin est un exemple. Mais on apprend aux dernières nouvelles que l'actuel président arrivé fin de deux mandats serait tenté de modifier la Constitution de 1999, qui l'a porté pouvoir. Attendons-voir. Au Burundi, Nkurunziza ne cache pas ses ambitions pour un troisième mandat alors que la Constitution le lui interdit; ses partisans accusent toute opposition à ce projet de vouloir semer le désordre dans le pays. Aujourd'hui même au Togo, Faure Nyassimbé en découd avec quatre candidats désunis de l'opposition dans une élection présidentielle à un seul tour. Un boulevard pour sa réélection. Au Congo-Brazzaville on parle d'un referendum pour ouvrir la possibilité de réélire le septagénaire Sassou à son poste naturel. En RDC, on a tu la modification constitutionnelle pour entamer en un temps record la division du pays en 26 provinces, en vertu de la Constitution de 2006. Nos juristes et constitutionnalistes peuvent-ils nous éclairer à ce sujet? Autant de présidents, autant de rhétoriques politiques! Les présidents a vie n'existent plus, mais rien n'empêche ceux qui règnent sur leurs républiques tels des seigneurs féodaux d'y penser et d'oeuvrer dans cette perspective, en privilégeant leurs propres progénitures. Sekou Touré, Houphouët, Eyadema, Bongo,... sont morts dans la gloire encensante du pouvoir.
Autant de chefs, autant de rhétoriques politiques. L'attitude au sommet de l'Etat est décisive dans la marche et la pratique du leadership démocratique. Tous s'appuient sur l'armée, la police et les services de renseignements pour imposer leur volonté au peuple et faire taire l'opposition. Mon collègue kenyan m'a appris l'autre jour: "At times, they do not need to kill; they will just create a scandal such as rape, robbery or bribery to silence a loquative opponent." Hélàs, la pratique de la démocratie est souvent entachée de sang, de trop de sang d'innocents.
C'est pourquoi, j'ai toujours dit: Démocratie pas pour l'Afrique! Un peu partout existent d'éternelles tentatives de processus sans jamais vraiment atteindre l'essence démocratique. Rentrons dans nos coutumes séculaires et laissons-la aux propriétaires qui l'ont créée. Parole de littéraire.
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