27 avr. 2015

L'émigration africaine et ses réalités

Des millliers d'Africains sont agressés aux quatre coins du monde sans qu'on n'ait jamais entendu une déclaration commune de l'UA plus préoccupée de politique et de commerce que de la vie de ses protégés. Des Africains meurent par centaines et par milliers dans des naufrages sur le passage de la Mer Méditerranée sans qu'aucune ambassade africaine en Italie ne se donne la peine de vérifier l'identité des siens. Des citoyens africains sont emprisonnés à tort ou à raison dans les geôles européennes ou américaines sans qu'aucun pays africain ne vienne à leur secours ni ne s'inquiète de leurs sorts. Nos pays semblent fléchir devant les actes de leurs contreparties occidentales. Nous sommes comme abandonnés à nous-mêmes. Le silence de nos autorités surprend scandaleusement alors qu'elles sont censées agir pour nous protéger, nous assister et nous rassurer. L'UA a le devoir de s'occuper de ses habitants et de leur bien-être. Si je me trompe peut-être, mon pourfendeur se chargera de me remettre à ma place.
Les Occidentaux par contre prennent la défense de leurs sujets. A titre d'exemple, la France mène depuis des années des actions pour que Serge Atlaoui soit épargné de la mort à laquelle il est condamné en Indonésie pour traffic de drogues. Je viens d'apprendre que le nom d'Atlaoui ne figure plus sur la liste des prochains tués. Touchez aux cheveux d'un Américain, vous aurez des agents de leur ambassade à vos trousses. Molestez un Togolais ou Malien, il ne vous arrivera rien du tout, sauf peut-être si vous les tuez. Le mal est plus profond, il réside dans une conception erronnée de l'état de droit. Notre système politique ne dispose pas d'arrangements pour ces genres de situation. Nos compatriotes sont victimes d'expulsions massives et de jugements sommaires à l'étranger sans que nos autorités expriment de déclarations officielles ni de demandes d'explications. Cette démission pousse beaucoup à opter pour l'activisme.
C. Koffi m'a appris à l'époque qu'un Ivoirien victime d'une perte de tous ses bagages et pièces d'identité dans une gare routière s'est vu refoulé comme persona non grata de son ambassade où il est allé chercher de l'assistance. "Vous n'avez qu'à vous en prendre à vous-même. L'ambassade n'est pas responsable de vos inepties." Il a dû corrompre une secrétaire afin que lui soit établi un "Tenant Lieu". J'en sais aussi quelque chose, mais moi j'avais la chance de connaître quelqu'un. J'imagine qu'un compatriote congolais ou angolais dans le même cas serait maltraité de la même façon.
Au lieu de traiter nos compatriotes qui vont à la recherche d'emplois et de meilleures conditions de vie à l'étranger d'aventuriers, d'opportunistes ou de bandits de grand chemin, les pouvoirs africains devraient intégrer ce problème dans leurs préoccupations. Longtemps chemin d'opposants politiques, l'exil est devenu le refuge d'émigrés économiques. Beaucoup de nos familles tiennent au pays parce qu'elles ont un fils ou une fille à l'étranger. Et Western Union fonctionne impécablement. D'autre part, un séjour à l'étranger aide à ouvrir les yeux sur la façon de résoudre certains problèmes: "Pourquoi ne pouvons-nous pas faire ceci ou cela chez nous?... Pourquoi l'eau et l'électricité sont encore des problèmes chez nous?" On comprend même mieux l'ampleur du sous-développement dans lequel nous vivotons au pays. Car le délestage et la coupure d'eau, usuels chez nous, constituent de nettes défaillances dans la gestion des infrastructures publiques.
Le silence de nos pays est ahurissant devant ce drame qui se déroule sous les yeux du monde. Les Occidentaux se plaisent à diffuser les images des rescapées avec un sadisme déconcertant. Pour faire face à cette migration massive venant d'Afrique, l'Union Européenne se réunit sans faire référence à l'UA inexistante et inactive. Comme quoi, ce ne sont pas des partenaires crédibles. Terrorisés, tués et exterminés dans leurs propres pays, avalés par les vagues maritimes, exploités, moqués, dominés et muselés, les Africains n'ont plus qu'à s'en remettre à la clémence céleste.




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