26 déc. 2009

L'épisode de Kinshasa

Mon dernier passage à Kinshasa m'a amené à toucher du doigt certaines réalités du pays à travers ce miroir.
Cette ville surprend le voyageur dès l'aéroport où un nombre incroyable de porteurs vous empêchent de retrouver vos bagages. "Mon cher, na kati ya avion tozalaki biso moko; awa yo okomi mokonzi na baporteurs mibale. Ndenge nini?"
Une autre surprise attend le visiteur au Boulevard Lumumba, Boulevard du 30 juin, méconnaissables. Tous les arbres qui les longeaient ont été rasés. Le boulevard du 30 juin donne l'aspect d'une immense route sans balises d'où les repères traditionnels sont effacés. La nuit, on a l'impression d'aller vers un immense vide à l'horizon. Les opinions à ce sujet sont partagés: certains admirent, d'autres y voient une manoeuvre politique en vue des prochaines élections. Peu pensent au désastre écologique.
Deux choses surprennent à première vue: la surpopulation et la saleté. Les routes sont complètement délabrées. Celles qu'on répare, ne le sont pas parce que Monsieur 40% en empêche la réalisation. Comment peut-on construire un immeuble, une route ou un pont avec 60% des frais? La corruption bat son plein, à tous les niveaux, dit-on.
Le pays vit dans l'expectative d'un lendemain meilleur qui se fait trop longtemps attendre.
Au milieu de ces saletés et d'immondices éternelles surgissent par-ci par-là des immeubles privées dont le luxe surprend. Les véhicules de tout calibre - Hummer, Jeep, Ferrari ou Lamborghini, Mercedes - roulent et se cassent sur ces chaussées impropres à la circulation. La pluie est une catastrophe qui inonde, casse, et tue sur son passage. Le transport public, une autre catastrophe. Les flaques d'eau occasionnent de fréquentes électrocutations, les conduites d'électricité étant découvertes. L'eau et l'électricité sont des denrées rationnées. Tout le monde parle de délestage, un vocable qui n'existe plus en d'autres lieux.
Personnellement, je ne vois pas dans ces conditions comment cette ville s'en sortira. Les politiciens! Le peu d'espoir que je gardais s'envole chaque fois que je retourne à mon cher pays. Tout le monde, même le plus incompétent, veut devenir politicien plus pour se remplir les poches que pour développer le pays. "Kinshasa Ville Propre", slogan de propagande, ne s'est jamais traduit en réalité. Kinshasa me paraît toujours plus sale à chaque fois que je m'y rends. Mais le peuple, le petit peuple, n'a jamais perdu son ESPOIR de vivre dans un Congo de paix et justice. C'est cela qui désarme tout esprit sceptique. quoiqu'il en soit, l'histoire parlera. Un jour!

Ce que j'ai entendu autour de la mort de l'abbé Denis Luhangu

Je ne relate ici que ce que j'ai entendu à Kinshasa, à la procure de Kenge où je suis passé le samedi 12 décembre 2009. Je garde pour moi-même ce que j'ai entendu ailleurs.

1. La crise qui a conduit l'abbé Denis à la mort aurait été déclenchée le jour de la messe des funérailles du regretté abbé Serge Kibala, Dieu ait son âme. Ce jour-là, peu avant le départ pour la veillée de prières, l'abbé Onésime Muyembe aurait déclaré, révolté, à l'endroit de son aîné: "Pourquoi des jeunes gens meurent d'épilepsie, alors que toi, un vieil amorti, souffrant aussi de cette maladie, ne meurs pas" (sic) Le matin du jour suivant, on a dû casser la caisse du conditionnement d'air pour retrouver l'abbé Denis respirant difficilement et bavant sous son lit. Il l'aurait confié lui-même à l'abbé Noël Matonga.

2. Nul de ceux qui étaient dans la chambre de Noel n'avait jamais entendu parler de la cotisation qui a été coordonée par l'abbé Floribert Kiala pour ses funérailles. Il y avait là les abbés Fidèle Pindy, Ignace Kulenguluka, Michel Nguma et Noël Matonga.

3. L'abbé Olivier aurait demandé à l'abbé Denis de vendre sa voiture pour payer ses soins, plutôt que de réclamer la somme de 600 Euros (?) que des amis lui auraient versés sur le compte de la procure. Je n'ai pas bien compris qui de l'évêque ou du procureur aurait bloqué cette somme.

4. Peu avant la messe des funérailles à Kenge, un neveu de l'abbé Denis aurait agressé l'évêque en le collant au cou, malgré les mesures de sécurité mises en place.

5. Une seule jeep aurait transporté le corps, avec quelques trois ou quatre membres de la proche famille de l'abbé. Conjoncture économique oblige, semble-t-il.

Si tout ce qui se raconte est vrai, alors je n'ai aucun mot à dire, car un tel cynisme à l'endroit d'un prêtre qui a voué sa vie à ce diocèse et qu'on a sommé de rentrer au Congo pour le garer au mouroir de la procure sans lui assurer les moindres soins, dépasse mon entendement.

Je dois avouer que j'ai versé des larmes en présence de ces amis, moi qui me croyais pourtant fort devant de telles situations. C'était plus fort que moi. L'abbé Michel Ngob a eu raison de me le rappeler récemment dans un e-mail: "Je revois le petit Claver pleurant au petit séminaire de Kalonda quand tout jeune et frais moulu, il y arrivait. Je n'ai jamais oublié cela..."

Abbé Denis, repose en paix!

24 déc. 2009

Frère Simon Van Steen SVD (1926-2009)

J'ai rencontré pour la première fois le frère Simon alors que je me trouvais encore au petit séminaire de Kalonda. Il était procureur diocésain de Kenge. L'éloge que j'écris ici ne veut pas dire que que nous étions spécialement attachés, mais que nous entretenions des rapports humains dont je garde un bon souvenir. Je l'avais mieux approché après ma régence à Kalonda en 1978-79, peu avant mon départ pour Rome.

Homme viscéralement pragmatique que les ouvriers nommaient gentiment "Mbongompasi", Frère Simon aimait ironiser sur l'illusion de la philosophie. Dans ses rapports avec l'intransigeant évêque de Kenge dont je fus le secrétaire, j'ai pu admirer son habilité à gérer des situations difficiles. Les demandes de l'évêque étant des ordres irrévocables, cet homme de Dieu savait toujours s'en sortir comme par un coup de miracle.

Je me permets de relater un événement insolite qui nous est arrivé ensemble. Le 29 juin 1992, alors que la CNS était d'actualité et que le pays vivait l'effervescence d'un changement politique tant rêvé, le frère Simon et moi-même voyagions pour Kenge à bord d'une jeep Land Rover conduite par le chauffeur Musitu, dit Zorro. On était partis assez tard de Kinshasa. Sur le plateau qui surplombe le Pont Kwango vers Kenge, à un endroit désert où la route était très abîmée, surgissent de la brousse cinq ou six hommes en uniformes militaires qui se mettent à tirer à balles réelles sur l'asphalte. Le chauffeur nous demande alors de nous mettre à plat, pendant qu'il fonce droit sur les assaillants qui, surpris par l'agressivité du véhicule, esquivent l'attaque mais tirent, cette fois, sur le véhicule. C'est à Kenge que, une heure et demi plus tard, nous remarquerons un impact de balle sur la portière arrière de droite. Frère Simon et moi-même aurions dû perdre la vie si ces criminels nous avaient maîtrisés.

Bref, Frère Simon, te voilà cette fois parti... de suite d'une crise cardiaque. Repose en paix. Ton zèle missionnaire t'a fait mourir sur la terre même de ton apostolat. Le Seigneur t'en revaudra. Comme je me trouvais à Kinshasa, j'ai tenu à participer à la messe et à la veillée de prières organisées le 18 décembre à l'église St Félix. Ce qui m'a permis de revoir quelques vieux routiers les pères Hugo Tewes et Alphonse Müller, des jeunes comme Serge Tshunda et Mabwisi, un ancien élève à moi. Et de reconnaître les visages d'hommes politiques qui, toujours en quête d'échiquier électoral, ne ratent jamais ces genres d'occasions.

En compagnie de Séraphin Kiosi et d'Oscar Lemfu, j'ai apercu l'évêque de Kenge au presbytère, sans le saluer ni lui parler. Par contre, j'étais scandaleusement surpris par l'absence flagrante des prêtres de Kenge à cette émouvante cérémonie. Le lendemain, l'abbé Noël Matonga m'a dit que c'était par manque de moyen de transport. Soit. Le Frère Simon, "baobab" de l'édification du diocèse de Kenge, méritait, au terme de ses 51 ans de Congo, une meilleure reconnaissance de la part du clergé de Kenge.

Paix à ton âme, cher frère!

Eine Frohe Weihnachtsfeier und ein Gesegnetes Neujahr 2010

Allen meinen Freunden und Bekannten in Deutschland, der Schweiz, Italien und Luxemburg, wünsche ich sehr herzlich Frohe Weihnachten und alles Gute zum Jahr 2010. Möge Euch der Herr Gott Erfolg, inneren Frieden, Freude, Gesundheit, Gnaden und Segen schenken.

Lubutuku lwa mboti, Bunani ye mvula mpa ya kiesi

Beno bosu bampangi, ye bana ba mama, lubutuku lwa mboti. Mwana-Nzambi kalunatini ngemba mu mbundu, ye kiese mu bisalu biosu lwasala. Mvula yai ya mpa kakatula maladi, ye mpasi za mpila ye mpila. Mambu mosu mahioka mboti.

Nkinsi ya Lubutuku ya mbote ye Mvula ya mpa ya kiese

Na Bampangi, banduku na mono yonso, mono ke samba nde Nkinsi ya Lubutuku ya Mfumu na beto kuluta mbote-mbote kibeni. Nde mpi Mvula 2010 kuvanda mvula ya kiese, ya ngemba, ya lutondo. Nzambi kupesa beno ngolo ya nitu ti kivuvu na kulanda nzila na yandi.

A Merry Christmas and a Happy New Year 2010

To all my friends and readers of this blog, I wish from the bottom of my heart a Great Christmas and a Joyful and Successful 2010. May the Son of God grant you all peace, love, hope and health.

Buon Natale, Felice Anno 2010

A tutti e a tutte auguro una festa di Natale piena di gioia. Il Bambino Gesù sia sempre accanto a voi durante tutto l'anno 2010 con la sua pace, con l'amore, e via dia una buona salute!

Joyeux Noël, Heureuse Année 2010

A vous tous et toutes mes meilleurs voeux d'une joyeuse fête de Noël. Que l'Enfant-Jésus vous accompagne de ses grâces et bénédictions au cours de l'année qui vient. Que 2010 vous soit pleine de succès, d'amour, de santé, de paix et de joie!

23 nov. 2009

Bon Anniversaire, Khoso

Il est 19 heures ici à la Barbade. Ce n'est que maintenant que je viens de me rappeler ton anniversaire. Cette négligence est due à beaucoup d'engagements pris ce dernier temps. Le vendredi, j'ai présenté une contribution au colloque de philosophie consacré au thème de la connaissance. Le titre de ma présentation était: "Myth, oral tradition and education in African Francophone Literature". Présentation réussie, car la Keynote Speaker, prof Lorraine Code a demandé aux organisateurs de me dire qu'elle tenait à me féliciter de vive-voix. Ce qui s'est fait à la réception de clôture. Et ce lundi, j'avais une présentation dans le cadre du Literay Theory Series organisé au sein du département. Le titre était: "The function and responsibilities of the African Francophone writer: Who is the reader of African Francophone literature?" Ce deux présentations en plus de mes enseignements habituels, comme on peut l'imaginer, m'ont déconnecté de la réalité. En plus,aujourd'hui, j'ai commencé l'élaboration d'une autre intervention à présenter, cette fois, à Brazzaville dans trois semaines. Dans l'après-midi, je suis allé achever le paiement de mon assurance de véhicule.
Le petit-frère a carrément été oublié. Pardonne-moi, Khoso. Joyeux Anniversaire! Que le Tout-Puissant te comble de vie, de paix et de félicité. Ad multos annos!

21 nov. 2009

Mauvaises nouvelles

Bernardin Iwongi m'a écrit de Bruxelles il y a deux jours pour m'annoncer les décès de Charlotte Mukwayanzo à Kinshasa et du Dr Swana Nyimi en Afrique du Sud. Que leurs âmes reposent en paix!
Charlotte était l'épouse de Richard Elite, mon ami avec lequel j'ai commencé le petit séminaire à Kalonda en 1969. La première fois que Charlotte est arrivée en 1996 en Europe, elle a atterri chez moi en Suisse avant de rejoindre Richard en Belgique. Ce dernier m'avait demandé de l'accueillir. D'elle je garde le souvenir d'une femme respectueuse, généreuse, pieuse, droite et réservée, qualités qui se confirmeront lors de mon passage à leur domicile à Anvers quelques années plus tard. Que Dieu l'accueille dans son royaume céleste. A Richard et à toute la famille, mes condoléances les plus émues.
Quant à mon frère le Dr Swana, j'avoue ne l'avoir rencontré qu'une seule fois. C'était en 1986 chez Odon Kinzi d'heureuse mémoire. Le Seigneur s'est arrangé pour que ce soit ainsi. Je connais ses neveux et autres membres de famille. Il est l'oncle d'Odette, l'épouse de Bernardin. Jeune médecin à l'époque, il incarnait pour moi la génération montante de l'intelligentsia zaïroise et africaine. C'était un vrai médecin, compétent et dévoué à sa mission de thérapeute, pas un mercantiliste-tueur comme on en voit de si nombreux de ce jours. Aux Mbakata et à notre Kwango bien aimé, toutes mes sympathies. Paix à ton âme!
Honneur et respect!

12 nov. 2009

The Burden of Western Education

(The following text constitutes a background for a reflection I will present at the next Cave Hill Philosophy Symposium on "Oral tradition, myth and education in African francophone literature")
I come from a community where the perception used to be as follows: once one attends western school, one becomes an idiot, i.e. the individual loses his roots, even becomes unable to understand his mother tongue. My own experience was painful, first of all in terms of languages. The first language I remember I consciously came to speak in Kabwita was not my own language it was Kiyaka. When my family moved from Kabwita to Mutoni, a Suku village, I could finally practice my mother tongue. But a year later, my family went further to Makiosi, a village where Kiyaka and Kipelende were spoken. I was confused once again. Another year later I came to the city of Kenge where Kikongo ya Leta was spoken. The only language I could really master under those circumstances was French, because it was the only language I continuously learnt. Nowadays I can hardly write in Kisuku, but I can write in Kikongo, the reason being that Kikongo is more written, the liturgical language of the diocese of Kenge that employed me for twenty years. French remains my main language of communication.
Although I know the tradition quite well, I always regret I could never master the proverbs of my tribe. I rarely lived the life of a village because my parents purposely avoided such opportunities. An évolué of the colonial time, my father was proud to see me rather speak French.
I guess this is the case for many people of my generation. We cannot speak in proverbs, maxims or apophthegms nor can we use the finest expressions of our mother tongues. We sometimes express ourselves much better in Kikongo, Lingala or French – a colonial language – than in our original native language. Our African background has been devastated and annihilated by the western brainwashing, accurately inoculated in us since the first day of school.

10 nov. 2009

L'argent

S'il est une chose qui a profondément bouleversé et détruit l'Afrique, c'est l'argent. Son introduction en Afrique est la plus grande catastrophe. Si vous en doutez, regardez les comportements des gens devant l'argent et surtout, la gestion des états africains. L'argent a détruit l'âme et la morale de l'Africain. Il ne sait pas le gérer durablement.
Malgré la prétention de ses leaders, l'Afrique a été brutalement amenée à se gérer comme une société à économie de marché alors que rien, mis à part la colonisation et l'exploitation occidentales, ne l'y préparait. Le résultat est là, désolant. Même les pays prétendument appelés scandales géologiques ne s'en sortent pas. Pourquoi? Cupidité et faiblesse devant l'argent ont noyé le coeur des Africains. Du sommet à la base, tout le monde est commandé par la corruption. Souvent le chef est lui-même le plus ignoble des corrompus et des corrupteurs. Toujours et partout règne l'argent. La société, à tous les niveaux, est rongée par cette indécrottable tare. Ce n'est pas demain que ça finira.
Vous avez dit: état africain? De quoi parlez-vous? Le bidonville, crasseux et immonde, a remplacé le village comme domicile pour beaucoup. Des Africains ont remplacé les coloniaux à la tête de ce pays qui n'existait pas avant 1885. Vive les leaders milliardaires aux fortunes amassées en moins d'une décennie, alors que leurs grands-parents ne possédaient même pas deux chèvres! Record historique à inscrire dans le Guiness.
L'Occident, le plus grand voleur de l'Histoire, a au moins su exploiter les ressources tirées de l'esclavage, de la colonisation et de l'impérialisme. La Grande Bretagne a pillé les mines d'Afrique du Sud et le diamant de Sierra Leone. La France s'est arrangée pour soutirer à vil prix le cacao de la Côte d'Ivoire, le pétrole du Gabon. La Belgique s'est construite au détriment du Congo. L'Occident tient encore les rènes du destin économique africain; il a inoculé le venin destructeur de l'argent qui paralyse l'Afrique. Tant que l'ordre économique demeurera l'apanage de l'Occident, rien de bon ne se fera en Afrique. Les dernières élections du Gabon nous ont montré, une fois de plus, l'ancrage du pouvoir français sur le pétrole gabonais. Le modèle occidental ayant échoué, c(est-à-dire ne satisfaisant pas l'inextinguible soif d'argent des gouvernants actuels, l'on croit que le salut viendra peut-être de la Chine. Connaissons-nous vraiment les Chinois?
Certains pays africains se développent, me dira-t-on, mais combien de temps cela va-t-il durer? Comme les institutions sont si fragiles, rien ne rassure de leur stabilité. Il faudrait toutefois avoir le courage de commencer... et surtout, d'y croire. Ich habe fertig (Trapattoni). J'ai dit.

5 nov. 2009

Berlin, j'ai vu !

Voilà vingt ans que le mur est tombé. J'ai vécu à Berlin de 1999 à 2001. Depuis, j'y suis repassé en 02, 03, 05, 06, et 09 pour des séjours relativement courts. J'ai vu la ville se moderniser, changer de statut et de visage au cours de ces années. J'ai assisté au démenagement du gouvernement de Bonn à Berlin, à l'achèvement du Bundestag, à l'inauguration de la Chancellerie. J'ai vu les travaux de construction du Lehrter Stadtbahnhof, devenu aujourd'hui la gare ferrovière centrale de Berlin, un centre commercial ultra-moderne et une immense bâtisse à six niveaux sous terre où les trains et métros se croisent comme dans un conte de fées. La roue de l'heure tourne au rythme d'une ponctualité mécanique typiquement germanique: un tableau affiche avec précision dans combien de minutes votre bus ou votre train arrive. L'ordre, le respect de la loi, c'est l'obsession dans cette mégapole au destin unique. Cette rigueur, aussi efficace soit-elle, est aussi le tendon d'Achile de ce glorieux peuple. J'ai vu tout cela.
J'ai aussi vu le plus important, l'homme: le Berlinois. Je ne répéterai pas comme Kennedy: Ich bin ein Berliner. Dans mon vocabulaire, le Berliner c'est d'abord le Kindl. Revenons à l'homme. Le Berlinois est différent, selon qu'il est de l'Est ou de l'Ouest. La division, invisible à l'extérieur, est restée dans le coeur, bien qu'il y ait aujourd'hui une chancellière originaire de l'Est. Il y a certes une réunification politique, mais l'homme vit, de l'intérieur, les conséquences sociales, morales et psychologiques de cet événement historique.
Dernièrement, j'ai vécu de mai à juillet 09 à Friedrichshain, dans l'est. J'ai été impressionné par le nombre incroyable des jeunes consommant l'alcool, et fort probablement des drogues légères et dures (?), comme je n'en avais jamais été le témoin auparavant. Récession économique, me disait-on du bout des lèvres. Tous les weekends, la station de métro Warschauer Strasse était à toute heure le théâtre d'une affluence innombrable de jeunes venus de tous les coins d'Europe, toutes couleurs de peau et langues comprises. Tout s'y donnait rendez-vous dans ce sanctuaire de la vie nocturne. Une bombe à retardement car, au vu de ce spectacle, il ne serait pas erroné de dire que la société allemande est au bord de l'implosion sociale.
La pauvreté des personnes âgées frappe également l'Allemagne comme jamais auparavant. A l'aéroport de Schönefeld, j'ai vu deux messieurs fouiller les poubelles et y récupérer des bouteilles vides et de la nourriture. En plus, le nombre des mendiants qui sillonnent les S-Bahn, quemandant verbalement de l'argent ou vendant des journaux pour SDF, est impressionnant. Conséquences du chômage dicté par les suppressions massives d'emploi dans les entreprises et certains secteurs de l'état. Le désespoir peut se lire sur certains visages.
Ce que j'ai vu, me laisse jusqu'à ce jour perplexe quant à l'avenir de la jeunesse de ce pays. On me dira qu'au Congo, c'est encore pire. Je ne suis pas un donneur de leçons, même si toute ma vie, j'ai eu à enseigner... à former. Le système capitaliste a touché le fond de la décrépitude. Aux génies, et il y en a par centaines, de relever le défi. Quoi que l'on dise, Berlin, haut lieu du colonialisme où le gâteau africain fut partagé entre les prédateurs européens, ville verte et écologique aux lacs et parcs magnifiques, a encore de beaux jours devant elle. L'histoire en témoigne.

4 nov. 2009

Augustin Mbalumuna

Augustin Mbalumuna est décédé ce lundi 2 novembre. Quelle date pour mourir?
J'ai connu connu Augustin à la fin de ma première primaire. Nous sommes en juillet 1964, à Mutoni-Toy, je viens de finir ma première chez Papa Jean Muzungu d'heureuse mémoire. Au poste scolaire de Mutoni, Papa Timothée Kimbinda, enseignant de deuxième année, Papa Jean-Marie Ndombi, infirmier et mon père, décident par un après-midi ensoleillé d'aller à Kibondo (Kikwangu), village situé à trois-quatre kilomètres de Mutoni. Etaient-ils invités? j'en sais rien. "Prenant pied la route", comme dirait Ahmadou Kourouma, ils sont à mi-distance lorsqu'ils remarquent la présence d'un enfant de sept ans à leurs trousses. C'est moi. Papa s'énerve mais il est obligé de me supporter. Je m'ennuyais de rester si seul au milieu des filles du poste: les Kimbinda (Octavie, Marceline, Joséphine) et ma sa soeur Béa. Le seul garçon de mon âge, Jean-Claude Muzungu (décédé il y a quelques mois) était en vacances à Kingwadia avec ses parents. J'ai donc suivi, furtivement, les papas sur la route de Kikwangu. A Kibondo, on était accueillis chez les Mbalumuna. Il était là. Je me resouviendrai de lui plus tard lorsque je le reverrai à Kimbau à l'école où il me suit d'une année.
Depuis, nous avons fait Kalonda ensemble pour quelques années. Et la vie nous a séparés. Nous nous sommes retrouvés à quelques occasions: rencontres, fêtes ou deuils. Sans grandes histoires. Augustin avait monté une fabrique de casserole et une quincaillerie, qui tournaient bien.
La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était à Masina; il portait un Safari beige; il parlait plutôt politique et développement.
Ma soeur Béatrice m'a appelé avant-hier matin pour m'annoncer sa mort. Notre coin vient encore de perdre un de ses dignes fils. Paix à son âme! Adieu, cher Augustin.

27 oct. 2009

Moussa Dadis Camara

(Ces réflexions m'ont été confiées par un frère sénégalais qui a honte de porter le nom de Moussa. Je me permets de les diffuser verbatim.)

Il y a deux jours, j'ai vu sur congovision une vidéo intitulée: "Naissance d'un dictateur". Attiré par ce titre si curieux, je me suis empressé de la voir. Ce que j'ai vu, au cas où ce ne serait pas un montage, m'a déconcerté. Militaire de son état, Moussa Dadis Camara, président guinéen porté aux pouvoir à la faveur d'un coup d'état, reçoit des journalistes et visiteurs couché dans son lit, prétendant lire la "Pensée positive". Il ne parle jamais, il vocifère toujours bruyamment. Il gronde tout le monde, humilie l'ambassadeur allemand, prétend lutter pour le petit peuple qui, selon ses propres mots, l'aime tant. Il a sa propre émission à la télévision où il diffuse sa propagande. Personnage arrogant qui cache mal sa médiocrité, il sillonne Conakry au volant de sa jeep et adore les bains de foule.
Si c'est vraiment ce genre de président que l'Afrique a de mieux à nous offrir, alors là nous sommes maudits. Cet homme n'a pas sa tête sur ses épaules. Complètement déboussolé, cet homme est un danger pour son pays et pour l'Afrique. Féroce comme une bête traquée lorsqu'il pique ses colères démentielles, il est capable d'ordonner le massacre de toute sa population pour qu'il garde le pouvoir. Cet homme risque de régner encore très très longtemps sur la Guinée. Les Guinéens méritent mieux que ce fou incompétent et sans scrupule, que ce dictateur mal élevé aux ambitions illimitées pour qui la seule chose qui compte, c'est le pouvoir au bout de la gachette de son pistolet.

25 oct. 2009

Quelle semaine!

Quelle semaine époustouflante et intriguante!
Je me sens fatigué. Trop de travail, et je ne sais par où commencer. Des cours à préparer, des papiers à corriger, des mémoires à diriger, des entrées à rédiger pour un dictionnaire de biographie africaine... et une vie de famille en plus. Je conduis les enfants à l'école du lundi au vendredi. Comble de malheurs! La vieille bagnole tombe en panne. Ces trois dernières semaines, j'ai eu à faire avec des mécaniciens sans scrupules, des mercantilistes à éroder l'estomac d'un gastrique. Les prix sont donnés au jugé, et on ne peut pas les discuter. Lorsque vous leur parlez, ils parlent toujours à quelqu'un d'autre avant de vous annoncer un prix. Bizarre! Prêts à vous promettre la réparation pour le soir-même quand c'est pas le lendemain, mais jamais ils ne réalisent un délai fixé. Prêts à se faire attendre dans les dix minutes qui suivent alors qu'en réalité ils savent qu'ils arriveront dans une heure. Très bons stragèges, ils savent capturer leurs clients, que dis-je?, sucer leurs proies. Des étrangers comme moi sont leurs victimes idéales.
J'ai décidé d'en finir avec cette voiture. Du moins je n'aurai plus à traiter avec eux. Les grands garages, les dépositaires des marques, sont plus fiables quoique leur service soit cher. Dieu seul sait ce qui arrivera.
Ce dimanche, nous ne sommes pas allés à la messe par manque de moyen de déplacement. C'est impossible d'utiliser les moyens communs avec nos jumeaux. Agés bientôt de trois ans, Chrystelle et Claver sont d'une incroyable hyperactivité et nous tiennent presque par le cou. La semaine qui vient, s'annonce vague quant au sort du véhicule. Une chose est sûre: nous n'aurons plus rien à voir avec cette voiture-là.
Le weekend est en train de finir. Presque rien n'a été fait. Voyons! Demain peut-être! Telle est la vie.

Mgr Dieudonné M'Sanda, évêque de Kenge, (1935-2001)

(Je publie le témoignage qui a été lu à Kinshasa lors des obsèques de Mgr M'Sanda, en octobre 2001. Je n'y ai rien changé. Je n'ai rien à ajouter huit ans plus tard. KCM)


Chers freres, soeurs et amis,

Avec un peu de retard, je viens d'apprendre le deces de SE Mgr Dieudonne M'Sanda dont j'ai ete de 1982 a 1987 le secretaire et qui m'avait envoye etudier la theologie a Rome et les lettres a Fribourg. Mgr a enormement eu d'influence sur ma vie. J'avais reussi a retisser de tres bonnes relations avec lui. Il avait prevu de me rendre visite a Berlin au cours de ce voyage ou il vient de mourir. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de lui dire merci et ... adieu. A Dieu!
Silence, pleur, emotion, meditation, hommage pieux a sa memoire!
Que son ame repose en paix et que Dieu l'accueille dans son royaume.
En union de prieres

Claver Mabana

Souvenir de l'abbé Denis Luhangu (1933-2009)

(J'ai diffusé le texte ci-dessous dans la nuit du 20 au 21 juillet 09, le jour de la mort de l'abbé Denis. C'était ma façon de lui rendre hommage et de me joindre de coeur, depuis la lointaine Barbade, à ses funérailles à Kinshasa et à Kenge. J'y ai corrigé quelques coquilles.)

Chers Frères, Soeurs, Ami-e-s,

C'est avec une douleur très profonde que je viens d'apprendre la mort ce lundi 20 juillet vers 19 h à Kinshasa, de l'abbé Denis Luhangu dans sa soixante-seizième année de vie et sa cinquantième année de sacerdoce à peine entamée. J'ai connu l'abbé Denis depuis ma tendre enfance. C'est d'ailleurs le premier prêtre congolais que j'ai vu, touché. Je le vois encore traverser le "désert" à Kenge sur sa mobylette. Homme humble, intelligent, pieux, discipliné et fascinant à plusieurs égards, l'abbé Denis est resté pour moi un modèle, un aîné qui m'a manifesté beaucoup d'amour, d'amitié et de sollicitude. Lorsqu'il était mon directeur à Kalonda, il m'a, très mécontent de moi, sévèrement puni... en m'avertissant: "Qui bene amat, bene castigat." Mais c'est surtout comme prêtre que j'ai découvert sa grandeur d'âme. J'avais eu la chance ou le malheur de vivre avec Mgr M'Sanda et le capitaine dans la même communauté. L’abbé Denis fut mon conseiller et mon affable gardien. J'avais le secret de lui arracher un sourire malicieux lorsque je lui inventais de toutes pièces une date d'anniversaire, juste dans le but de consommer une mesure de Bols dans son appartement de l'évêché. Les amis de Kenge savent combien je me permettais de le taquiner sans qu'il ose manifester un quelconque sentiment d'aversion. Il a énormément contribué à ma formation intellectuelle et humaine : il a toujours suggéré au conseil diocésain que je sois envoyé aux études; c’est lui qui m’avait mis en contact avec le professeur Ngal, l’homme qui m’a initié à la science de la littérature africaine. Je le lui ai rendu à plusieurs reprises. De passage en Belgique en 2003, je suis allé le voir au grand séminaire de Namur. On avait beaucoup parlé. La dernière fois que je l’ai vu, c’était le 23 novembre 2008 à la procure de Kenge. A la messe de ce dimanche-là, j’avais été gratifié d’une dernière homélie de ce prédicateur si communicatif. Merci de m’avoir tant édifié.
Abbé Denis, mbuta na mono, Nzambi me binga nge bubu yai. Mansanga ke basika mono na meso, mpila ya kutuba kele ve. Nani diaka mono ta yangisa mpila mono vandaka kusala? Kuseka na nge kele na ntima na mono. Matondo mingi sambu na yonso nge salaka sambu na mono ti bampangi yankaka. Kuvila beto ve ! Bisambu ti bidilu na beto, Mfumu Nzambi ke wa yo. Yandi kuyamba nge na Kimfumu na yandi. Amen !

En union de cœur et de prières,
Claver

9 oct. 2009

Vous avez dit: Chance ou Providence?

Plutôt que d'attendre, je préfère en parler maintenant. Je suis un homme chançard, une personne protégée par le destin; je sais jouer ma carte du bonheur sans risque de me tromper. Il y a eu des événements qui me sont arrivés ou même m'arrivent dans la vie, qui tiennent plus de la providence que du hasard. Séraphin Kiosi, les miens, mes proches le savent très bien. Mon étoile brille haut dans le ciel. Quand j'ai un besoin, il est comblé par la providence. Quand j'étais plus jeune, que j'avais besoin d'argent, l'argent m'était donné par une âme généreuse, un parent ou un bienfaiteur. Je n'ai jamais, à proprement parler, souffert de manque d'argent. Tous mes besoins ont toujours été comblés. A la seule différence que j'ai des besoins personnels très limités. Je n'ai pas besoin de beaucoup pour vivre. J'ai reçu énormément.
Ma chance, je l'ai eue dès le sein maternel. J'avais, à ma naissance, apporté un bonheur indescriptible à un couple en disparition. Miledi mia Khatu mon pseudonyme m'accompagne toujours. Deux exemples assez récents. Juin Juillet 2005, je devais me rendre au Congo via Addis Abeba. Le seul individu que je connaissais dans cette ville de trois millions d'habitants, Dr Bonger, était là au moment où je ne le cherchais ni l'attendais, alors que mes e-mails annonçant mon passage par cette ville ne lui étaient jamais parvenus. Le lendemain de ces retrouvailles qui nous permirent de connaître Addis Abeba by night et d'effectuer un tour dans la matinée, je fus agréablement surpris de voyager en première classe. En effet, alors que j'attendais avec mon épouse dans la foule, je fus pointé du doigt par un agent d'Ethiopian Airlines:
- " Sir, can you show me your passport please?", me dit-il.
- "I can of course if you tell me why".
- "I want to upgrade you to first class"
- "Thank you, Sir! But I am not alone. My wife is traveling with me."
- "No problem, Sir. I will upgrade her too."
Ainsi dit, ainsi fait. Nous eûmes une occasion unique d'être accueillis au champagne ou kir royal et de goûter aux menus plaisirs réservés à certaines fortunes. Les quatre heures séparant Addis de Kinshasa furent traversées presque comme une étincelle. C'est si peu de choses pour parler de chance, certes, mais aucun rond n'est sorti de ma poche pour jouir de ce luxe des privilégiés de ce monde.

J'ai beaucoup d'autres récits plus percutants, mais je me contente de dire que je crois fermement que la main de Dieu guide mes pas, souvent à mon insu, "vers des prés où l'herbe est fraiche". I am blessed.

Pensée du jour

Hier, j'ai parlé au téléphone avec ma mère et lui ai dit, en passant, que mon fils Claver n'avait pas dormi suffisamment la nuit précédente. Sans hésiter, elle m'a révélé que c'était à cause de la mort qui a frappé notre famille paternelle.
"Bamapasa bwa bakalaka. M'samwana ni kabwisa mbundu ata bu kamoni mambu. Kanimba mu ngemba" (Les jumeaux agissent toujours comme ça. Dis-lui de se calmer même s'il voit quelque chose. Qu'il dorment en paix)
Sagesse ancestrale qui a sa valeur. J'y ai cru, j'ai fait ce que ma mère m'a dit, et l'enfant a dormi normalement. Coïncidence peut-être ou bon sort. Allez-y voir. Une chose est sûre: moi, je ne crois pas en la sorcellerie. En la providence oui! Car toute ma vie est providence et grâce. J'aurai l'occasion de parler de la chance que j'ai toujours eue, que dis-je?, de la Providence qui m'a toujours accompagné au cours de ma vie.

7 oct. 2009

Mort de Pfutila

Lundi matin, j'ai reçu un MSN de mon frère Rigobert m'annonçant sans détails la mort d'un cousin Pfutila, fils de ma tante Marie Zenzu. Tante Marie est la soeur de mon défunt père. Le décès est survenu le lundi même. Dieu ait son âme. Au moment où j'écris, le corps est encore à la morgue.
La semaine écoulée, j'avais déjà appris qu'il souffrait sérieusement, mais je ne me suis pas imaginé que ce serait fatal. Pfutila est mort dans sa trentaine. Lorsque je vivais à Kenge dans les années 80 il terminait à peine l'école primaire. Je sais juste qu'il a obtenu son diplôme d'état. Rien de plus. Et pourtant, c'est un cousin au premier degré. Je me reproche de ne lui avoir pas accordé un peu plus d'attention et de temps. Toutefois, comme tous les miens, je le porte dans mon coeur.
Aux dernières nouvelles, j'apprend Tante Zenzu est venue de Kenge et se trouve chez ma mère où se tiendront les obsèques.
A l'instar du Père Teilhard de Chardin étendant ses mains sur l'univers pour célébrer, en plein désert de Chine, l'eucharistie, je me permets de m'unir en pensées à toute ma famille qui, en ce moment, pleure mon cousin. Que l'Eternel le reçoive dans son Royaume céleste! Amen.

6 oct. 2009

Frau Traudl Schmitt

Am 4. Oktober hat Frau Traudl Schmitt ihren Geburtstag gefeiert. Ich hatte sie am 5. August 1994 zum erstenmal getroffen, als ich ihrer Mutter die Krankenkommunion nach Hause gebracht hatte. Aus dieser ersten Begegnung ist eine dauerhafte Beziehung entstanden, die noch bis heute gilt.

Obwohl ich Dir am Sonntag schon gratuliert habe, möchte ich Dir nachträglich (auf diesem Blogger) Alles Liebe, Gottes Segen, Frieden und Gesundheit wünschen. Nochmals vielen, vielen Dank, Traudl, für Deine liebenswürdige Treue und grosszügige Hilfe!

25 sept. 2009

Papa Donatien Mabana, mon père

Il y a deux ans exactement, décédait à Kinshasa, à l'âge de 72 ans, Donatien Mabana Kasongo Bunda. Dieu ait son âme. Mon père a pendant longtemps été mon modèle. J'ai souvent manifesté le même caractère que lui, quoique j'aie foncièrement condamné la brutalité de ses méthodes qui me paraissent parfois autoritaires et que je n'aie pas apprécié certains détails de sa vie. Au délà de ces divergences d'ordre structurel et familial, j'ai gardé une affection inébranlable pour mon géniteur paternel.
Né en 1935 à Kimfingia M'khota, Mission catholique Kimbau, Sabana (ce fut son vrai nom) commence la première primaire de Kingwadia en 1942, sur l'insistance de son oncle Sylvain Mayengo, le premier intellectuel du coin. Il poursuivra à Kimbau et à Yasa, en passant par l''école des frères joséphites de Kinzambi. C'est à l'école normale de Kikwit qu'il acquiert ses connaissances pédagogiques, mais il sera mis à la porte pour indiscipline en 1952. Bien que sans diplôme, il entame en septembre 1952 une carrière d'enseignant. A cette époque marquée par le mouvement des évolués, Donatien Mabana brille par sa maîtrise de la langue française. Il enseigne à Kimbau de 1952 à 1959, à Kabwita de 1959 à 1963 et à Mutoni Toy en 1963-64, à Makiosi en 64-65. De septembre 1965 à mai 1967, il entreprend une formation pédagogique qui sera couronnée par un diplôme de D4 en pédagogie, outil dont-il avait tant besoin pour consolider sa carrière. Une fois de retour à Makiosi, il sera pendant deux ou trois semaines mon enseignant de 5e année avant de devenir, au cours de la même année, mon directeur d'école à la mission Kimbau. Directeur d'école de 1967 à 1969 à Kimbau, il poursuit sa carrière à Mutoni de 1969 jusqu'en 1977, Après une année d'enseignement au CSP de Kenge, il est affecté à l'école officielle de Makiala (1978), et à Mikao sur la route de la mission Ngi. L'école sera déplacée à Ngungu-Thambu à partir de 1989. Il a pris sa retraite "sur papier" en 2003 alors qu'on a continué à percevoir son minable salaire jusqu'à sa mort, le 26 septembre 2007.
Voilà une vie simple et belle. Une vie modeste malgré quelques apparences d'éclats. Une vie à la mesure d'un homme fort et faible, aimable et détestable par moments. Bref une vie pleine de courage, de droiture, d'abnégation et de sacrifices.
Mon père a beaucoup souffert les dix dernières années de sa vie, subissant pas moins de six interventions chirurgicales. La dernière que j'ai été le voir, c'était en juillet 2007, plus précisément du 3 juillet au au 19 juillet. Dès qu'il a appris que l'avion avait atterri, il s'est écrié: "Mon fils vient m'enterrer". Il n'en croyait pas ses yeux de me voir à son chevet aux cliniques Ngaliema de Kinshasa. A mon départ, il m'a prié de ne pas rentrer pour son enterrement si jamais il venait à rendre l'âme en mon absence. A son avis, je l'avais déjà symboliquement enterré et il était si heureux et fier de me voir remplir mon devoir filial.
Je n'avais pas d'espoir de le revoir vivant, car les résultats radiographiques et des examens effectués sur ordre du Dr Muteba ne lui accordaient pas beaucoup de temps de vie. Je le savais, mais je devais rien souffler de ce pénible détail. Le Dr Mayengo, son cousin, s'est mis à pleurer dès qu'il avait pris connaissance des radios. Le cancer avait déjà attaqué tout le bassin. Je suis revenu à la Barbade, conscient d'avoir accompli mon devoir de fils aîné et heureux d'avoir entendu ses dernières paroles.
Mon père restera pour moi l'homme le plus important de ma vie. Celui que j'ai aimé, quelquefois détesté à cause de sa fermeté. Ce caractère-là, il me l'a légué. Il m'a surtout appris à être moi-même devant les vicissitudes de la vie. Non sans humour, on se saluait réciproquement: "Bonjour mon fils". Il était mon père biologique, j'étais moi prêtre, son père spirituel. Chaque fois qu'il disait par exemple "Qui est celui qui peut m'ensorceler moi?" je me présentais comme son possible sorcier. Nous avions développé une relation très forte. J'étais Le fils, Son fils, Son coeur, comme il se plaisait à me le répéter depuis ma tendre enfance! Et il a fait tout son possible pour me rendre heureux. Le souvenir et l'amour de mon père sont gravés à jamais en moi. Le premier avant qui que ce soit, il m'a compris et pardonné d'avoir renoncé au sacerdoce, respectant ma libre décision. "Tu restes mon fils avant toute chose", m'a-t-il dit en dépit de quelque regret. Il a au moins eu le courage d'être sincère. Par-dessus tout, contre vents et marées, mon père a toujours cru en moi. Il a été et demeure, pour autant qu'on puisse le dire d'un être humain, mon roc. J'ai honoré sa tombe le 25 novembre 2008 à Kinkole.
Papa, Dieu ait ton âme et t'accorde le repos éternel.

23 sept. 2009

Père Nicolas Berends

Je pense au Père Nico parce qu'il a été le seul curé dont j'ai été le vicaire dominical pendant mon ministère sacerdotal au diocèse de Kenge. Il fête aujourd'hui ses 82 ans. Proficiat! Ad multos annos!

23 septembre 2009

Cela fait aujourd'hui vingt-trois ans depuis qu'un ami et collègue Jean-Pierre Gavuka est décédé à Kinshasa. Que son âme repose en paix! Né en 1956, Jean-Pierre a étudié le latin-philosophie au petit séminaire de Kalonda de 70 à 76, la philosophie au grand séminaire de Mayidi de 76 à 79 avant de s'envoler pour Rome où il a reçu un baccalauréat en théologie en 82. Ordonné prêtre à Kenge le 7 août 83, il a été vicaire à la paroisse Notre-Dame de Kenge jusqu'en 85, puis chargé des archives à l'évêché de Kenge de septembre 85 à sa mort. J'ai plusieurs souvenirs que je préfère garder pour moi. J'ai été témoin de ses souffrances. Ma chambre était voisine de la sienne, et je me réveillais très souvent dans la nuit pour lui porter secours lorsque ses crises se déclenchaient. Homme de foi et d'espérance, Jean-Pierre acceptait ses souffrances avec beaucoup d'héroïsme et de sérénité. Voilà aujourd'hui déjà vingt-trois ans qu'il nous a quittés. Merci Jean-Pierre pour le modèle de courage et de piété que tu as pour beaucoup de tes collègues prêtres et tes ouailles au cours de ta courte vie sacerdotale. Au Seigneur de t'accorder la couronne de ses élus!
En pensant à lui, beaucoup de noms d'anciens collègues et aînés de Rome me reviennent à l'esprit. Je pense à Mgr Mukoso, aux abbés Gaëtan Kakesa, Tharcisse Mogobo, Flavien Busina, Benjamin Fala, Ambroise Musala, Damulire d'Ouganda, Kota. Je pense à d'autres prêtres qui ont quitté ce monde encore dans la fleur de l'âge. Que leurs âmes reposent en paix!

22 sept. 2009

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