28 août 2013

Eddy Angulu à Dieu

C'est en Suisse que j'ai connu Eddy Angulu. Je l'y ai trouvé, déjà très engagé dans l'opposition à Mobutu. Il menait déjà des actions avec les Mulopo, Joachin Muyinda, She Okitundu. Je l'ai connu surtout à un niveau plus restreint, familial. Je suis passé une fois chez lui à Genève en compagnie d'un compatriote. Je me souviens d'une conversation particulière que j'ai eue avec lui à la bibliothèque cantonale de Fribourg où il avait présenté son livre: Les enfants de Mobutu et de Papa Wemba. Je dois détenir quelque part un exemplaire dédicacé de cette brochure. A l'époque (1992), il préparait une thèse de linguistique avec Mme Orecchioni. Depuis, nos chemins ne se sont plus croisés. Il s'est versé dans la politique, est devenu ministre, ambassadeur, idéologue kabiliste, etc. Kwenda mbote mpangi!

24 août 2013

"De manger de mourir avec"

Les Basuku disent: "Biakudia bia kukwenda biawu". Un proverbe que le génial Alain Mesa a précieusement traduit "De manger de mourir avec". Un principe du ventre enraciné dans la culture consommatrice du peuple suku: "Ce qu'on mange, on meurt avec". Les Latins ont eu leur "Carpe diem" auquel les Kalondais ajoutaient "noctemque". A cela, les Basuku ajouteraient: "Ya dila mu mafu!/?" ("Mangerai-je sous la terre!/?) Exclamation ou interrogation? Au locuteur ou à la locutrice de décider.
Je me souviens d'une dernière conversation avec ma mère où elle m'a sorti très discrètement mais clairement: "A tata, ya dila mu mafu?". Elle me reprochait une négligence dont j'étais coupable dans la prise en charge de son pécule alimentaire. Quelque trois semaines plus tard, alors que rien n'était fait, elle partait "ad matrem", féminisme oblige.
"Profitez de la vie". Une culture de l'excès! Empiffrez-vous, saoulez-vous, fumez, consommez à outrance, dansez, bouffez avec goinfrerie et boulimie, jouissez pleinement de la vie. Et vive le diabète, le cancer, l'hépatite, la sirose, le sida, les mst, l'obésité, et toutes les maladies liées à ces consommations maladroites. Je ne suis pas médecin, je parle des choses que je ne sais pas.
De l'autre côté une culture de la sobriété et de la mesure. On dit de certains peuples qu'ils sont chiches, préférant garder l'argent en banque et vivre de miettes dans une frugalité ahurissante. Modération, pondération, calcul, rigueur, autant d'options pour une vie totalement maîtrisée et menée selon les strictes règles de la santé. Excès d'ascèse! Tout est question d'éducation et d'éthique; et tout a un prix.
A toutes ces philosophies, il y en a qui, comme mon ami le Muteke du Camp Banku, ont des réponses imparables. "Beto kunwa, beto kufwa. Beto kunwa ve, beto kufwa. Ibuna, beto kunwa!" (Nous buvons, nous mourrons. Nous ne buvons pas, nous mourrons. Alors buvons!). Et ils ne vous permettent pas de conclure: "Alors, ne buvons pas". Voilà une culture hédoniste qui dissimule mal la fameuse devise du Congo que j'ai rapportée il y a quelques semaines: "Leliya, lenua, lebina, leyiba". Encore un mot, "leyiba": volez. Nzela mokuse (le raccourci), voler sans compter pour s'enrichir et jouir pleinement des plaisirs de la vie: "ambiance", femmes, voitures, maisons, voyages en première classe en Europe, séjours dans des hôtels de luxe, plaisirs culinaires, alcools, cigares Havana, etc.
A la différence que les Basuku, peuple très moral, ne vous diront jamais de "voler", quoiqu'ils assistent impuissants à la prédation des richesses du pays. "De manger de mourir avec", vous dira Alain Mesa, grand philosophe suku.

23 août 2013

Une année déjà: sinistre 23 août

Il y a une année mourait à Kinshasa en RDC celle que Dieu a m'a donnée pour mère, Christine Kayengo Matsasu. Je m'en souviens comme si cela datait d'hier. La douleur est encore profonde, la peine loin de s'effacer, et mon amour pour elle toujours plus vivant. On dirait que plus le temps l'éloigne, plus elle se rapproche et s'accroche à moi, son fils qu'elle appelait si tendrement "tata". Mama wenda kwandi! 
A Mama, hwena mboti kuna wena! Tutaninaka betu bana baku twazinga mu ngemba ye lutondo.

19 août 2013

Adieu Père Martin Ekwa sj

Un monument du savoir et du leadership vient de nous quitter. Paix à son âme! Un passionné de la RDC et de l'Afrique qu'il a servies si superbement vient de tirer sa révérence. Un homme de la crème intellectuelle que compte l'Afrique va désormais manquer à l'appel des siens au moment où sa sagesse et son expertise sont d'une importance considérable! Adieu Père Martin!
J'ai connu le Père Martin au début de mes études supérieures. Il a longtemps dirigé le CADICEC, un sanctuaire de formation et d'orientation pour les chefs d'entreprise chrétiens de la RDC. A ce titre, il organisait des conférences et sillonnait le monde pour des colloques et autres rencontres d'experts. Ses activités d'activiste faisaient à l'époque la une des journaux et des revues savantes.
En août 92, j'ai l'immense privilège de le rencontrer à son bureau de la Gombe en compagnie du Professeur Georges Ngal et de M. Izimbwir. Au cours de cet échange, il attirait l'attention de ses interlocuteurs sur la nécessité d'une gestion judicieuse des dossiers sensibles que traitait la CNS. Ce visionnaire prévoyait ainsi l'impasse qui allait handicaper l'issue de la conférence nationale souveraine.
Adieu Père Ekwa Bis Isal! Puisse l'Eternel Tout-Puissant vous mettre à la place qui vous revient dans Son Royaume Céleste. Kwenda mbote na bwala ya Mfumu Nzambi!

15 août 2013

In Memoriam: Timothée Mwamba

15 août 2013. Ce matin de l'Assomption de la Sainte Vierge Marie est décédé à Kinshasa un grand homme, Timothée Mwamba. Grand par l'ampleur de son intelligence et de ses compétences humaines et professionnelles, mais dans la réalité, il était plutôt de taille moyenne et d'un physique relativement modeste. Ce philosophe rompu à la critique hégelienne a consacré sa vie au service de l'éducation nationale comme professeur, préfet des études, sous-réged. Aux dernières nouvelles, il était responsable de l'enseignement pour le district du Kwango. J'ai vu son bureau à Kenge, mais ne l'ai pas rencontré. Que des souvenirs avec Mayaula!
Comme par hasard, lisant hier lekwangoonline, j'ai vu ce qui suit: « Au Bandundu 3, nous n'avons que trois pourcent d'enseignants qualifiés au secondaire », a affirmé Timothée Mwamba. (29 mai 2013).  
Au petit séminaire de Kalonda, Timothée était condisciple de: Henri-J Tamuzi, Félix Manzanza, Onésime Kalala, Odon Kinzi, Séverin Swadi, Théophile Mbuya, Ignace Wawa, Arthur Muwawa, Hubert Masala, etc. Il me devançait de trois années. Excellent joueur de football en défense, Timothée était un animateur hors paire. Blagueur sans pareil, il pouvait faire rompre de rire un Pape en plein canon eucharistique. J'ai gardé une très grande image de lui, comme par ailleurs de ses condisciples.
S'il est un souvenir unique que je garde lui, c'est le discours qu'il a lu, au nom de sa classe. Un discours entièrement composé en latin s'il vous plait, à l'occasion de la fête d'anniversaire du Père Bernard Overgoor svd d'heureuse mémoire lui aussi. Quel beau cadeau pour un professeur de latin! Cela devrait être en novembre 70. N'ayant jamais  encore fait le latin à cette époque, nous "les petits" étions tous restés très admiratifs et fascinés par cette prouesse d'éloquence. C'est le seul discours en latin qu'il m'a été donné d'entendre de vive-voix de toute ma vie. Chapeau cher aîné! 
De Kalonda, il s'est retrouvé à Kinzambi en 71-72 avant de s'inscrire au grand séminaire de Kabwe et plus tard à Lubumbashi où il a obtenu avec brio sa licence en philosophie. Voici une anecdote vécue.
Procure de Kenge, fin août 75. On se préparait à aller à Ito pour une récollection des grands séminaristes. Mayaula venait de se faire confectionner un costume "libanko". A ses pairs, Félix Manzanza ou Onésime Kalala, qui le taquinaient, il répondait dans le sens de leurs critiques:
- "Dis, tu ne trouves pas que ton tailleur n'a pas bien confectionné ton libanko?
- Mon tailleur a fait ce que je lui ai demandé de faire, coupa-t-il.
- Ton libanko te donne l'air d'un oiseau vautré.
- Paraître comme un oiseau; c'est exactement ce que je voulais", a-t-il rétorqué.
Témoins intéressés: Kiosi Kamvinda Vwanga et Mabana Kahiudi. Cette année-là, le gars partait pour Kalonda effectuer sa régence avec son alter ego Onésime Kalala.
Timothée Mwamba m'a rendu attentif à une chose: la langue française: "Eh bien si tu n'as pas bien assimilé ta grammaire à l'école secondaire, tu n'y pourras plus rien. L'université ne corrigera jamais les lacunes de base".
Puis j'ai retrouvé notre cher aîné pendant mes années de l'évêché de Kenge. Il était préfet à Tsinda-Kwango. Une fois que je suis arrivé à l'improviste à son bureau en pleine matinée, j'étais surpris de le trouver complètement saoul. A l'époque, il adorait le dieu "mundangandanga", le nsamba (vin de palme) national comme tout bon habitué de la calebasse indigène d'un nganda en face de l'Institut Nto Kiese. C'est aussi cela la vie. Je le voyais très souvent en compagnie de mon oncle paternel, Papa Frédéric Kayolo. Je ne l'ai plus revu après 1992.
Sa mort laisse un vide dans notre région. Un philosophe, un homme de poigne, un intellectuel dévoué et remarquable nous a quittés. Puisse la terre de nos ancêtres lui être douce et accueillante. Paix à ton âme, cher aîné Timothée! Tu nous manqueras énormément. Tibi pax in aeternitatem!





11 août 2013

Happy Birthday Eileen Scrivener

Happy Birthday dear Eileen!
May the Lord protect you, Paige, Hunter and Mich and grant you a long and a blessed life.
Peace and Love from
Claver-e and Chrystelle Mabana

8 août 2013

Abbé Benjamin Fala cinq ans déjà

7 août 2008. Il y a cinq ans exactement. Je me suis réveillé relativement tôt, décalage horaire oblige, pour joindre mes compagnons qui avaient reçu le sacrement de l'ordre 25 ans plus tôt. Ainsi ai-je tenté d'appeler ceux dont j'avais les numéros de portable et d'écrire des courriels à ceux dont j'avais les adresses emails. Naturellement, j'ai appelé Benjamin qui m'avait lui-même donné son numéro deux années plus tôt. Pas de connexion: "L'appareil que vous appelez est soit éteint soit hors de périmètre. Veuillez rappeler ultérieurement". Une deuxième tentative, puis une troisième n'ont rien donné. Je n'avais pas renoncé, car j'y tenais. M'arrive, comme un éclat de bombe, un texto: "Ya C, abbé Fala me fwa bubu na Bukanga Lonzo." En effet, Benjamin était à Lonzo pour célébrer son jubilé sacerdotal le jour même où la mort l'a frappé. Paix à son âme! Hagard, pantois, perdu, j'ai appelé Clavère pour partager cette douleur. Prière, silence, pleur, larme pour mon cher frère et ami!
Aujourd'hui, voilà cinq ans depuis que Benjamin a quitté ce monde. L'occasion propice pour lui rendre un hommage amical et fraternel car tous mes compagnons d'étude, de sacerdoce et de vie tiennent une place spéciale dans mon cœur. Par exemple, mon livre Du mythe à la littérature (L'Harmattan 2013) est dédié à mon père et à mes quatre amis de Rome.
Benjamin Fala, quoique de deux années mon aîné, me suivait d'une année au petit séminaire de Kalonda qu'il a rejoint en septembre 1970. Il est venu de Lonzo avec Alphonse Mukokila et Malundu auxquels d'ailleurs il était lié. A la zaïrianisation, il a pris le postnom de Mamona que d'aucuns s'amusaient à déformer en Mamoma-mbwa (mafwila ku mbundu: ce que le chien voit meurt dans son cœur). Un de ses traits de caractère était justement une extrême discrétion. Homme de principes, de dévotion et de persévérance, Benjamin a été pour ceux qui l'ont connu un conseiller et un instructeur remarquable. Taciturne, timide, mieux réservé, il avait une capacité d'encaisser les taquineries de ses condisciples et de poursuivre son but sans se laisser influencer par qui que ce soit. Il avait ses convictions, et y tenait ferme. Respect!
Lorsqu'il arrive en octobre 1976 au grand séminaire de Mayidi pour la philosophie, Bifele, Buffalo Bill ou Ya Ngandu s'illustre très vite au football en tant qu'entraîneur. Il seconde d'abord Taureau Mumanga avant de prendre la direction de l'équipe du séminaire. C'est l'époque où nous avons infligé 5-1 à l'ISP de Mbanza-Ngungu ou 3-1 à V.Club de Nkandu. Je n'oublierai jamais une scène de ce temps. Nous sommes en décembre 1977. Un samedi après-midi. Après une longue sieste, l'idée me prend d'aller à sa chambre pour parler de la préparation tactique d'un  match contre V. Club ou une école professionnelle de Kisantu, ma mémoire n'est pas claire. "Tu ne sais pas? Munguruba est mort, noyé à l'étang. Le match est donc annulé". Paix à son âme! Munguruba était un séminariste d'Idiofa nouvellement venu à Mayidi, mais que j'avais eu le privilège de rencontrer trois mois auparavant à Bulungu alors que je séjournais dans la famille Kiosi. La motopompe étant tombée en panne, on allait se baigner à l'étang à cette période.
Un moment intense de nos relations personnelles a été le temps de nos études théologiques à Rome. Nous avons voyagé le même jour de septembre 79 pour Rome et en sommes aussi rentrés le même jour d'août 82. Dans le milieu bourgeois romain, il était l'économe du groupe de Kenge avant que je ne lui succède, imposant une règle très démocratique. L'argent commun était engagé contre facture ou reçu dès que le quorum de trois était atteint. On était à cinq: Faustin, Flavien, Jean-Pierre, Benjamin et moi. Une fois, alors qu'il était à l'Institut Goethe pendant l'été de 81, je lui ai envoyé une carte postale représentant une vieille femme édentée. Comme le courrier se distribuait en classe, tous ses collègues de cours et leur instructeur d'allemand ont éclaté d'un rire unique et sans pareil. "Ce ne pouvait être que toi pour jouer un tel tour", m'a-t-il dit. Il m'a montré cette carte à Kin vers 85 ou 86.
Ordonnés diacres le même jour (15 août 82) et prêtres (7 août 83), nous avons tous les deux été des collaborateurs très proches de l'évêque, Mgr M'Sanda d'heureuse mémoire. A Katende comme formateur et directeur d'internat, l'apport de Benjamin a été instrumental dans la vie du petit séminaire de Katende en 82-83. Homme pratique, il a mis sur pied plusieurs projets pour l'autofinancement de l'institution: étangs de poisson, élevages, jardins, champs de manioc, d'ananas ou de maïs. L'année suivante, il a été muté pour la procure de Kenge à Kinshasa en remplacement de l'abbé Tryphon Ilenda. Là, il s'est montré très efficace, malgré les circonstances difficiles du travail. Plus d'une fois, il a remplacé le Frère Simon Van Steen svd comme économe diocésain. Ce métier, on le sait ingrat. C'est lui qui a effectué pour moi les démarches du voyage de Fribourg.
De la procure, il est allé comme directeur au petit séminaire de Katende, puis vicaire épiscopal avec titre de Monseigneur sans prélature, puis curé à Kimafu. Il a réalisé plusieurs projets de vulgarisation de cultures vivrières. Malgré mon éloignement volontaire, il m'a vu presque chaque fois qu'il est retourné en Europe. On s'est rencontrés à Lindau. Vicaire épiscopal, il est venu chez moi à Enney avec les abbés Modeste Kisambu et Rigobert Kabwita. On s'est ensuite retrouvés chez Modeste. Je n'oublie pas des blagues qu'il a lancées sur les abbés Robert Kutukenda, Liévin M'Banga, sur les gens de Kenge comme Maman Lunda d'heureuse mémoire, et d'autres. On a beaucoup ri ce jour-là.
Pour la petite histoire, ce n'est que le 1er juillet 2013, que notre aîné M. Charles Mapunzo, venu à Rome dans les années 70 comme séminariste de Kenge, a appris de ma bouche la mort de Benjamin. Il en est resté estomaqué. Mbuta Charles était particulièrement lié à Jean-Pierre et Benjamin. C'est la vie.
Bref, serviteur fidèle de Dieu, Mgr Benjamin Fala a mené une vie pleinement dédiée au diocèse de Kenge. Son énorme contribution à l'édification de ce diocèse doit être reconnue par les générations actuelles et futures. Que sa flamme ne s'éteigne pas dans nos cœurs tant que nous vivrons et que le Seigneur lui accorde la couronne céleste! Vanda na Ngemba ya Mfumu Nzambi Unkwa Ngolo Yonso!

7 août 2013

7.08.83-7.08.13: 30 ans de sacerdoce

Kenge, 7 août 1983 - 7 août 2013. Joyeux anniversaire sacerdotal aux abbés Tryphon Ilenda, Modeste Kisambu, Liévin M'Banga, Jean-Robert Mifuku, René Ngambele! Une pensée pour les défunts abbés Flavien Busina, Benjamin Fala, Jean-Pierre Gavuka et Faustin Mampuya. Paix à leur âme!
Trente ans d'apostolat et de ministère dans la vigne du Seigneur, voilà un motif de joie et de fierté pour ces humbles serviteurs de l'Eglise! Que par Sa grâce le Divin Céleste continue d'accomplir en eux et par eux l'œuvre qu'Il a commencée!

5 août 2013

Devise du Congo

« Ledza, lenua, lebina, leyiba » (mangeons, enivrons-nous, dansons, détournons l’argent de l’Etat).

(Source: http://www.afrik53.com/Un-ancien-collaborateur-fait-des-graves-revelations-sur-Sassou-Nguesso_a12386.html)

Pwa Bwenia

Lorsque je quittai Mutoni-Toy en juillet 1964, Kha Kawoya s'appelait encore Kawoya. Lorsque ma famille y revint en juillet 69, il avait changé de nom, il se faisait désormais appeler "Khana-Phuku". Que s'est-il passé? Kawoya était un simple membre de la communauté; Khana-Phuku a été investi d'une charge spéciale. Il portait un kepi noir comme des cheveux tressés. C'est ça le "pwa bwenia". Pwa signifie chapeau. C'est quoi le "bwenia"? Une dignité sociale dans la hiérarchie tribale. Un pouvoir magique censé protéger le clan. Une responsabilité dans la conduite des hommes dans leur interaction avec les ancêtres. Je suggère que dans la démocratie africaine que je préconise les ministres portent non plus de chapeau de léopard (le mobutisme sent mauvais), mais des signes distinctifs du genre pwa-bwenia. Tout cela à la gloire du président-consacré traditionnel, seul et unique garant de la nation moderne!
Tchicaya U Tam'si, encore et toujours lui, dans Le Destin de Ni Con Ni Cul, a trouvé une distinction plus originale: tout ministre se fait ôter un œil en signe d'allégeance au Président Nnikon Nniku, donnant ainsi lieu à un véritable gouvernement des borgnes plutôt que des millionnaires aux biens pillés et mal acquis. Un peu cruel non? Sachez toutefois que si un fou de président exigeait aujourd'hui de ses soupirants ministres cette mutilation, deux heures ne passeraient que ces derniers se feraient tous arracher un œil. Ad majorem gloriam Dictatoris! Je vous le jure. Optons donc pour cet insigne "suku" de pouvoir qu'on trouve aussi, sous d'autres noms, dans d'autres groupes ethniques. Le nom peut changer, mais que le sens soit gardé, car là réside la spécificité du pouvoir politique africain.
"Pwa-bwenia" insigne d'autorité fabriqué dans les meilleurs ateliers de nos artisans plutôt que des friperies importées à grands frais. Pwa-bwenia, c'est la solution de la démocratie africaine. Seule condition pour être crédibles et authentiques, car nous sommes réputés être un peuple très sensible aux symboles, aux emblèmes et aux mythes. Un peuple génial qui a chanté: "Makembi kalamba kutoma kwingi bam'tungila tsaka ka sia ku kosi" (Makembi cuisine si bien qu'on lui fasse une couronne pour sa nuque), immortalisé par les Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. 

Retour à l'authenticité

Cher Claver,
Tout en admirant ton sens de l'ironie et du pamphlet, j'en arrive à croire que tu reprends dans un amalgame indigeste les propos jadis tenus par Mobutu et par les écrivains de la négritude. Ton talent littéraire est incontestable. Seulement, tu ne me convaincs pas du sérieux de ton propos sur la démocratie. C'est quoi cette histoire de remplacer les élections par un sacre traditionnel? Dans quel siècle vis-tu? Pourquoi blasphémer sur un thème aussi précieux que la gouvernance de l'Afrique? A quoi joues-tu au juste? Je ne comprends pas.
Réflexions faites, je t'ai finalement compris. Pendant que tu critiques la pratique de la démocratie en Afrique, qui est entre les mains du pouvoir sortant, le ton est tel que tu le ridiculises sans ambages. Retour à l'authenticité, disait au début le bon vieux Mobutu. Non, plutôt "recours", a-t-il corrigé. Nous savons tous où cette mésaventure révolutionnaire a conduit le pays. Tu voudrais revenir au chef en raphia, aux bracelets en cuivre ou argent, aux colliers en dents de lion ou de léopard plutôt que de voir des millionnaires en cravates dont la fortune baigne dans le sang et l'humiliation de ses sujets.
(...)
CM: Email du 5 août 2013.


Ma réponse est simple:
"Non à la démocratie sanguinaire et criminelle! Oui à notre sacre traditionnel!"
C
 

Le rêve de l'homme intelligent

Confidence de "Jean-Baptiste Clamence, comédien":
 
"La vérité est que tout homme intelligent, vous le savez bien, rêve d'être un gangster et de régner sur la société par la seule violence. Comme ce n'est pas aussi facile que peut le faire croire la lecture des romans spécialisés, on s'en remet généralement à la politique et l'on court au parti le plus cruel. Qu'importe, n'est-ce pas, d'humilier son esprit si l'on arrive par là à dominer tout le monde? Je découvrais en moi de doux rêves d'oppression"
(A. Camus. La chute. Paris: Gallimard, NRF, 1956: 35 Version online de Charles Bolduc)

4 août 2013

Chapelle Sixtine 5.7, Messe papale du 7.7.13



 Avec Mgr JP Kwambamba, dans la salle des pleurs

 Capella Sixtina
 Avec Ivana, ma guide


 Le coin du nouveau Pape
 La secrétaire du nouveau Pape

La porte où le MC dit: "Extra Omnes"au début du conclave
 Le Pape François à la messe du 7.7.2013




 Sortie de la Basilique
L'Angelus du 7.7.2013

Photos Juin - Juillet 2013: Perugia, Urbaniana (Rome)


 A Perugia

De Perugia à Rome


A la Place St Pierre
 
A l'Urbaniana

Vue de la Basilique depuis le Collegio Urbano
 


 La première porte fut ma chambre de 79 à 82.

 


 La Librairie Ancora 

Avec Mgr JP Kwambamba, Piazza di Risorgimento

Remplacer les élections démocratiques par un sacre traditionnel?

Robert Mugabe est réélu avec plus de 70% des voix à la tête du Zimbabwe. Une nouvelle qui n'étonne que les borgnes et les non initiés. Je voudrais juste confirmer ce que, comme plusieurs autres, j'avais prédit ou pré-vu. C'est cela le vrai fonctionnement de la démocratie en Afrique. Très peu de présidents ont perdu leur siège à la suite d'une élection. Seuls ont perdu ceux qui l'ont voulu car rien ne les empêchait de s'autoproclamer réélus. Guëi qui l'a fait en Côte-d'Ivoire en ordonnant l'arrêt du comptage des résultats et en remerciant les électeurs, l'a payé cher. Somme toute, pour éviter toute confusion avec la conception occidentale de la démocratie, les élections africaines sont à remplacer par une sorte de sacre traditionnel présidé par un gourou ou un grand maître-sorcier. Comme du temps de nos ancêtres auxquels nous attribuons notre sagesse légendaire. Présidence à vie assurée et incontestée. On accorde à notre père de la nation non pas cinq ans, c'est trop peu, mais cent ans pour battre les records de longévité, car le guide et commandant suprême incarne un super génie auquel aucun concitoyen ne peut faire ombre. Il accomplit des exploits incroyables. Du jamais vu! Pourquoi remettre en doute sa capacité de régner jusqu'à la fin de sa vie étant donné qu'il est le meilleur de tous. Ainsi pas de contestation, pas d'observateurs internationaux ni de leçons dictées par les grandes puissances! Ce n'est pas mon idée, elle est de Tchicaya U Tam'si dans Le destin glorieux de Nnikon Nniku... "Il  n'est en réalité "Ni Con Ni Cul", avait remarqué mon maître, Y. Giraud lors d'un séminaire supérieur à Fribourg. Vous aurez beau crié à la fraude, à la falsification ou à l'intimidation. Les irrégularités caractérisent toutes les élections en Afrique, sauf dans quelques pays exceptionnels comme le Sénégal ou l'Afrique du Sud. Vous aurez beau dénoncé la "farce" comme Tsvangirai ou la mascarade, rien n'y fait. Eh bien, le chien aboie, la caravane passe. Des Mugabe, il y en a eu avant lui; il y en a aujourd'hui; d'autres lui survivront. Le maître des céans garde toujours les rênes du pouvoir. C'est une loi de l'histoire respectée par la démocratie africaine. Ce n'est pas demain que cela changera. Revenons-en donc au vote par acclamation, à la différence que le candidat ne sera pas unique, modernité oblige, les autres jouant les figurants corrompus. J'ai dit. Qu'ai-je dit au juste? Démocratie, Mugabe, corruption, élections, sacre traditionnel. Oui, c'est ça. Revenons à nos traditions, redonnons à nos traditions politiques le visage du 21e siècle. Nos constitutionalistes s'y attèlent avec compétence. C'est la voie pour l'Afrique de se démarquer des chemins tracés par l'Occident auxquels elle a du mal à s'identifier. Démocratie africaine! Génial non?

1 août 2013

Photos d'Allemagne






Photos de Suisse











Matran (Abbés Ignace Bisewu, Modeste Kisambu, Ignace Matensi, César Muwinja)
Vevey (Maman Rose Lumenga, Cédric Kasongo)
Palézieux ( M. et Mme Dany Pembele, Abbé Modeste Kisambu)
Gare de Zurich (22 juillet 13 entre 16h30 et 17h00)

Enfin chez moi

 



 

 

 

 
29 juillet 2013. L'avion Condor s'est posé à 18 heures, soit trente minutes de retard. Un retard dû à un dysfonctionnement du ravitaillement en essence à l'escale de Tobago.
Après un si long périple qui m'a conduit en Italie, Suisse et Allemagne, je suis très heureux de retrouver les miens en bonne santé et de me retrouver parmi eux sain et sauf. C'est lorsqu'on est loin que l'on apprécie le mieux l'importance de l'environnement familial. Il était temps que je rentre, les enfants avaient hâte de revoir leur père bien que ce dernier les punisse quelques fois. Louange à Dieu parce que le voyage s'est si bien passé, sans trop de dégâts!
"O qu'il est beau d'être tous ensemble. O qu'il est beau de chanter ton nom: Seigneur".