4 août 2013

Remplacer les élections démocratiques par un sacre traditionnel?

Robert Mugabe est réélu avec plus de 70% des voix à la tête du Zimbabwe. Une nouvelle qui n'étonne que les borgnes et les non initiés. Je voudrais juste confirmer ce que, comme plusieurs autres, j'avais prédit ou pré-vu. C'est cela le vrai fonctionnement de la démocratie en Afrique. Très peu de présidents ont perdu leur siège à la suite d'une élection. Seuls ont perdu ceux qui l'ont voulu car rien ne les empêchait de s'autoproclamer réélus. Guëi qui l'a fait en Côte-d'Ivoire en ordonnant l'arrêt du comptage des résultats et en remerciant les électeurs, l'a payé cher. Somme toute, pour éviter toute confusion avec la conception occidentale de la démocratie, les élections africaines sont à remplacer par une sorte de sacre traditionnel présidé par un gourou ou un grand maître-sorcier. Comme du temps de nos ancêtres auxquels nous attribuons notre sagesse légendaire. Présidence à vie assurée et incontestée. On accorde à notre père de la nation non pas cinq ans, c'est trop peu, mais cent ans pour battre les records de longévité, car le guide et commandant suprême incarne un super génie auquel aucun concitoyen ne peut faire ombre. Il accomplit des exploits incroyables. Du jamais vu! Pourquoi remettre en doute sa capacité de régner jusqu'à la fin de sa vie étant donné qu'il est le meilleur de tous. Ainsi pas de contestation, pas d'observateurs internationaux ni de leçons dictées par les grandes puissances! Ce n'est pas mon idée, elle est de Tchicaya U Tam'si dans Le destin glorieux de Nnikon Nniku... "Il  n'est en réalité "Ni Con Ni Cul", avait remarqué mon maître, Y. Giraud lors d'un séminaire supérieur à Fribourg. Vous aurez beau crié à la fraude, à la falsification ou à l'intimidation. Les irrégularités caractérisent toutes les élections en Afrique, sauf dans quelques pays exceptionnels comme le Sénégal ou l'Afrique du Sud. Vous aurez beau dénoncé la "farce" comme Tsvangirai ou la mascarade, rien n'y fait. Eh bien, le chien aboie, la caravane passe. Des Mugabe, il y en a eu avant lui; il y en a aujourd'hui; d'autres lui survivront. Le maître des céans garde toujours les rênes du pouvoir. C'est une loi de l'histoire respectée par la démocratie africaine. Ce n'est pas demain que cela changera. Revenons-en donc au vote par acclamation, à la différence que le candidat ne sera pas unique, modernité oblige, les autres jouant les figurants corrompus. J'ai dit. Qu'ai-je dit au juste? Démocratie, Mugabe, corruption, élections, sacre traditionnel. Oui, c'est ça. Revenons à nos traditions, redonnons à nos traditions politiques le visage du 21e siècle. Nos constitutionalistes s'y attèlent avec compétence. C'est la voie pour l'Afrique de se démarquer des chemins tracés par l'Occident auxquels elle a du mal à s'identifier. Démocratie africaine! Génial non?

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