15 août 2013

In Memoriam: Timothée Mwamba

15 août 2013. Ce matin de l'Assomption de la Sainte Vierge Marie est décédé à Kinshasa un grand homme, Timothée Mwamba. Grand par l'ampleur de son intelligence et de ses compétences humaines et professionnelles, mais dans la réalité, il était plutôt de taille moyenne et d'un physique relativement modeste. Ce philosophe rompu à la critique hégelienne a consacré sa vie au service de l'éducation nationale comme professeur, préfet des études, sous-réged. Aux dernières nouvelles, il était responsable de l'enseignement pour le district du Kwango. J'ai vu son bureau à Kenge, mais ne l'ai pas rencontré. Que des souvenirs avec Mayaula!
Comme par hasard, lisant hier lekwangoonline, j'ai vu ce qui suit: « Au Bandundu 3, nous n'avons que trois pourcent d'enseignants qualifiés au secondaire », a affirmé Timothée Mwamba. (29 mai 2013).  
Au petit séminaire de Kalonda, Timothée était condisciple de: Henri-J Tamuzi, Félix Manzanza, Onésime Kalala, Odon Kinzi, Séverin Swadi, Théophile Mbuya, Ignace Wawa, Arthur Muwawa, Hubert Masala, etc. Il me devançait de trois années. Excellent joueur de football en défense, Timothée était un animateur hors paire. Blagueur sans pareil, il pouvait faire rompre de rire un Pape en plein canon eucharistique. J'ai gardé une très grande image de lui, comme par ailleurs de ses condisciples.
S'il est un souvenir unique que je garde lui, c'est le discours qu'il a lu, au nom de sa classe. Un discours entièrement composé en latin s'il vous plait, à l'occasion de la fête d'anniversaire du Père Bernard Overgoor svd d'heureuse mémoire lui aussi. Quel beau cadeau pour un professeur de latin! Cela devrait être en novembre 70. N'ayant jamais  encore fait le latin à cette époque, nous "les petits" étions tous restés très admiratifs et fascinés par cette prouesse d'éloquence. C'est le seul discours en latin qu'il m'a été donné d'entendre de vive-voix de toute ma vie. Chapeau cher aîné! 
De Kalonda, il s'est retrouvé à Kinzambi en 71-72 avant de s'inscrire au grand séminaire de Kabwe et plus tard à Lubumbashi où il a obtenu avec brio sa licence en philosophie. Voici une anecdote vécue.
Procure de Kenge, fin août 75. On se préparait à aller à Ito pour une récollection des grands séminaristes. Mayaula venait de se faire confectionner un costume "libanko". A ses pairs, Félix Manzanza ou Onésime Kalala, qui le taquinaient, il répondait dans le sens de leurs critiques:
- "Dis, tu ne trouves pas que ton tailleur n'a pas bien confectionné ton libanko?
- Mon tailleur a fait ce que je lui ai demandé de faire, coupa-t-il.
- Ton libanko te donne l'air d'un oiseau vautré.
- Paraître comme un oiseau; c'est exactement ce que je voulais", a-t-il rétorqué.
Témoins intéressés: Kiosi Kamvinda Vwanga et Mabana Kahiudi. Cette année-là, le gars partait pour Kalonda effectuer sa régence avec son alter ego Onésime Kalala.
Timothée Mwamba m'a rendu attentif à une chose: la langue française: "Eh bien si tu n'as pas bien assimilé ta grammaire à l'école secondaire, tu n'y pourras plus rien. L'université ne corrigera jamais les lacunes de base".
Puis j'ai retrouvé notre cher aîné pendant mes années de l'évêché de Kenge. Il était préfet à Tsinda-Kwango. Une fois que je suis arrivé à l'improviste à son bureau en pleine matinée, j'étais surpris de le trouver complètement saoul. A l'époque, il adorait le dieu "mundangandanga", le nsamba (vin de palme) national comme tout bon habitué de la calebasse indigène d'un nganda en face de l'Institut Nto Kiese. C'est aussi cela la vie. Je le voyais très souvent en compagnie de mon oncle paternel, Papa Frédéric Kayolo. Je ne l'ai plus revu après 1992.
Sa mort laisse un vide dans notre région. Un philosophe, un homme de poigne, un intellectuel dévoué et remarquable nous a quittés. Puisse la terre de nos ancêtres lui être douce et accueillante. Paix à ton âme, cher aîné Timothée! Tu nous manqueras énormément. Tibi pax in aeternitatem!





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