30 mars 2016

Père Anton Verschuur (1926-2016) in memoriam


27 mars 2016. Je viens d'apprendre par la page Facebook Bana Arnold Jansen la mort, le jour de Pâques, du Père Antoine Verschuur SVD à Teteringen. Que son âme repose en paix! Et un témoignage détaillé de sa vie est donné par le P. Hugo Tewes. A la lecture de ce témoignage, il se dégage que le P. Antoine a mené une vie pleine de mouvements mais au service du peuple de Dieu et de sa congrégation. Broussard, directeur d'école, curé, professeur, régional ou recteur de collège, il est resté fidèle à sa mission première. Quelle vie si riche! Quel zèle missionnaire et apostolique! Quelle dédication! Je sais que je suis né alors qu'il était broussard à Kimbau, ce qu'il me rappela à Kalonda lorsque je lui avais dit mon nom. Par contre, je l'ai connu à Kenge directeur de l'école normale en 1965 alors que j'étais à l'école primaire. Je me souviens encore de sa voix très nasalisée; je ne saurais dire si elle a changé plus tard. L'année qui a suivi, il a été remplacé par le P. Charles Schwertz. Quoique j'aie suivi son parcours, je n'ai plus eu le privilège de le rencontrer. Je lui parlai une fois au téléphone à l'époque où il dirigeait le collège Saint Pierre à Rome.
Les dernières années, je lisais avec intérêt ses éloges funèbres pour ses confrères SVD. Combien de fois me suis-je émerveillé devant ses beaux textes (au sens littéraire). Des anciens de son époque, ils restent à compter au bout du doigt, dans leur quatre-vingtaine. Il y a encore les PP. Jean Van Zeeland, Emile Vanderlinden, Everard Leferink, Franz Bosold,  Dieter Skweres, Pohl Wendelin, Gino Selvaggi, Silverio Mauruto; et autres Nico Berends, Willi Otte, etc. Je crois que les Argentins Louis Schoffen, Avelino Rotchen, Albin Schmitt sont encore vivants. Du moins, je n'ai rien entendu à leur sujet.
Le broussard de ma contrée d'origine a laissé le souvenir d'un missionnaire très attentif aux problèmes de simples gens. Il a plu au Seigneur de le rappeler auprès de lui. Que lui soit accordée la couronne de ses élus!

29 mars 2016

Adieu Ma Mélanie Mambu

C'est avec une profonde douleur que j'ai appris par un email de l'abbé Michel Ngob la mort à Kenge de Mama Mélanie Mambu Manzanza. Paix à son âme! Puis j'ai vu sa photo sur Facebook et lu tous les messages de sympathie exprimés par différentes personnes émues de cette épreuve.
Ma Mélanie, comment dirais-je? Je l'ai connue alors que je me trouvais à l'école primaire; elle enseignait à l'école primaire des filles attenante à St Frédéric. Très jeune enseignante, elle a marqué de son empreinte les célébrations de Notre Dame de la Visitation en mai 1967 en animant les chants et les prières des écolières. Je m'en souviens parce que ce fut la première fois que j'assistai à cette manifestation. Elle appartient au groupe de premières enseignantes qu'il m'avait été donné de connaître, à côté des soeurs Marie-Robert, Charlotte (aujourd'hui Mme Ngal), des maîtresses Adolphine, Véronique, Adrienne, Marie-Thérèse. A l'époque à Kenge, on chantait sur un rythme saxophonique de Verkys: "Monitrice Adolphine me kwenda na nfinda, na kubuka sakasaka, Pepsi me lela nzala: nzala o nzala." Du bon vieux temps! J'ai fait sa connaissance ainsi que de la famille avant son frère Félix déjà parti pour Kalonda. Pelé peut le témoigner. Pendant mon séjour à l'évêché de Kenge, on se revoyait. Je garderai particulièrement en mémoire une conversation que nous avons tenue en 92, à mon retour de Fribourg. On s'est croisés devant chez les Nzilapaka - Kikwa avant de rejoindre la procure après qu'elle a pris l'initiative de m'interroger franchement sur ce qui se disait à mon sujet. Je lui ai répondu avec la même franchise. Depuis, on ne s'est plus revus. C'est de Wada que j'ai appris l'ordination sacerdotale de son fils Dagobert. Comme je l'ai affirmé sur Facebook, Ma Mélanie appartient à mon histoire de Kenge. Je rends grâce à Dieu de l'avoir rencontrée sur mon chemin. 
Je m'unis de coeur et en esprit aux pleurs de toute la famille restreinte et étendue en priant pour le repos de son âme. A Ma Mélanie, wenda mboti, mu ngemba, ku hata dia Nzambi!



27 mars 2016

Un petit-fils nous est né

La famille s'agrandit. Dieu accomplit ses merveilles comme il l'entend. Il y a une semaine est né à Kinshasa un second petit-fils à mon frère Rigobert. Ironie de la vie. Sa fille lui donne les garçons que le père n'a jamais eus. Félicitations à Clavère pour la naissance de son fils. Paix et bonheur au nouveau-né. Can't wait to see pics.

26 mars 2016

Christ est ressuscité, Alleluia

La nuit de l'Exultet ou la vigile pascale est une cérémonie très importante dans la vie chrétienne. Christ, vainqueur de la mort, revient à la vie. Les chrétiens célèbrent ce mystère de foi à travers la terre entière. En ces temps où notre monde est marqué par la crainte terroriste, par les menaces de toutes sortes aussi bien au niveau politique, nucléaire qu'écologique, il convient de s'associer de façon spéciale à l'économie du salut. Que la mort semée par les agents du Mal ne triomphe pas de la vie, de l'espérance! Que la folie des hommes ne triomphe pas de la sagesse divine! Christ Sauveur, viens au secours de ce monde qui est troublé, désorienté et ne sait plus où donner de la tête. Montre ta puissance salvifique aux hommes pour qu'ils s'ouvrent à la misère spirituelle et matérielle de ceux et celles qu'ils disent étrangers, différents, autres; pour qu'un nouveau pacte de paix et d'amour se scelle entre les habitants de cette terre. Telle est ma prière en cette nuit pascale. Je pense à tous ces morts innocents que la méchanceté criminelle des nos frères et soeurs égarés a portés et portent chaque jour à la tombe à travers tous les continents. Qu'ils se joignent à la victoire du Christ ressuscité sur la mort! Christ is risen indeed, Alleluia!

25 mars 2016

Christ est mort

Ce vendredi saint, nous comémorons la mort de NS Jésus-Christ. L’occasion est propice pour penser à toutes les personnes innocentes qui meurent chaque jour à travers le monde du fait de la folie des hommes. Attentats, nettoyages ethniques ou raciaux, fusillages, bombardements, guerres, assassinats, condamnations injustes à mort, exécutions sommaires, incendies, violences meurtrières à l'arme ou la machette, ... Ces morts, c’est la femme violée et tuée par des ivrognes armés luttant pour une cause inhumaine, c’est l’enfant tiré du ventre de sa mère, c’est le passager d’un voyage aérien ou terrestre asphyxié ou éclaté par des explosifs; c’est l’handicapé ou la personne âgée qui peinent à sortir des décombres de la mort, abandonnés à leur propre sort. Etc. C’est l’opposant politique réduit en cendres par le déspote au pouvoir; c’est l’ennemi avéré auquel la vie est retirée par la volonté d’un guide providentiel. Pensées spéciales pour les victimes d’attentats, d’accidents, de maladies et de la haine violente des hommes. Pour les nôtres qui périssent dans l’anonymat, le dénuement, la misère, la faim, la soif… loin des soins appropriés, loin des secours décents, abandonnés pourris dans les décombres de la rue, ou jetés dans des fosses communes. Pour ces enfants abandonnés à la rapacité criminelle des guerres et à l’exploitation meurtrière des puissants de ce monde. Christ, soulage leur mort. Christ, porte-les avec toi au paradis! 

24 mars 2016

Adieu Johan Cruyff (1947-2016)

24 mars 2016. Peu de temps après avoir quitté ma maison pour un rendez-vous entre des collègues de français et Mr. Stefani, délégué régional de l'Alliance française, j'ai appris la triste nouvelle par la BBC. Aussitôt arrivé à mon bureau, j'ai lu sur Skype le message suivant de Séraphin: "Ton maître Johan Cruyff est mort. RIP." Seul de mes amis, Séra a perçu l'admiration que j'ai toujours vouée à Cruyff depuis le temps du petit séminaire. Une page se tourne. Lla toute première rencontre que j'aie jamais vue à la télévision, j'en ai déjà parlé, était la finale de 1974 entre la Hollande et la RFA. C'était sur écran géant à la Salle du Parti à Nsele. J'avais pu admirer ses prouesses, son élégance et sa solidité, bien que ce ne fût pas son meilleur match. Cet impressionnant joueur du foot réunissait tous les atouts d'un artiste de "football total". Je le revois, en ce moment, à la pointe alors que toute l'équipe hollandaise est repliée dans son camps. Je le revois au milieu du terrain comme à la défense distribuant de balles, rythmant le match à ses accélarations. Je le revois, agile et rapide, aux prises avec Bert Vogt, Gerd Müller Ou encore en face de Beckenbauer qui n'intervenait que pour arracher le ballon. Etc. Entraîneur de Barcelone, je le revois de passage aux instances de la Fifa ou de l'Uefa, donnant des leçons de football à des journalistes suisses médusés par le génie du prodige néerlandais. Que des souvenirs!
Mais Cruyff avait un défaut. Que dis-je? Beaucoup de défauts: le coup de gueule, l'arrogance de sa noblesse, la vision unique du football total. Il en avait un autre: la cigarette. Son entraîneur d'Ajax et de l'équipe nationale l'avait laissé fumer la cigarette au lieu de le lui interdire. Cette négligence a été fatale. Il est mort d'un cancer de poumon. Dieu seul peut juger. Sa contribution au football international est immense. On dirait qu'il a symbolisé la malédiction qui frappe la Hollande, à savoir qu'elle ne vaincra jamais la Coupe du Monde quels que soient leurs exploits. Le jour où Milan avait battu Barcelone 4-0 en finale de la Ligue des Champions, Cruyff entraîneur a dit: "Dès le début du match, j'ai vu que Barcelone serait battu. La tactique du Milan nous a pris de court." Et dire que Barcelone était réputée meilleure équipe du monde en ce moment-là. "Dans une équipe, il faut un patron... c'est la cléf de la réussite". Ce rôle, il l'a joué lui-même à Ajax, à Barcelone et dans l'équipe nationale des Pays-Bas. On lui a aussi attribués des propos racistes. Il n'était pas parfait, alors pas du tout.
Comment dire? Cruyff a beaucoup influencé ma vision du football. A cause de lui, je garde au fond de mon coeur une sympathie pour les Oranges. Pour moi, c'est une légende qui a marqué ma jeunesse. Longtemps, il fut mon idole; il m'arrive de revoir des vidéos de ses exploits sur Youtube. Si mes souvenirs sont bons, je crois que je l'ai découvert grâce au P. Ben Overgoor d'heureuse mémoire. Respect, honneur et gloire à Johan Cruyff, le meilleur 14 de tous les temps. Adieu maître!

Vive la démocratie

24 mars 2016. Vive la démocratie comgolaise. Sans surprise, l'indéboulonnable président Denis Sassou Nguessou a été réélu à la tête de la RC après avoir modifié la Constitution à sa propre mesure. Soit 60% des votes. Pouvait-il en être autrement? Eternelle gloire et sincères félicitations à l'heureux réélu!

21 mars 2016

Bemba jugé coupable par la CPI

21 mars 2106. Je viens de tomber sur le verdict de la CPI reconnaissant Jean-Pierre Bemba Gombo coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Il y a quelques semaines pourtant, des voix s'élevaient pour l'innocenter. Certains le voyaient déjà libre des géoles de La Haye, ou même candidat aux prochaines élections présidentielles. Je dois avouer que j'ai été particulièrement surpris par la décision de la CPI, pris de compassion pour un homme qui a déjà passé huit ans en prison. La durée de son incarcération n'est pas encore rendue publique. J'ai lu presque tout le document; et j'ai constaté avec répugnance toutes les atrocités - crimes, viols - qui sont attribuées à l'armée du MLC dont le général Bemba était le commandant en chef. Lex dura sed lex.
Voilà une vie, un destin qui s'envole vers l'inconnu! Voilà un homme qui va encore purger quelques années en prison après avoir été au sommet du pouvoir comme vice-président de la RDC! Voilà un homme déchu de ses grades et honneurs! Sans minimiser les souffrances des victimes de son armée, j'estime que Bemba paie le prix le plus dur pour ses responsabilités dans cette guerre d'arrière-garde éclatée en République Centrafricaine. L'impitoyable verdict est tombé: il est condamné à des peines qui peuvent durer longtemps. Avec cette condamnation, la descente aux enfers du Chairman touche le tréfond le plus bas. Sa carrière politique déjà amputée par huit années de réclusion risque de connaître une fin tragique. Comment pourrait-il se redresser ou revenir à la vie normale après l'expiation de ses peines? Un coup horrible pour sa famille et ses amis! D'autre part ce verdict constitue un motif de soulagement chez ses victimes, chez ses détracteurs et chez ses accusateurs. Ses rivaux se frottent les doigts avec un plaisir inouï. Lex dura sed lex.
Sur les réseaux sociaux les réactions des compatriotes congolais varient selon qu'ils sont partisans ou non de Bemba. Ses partisans, déçus, abattus et découragés, y dénoncent plutôt un procès politique téléguidé par les ombres des puissants. Ses opposants acclament et estiment que ce leader de l'Equateur mérite qu'il paie pour les crimes qu'il a commis. D'autres, neutres et indifférents au verdict n'éprouvent ni sympathie ni pitié pour cet arrogant héritier du mobutisme. Autant dire que son sort n'émeut pas forcément tout le monde. Pour ma part, sans être son partisan, j'éprouve un regret que ce monsieur n'ait plus la possibilité de servir son pays. Lex dura sed lex.
Lion cloué au sol, Bemba n'est pas pire que les nombreux chefs de bandes, rebelles, guerilleros qui ne sont ni inquiétés ni poursuivis par la CPI alors qu'ils commettent des massacres abominables, sèment le désarroi, la terreur et l'horreur. Si le jugement de Bemba est objectif, s'il a été rendu en âme et conscience, il me paraît important de réclamer haut et fort que tous les criminels et terroristes qui sillonnent le monde qui pillent et tuent partout, qui violent et incendient des villages entiers, soient mis hors d'état de nuire, arrêtés et jugés par la CPI. Que justice soit rendue ou appliquée à toute l'humanité sans distinction de race, de sexe, de religion ni de classe sociale.

19 mars 2016

Alphonse Mbuyamba Kankolongo in memoriam

19 mars 2016. Alors que je me préparais à sortir de chez moi, je suis tombé sur le texto ci-dessous: 
"J'ai le regret de t'annoncer la mort d'Alphonse Mbuyamba Kankolongo. Il sera inhumé demain dimanche" (F.M. Mayengo, Message 15:32).
Paix à son âme! Mbuyamba Kankolongo était professeur de littérature française et francophone à l'Université de Kinshasa. Critique littéraire remarquable, il a énormément contribué à faire connaître la littérature congolaise à travers ses essais, anthologies et autres publications journalistiques, notamment dans le journal Le Potentiel. Ses analyses, écrites d'une plume sublime, reflètaient l'érudition et la finesse intellectuelles de ce grand littéraire. Respect et Honneur! Je parie que ses collègues professeurs et ses étudiants de l'Unikin témoigneront de la grandeur de ce fascinant formateur de l'élite congolaise. La RDC universitaire perd avec la mort du critique Mbuyamba un de ses esprits les plus brillants. Il a entre autres contribué à exposer aux Congolais l'oeuvre poétique de mon collègue Nlandu Mamingi. 
J'ai eu le privilège de le connaître et de participer avec lui à une conférence Tchicaya U Tam'si à Brazzaville, en 2008. Avec Masegabio, Kadima Nzuji, Caya Makhele et lui, nous avons formé une bonne équipe d'échanges et de discussions. Au cours de ces conversations, j'ai pu constater comme tous ces littéraires étaient proches du poète FM Mayengo. Je peux témoigner avoir bénéficié de son savoir et de son expérience. Prof. Mbuyamba m'a invité à l'époque à faire partie de l'association des écrivains et hommes de lettres des deux rives du fleuve Congo. 
Que ton âme repose en paix, Prof. Mbuyamba! Que la terre de nos ancêtres te soit douce!



L'actualité démocratique

L'Afrique bouge, la RDC aussi. En RCA, il y a un nouveau président. En Ouganda, Museveni demeure le maître des céans après des décennies de pouvoir. Donc pas d'alternative! En Angola, Dos Santos a annoncé son retrait de la vie politique en 2018 alors que son mandat finit en 2017. Soit. Du moins, il ne se conçoit pas président à vie. Question de voir comment il organisera sa succession! Au Bénin, l'après Yaya Bony est signé, le processus électoral est en cours, le premier tour est passé; les deux candidats ont présenté un débat politique intéressant. Au Congo, on va à des élections taillées à la mesure de Sassou Ngouessou. Aucune surprise en vue en dépit de quelques bruits dissonants. En RDC, on en est aux élections des gouverneurs; on discute fichier électoral, dialogue inclusif et glissement. A couteaux tirés comme toujours entre une majorité qui tient à garder le pouvoir et une opposition qui brandit la Constitution pour écarter le président en décembre. Au milieu de ces confusions, jetons un coup d'oeil sur l'actualité de l' Outre-Atlantique.
Au Brésil se passe quelque chose d'inouï. L'intouchable ex-président Lula est ramené au banc des accusés tandis que la présidente en fonction Dilma est éclaboussée par un scandale de corruption à hauteur de plusieurs millions. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour qu'elle soit destituée de son poste. Acculée dans son coin, elle utilise ses pouvoirs présidentiels pour nommer son ancien parain politique Lula à un poste de ministre d'Etat; ce qui aurait pour conséquence de retarder les poursuites judiciaires de quelques années. Quitte à affûter la contre-attaque pour se soustraire définitivement à ce gênant procès qui à leurs yeux n'a comme but que de ternir leurs images. Des pro- et contra- sont descendus hier et aujourd'hui dans les rues de Brasilia ou Sao Paolo ou Rio de Janeiro pour clamer passionnément leurs positions. La crise est sans commune mesure avec les faits qu'on voit à la télévision, l'issue s'avère imprévisible.
Laissons le temps au temps plutôt que de tenter des projections improbables. C'est la seule solution prudente qu'il faudrait tirer de ces événements dont l'incertitude ne se dissipera que par ce qui adviendra en réalité. L'exercice de la démocratie est arrivée à un point très intéressant. Les pouvoirs ont désormais à en découdre avec la voix populaire. Des stratégies politiques et des dispositions sécuritaires sont déjà mises en place pour museler l'opposition et maîtriser les soulèvements populaires. Les populations sont différentes, les pays diffèrent aussi, certes, mais l'actualité démocratique demeure tendue, passionnée, indécise. Des coups de force, sous quelque forme que ce soit, sont inévitables. Seule reste à savoir l'ampleur de leur envergure.

"On ne peut vraiment aimer qu'un absent" (J. Roudaut)

Je viens de retrouver une phrase de Jean Roudaut dans le compte-rendu de son livre Empreintes. Ce penseur savait comme Diderot dans Jacques le Fataliste tirer des sentences uniques de ses lectures littéraires et artistiques. Historien de l'art, critique littéraire, ce professeur fascine par l'étendue de son savoir qui, parfois, vous pousse à croire que vous n'êtes qu'un figurant dans un monde où des esprits plus érudits occupent tout l'espace intellectuel et culturel. Que pouvez-vous dire de plus après que ce maître a tiré sa sentence? Le plus simple serait de rester humble, d'écouter cette sentence s'inculquer et s'infiltrer doucement en soi et d'en faire sa propre pensée. Pas beaucoup de choix? Erreur, car pour Roudaut, la pensée demeure dynamique, mouvante et active. La pensée comme l'imaginaire ne saurait se limiter. Il n'y a pas d'analyse qui soit éternelle. Elle reste liée à un temps, à un espace; dans ses mots, à une époque et en un lieu donnés. 
Le désordre apparent qui me désorientait dans les présentations de Roudaut pendant mes années de faculté, j'ai fini par le déficeler dans ce qu'il appelle l'art de la conversation. La critique littéraire se conçoit comme une subtile conversation à plusieurs strates entre le lecteur et l'auteur, un échange entre le lecteur et le lectorat de l'oeuvre. Lorsque j'ai compris cela, Roudaut m'est apparu simple et abordable dans la splendeur du savoir. Quel privilège pour moi que de trouver à travers mes lectures des non-dits du texte que d'autres n'y trouvent pas! Quelle satisfaction que de "recréer la genèse" de l'oeuvre en amorçant une conversation imaginaire et créatrice avec l'auteur! Tout cela, c'est Roudaut.
La hantise de la mort est très presente dans l'oeuvre de Roudaut comme elle existait dans son enseignement universitaire. Plus crûment exprimé, le titre de cette entrée revient à: "On ne peut vraiment aimer qu'un(e) mort(e)." Il avait intitulé son dernier cours tenu à Fribourg comme suit: "La littérature et la mort." Si j'ai un peu de temps, je relirai les notes prises à ce cours. Je me souviens qu'il s'était principalement inspiré de Maurice Blanchot, tout en recourant à des commentaires issus de ses lectures de Proust, Pinget, Butor ou Nathalie Sarraute. Un théoricien de la lecture au même titre que Barthes, Iser ou Jauss. L'idée essentielle est qu'une personne aimée devient précieuse lorsqu'elle est perdue, partie, décédée... bref absente. Et l'absence comme la mort est multiforme. Et là encore, la question tragique: Qu'est-ce que l'absence? Peut-on définir la mort sans l'avoir éprouvée ni expérimentée? Etc.
A travers son cours, Roudaut entendait laisser un message de vie à étendre et à répandre... après son départ. Une mission, pourquoi pas? Ses anciens élèves en témoignent, quand il m'arrive de les retrouver. Les empreintes de ses leçons demeurent essaimées par le biais de ses disciples, et elles sont nombreuses.

La fleur de cactus, une énigme

La fleur de cactus nous rappelle à Séraphin et à moi une dédicace de V.Y. Mudimbe, si ma mémoire est bonne, dans son recueil poétique Déchirures. Nous utilisons souvent cette expression pour tout et pour rien. Je ne sais plus comment l'image m'est revenue ce matin. Je sais par ailleurs que lorsque je prends un raccourci pour conduire les enfants à l'école, je passe par une parcelle entourée de cisal qui me rappelle Kalonda. Et souvent, j'associe cela, de fil en aiguille, à notre fameuse fleur de cactus.
Voilà une plante symbolique de la vie avec ses hauts et ses bas. "Nge ta kwenda na bilungi" comme pour annoncer les châtiments de l'enfer qui nous attendent au coin ou au sortir de la vie. Et ce matin, j'ai suivi un sketch de Pie Tshibanda qui raconte la rencontre de Bush, la Reine d'Angleterre et Mobutu dans l'autre-monde. La facture de la communication téléphonique est au tarif local entre l'enfer et le Congo, alors qu'elle revient à des millions de dollars avec les Etats-Unis et l'Angleterre. Tout cela pour rechercher l'âme de Ben Laden ou les meurtriers derrière l'accident de Diana. Comme quoi chacun a ses démons qui le hantent.
André en a bien un. Kania ausi. Et comme si cela ne suffisait pas, j'ai été surpris de voir sur Facebook une photo d'Evariste accompagné de son avocat et d'amis sortant d'un procès... du Tribunal de première instance de Namur. Allez-y voir. Sans parler de la vanité qui entoure les parvenus de ce monde où l'on oublie souvent vite d'où l'on vient.
Dites-moi qu'il n'y a pas de rapport dans ce micmac illogique. Il y en a bien un. Seul Séraphin peut l'interpréter. Une façon d'inscrire dans les pages de ce blog notre conversation d'hier, qui m'a amené à démêler l'énigme de la fleur de cactus. Bon weekend!


17 mars 2016

Ce blog n'est pas une boite à insultes

16 mars 2016. Ce matin, j'ai trouvé et supprimé un commentaire anonyme désobligeant dont je n'ai pas du tout envie de révéler le contenu. J'ai aussitôt découvert l'expéditeur en cliquant sur "Unknown", quelqu'un de connu. Je rappelle à tous les lecteurs et lectrices de ce blog que ce n'est pas une boite à insultes, ni de règlement de comptes. Le bon sens, la politesse élémentaire, la courtoisie et les bonnes manières sont de rigueur sur ce blog. J'assume pleinement ce que j'y écris, disposé à m'excuser pour quelques offenses inévitables. GF, surprise par mes déclarations négatives sur la politique, m'écrit pour demander des précisions. Que l'on ne soit pas d'accord ne saurait constituer une raison suffisante pour proférer des insultes dégradantes, fussent-elles justifiées par l'émotion ou quelque tempérament impulsif.

16 mars 2016

Les services funéraires de Gabriel

Bonjour à tous et à toutes

Voici les détails des services funéraires de Gabriel tel:
La 1ère visite au salon funéraire  Kelly Funeral Home jeudi 17 mars 2016, de 18 h 00 à 20 h 00
La 2ème visite vendredi 18 mars 2016, de 17 h 00 à 20 h 00
Adresse : 1255 Walkley Rd, Ottawa, ON K1V Téléphone :(613) 731-1255
 Le service liturgique samedi 19 mars 2016 à 13 h 00 dans l'église orthodoxe grecque au  1315 Prince of Wales Drive.
Au nom de l'ange Gabriel et toute sa famille je vous remercie

François Mbila Mwadi
751 Percifor Way, Ottawa, On K1W 0E6
Tél: 1 819 319 01 88

15 mars 2016

Adieu Gabriel (1er mars 2009 - 15 mars 2016)

15 mars 2016. Voici le triste message email envoyé à l'abbé Ignace Pesa et à moi d'Ottawa par François Mbila:

"Salut Mbuta Claver, Ya Pedjo,
C'est juste pour vous annoncer le décès de mon fils cadet Gabriel. Il nous a quittés à midi 05 dans la paix. Vous pouvez relayer le message à qui vous penser me connaître. 
Mon no de téléphone: 1 819 319 01 88 
Sala mboti" (fmwadi@hotmail.com)

J'ai aussitôt appelé François pour avoir plus de détails et le réconforter. Il m'a parlé longuement de la douloureuse maladie qu'a endurée l'enfant depuis deux ans et de tous les efforts qui ont été entrepris pour le soigner. Paix à son âme et que les anges reçoivent au paradis! J'ai aussi parlé à sa cousine, Maman Euphrasie Kaseka. Cordiales sympathies!
Comment dire? Les mots ne suffisent pas pour traduire la douleur que ma famille ressent en ce moment. Claver et Chrystelle, très émus, se souviennent encore de leurs rencontres en juillet 2010 avec Gabriel et ses frères Gédéon et Matondo avec lesquels ils avaient joué. Union de coeur et de prières!
Sentez-vous libres de contacter notre frère François Mbila soit par email soit au téléphone.

13 mars 2016

I feel like a disciple of Jésus

13 mars 2016.  Ce dimanche matin, Madeleine et Claver Jr sont allés à St Francis un peu plus tôt que d'habitude pour l'essayage des ornements de messe parce qu'à partir du dimanche des rameaux ils serviront à l'autel. Pendant la répétition la responsable a demandé à Claver comment il se sentait dans sa nouvelle tenue: " I feel like a disciple of Jesus, " qu'il a répondu. Le voilà répétant presque mot à mot ce que dit autrefois son père à son enseignant  de troisième primaire. A la différence qu'à l'époque la messe se disait encore en latin.  La réforme liturgique de Vatican II n'était pas encore en vigueur.

12 mars 2016

Farewell to Founding Editors of Poui

March 11, 2016, 6pm. Yesterday took place in the Humanities Quadriangle at Cave Hill Campus a special celebratio: Professors Jane Bryce, Hazel Simmons McDonald, Mark McWatt stepped down as editors of Pou.  They were the founding editors of the Caribbean Creative Writing Journal since 1999 and have published 16 issues of Poui. About 50 colleagues, writers, students and guests gathered to celebrate this milestone of the Department of Language, Linguistics and Literature. In my capacity as Head of Department, I had the pleasure and the honour to open the floor. Creative Writing has been taught in LLL Department since 1998 and Poui Journal is a straight emanation of this course. In the years many creative writing students were published alongside local, regional and international writers. Poui has made the reputation of our Department and Faculty far beyond the Caribbean. The new editorial team include Mr. Robert Leyshon and Dr. Nicola Hunte, all colleagues of the discipline of Literatures in English. 
Reception and launch of Poui  No 16 were done together. We first met in the Quadriangle for about 15 - 20 minutes to enjoy some refreshments and snacks before entering the Art Lecture Theatre where speech and reading of excerpts of Puoi were held. The wine was good, according to Barbadian realities. Writers, colleagues and students read interesting poems, short stories. Dr Fan Ruoen read six short poems in Chinese. Every founding member also read excerpts from his creative texts. Poet McWatt read for example his "Outhouse", a toilet house in a banana plantation. I can state that there is a real aesthetic school at Cave Hill. The whole ceremony of torch exchange was informal, very friendly, without protocol. All colleagues and guests were happy to be part of the event. Congratulations colleagues and long life to Puoi! All the best to the Founding Editors of Poui

10 mars 2016

Le Brexit vu par un profane

Depuis plus d'une année, on parle de la possibilité pour la GB de quitter les institutions de l'Union Européenne. Un débat anglo-anglais en est à la base. D'aucuns estiment que le Royaume Uni n'a pas besoin de l'UE dans lequelle il engloutit des milliards des livres sans rien en tirer en retour. Le PM Cameron en avait fait un des points essentiels de sa campagne. Je cite de mémoire: "Si je suis réélu, j'organiserai un referendum pour laisser les Anglais décider de leur statut dans l'UE. Within or Out." Un message électoral auquel il a tenu, bien qu'il plaide pour le maintien. Leurs partenaires européens, tout en respectant l'autonomie britannique, plaident en faveur du maintien. Mais le dernier mot revient aux Anglais seuls.
Une crise de l'Union Européenne. Au-delà de ce qu'on pourrait appeler une "arrogance" et une position spéciale qu'occupe de fait le RU au sein de l'UE, le Brexit constitue un moyen efficace pour faire pression sur les institutions européennes jugées par beaucoup trop bureaucratiques, lourdes et ineffectives. En fait, les Britanniques appellent à une réforme profonde de l'UE, à un changement radical. En cela, ils gagnent des concessions, et pèsent de leur poids dans une institution européenne parfaitement tenue par l'Allemagne et la France. Qu'on se le dise, la RFA et la France forment le noyau historique et économique de l'UE, plaçant ainsi le RU dans une position marginale. Or l'impact de l'économie britannique est incontournable sur l'échiquier européen quoiqu'elle ne dispose pas du pouvoir effectif qu'y tiennent ses deux partenaires les plus importants. En plus, la situation particulière du RU doit être évoquée: il est l'allié politique numéro un des Etats-Unis. Il n'y a qu'à penser à la guerre des Malouines ou à l'invasion de l'Irak pour s'en convaincre.
Un virage à droite. Au niveau intérieur, des pressions viennent de la droite soucieuse de porter la voix du RU aussi loin que possible. Il ne faudrait pas oublier le réflexe impérialiste. Les Anglais qui ont possédé un Empire colossal et mènent encore le Commonwealth ne sauraient marcher sur les pas de leurs rivaux séculaires. L'inconscient collectif fonctionne à plein. Nécessité s'impose de négocier avec l'institution continentale en se plaçant en position de force. En réalité, le RU y a tout à perdre car en se désolidarisant de ses partenaires, il se marginaliserait politiquement et économiquement. D'autre part, les vingt-sept autres pays de l'UE constituent un marché important avec lequel le RU a intérêt à garder des liens forts. L'interdépendance économique est une réalité, pas un mythe. Beaucoup d'avantages jadis garantis et protégés par cette alliance sauteraient. Comment opéreraient les sociétés aériennes anglaises au sein de l'espace européen? Comment se réglerait la circulation des biens et des personnes? Les choses deviendraient plus compliquées, mais les défenseurs du Brexit estiment qu'ils sauront trouver des arrangements ponctuels face à ces éventuelles difficultés.
Cette situation me rappelle l'éternel problème de la neutralité suisse. Les Suisses ne sont pas membres de l'ONU mais abritent des institutions onusiennes sur leur territoire. Ils ne sont pas membres de l'UE mais disposent des clauses spéciales de coopération avec l'Europe. Fins négociateurs, spécialistes des "bons offices," ils savent parfaitement jauger où se situent leurs avantages. Le problème de leur adhésion ou non à l'UE s'articule constamment entre ces deux poles. La spécificité insulaire du RU pourrait inspirer un Brexit réglé par des négociations ponctuelles avec l'UE, qui réussissent si bien aux Suisses. Et ceux-ci, malgré les ouragans de l'histoire, maintiennent un GDP très élevé.
Quoi qu'il arrive, le dernier mot revient au souverain peuple britannique. L'issue du referendum montrera leur vraie position.

9 mars 2016

"Pro fide, spe et caritate"

Dans ma vie antérieure, j'avais pris comme devise personnelle de travailler pour la foi, l'espérance et la charité. La tradition ecclésiastique les désigne sous le terme de "vertus théologales", des "trois vertus théologales" plus précisément. Il n'empêche que je me comporte encore en homme de foi, d'espérance et de charité, dépassant de ce fait le cadre restreint de ma vie antérieure..
Mes charges actuelles bénéficient beaucoup de cette longue expérience. J'aborde des situations comme du bon vieux temps. J'amène à se réconcilier des personnes qui, pendant longtemps, ne s'adressaient plus la parole. Il m'est arrivé aussi d'échouer dans cette mission délicate de remettre ensemble des personnes en situation de désaccord ou de conflit. Et là où je réussis, je m'investis sans réserve, convaincu que le bien à rendre est plus important que les méfaits destructeurs de la haine. 
La vie académique comporte d'énormes sources de frustration. Ce matin, j'ai eu à consoler une collègue dépassée et inquiète au sujet de son avenir parce que les réalités qu'elle rencontre dans la vie ne correspondent pas à son plan. Elle ne se sent pas à l'aise par rapport à son travail. Ce même matin, j'ai eu à consoler un collègue dans une situation similaire, mais qui tient à ne pas montrer une mauvaise impression de lui-même auprès des autorités académiques. Dans tous ces cas, je me mets à la place de mes interlocuteurs et imagine comment j'aurais réagi à ces situations s'il m'arrivait de les affronter. Une chose est certaine: "ma vie n'est pas négociable." Nul ne peut opérer un choix pour moi. Nul ne peut m'imposer quoi que ce soit en ce qui concerne ma vie que je n'accepte de bon gré. J'obéis aux règles de mon métier dans le cadre restreint de ma liberté. Cela signifie que j'adhère aux options qui me sont offertes par mon métier pourvu qu'elles m'aident à m'épanouir. Le jour où j'aurai des doutes, je démissionnerai. Je l'ai déjà fait, je le referais si c'était à refaire, sur la base du même principe. 
La foi, l'espérance et la charité font partie de ma vie: elles guident toutes les étapes de mon action tant que faire se peut. Je ne suis pas un saint, loin de là; je reste fidèle à mes convictions religieuses; j'agis en fonction du bien que je m'impose ou qui s'impose à moi. Résolu dans mes actions, je me convaincs qu'une action bien posée est indiscutablement solide. Je me suis vu reproché une omission par ma hiérarchie qui se retrouve accculée à s'excuser car, j'avais pris toutes les mesures de prudence nécessaires pour assurer le fondement de mon initiative. Sachant l'attitude douteuse des gens devant l'argent, j'ai pris des dispositions pour que mon initiative soit transparente et irréprochable. Je n'y ai rien gagné personnellement, mais l'institution et les autres y ont trouvé leur compte. Je suis convaincu d'avoir réalisé une bonne action.

8 mars 2016

Journée internationale de la femme

Honneur et respect à toutes les femmes du monde en ce jour qui leur est spécialement consacré. Puissent-elles recevoir la reconnaissance qu'elles méritent en tant que femme, mère, grand-mère, tante, fille, nièce, amie, collègue ou partenaire dans notre environnement social immédiat et lointain. Puissent-elles être épargnées des atrocités de toutes sortes - viols, agressions physiques et morales, tueries, brutalités, injustices, inégalités, discrimininations - dont elles sont constamment victimes à travers le monde. Puissent-elles enfin être remises à la place qui leur revient dans la société et apporter leur unique et incontournable contribution au développement de l'humanité entière. Leur être-femme et leur condition féminine constituent des atouts qu'aucun homme, si puissant soit-il, ne saurait assumer valablement. Dans l'histoire des hommes, rien d'important ne s'est fait sans la femme, entend-on souvent dire. Pouvait-il en être autrement? 

6 mars 2016

"Mu kataku"

6 mars 2014. En regardant ce soir le film de clôture de l'Africa World Documentary "La fiesta del fuego," j'ai revécu une tradition de purification qui existe chez nous. Je suis remonté à mes grandes vacances de 1969 chez mes grands-parents. A l'occasion de la circoncision de mes congénères de l'époque, je fus amené à assister à des rites uniques que je n'ai plus jamais revus. Ce film m'a ramené à ce vieux passé.
L'expression "mu kataku" désigne une position où seul un pied tient le sol alors que l'autre est relevé jusqu'au niveau du genou. En ce moment, on vous crache des solutions de feuilles machées sur le visage, sur le tron ou la poitrine, afin de vous purifier et de vous protéger contre les sortilèges susceptibles de nuire. Les "tsiapula" et leurs acolytes pontifient en proclamant des incantantations de purification. Voilà une tradition perdue chez nous que l'on retrouve au Festival de Santiago de Cuba.
Un festival syncrétique comme celui-là marque une transgression de rites en même temps qu'on en préserve la pérennité. Des éléments venus des Indes comme d'Afrique se mêlent aux us locaux pour donner lieu à ces impressionnantes célébrations. La limite entre le jeu et le sérieux semble étanche du moment où les deux instances se confondent, en rassemblant des dizaines des milliers de personnes.
Autant Oto Benga m'a dégoûté, autant celui-ci m'a ramené vers mon enfance. Et je l'ai dit lors de la discussion qui a suivi la projection de ce film cubain. A la suite de mon intervention, l'artiste cubain Leandro Soto le présentateur a évoqué les rites Mayombe qui existent encore dans cette partie de Cuba. Bref, c'est ainsi que j'ai vécu le festival. Merci et bravo à Niyi Coker Jr et à Jane Bryce!

In memoriam: Mgr Joseph Kumuondala

Je viens d'apprendre avec une douleur profonde la disparition, ce 6 mars 2016 à Kinshasa, de Mgr Joseph Kumuondala, archevêque de Mbandaka-Bikoro. RIP. Peu avant sa nomination épiscopale, cet ancien recteur de grand séminaire venait jouer au foot avec nous au Collège Urbain. Condoléances émues à l'archidiocèse de Mbandaka et à l'église de la RDC. 

5 mars 2016

Le mariage avec un Blanc comme exutoire social

Les Cameruineuses ont envahi les Etats-Unis, tel est le titre de l'émission produite par l'émission Temps Présent de la  Télévision Suisse Romande. J'en ai pris connaissance, informé par une amie qui a été en quelque sorte scandalisée par les propos tenus dans cette émission. Je l'ai réconfortée en lui racontant quelques aventures camerounaises dont j'ai été témoin pendant mes douze années de séjour en Suisse. Mon ministère pastoral auprès des étrangers en Suisse m'a donné accès à des confidences que je n'ai pas le droit de révéler.
Il m'a été ainsi donné l'occasion d'accompagner une Camerounaise voir pour la première fois le corps de son vieux mari décédé à la morgue de Chatel-Saint-Denis. Un moment d'émotion qui vous donne des picotements au coeur. La raison pour laquelle elle où pleurait le plus, ce n'était pas tant la disparition de son époux que le fait de n'avoir accompli les cinq années obligatoires de mariage pour obtenir la nationalité suisse. Elle ne s'en cachait pas, et elle a tout de suite pris la décision de s'engager dans une relation qui a abouti à un mariage cette fois avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle. Ils forment un couple heureux qui tient contre vents et marées. Lorsque j'en ai la possibilité, je n'hésite pas de les rencontrer lors de mes passages en Suisse. 
Les Cameruineuses appartiennent à ce que j'aime appeler la Dot.Com Generation, du Cybercafé avec toute sa panoplie de réseaux sociaux. A tout considérer avec distance, on en arrive à degager deux éléments fondamentaux: le mythe du blanc et l'argent. Ce sont les deux solutions pour "bien vivre" selon tous les interviewés, enfants et grands, l'Eldorado européen et suisse étant le lieu par excellence du rêve. Partir à tout prix pour l'Occident afin de s'en sortir de la pauvreté et du besoin. Et le mariage avec un blanc constitue un moyen idéal:
"Je vais chercher un blanc parce qu'avec les noirs, c'est la merde. Bien sûr avec les noirs, c'est la merde... Il y a une très grande différence. Avec le blanc tu n'as pas de maux de tête," déclare sans ambage une jeune femme. Mépris de sa race. Aliénation mentale. Refus de sa condition d'origine. D'où le départ quoi qu'il en coûte vers l'Eldorado, le pays du blanc!
"On cherche une vieille femme blanche, on l'épouse. On a ses papiers. On a le visa facile... On mange son argent..." dit un jeune homme.

Dans tout cela, il n'est nulle part parlé d'amour dans ces relations interraciales. La jeune femme se fiche de ses frères noirs tandis que le jeune homme vise les papiers pour l'étranger. Tous les deux cherchent avant tout l'argent. Une aliénation immorale vers le matériel, une course effreinée vers l'argent, un ardent désir de jouir de la vie, voilà ce qui caractérise ce dédain vis-à-vis de tout ce qui est local. L'élan vers d'autres cieux obéit à cette attitude d'insatisfaction viscérale, à cette logique qui consiste à ruiner son partenaire matrimonial. Le blanc ou la blanche constituent dans ce contexte la proie idéale.




Oto Benga, un documentaire horrible

3 Mars 2016. Avant-hier soir a débuté l'Africa World Documentary Festival sur le campus de Cave Hill. Ce festival se tient jusqu'à 6 mars au Barbados Museum et à la Cinématèque d'EBCCI. J'ai donc vu le premier documentaire titré Oto Benga (2015) réalisé par Niyi Coker Jr, un collègue d'origine nigériane, qui est aussi l'organisateur principal de ce festival. Depuis plus de cinq ans, ce festival se tient à notre université en collaboration avec Jane Bryce du département de langue, linguistique et littérature. J'en profite pour rendre hommage à Jane Bryce, professeure de littérature et cinéma africains, qui va à la retraite. Oto Benga est un film poignant et intrigant.
Oto Benga était un pygmée qui a été pris du milieu de l'ethnie Batwa au Congo, emmené par Verner Philip aux Etats-Unis, à Saint Louis, Missouri, et montré dans un zoo avec des animaux. Des centaines et des centaines de milliers de personnes allèrent le voir comme la preuve vivante de la théorie évolutionniste de Darwin. L'attraction était tellement immense que les églises se vidaient le dimanche, les fidèles préférant visiter le fameux Oto Benga au jardin zoologique. Un homme noir était exposé à la curiosité du monde entier comme étant l'espèce la plus proche du chimpanzée. Ce film est extrêmement controversé. Beaucoup de chercheurs - anthropologues, historiens, philosophes, journalistes - expriment leur point de vue dans le documentaire. Oto Benga est mort en mars 1916, à l'âge de 32 ans sans que son désir de revoir son pays d'origine soit accompli. Officiellement, il a commis un suicide, mais le récit de sa mort semble cacher quelques mystères non révélés.
Niyi Coker Jr a commenté sur les dures conditions de son travail: il a passé deux semaines dans la Forêt Vierge au milieu des Batwa afin de reconstituer l'histoire et il a perdu 15 livres. Il a voyagé pour Luebo, RDC, pour visiter et interviewer Mr. Dibenga. Dans le but de promouvoir son film, il a déclaré qu'il participe à des festivals de films à travers les Etats-Unis et que la Librairie du Congrès Américain lui a demandé de temporiser sur sa diffusion à cause des tensions raciales qui existent actuellement aux Etats-Unis. Beaucoup de choses peuvent être dites sur ce documentaire du moment qu'il montre tous les stéréotypes qui séparent Blancs et Noirs ou affirment la suprématie blanche sur les Noirs. Il souligne également le problème de la supériorité caucasienne sur les autres races non occidentales, etc. Quoique personnellement je ne me sois pas senti à l'aise avec ce film, je ne regrette pas de l'avoir vu. Je ne crois toutefois pas que je sois encore disposé à le revoir. Un documentaire horrible!

4 mars 2016

Où est passé l'abbé Oscar Makolo?

Comme je vis au passé, je viens de me rappeler, surpris par ma mémoire, que le jubilé sacerdotal d'or de l'abbé Oscar Makolo est passé sans tambours ni trompettes. Séraphin Kiosi l'a vu au deuil du Papa d'Antoine Mindua. A ce qu'on dit, sa dernière apparition publique remonte au décès de l'abbé Denys Luhangu en juillet 2009. Depuis, plus de nouvelles, du moins par les canaux officiels.
Il était mon formateur au petit séminaire de Kalonda. Comme tous mes aînés, il a énormément contribué à ma formation personnelle, notamment en français-langue. Je l'ai revu pour la dernière fois en 2008 à la Première Rue. Il ne m'appartient pas de le juger, mais de souligner simplement que son jubilé sacerdotal aurait été un moment important dans l'histoire du diocèse étant donné qu'il a été, en 1957, le tout premier séminariste admis à Mayidi pour le compte de la Préfecture Apostolique de Kenge. Son jubilé aurait bien coïncidé avec celui du diocèse. C'est vraiment dommage qu'un tel événement n'ait pas été célébré en bonne et due forme. La contribution de l'abbé Makolo au diocèse de Kenge et à la coordination nationale ne sera jamais effacée de nos mémoires. Où qu'Amos se trouve en ce moment, quoi qu'il fasse, je lui envoie mes salutations, je lui souhaite paix et joie, grâces et bénédictions divines.
Avant de publier cet article, je viens de parcourir l'annuaire ecclésiastique de la RDC afin d'obtenir la date de son ordination, mais son nom n'y figure pas. Est-ce une omission délibérée? Est-ce une erreur humaine? Je n'ose pas croire qu'il soit parti définitivement du diocèse au point que son nom soit supprimé de la liste. Autant de questions que je me pose! Quoi qu'il en soit, encore une fois, il ne revient pas de le juger. Il demeure pour moi ce qu'il a toujours été, et il mérite ma gratitude. .

Oto Benga, what a powerful and intriguing movie!

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March 3. Yesterday night was the start of the Africa World Documentary Festival at the Cave Hill, which will finish on March 6. I watched the first documentary titled Oto Benga (2015) by Niyi Coker Jr at the Cinematheque. What a powerful and intriguing movie!
Oto Benga was a Pygmy who was taken from the Batwa ethny in the Congo, brought by Verner Philip to St Louis, Missouri, US and shown in a Zoo along with animals. Hundreds and hundreds thousand people came to see him as the living example of Darwinian Evolutionism Theory. The attraction was so immense that churches were empty on Sunday, people prefered to visit the famous Oto Benga at the Zoo. A black man was shown to the world as the closest specie to chimpanzees. An extremely controversial film. Many scholars - anthropologists and historians - express their views on the subject. Oto Benga died in 1916 at the age of 32. Officially he committed suicide. But the story of his passing seems to hide some "untold" mysteries.
Niyi Coker Jr commented on the hard conditions of his work: he spent two weeks in the Equatorial Forest among the Batwa and lost 15 pounds. He flew to Luebo, DRC, to visit and interview Mr. Dibenga. To promote his film, he stated that he participates in film festivals across the US and that the Library of Congress holds on showing the movie because of the present racial turmoil in the US. A lot can be said on this movie since it shows all the stereotypes that separate Blacks and Whites or affirm the White supremacy. It raises the issue of the Caucasian superiority over other Non Western races, etc. Although I personally did not feel comfortable with it, I do not regret having seen it.