Depuis plus d'une année, on parle de la possibilité pour la GB de quitter les institutions de l'Union Européenne. Un débat anglo-anglais en est à la base. D'aucuns estiment que le Royaume Uni n'a pas besoin de l'UE dans lequelle il engloutit des milliards des livres sans rien en tirer en retour. Le PM Cameron en avait fait un des points essentiels de sa campagne. Je cite de mémoire: "Si je suis réélu, j'organiserai un referendum pour laisser les Anglais décider de leur statut dans l'UE. Within or Out." Un message électoral auquel il a tenu, bien qu'il plaide pour le maintien. Leurs partenaires européens, tout en respectant l'autonomie britannique, plaident en faveur du maintien. Mais le dernier mot revient aux Anglais seuls.
Une crise de l'Union Européenne. Au-delà de ce qu'on pourrait appeler une "arrogance" et une position spéciale qu'occupe de fait le RU au sein de l'UE, le Brexit constitue un moyen efficace pour faire pression sur les institutions européennes jugées par beaucoup trop bureaucratiques, lourdes et ineffectives. En fait, les Britanniques appellent à une réforme profonde de l'UE, à un changement radical. En cela, ils gagnent des concessions, et pèsent de leur poids dans une institution européenne parfaitement tenue par l'Allemagne et la France. Qu'on se le dise, la RFA et la France forment le noyau historique et économique de l'UE, plaçant ainsi le RU dans une position marginale. Or l'impact de l'économie britannique est incontournable sur l'échiquier européen quoiqu'elle ne dispose pas du pouvoir effectif qu'y tiennent ses deux partenaires les plus importants. En plus, la situation particulière du RU doit être évoquée: il est l'allié politique numéro un des Etats-Unis. Il n'y a qu'à penser à la guerre des Malouines ou à l'invasion de l'Irak pour s'en convaincre.
Un virage à droite. Au niveau intérieur, des pressions viennent de la droite soucieuse de porter la voix du RU aussi loin que possible. Il ne faudrait pas oublier le réflexe impérialiste. Les Anglais qui ont possédé un Empire colossal et mènent encore le Commonwealth ne sauraient marcher sur les pas de leurs rivaux séculaires. L'inconscient collectif fonctionne à plein. Nécessité s'impose de négocier avec l'institution continentale en se plaçant en position de force. En réalité, le RU y a tout à perdre car en se désolidarisant de ses partenaires, il se marginaliserait politiquement et économiquement. D'autre part, les vingt-sept autres pays de l'UE constituent un marché important avec lequel le RU a intérêt à garder des liens forts. L'interdépendance économique est une réalité, pas un mythe. Beaucoup d'avantages jadis garantis et protégés par cette alliance sauteraient. Comment opéreraient les sociétés aériennes anglaises au sein de l'espace européen? Comment se réglerait la circulation des biens et des personnes? Les choses deviendraient plus compliquées, mais les défenseurs du Brexit estiment qu'ils sauront trouver des arrangements ponctuels face à ces éventuelles difficultés.
Cette situation me rappelle l'éternel problème de la neutralité suisse. Les Suisses ne sont pas membres de l'ONU mais abritent des institutions onusiennes sur leur territoire. Ils ne sont pas membres de l'UE mais disposent des clauses spéciales de coopération avec l'Europe. Fins négociateurs, spécialistes des "bons offices," ils savent parfaitement jauger où se situent leurs avantages. Le problème de leur adhésion ou non à l'UE s'articule constamment entre ces deux poles. La spécificité insulaire du RU pourrait inspirer un Brexit réglé par des négociations ponctuelles avec l'UE, qui réussissent si bien aux Suisses. Et ceux-ci, malgré les ouragans de l'histoire, maintiennent un GDP très élevé.
Quoi qu'il arrive, le dernier mot revient au souverain peuple britannique. L'issue du referendum montrera leur vraie position.
Quoi qu'il arrive, le dernier mot revient au souverain peuple britannique. L'issue du referendum montrera leur vraie position.
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