Je viens de retrouver une phrase de Jean Roudaut dans le compte-rendu de son livre Empreintes. Ce penseur savait comme Diderot dans Jacques le Fataliste tirer des sentences uniques de ses lectures littéraires et artistiques. Historien de l'art, critique littéraire, ce professeur fascine par l'étendue de son savoir qui, parfois, vous pousse à croire que vous n'êtes qu'un figurant dans un monde où des esprits plus érudits occupent tout l'espace intellectuel et culturel. Que pouvez-vous dire de plus après que ce maître a tiré sa sentence? Le plus simple serait de rester humble, d'écouter cette sentence s'inculquer et s'infiltrer doucement en soi et d'en faire sa propre pensée. Pas beaucoup de choix? Erreur, car pour Roudaut, la pensée demeure dynamique, mouvante et active. La pensée comme l'imaginaire ne saurait se limiter. Il n'y a pas d'analyse qui soit éternelle. Elle reste liée à un temps, à un espace; dans ses mots, à une époque et en un lieu donnés.
Le désordre apparent qui me désorientait dans les présentations de Roudaut pendant mes années de faculté, j'ai fini par le déficeler dans ce qu'il appelle l'art de la conversation. La critique littéraire se conçoit comme une subtile conversation à plusieurs strates entre le lecteur et l'auteur, un échange entre le lecteur et le lectorat de l'oeuvre. Lorsque j'ai compris cela, Roudaut m'est apparu simple et abordable dans la splendeur du savoir. Quel privilège pour moi que de trouver à travers mes lectures des non-dits du texte que d'autres n'y trouvent pas! Quelle satisfaction que de "recréer la genèse" de l'oeuvre en amorçant une conversation imaginaire et créatrice avec l'auteur! Tout cela, c'est Roudaut.
La hantise de la mort est très presente dans l'oeuvre de Roudaut comme elle existait dans son enseignement universitaire. Plus crûment exprimé, le titre de cette entrée revient à: "On ne peut vraiment aimer qu'un(e) mort(e)." Il avait intitulé son dernier cours tenu à Fribourg comme suit: "La littérature et la mort." Si j'ai un peu de temps, je relirai les notes prises à ce cours. Je me souviens qu'il s'était principalement inspiré de Maurice Blanchot, tout en recourant à des commentaires issus de ses lectures de Proust, Pinget, Butor ou Nathalie Sarraute. Un théoricien de la lecture au même titre que Barthes, Iser ou Jauss. L'idée essentielle est qu'une personne aimée devient précieuse lorsqu'elle est perdue, partie, décédée... bref absente. Et l'absence comme la mort est multiforme. Et là encore, la question tragique: Qu'est-ce que l'absence? Peut-on définir la mort sans l'avoir éprouvée ni expérimentée? Etc.
A travers son cours, Roudaut entendait laisser un message de vie à étendre et à répandre... après son départ. Une mission, pourquoi pas? Ses anciens élèves en témoignent, quand il m'arrive de les retrouver. Les empreintes de ses leçons demeurent essaimées par le biais de ses disciples, et elles sont nombreuses.
La hantise de la mort est très presente dans l'oeuvre de Roudaut comme elle existait dans son enseignement universitaire. Plus crûment exprimé, le titre de cette entrée revient à: "On ne peut vraiment aimer qu'un(e) mort(e)." Il avait intitulé son dernier cours tenu à Fribourg comme suit: "La littérature et la mort." Si j'ai un peu de temps, je relirai les notes prises à ce cours. Je me souviens qu'il s'était principalement inspiré de Maurice Blanchot, tout en recourant à des commentaires issus de ses lectures de Proust, Pinget, Butor ou Nathalie Sarraute. Un théoricien de la lecture au même titre que Barthes, Iser ou Jauss. L'idée essentielle est qu'une personne aimée devient précieuse lorsqu'elle est perdue, partie, décédée... bref absente. Et l'absence comme la mort est multiforme. Et là encore, la question tragique: Qu'est-ce que l'absence? Peut-on définir la mort sans l'avoir éprouvée ni expérimentée? Etc.
A travers son cours, Roudaut entendait laisser un message de vie à étendre et à répandre... après son départ. Une mission, pourquoi pas? Ses anciens élèves en témoignent, quand il m'arrive de les retrouver. Les empreintes de ses leçons demeurent essaimées par le biais de ses disciples, et elles sont nombreuses.
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