Les Cameruineuses ont envahi les Etats-Unis, tel est le titre de l'émission produite par l'émission Temps Présent de la Télévision Suisse Romande. J'en ai pris connaissance, informé par une amie qui a été en quelque sorte scandalisée par les propos tenus dans cette émission. Je l'ai réconfortée en lui racontant quelques aventures camerounaises dont j'ai été témoin pendant mes douze années de séjour en Suisse. Mon ministère pastoral auprès des étrangers en Suisse m'a donné accès à des confidences que je n'ai pas le droit de révéler.
Il m'a été ainsi donné l'occasion d'accompagner une Camerounaise voir pour la première fois le corps de son vieux mari décédé à la morgue de Chatel-Saint-Denis. Un moment d'émotion qui vous donne des picotements au coeur. La raison pour laquelle elle où pleurait le plus, ce n'était pas tant la disparition de son époux que le fait de n'avoir accompli les cinq années obligatoires de mariage pour obtenir la nationalité suisse. Elle ne s'en cachait pas, et elle a tout de suite pris la décision de s'engager dans une relation qui a abouti à un mariage cette fois avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle. Ils forment un couple heureux qui tient contre vents et marées. Lorsque j'en ai la possibilité, je n'hésite pas de les rencontrer lors de mes passages en Suisse.
Les Cameruineuses appartiennent à ce que j'aime appeler la Dot.Com Generation, du Cybercafé avec toute sa panoplie de réseaux sociaux. A tout considérer avec distance, on en arrive à degager deux éléments fondamentaux: le mythe du blanc et l'argent. Ce sont les deux solutions pour "bien vivre" selon tous les interviewés, enfants et grands, l'Eldorado européen et suisse étant le lieu par excellence du rêve. Partir à tout prix pour l'Occident afin de s'en sortir de la pauvreté et du besoin. Et le mariage avec un blanc constitue un moyen idéal:
"Je vais chercher un blanc parce qu'avec les noirs, c'est la merde. Bien sûr avec les noirs, c'est la merde... Il y a une très grande différence. Avec le blanc tu n'as pas de maux de tête," déclare sans ambage une jeune femme. Mépris de sa race. Aliénation mentale. Refus de sa condition d'origine. D'où le départ quoi qu'il en coûte vers l'Eldorado, le pays du blanc!
"On cherche une vieille femme blanche, on l'épouse. On a ses papiers. On a le visa facile... On mange son argent..." dit un jeune homme.
Dans tout cela, il n'est nulle part parlé d'amour dans ces relations interraciales. La jeune femme se fiche de ses frères noirs tandis que le jeune homme vise les papiers pour l'étranger. Tous les deux cherchent avant tout l'argent. Une aliénation immorale vers le matériel, une course effreinée vers l'argent, un ardent désir de jouir de la vie, voilà ce qui caractérise ce dédain vis-à-vis de tout ce qui est local. L'élan vers d'autres cieux obéit à cette attitude d'insatisfaction viscérale, à cette logique qui consiste à ruiner son partenaire matrimonial. Le blanc ou la blanche constituent dans ce contexte la proie idéale.
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