22 avr. 2015

A propos de maboko-banque

"Monsieur le professeur, on voit vraiment que tu es un littéraire. Qu'est-ce que cela change qu'on dise le maboko-bank ou la maboko-banque? Pour ton information, la plupart de gens appellent cela maboko-banki. Comme tu vis loin de nos misères, tu te contentes de t'en moquer en utilisant l'expression "initiative sauve qui peut." Pour ton information encore une fois, sache que cette expression concerne une immense frange de la population de ce pays, sommée de travailler sans être payée. Une misère sans nom! Je suis moi aussi scandalisé par la légereté avec laquelle tu traites un sujet aussi sérieux.
Maboko-banki, monsieur le professeur, c'est la consécration de la décrépitude sociale. C'est le flou dans la gestion de la crise financière qui sévit chez nous depuis des années. Il y a un tas de questions à se poser; mais je me réserve de le faire par courtoisie. Au lieu de payer les gens, on prend tout l'argent pour soi et les inconditionnels, on se contente de les apaiser en promettant des jours meilleurs. A se demander s'il ne s'agit pas d'un détournement de fonds publics sous couvert d'un acte de générosité. A se demander si l'on ne se moque pas du petit peuple en sous-estimant la valeur de son travail. A se demander, enfin, s'il existe une réelle volonté de voir toute la population jouir du fruit de son travail et valoriser ses ressources humaines. Flagrante injustice!
Maboko-banki; tu l'as bien souligné, appartient à la catégorie d'exutoires sociaux. Sommé de rire de sa misère pour s'en guérir, le peuple s'invente des expressions humoristiques pour braver l'ardeur de sa souffrance. Ces genres d'expressions se consomment avec une complaisance d'averti et connotent une profonde fracture sociale: les exploités en les lançant montrent du doigt les nantis, patrons ou propriétaires de biens de production. En fin de compte, c'est le symbole d'un malaise social et d'une évidente discrimination financière. J'aurais donc voulu que tu ajoutes un peu plus de passion à ton commentaire sur le maboko-banque."
(GF, email du 21 avril 2015)


Ma réponse:

"Merci GF, j'apprécie ta remarque mais j'apprécierais mieux que tu respectes ma sensibilité personnelle. L'idéal est que notre continent devienne une terre des gens heureux, vivant en paix; jouissant de droits égaux et bénéfiant d'emplois équitablement rémunérés. Solidarité et partage, jadis des maîtres-mots, doivent se vivre au quotidien." C

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