Tu en as des intuitions. J'aime bien ta façon de raisonner, et comme sur la plupart des questions, tu as raison. La démocratie, qui la définit? Je me suis souvent poser la question, mais en d'autres termes. En termes de forces et de pouvoirs. C'est la loi du plus fort. Le plus fort, dans les pays organisés et développés politiquement, c'est la Constitution. Et dans les pays en voie de développement ou sous-développés politiquement, c'est le dictateur que les militaires ont placé à leur tête comme leur guide suprême.
La Constitution est reconnue comme la seule instance de référence pour un pouvoir républicain ou monarchique digne d'assurer l'égalité des droits entre les citoyens ou sujets. Elle organise l'exercice du pouvoir. Son respect rigoureux et indiscutable constitue ou définit la démocratie. Tu as souvent soutenu dans ce blog que la démocratie appartenait aux Occidentaux, et que les Africains n'y comprenaient pas grand chose. Alors pas du tout. Tu as raison quoique l'expression soit maladroite, agressive et parfois délicate vis-à-vis des autorités en place. Y aurait-il un moyen plus adapté pour l'exprimer? Je ne saurais le dire.
Quelque part, tu as évoqué Nnikon Nniku déclarant: "La Constitution, c'est moi". C'est ce que vos minables dictateurs et despotes font une fois à la tête de vos pays. Ce qui entraîne du mépris pour vos systèmes politiques, souvent très monolithiques et peu flexibles aux vagues de l'histoire. Le despote incarne la Constitution, sans devoir rendre des comptes à qui ce soit. Il la change selon son goût. Il la tripatouille au gré de ses émotions. Grâce à ses forces de violence, il la maintient selon son seul vouloir. Ses sujets les plus proches se sont ses thuriféraires comme si le ridicule ne tuait pas. Ses collaborateurs de confiance sont maintenus sur une menace constante d'être révoqués ou éliminés sans autre forme de procès dès qu'ils s'écartent de la ligne tracée par le guide suprême. Ils sont sommés de définir la démocratie en fonction du maintien au pouvoir de leur soi-disant autorité morale. Cela s'est vu, cela se voit, cela se verra.
L'homme fort du pays fixe les règles du jeu. Il n'est redevable envers personne. Il sert les intérêts de ceux qui l'ont placé jusqu'au jour où ces derniers décideront de le lâcher. Les puissances étrangères qui le soutiennent l'aident à affûter ses armes contre ses ennemis, moyennant en contrepartie d'énormes dividendes financières. Elles ferment les yeux devant les crimes de leur protégé tant que leurs intérêts ne sont pas touchés ni bousculés. Sous le couvert d'opérations de charme en leur direction, le despote et ses acolytes creusent chaque jour la tombe commune de leurs concitoyens voués désormais à la misère, à la peur, à la précarité sans espoir de voir briller leur lendemain.
Des questions réglées une fois pour toutes ailleurs sont sujets à discussions et à amendements de ce côté de l'Atlantique. La loi de la jungle, c'est cela la démocratie de l'homme fort africain. Un ministre des sports a été arrêté, mis en examen, pour avoir permis que le président joueur de foot soit taclé pendant le match. Intouchable quoi! C'est cela la démocratie... chez nous en Afrique. Le monde entier se moque de nous. On s'en fout. Chaque peuple a sa définition de la démocratie, soutiennent les partisans du régime. Et la définition de la démocratie, c'est celle que décide le chef.
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