18 déc. 2016

RDC: Tout est suspendu?

Que non! Tout continue, on attend le retour des évêques, la vie continue. Le 19 décembre va passer dans la terreur, l'incertitude et un semblant de calme militarisé. La tension est perceptible dans la rue avec une présence massive de l'arsenal militaire et sécuritaire sur toute l'étendue de la république, dit-on. La vie continue pour une population terrorisée, sommée de rester à la maison de peur de se faire tuer. La vie continue malgré la tension que suscite un tel étau en dents de scie. La vie continue, le 19 est un jour comme un autre mais avec un déploiement militaire et policier énorme, suspension des réseaux sociaux, bref une prise en ôtage totale du peuple congolais par ses propres autorités.
Un ami politologue digne de siéger à la Ceni ou au dialogue inclusif me dit: "Oui l'Etat a le monopole de la violence légitime, disons-nous en sciences politiques." Rien n'est suspendu. Mais comment? La MP affirmait déjà son schéma, et apparemment l'impose. Une chose est sûre, évidente: le président reste de fait président au-delà du 19-20 décembre en dépit de la contestation du Rassemblement, du Front et de leurs militants. Les pourparlers reprennent le mercredi 21 décembre. Les dates des élections ne sont pas déterminées. La situation des prisonniers politiques n'est pas élucidée. Aucun problème de fond n'est résolu, et vous appelez cela dialogue?
Le blocage est voulu, total. Un dialogue sans concession ni compromis n'en est pas un. Discussions inutiles et précieuse perte de temps. Verbiages démocratiques! Au final: on accuse l'autre partie d'être responsable du drame qui s'en suivra alors que soi-même on n'a rien cédé. Dialogue des sourds. Dialogue inutile qui montre l'échec flagrant de notre classe politique incapable de mettre au dessus de leurs intérêts partisans le bien suprême de la nation. Et les évêques censés assurer les bons offices se révèlent limités dans leurs manoeuvres de médiation. Le repli des évêques vers Rome n'augure rien de bon vu qu'aucun camps ne se dispose à faire des concessions.
Un historien de bonne réputation soutient avec raison que le pouvoir du Congo n'a jamais connu d'alternance. Joseph Kasavubu a gagné les toutes premières élections du nouvel état, Joseph-Désiré Mobutu a pris le pouvoir par putsch, Laurent-Désiré Kabila par guerre et putsch, Joseph Kabila par succession héréditaire, ensuite par élections. L'alternance démocratique n'est toujours pas encore réalisée ni résolue. Aujourd'hui, nous sommes à la veille d'une situation inédite: les élections n'ont pas été organisées en temps voulu. Tout est suspendu... au dialogue de la Cenco. Doit-on ou peut-on croire au miracle? Les jours qui viennent vont nous le montrer. Mais gardez-vous d'être ni dupes ni naïfs.

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