2 nov. 2014

Démocratie, une fois de plus!

Le cas du Burkina Faso est riche en instructions pour un observateur sans ambition politique. Ce que je soutiens à propos de la démocratie en Afrique se vérifie tous les jours qui passent. Démocratie, c'est juste un mot pour couvrir les actions d'une pègre au pouvoir. Ils mettent en place des institutions dites démocratiquement établies alors que personne n'y croit. Tout est sujet à soupçon: au lieu de gouverner, on passe le temps à mijoter des calculs. On veut garder le pouvoir sans tenir compte des règles du jeu inscrites dans la Constitution du pays. 
Démocratie, c'est un prétexte pour se pérenniser au pouvoir. Une loi fondamentale qui devrait régir les institutions du pays se voit piétinée par les ambitions d'un seul individu soit-disant élu au nom de cette même constitution taillée sur mesure. Le plus surprenant est qu'il y a des juristes constitutionalistes - certains formés dans de grandes écoles de droit - qui, aveuglés par leur fascination pour leur parain, s'adonnent à ce malsain exercice de justifier le changement de constitution. Des millions de dollars sont distribués en coulisse pour que l'Assemblée entérine à une majorité écrasante ces bricolages politiques. C'est cela la démocratie africaine.
Parlez-moi de cour suprême de justice, de commission électorale indépendante, de referendum populaire improvisé, de zigzags électoraux... qui n'ont de crédibilité que dans la tête de ceux qui les créent ou qui s'en enrichissent illégalement. Le jour où Hollande ou Obama ou leurs partis proposeraient de changer la constitution pour des intérêts personnels, ils seraient automatiquement sommés d'abdiquer et leurs partis condamnés à des réparations. C'est cela la différence entre un pays démocratique et un autre qui ne l'est pas. Dans le premier les institutions sont solides, indéboulonnables; dans le second, c'est la volonté du despote qui décide de tout. Dans le premier, la justice est indépendante; dans le second, la justice obéit à la volonté sanguinaire du despote. Dans le premier, on va aux élections démocratiques; dans le second, on bourre les urnes et falsifie les données informatiques. Dans le premier, la justice punit; dans le second, le despote est intouchable, au dessus de la loi, corrompu et pilleur des finances nationales qui lui servent d'argent de poche. Dans le premier le salaire du président est connu; dans le second, le salaire du président est un secret d'état, un secret-défense. La litanie peut continuer infiniment.
On joue à la démocratie plutôt qu'à la pratiquer. La réalité montre que nous, on n'est pas démocratique. A tous les niveaux règne la corruption, l'argent décide de l'issue du scrutin. L'élu du peuple achète les voix de ses électeurs comme on achète des cachuètes au coin de la rue. Arpès la campagne, tous les candidats se rue vers la capitale afin de "soutenir leurs dossiers" moyennant espèces sonnantes.  Suivez partout en Afrique les campagnes, surtout les fins chaotiques des campagnes électorales pour vous rendre compte des drames que provoque l'exercice démocratique. Quelqu'un qui n'a eu que 48 voix prétend avoir été élu par une majorité écrasante, et siège paisiblement au parlement de son pays. Parlez-moi encore de démocratie!
Souvenons-nous de la phrase de Lumumba: "... que quelqu'un avec 12 voix puisse former un parti majoritaire contre la volonté du peuple... ça n'existe pas Monsieur". Cela s'est vu, même de son vivant.
La démocratie, ce n'est décidément pas pour nous. Laissons-là aux propriétaires, aux Européens ou aux Occidentaux qui ont créé le "mot".
Nnikon Nniku de Tchicaya U Tam'si avait pleinement raison: "La Constitution, c'est moi". Il a décrété d'être sacré président à vie par un sorcier. N'est-ce pas plus conforme à nos vénérables traditions africaines? A cela, je crois moi.

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