J'ai lu avec attention le texte précédent sur le WhatsApp de l'APK. L'abbé Jean Bissi a signé son article sans se voiler la face. Il a eu le courage de percer l'abcès, surtout de proclamer tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Ce sont ses opinions qu'ils livrent. Vraies, discutables, fausses, exagérées, réfutables ou évidentes? A chaque lecteur d'exercer son esprit critique.
Un pareil texte m'interpelle parce qu'il dresse l'état des lieux de l'église catholique en Afrique. Une église sur laquelle repose beaucoup d'espoirs mais qui, empêtrée dans l'immédiateté, perd parfois ses repères fondamentaux. Une église à la taille de l'Afrique qui parfois ne se distingue pas du discours politique ambiant.
L'incipit donne le ton et la mesure de la grave accusation: "Les diocèses africains sont comme leurs états." Autant dire que ce qui se fait au niveau des états se passe de la même façon qu'au sein des diocèses. Autant dire que les évêques les gèrent comme les présidents gèrent les pays. Autant dire que les fléaux de corruption ou de gabégie décriés chez les politiciens se retrouvent aussi chez les hommes de Dieu. Des sous-entendus à la fois difficiles à prouver et à nier. Cette affirmation est à mon avis trop générale et gratuite au départ mais l'auteur s'efforce de la faire passer pour vraie dans son argumentation. Il y réussit presque quoique son discours radical ne laisse pas assez d'espace à une alternative. Ce faisant, cet agent pastoral questionne le sens de l'église et sa mission salvifique. Il permet de repenser, de façon logique et réaliste, l'église dans un contexte postcolonial.
L'avantage d'une telle critique est d'ouvrir d'autres pistes de réflexion à l'église longtemps considérée comme une survivance coloniale. Une remise en question de l'église est impérative afin de redorer son image car l'heure a sonné pour que l'église africaine redevienne crédible, intègre et sans compromissions de quelque ordre que ce soit. Une église solidaire du sort de ses fidèles et des hommes face à la misère, la pauvrete, à la maladie, à l'injustice ou à l'exploitation qui les frappent. Elle a à s'adapter et à répondre au jugement de l'histoire. En publiant sa lettre pamphlétaire, l'abbé Jean Armel Bissi a lancé un cri de révolte et d'accusation à prendre très au sérieux.
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