Dimanche 20.12. 20. Le voyage sur Kenge s’est bien passé malgré quelques difficultés subies aux niveaux des sauts de moutons et du croisement de BKTF à Masina. La jeep tirait très bien. Aussitôt arrivé à Kenge et ayant annoncé ma présence, j’ai reçu un message du secrétaire général académique m’informant que je ne pouvais pas commencer mes enseignements le lendemain, vu que la rentrée académique a été repoussée à plus tard :
« Bonsoir Mbuta, vous êtes déjà Kenge ? Le Dg étant à Kin à
l’Unkikin, on s’était convenu pour l’ouverture de l’année académique mais j’ai
dû changer car elle me dira le matin qu’on a repoussé l’année àn une date
ultérieure. Donc on ne peut pas commencer les cours, il faudra qu’on attende.
Ah Mon Pays. »
Le mythologue que je prétends être refusant par principe de céder à la fatalité,
a passé la nuit à cogiter sur d’éventuelles solutions à prendre pour ne pas perdre
mon temps ni rater ce séjour. Le matin, j’ai appelé la DG qui se trouvait à
Kinshasa pour lui proposer ma solution avant de passer à l’ISP pour discuter
avec le chef de section qui n’était même pas informé de mon arrivée.
Décidément, cet institut brille par une défaillance en matière de communication
et de stratégie organisationnelle. Il s’agissait d’identifier et de contacter
les étudiants de L2 pour que mes deux cours prévus aient lieu. Mais la décision
revenait au SGA que je suis allé trouver et qui a accepté mes suggestions. Le
premier cours « Questions spéciales de littérature congolaise » a
commencé le jeudi. Ce même jour sont communiquées officiellement les décisions
de la Présidence de la RDC concernant la riposte à la deuxième vague du
Coronavirus. Le vendredi matin, le chef de section m’envoie le message suivant
que je n’ai lu que plus tard :
« Bonjour Prof. Compte tenu des mesures prises par le Prés. de la Rep.
et pour ne pas tomber dans le filet de l’ANR, nous vous prions d’arrêter
aujourd’hui les enseignements. Merci de section Isp Kenge. »
Je n’ose pas analyser ce message que je juge inapproprié. Les autorités du
pays ont pris des mesures dans l’intérêt de la nation pour combattre la
pandémie du COVID 19. J’ai appris au cours de ma vie à résoudre des problèmes. En
vue d’accomplir ce pour quoi je suis venu à Kenge - enseigner deux cours –
il me faut vaincre la peur, changer de stratégie, adapter le cours aux nouvelles
circonstances. Je propose qu’on divise la classe en deux groupes de 8 et 9
conformément à la loi qui interdit le regroupement de plus de dix personnes. Port
de masque et gestes barrières sont à appliquer scrupuleusement. Pour
officialiser la proposition, le chef de promotion communique avec le chef de
section qui brandit la menace de l’ANR. J’appelle alors ledit chef de section
pour lui demander d’alerter simplement l’ANR afin d’éviter toute
incompréhension car il n’y aucune infraction de la loi. Je ne sais pas s’il l’a
fait, mais est-il que j’ai enseigné le samedi sans être dérangé ni déranger
l’ordre public. Travail très fatiguant pour moi dans ces conditions. Mais c’est
fait, et le premier cours se conclura demain le 21 décembre. Le second, c’est
un séminaire ; il peut se gérer plus aisément en mi-virtuel mode Isp
Kenge. J’y réfléchis encore en ce moment.
Le lecteur de ce blog saura apprécier le parcours de combattant qu’il faut
entreprendre pour servir les nôtres, et noter les obstacles qui se posent sans
qu’on vous laisse de choix. Après plus de 15 000 km de voyage, voilà ce que
j’ai vécu. A UWI on propose des solutions ; chez nous ici on pose des
problèmes. Intelligenti pauca !
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