Ce fut un dimanche 7 janvier 2018. Après la messe paroissiale, ont eu lieu d'autres retrouvailles avec les miens. Un apéro gentiment offert par mes hôtes, puis un repas où je fais le figurant car je dois me rendre aux Champs des Tirs, un quartier où j'ai passé deux années d'école primaire à Kenge entre 1965 et 67. Donc une visite familiale chez mon cousin Zingle, au cœur de ma jeunesse.
Une moto me prend à 13 heures. Me voilà parti. Détour vers la Tribune, passage devant le Camp Commis, le Désert, suite vers Kabambare, jusqu'à l'avenue Yolo. Que des souvenirs! Que des scènes revenues à la mémoires! Que d'espiégleries d'enfants revécues comme si elles étaient récentes! Enfant à Kenge, enfant de Kenge. Dans chaque rue traversée, je revois un papa, une maman, un copain, une copine de jeu, un vieux, un jeune dont l'aura m'envoûte d'un bonheur inouï. C'est Kenge. La maison des Mazumbu, celle des Makasu, celle des Ndoko, Kapalala, Oliveira, Kha Madiya-Dinesi etc. Je revois dans ma tête Kisi qui, s'apitoyant de moi, croyait que j'étais orphelin de père et de mère. C'est le cas aujourd'hui. Je vois défiler Félicité, Tryphon, Papa Bunda, Kahuma, Tsingani, Malvina, etc. Je ne saurais dire ce que tout ce beau monde est devenu.
Pour le retour je préfère marcher, refaisant en sens inverse, ce qui fut jadis mon chemin de l'école. J'atterris chez ma grand-tante Hélène, femme de Kisalu Bakaba. Je suis tellement ému que des larmes me sortent des yeux. Je suis tellement que de la revoir me donne la chair de poule. On dirait une rencontre inespérée avec un être qui revient d'un autre monde. Elle est là, revenue pour mourir là son feu mari "Kisalu Bakaba est mort et a été enterré." Quel retour en arrière, au fond de mon enfance. Vincent Hungu fut un grand-oncle adoré pour moi, mes frères et sœurs. Il nous témoigna d'un amour sans failles. Ce magasinier de qui nous héritâmes un cheptel bovin fut un monsieur respectable, notable à Kenge. C'est lui qui signait mes bulletins de classe, car il m'offrait tous les objets dont j'avais besoin pour l'école. Il est mort en juin 69, enterré à la Barrière. En revoyant sa veuve en 2018, je remonte à la mémoire de l'illustre disparu. Je passe une bonne heure avec elle, on parle de tout. Surtout j'apprends beaucoup de choses que je ne savais pas, ou que je savais mal à propos de nos relations familiales et claniques. Je comprends beaucoup de détails qui m'étaient inconnues ou que ma jeunesse ne m'a pas permis de comprendre. Une mine d'informations pour moi. Kha Hileni connait tout le monde et sait tout de ma famille.
Et depuis tous les deux trois jours de mes séjours à Kenge, je m'efforce d'aller rendre visite à la seule femme que j'appelle encore ma "khaka". Honneur et hommage à Kha Kisalu Bakaba, décédé il y a aujourd'hui cinquante ans. Paix à son âme!
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