5 mai 2018

5 mai: Bicentenaire de la naissance de Karl Marx

5.5.1818-5.5.2018 soit 200 ans depuis que Karl Marx, le père du communisme, est né à Trier. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il faut reconnaître de façon évidente que c'est un grand penseur qui a marqué l'histoire du monde. Le premier à avoir affronté le capitalisme de face. Et à sa suite, après le Manifeste du Communisme, et la publication des trois volumes du Kapital, le monde a assisté à un changement profond dans son évolution historique. Tout le bloc Soviétique fondé sur le marxisme-léninisme, tout l'Est européen, la Chine, la Corée du Nord, toute l'Amérique Latine, toute l'Afrique progressiste, bref le monde entier porte la marque de Marx. L'effondrement du Mur de Berlin, c'est même la chute du marxisme.  
Il y a deux semaines, j'ai présenté un exposé sur la pensée de Marx telle que reflétée par la théorie littéraire africaine et caribéenne. Je me suis appuyé sur les oeuvres créatives et critiques de Roumain, Senghor, Fanon et Mudimbe. La première question que je me suis posée était de savoir si je connaissais Karl Marx. J'ai répondu par l'affirmative, m'appuyant sur ma formation de philosophie de Mayidi, Rome et Fribourg. Je connais Marx autant qu'un diplômé de philosophie le connaît, c'est-à-dire à travers l'histoire de la pensée socio-économique et culturelle du monde. Dans la réalité, je n'ai jamais écrit une étude sérieuse sur Marx. Cet exposé serait le premier, et même encore, basé sur des généralités plutôt que sur une recherche approfondie des travaux originaux. Nul ne saurait, hélas, tout embrasser. 
A une épopque donnée, une idée s'est enracinée dans les têtes de nos penseurs politiques et économiques, selon laquelle l'avenir de l'Afrique ou du monde était marxiste, communiste, c'est-à-dire foncièrement opposé aux théories capitalistes. Que le monde serait plus juste avec l'égalité entre les hommes en termes de distribution des biens matériels. J'ai été tôt emballé par des termes de Marx Que l'impérialisme occidental serait vaincu par la vague socialiste telle que exemplifiée par la Russie, la Chine ou certaines démocraties populaires de l'Est. Même la notion de science a été bouleversée. Là je pense à un compatriote nommé Edgar (sans plus) qui, à la suite d'une discussion, m'a rappelé ce que j'avais appris dans mes cours d'athéisme à Rome. Pour lui la science n'était pas un savoir, mais une action. En fait il n'est de science que celle qui contribue visiblement à  l'amélioration des conditions matérielles des humains. D'où la notion de socialisme scientifique que prônait Marien Ngouabi. Lisez l'autobiographie de Mudimbe, vous noterez avec une certaine surprise que le président Ngouabi se formait en philosophie pour renforcer sa notion du socialisme. Cela m'a amené à me demander si nos politiciens comprenaient ces notions qu'ils s'efforçaient à inculquer à la population. "La pensée vaut l'action" ou "Le succès d'une idéologie se constate sur le terrain". Ujaama, socialisme africain, panafricanisme, développement communautaire, révolution prolétarienne africaine, autant de slogans imprégnés de marxisme. N'Krumah, Sekou Touré, Nyerere, Lumumba, Modibo Keita, Amilcar Cabral, Samora Machel, Augostino Neto, Kadhafi, Nasser, et tant d'autres, ont tous flirté avec la pensée de Marx dans leur carrière politique. Et certains ont payé le prix fort: leur vie. Le cas de Fidel Castro est des plus éloquents, des plus radicaux:" O Socialismo or Muerte!".
L'Afrique s'en est-elle mieux sortie avec le marxisme? Que non. Avec le capitalisme? Encore pire, puisque le pillage de ses ressources naturelles et minières; puisque l'esclavage continue sous des traits inédits et nouveaux; puisque le colonialisme et l'impérialisme sont encore influents; puisque les super-puissances continuent de dicter leurs lois sur le monde. Tous ceux qui ont pratiqué le marxisme ont obtenu des résultats discutables. L'expérience montre que le modèle marxiste s'est avéré difficilement applicable dans la réalité concrète, ou dans la démocratie moderne. Comme tout choix, le marxisme portes ses avantages et ses désavantages. L'Allemagne divisée en RFA and RDA a suffisamment montré les visages des deux formes d'impérialisme. Les désaccords fondamentaux entre l'Ouest et l'Ouest sont souvent basés sur une interprétation idéologique du marxisme.
Aujourd'hui dans la ville de Trêves se vit une polémique autour de Marx. La Chine a offert à la ville de Trier une statue K M de 6 m pour célébrer le centenaire de ce grand homme. Le maire de la ville est satisfait alors que des milliers de critiques élèvent leurs voix contre cette idéologie qui a tué des millions de personnes ou justifié des travaux forcés à Goulag, des exils sans espoir de retour au pays natal. Et le maire de rétorquer que Marx n'a jamais été dictateur ni sanguinaire, qu'il n'a jamais créé de centres d'extermination ni en URSS ni en Chine. Il ne faut pas confondre la pensée de Karl Marx et ses applications erronnées  par des disciples criminels et totalitaires. La controverse est loin de se résorber.
Pour ma part, je célèbre un penseur qui a apporté sa contribution à la libération du monde. Des pensées de la libération, fussent-elles littéraires, scientifiques, théologiques, philosophiques, politiques, économiques, sociologiques, culturelles, féministes ou même LGBT, se réclament de Karl Marx ou s'ajustent sur lui. C'est donc un personnage qu'on ne saurait effacer de l'histoire de ce monde. Plus qu'aucun autre penseur, il a survolé le 20e siècle, jusqu'à l'effondrement du bloc communiste. Et même encore, sa pensée demeure considérable, immense, vivante, inspiratrice à plusieurs égards. Le capitalisme avait besoin d'un contre-poids, et Marx l'a trouvé. Aux autres de créer du neuf, c'est-à-dire de nouvelles rimes sur des vers anciens. C'est ainsi qu'évolue l'histoire de l'univers intellectuel, pratique, idéaliste et matérialiste. 






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