31 juil. 2013

"Rentrons chez nous"

On nous chasse de partout! Les Anglais ne se cachent plus le visage: "Go Home". Le parti au pouvoir incite les clandestins à quitter le Royaume Uni avec ce slogan. En Italie, les extrémistes poussent la ministre de l'intégration Cécile Kienge à retourner dans sa forêt natale. Les Angolais nous chassent par milliers. Les Congolais de Brazzaville nous traitent tous de Kuluna à tuer; nos sœurs sont humiliées, déshabillées en plein jour. Les Rwandais et les Ougandais nous envahissent en éternisant une guerre marquée par des massacres des femmes et enfants, des viols, des trafics illicites de nos richesses minières etc. Qu'avons-nous fait à Dieu pour mériter ce sort?
Nous Congolais sommes chassés et traqués de toutes parts, menacés de mort à l'extérieur comme à l'intérieur de notre pays. Quels choix nous reste-il à faire pour sauver notre peau? Nous avons choisi l'exil pour mieux valoriser nos potentiels, nous voilà ramenés à la réalité. Nous avons choisi l'exil pour un mieux-être économique, nous voilà traités de paria. Nous avons choisi l'exil parce que nous croyons nous mettre à l'abri de quelques incidences politiques, nous voilà remis à notre place. Devrions-nous aller ailleurs pour subir tant d'humiliations, de déconvenues et de disgrâces? Acculés et désespérés, nous n'avons plus de choix: "Rentrons chez nous!" Car l'amour ne se force pas, on ne se fait pas aimer de force.
La Sénégalaise Aminata Sow Fall a publié, il y a une dizaine d'années, un roman à ce sujet "Douceurs du bercail" que j'encourage à lire. Au lieu de subir l'humiliation et la haine à l'étranger, elle nous invite à aimer notre pays, notre continent. Les mouvements de droite et d'extrême-droite qui règnent en Europe et ailleurs rappellent qu'on n'est mieux que chez soi. Rentrons chez nous, et de là nous pouvons légalement dire aux étrangers de rentrer chez eux. S'il est quelque chose qui nous manque, c'est la passion du pays. Un degré de nationalisme, oui, c'est cela. Rentrons chez nous, nous n'en serons pas plus malheureux.
Seulement voilà! Notre propre pays est-il prêt à nous accueillir sains et saufs? Notre propre pays remplit-il les conditions d'une havre de pays comme il devrait être en principe? C'est là que l'environnement politique, social et économique joue un rôle essentiel.
Un médecin préfère rester en Belgique ou en France où il bénéficie d'un salaire d'infirmier simplement parce qu'il juge qu'il peut vivre décemment. Un enseignant préfère aller ailleurs parce qu'il trouve que le niveau des études est trop bas chez nous. Un autre, un informaticien, se voit dans un cul-de-sac dans un pays où son ordinateur ne peut pas fonctionner normalement faute d'alimentation électrique. Autant d'exemples qui rendent le retour au pays très compliqué après avoir séjourné dans des pays au développement plus avancé. Sont-ce objectivement parlant des obstacles insurmontables?
"Rentrons chez nous" devient alors comme un suicide politique ou économique. Quoi faire? A ceux qui en doutent, je dis toujours une chose: "Home is Home". Rien, ni or ni argent, ni amour exotique ni bien mal acquis, ne peut remplacer le pays natal. Rendons nos pays viables pour que nous y vivions dans la paix, la justice et la distribution équitable du travail et des biens pour tous. "Rentrons chez nous" et participons à la construction de nos pays.
Ceci vaut pour tous les Africains. Malheureusement, on nous a inculqué la haine de notre pays en nous faisant miroiter que l'Europe est un paradis, que les autres pays sont mieux que le nôtre. Les Congolais croient que la RDC est un pays à piller et à quitter. Cette mentalité-là est difficile à déraciner. Si l'on n'y prend garde, le flot des migrations continuera à sacrifier des vies, par milliers.
"Rentrons chez nous".
 

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