Cela fait dix ans aujourd'hui Papa Donatien Kasongo Bunda Mabana est décédé. Un dizième anniversaire sans éclats. Peut-être même que je suis le seul dans la famille à m'en être souvenu. Quoi qu'il en soit, il ne m'est pas venu à l'esprit d'organiser quoi que ce soit pour commémorer cet événément. Essayons de répondre à une question: par quel miracle le nommé Sabana est-il devenu Mabana? Dans le coin de Kabanda - KiTsakala où est né Kapita Manzanza, le nom de Sabana est connu et commun.
Les Africains aiment créer des mythes autour de leurs personnages. Même moi, j'ai les miens. Lisez les 1500 entrées de ce blog, vous en trouverez beaucoup. Papa n'a pas fait exception. Comment son nom d'origine a-t-il été changé de Sabana à Mabana relève d'un secret de polichennelle, lequel en fait n'existe pas. L'erreur du missionnaire belge a été évoquée, sans trop convaincre l'auditoire. L'astuce du jeune espiègle soucieux d'être en bonne position doit avoir pris de la prépondérance. Plutôt que d'être flanqué au bas de la liste, le nommé Sabana aurait tiré l'avantage du milieu de l'alphabet. Du moins c'est ce qu'il m'a dit. Personne ne m'a jamais, même ses frères et soeurs compris, soufflé ce secret. Personne de mes oncles et tantes n'a jamais confirmé cette anecdote. D'autre part, il n'y a aucune raison de contester cette affirmation car elle est venue du porte de ces deux noms. Aucun document à ma connaissance ne porte ce nom de Sabana. Et dans un pays où les archives ne font l'objet d'aucune attention, il est très difficile voire impossible de reconstituer les ficelles d'un tel puzzle. J'aurais donc pu m'appeler Sabana plutôt que Mabana. Sait-on jamais?
Après la longue et tumultueuse journée d'hier - où j'ai failli être arrêté par la police pour avoir oublié mon permis de conduire et j'ai connu une panne de crevaison de pneu alors même que le compresseur du service quado de mon coin a pété - je me suis consolé, ce matin, de célébrer sereinement cet anniversaire de la mort de mon paternel. En route pour l'école, je l'ai annoncé aux jumeaux:
- Es-tu content ou triste de la mort de ton papa? A demandé Chrystelle.
- Bien sûr que je suis triste. Seras-tu heureux si je meurs aujourd'hui même?
- Non, qu'elle s'empresse de dire.
- Alors soyez gentils à mon égard pour toute la journée.
- Oui papa.
Echangeant avec une collègue copiste de notre faculté, qui a perdu sa mère il y a deux semaines, je lui ai raconté l'histoire du coup de fil manqué avec papa. Elle a compris ma désolation et m'a encouragé: "Be happy you were able to talk to him shortly before he died". Aujourd'hui comme hier, je reste marqué par cette perte qui m'a laissé hagard, perplexe et révolté jusqu'à ce jour.
"Tata kuna wena watutalaka betu bosu twa zinga mboti mu lutondu ye ngemba. Mini Kahiudi wuna."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire