Je ne suis pas un politicien ni un politologue, mais un littéraire. Mes amis politiciens le savent.
Chaque fois que j'entends parler du président rwandais Paul Kagamé, c'est toujours dans le sens négatif. On l'accuse d'être un criminel de guerre et d'avoir perpétré le fameux génocide rwandais de 1994. La justice française est encore à ses trousses; le Rwanda a définitivement quitté la francophonie pour joindre le Commonwealth. Son AFPR déstabilise la RDC en l'occupant dans sa partie orientale et est responsable de la mort de quelques six millions de Congolais. Autant d'accusations mais tel n'est pas mon propos ici. Hier comme par hasard j'ai suivi sur la chaîne Africa Channel son discours tenu à Chicago pour le Rwanda Day 2011. J'ai écouté Andrew Young et Jessie Jackson l'encenser pour le présenter. Ce qui m'intéressait, c'est l'homme.
Homme froid et réservé au premier abord, mais très sensible malgré son visage ridé, Kagamé s'est montré calme, posé. Il a en grande partie parlé en kinyarwanda, il a parfois ajouté des commentaires en anglais. L'homme m'a semblé très intelligent, très pratique et très cohérent dans sa pensée. C'est le genre du chef rigoureux, intransigeant, discipliné et suivi. "My powers are limited" a-t-il estimé malgré le succès économique que connait actuellement le Rwanda. Sa définition de la démocratie est très pragmatique: "There is no democraty where people are hungry, where there is no education or health care, where there are no opportunities for self improvement or development". Au lieu que le ministre attende la sécheresse pour lancer des appels à l'aide, il doit s'employer à créer un grenier pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Le nouveau Rwanda qu'il a présenté est un pays en marche vers une modernisation dont les signes sont déjà perceptibles. Il a aussi avoué sa honte devant l'incapacité du continent africain d'exploiter ses richesses et d'en vivre dignement. J'ai vu et écouté un président dont le discours était consistant, très nationaliste, populiste mais ferme et pragmatique qui défend la dignité du Rwanda. "On ne peut pas expliquer la faim à quelqu'un qui a faim... Ne nous posons jamais en victimes; il nous faut agir pour le bien de chaque Rwandais." a-t-il dit à ses compatriotes. Bien qu'il ne soit pas un orateur volubile ni épatant, Kagamé sait faire passer son message. Les Américains et les Rwandais présents l'ont bien compris.
Rien qu'à voir l'assistance, le Rwanda dispose aux Etats-Unis d'un puissant lobby formé d'Africains-Américains pour défendre ses intérêts. La corde "sensible" du génocide est exploitée à fond et avec une surprenante réussite. Je crois que là réside aussi une clé de la force de Paul Kagamé.
Je garde toutefois ma méfiance vis-à-vis de tout discours politique, fut-il à connotation biblique. J'ai dit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire