2 juillet 2017. Il est décédé le 2.7 mais c'est pendant la conférence de l'AFTA (African Theatre Association) que j'ai appris la mort du professeur Abiola Irele. Paix à son âme! Je retiens de lui qu'il a été un très grand critique littéraire qui a défendu L S Senghor attaqué de tous les côtés et sur qui ce dernier s'est appuyé pour son argumentation. Nigérian, donc anglophone, Irele a maîtrisé la littérature francophone d'Afrique et de la Caraïbe mieux que beaucoup de francophones. Le premier peut-être à avoir obtenu un doctorat français. Sa contribution à la diffusion de la littérature africaine est considérable.
J'ai eu le privilège de collaborer avec Abiola Irele à deux reprises. La première fois, en 2006, le comité du Colloque Léopold Senghor que je présidais l'a invité comme conférencier principal au colloque. Il était des nôtres à Cave Hill en octobre 2006. Je me souviendrai toujours du Tour de l'île que nous avons effectué avec les conférenciers et dont il était particulièrement satisfait. Le professeur de Harvard University était tellement pris par ses engagements qu'Isabelle Constant et moi n'avions pas réussi à obtenir ni à publier son discours inaugural du colloque dans Négritude: Legacy and Present Relevance (2009). Mais il n'a pas manqué de citer ces actes dans son livre: The Negritude Moment: Explorations in Francophone African and Caribbean Literature and Thought (Indiana UP, 2011). Il est revenu en mars 2008 pour la défense de la thèse de Jennifer Hurley dont j'étais le superviseur. C'est dire que j'ai hautement respecté et apprécié le chercheur et critique littéraire qu'a été Irele. J'ai par la suite eu des échanges avec lui sur des sujets divers et dans des circonstances diverses. Je suspecte sans en être sûr qu'il a été un des évaluateurs de mes publications pour le professorat. Je ne saurais confirmer cette présomption car la procédure de promotion est confidentielle.
A une époque donnée, nous voulions inviter Wole Soyinka à un colloque à la Barbade. Abiola Irele m'a gentiment transmis le contact de son agent, à défaut de celui du lauréat du Prix Nobel. Ce qui est compréhensible. Il a pris le soin de m'avertir qu'il fallait prévoir un voyage en première classe, un logement dans un hôtel 5 étoiles et au moins 5000 USD d'honoraire. Le projet n'a pas abouti.
Pour la petite histoire des coulisses, en 2006, lorsque nous avions publié son poster, la première photo représentait Chinua Achebe plutôt qu'Abiola Irele. Le technicien ne s'est douté de rien. Un collègue historien, Dr Richard Goodridge, a tout de suite détecté l'erreur et nous a sauvés de l'embarras que nous aurait causés cette méprise. On a eu un colloque impeccable. Je dois avouer que je perds un mentor, surtout un ami qui a consacré quelques moments de sa vie pour moi. Pour quoi je dis: Merci Abiola!
Il ne me reste qu'à m'unir à sa famille biologique et à la communauté intellectuelle africaine pour rendre hommage à Abiola Irele, un pionnier dans la lecture des textes africains et caribéens. Que le Dieu de nos ancêtres l'accueille dans la paix de son royaume!
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