S'il est un personnage dont j'ai suivi le parcours politique avec une certaine sympathie, c'est bien Dr Helmut Kohl. J'étais en 1980 étudiant à Rome lorsqu'au cours de mon tout premier séjour en Allemagne Kohl battait campagne contre Helmut Schmitt pour le compte de la CDU au poste de Chancelier. J'étais entraîné dans cette passion par ma bienfaitrice Resi Weingärtner qui, elle, supportait sans réserve Franz-Joseph Strauss de la CSU en Bavière. Cette campagne-là que je suivais depuis l'Institut Goethe Staufen où j'apprenais l'allemand est restée mémorable dans mes souvenirs. La raison était simple: venu d'un pays où l'opposition n'existait pas et où on était d'office membre du parti unique, j'étais impressionné par la machine politique européenne en général, et allemande en particulier. Je découvre jeune et ambitieux une autre face de la politique: celle du débat contradictoire et constructif. A cette époque-là, je vouais une admiration pour Kadhafi que j'estime être le seul leader africain vraiment indépendant. Je garderai longtemps dans ma mémoire cette adresse de H. Schmitt déclarant: "Meine Damen und Herren der Opposition." Une telle adresse, j'aurais souhaité l'entendre, mutatis mutandi, de la bouche de notre feu Maréchal Mobutu Wa Zabanga. Dans la foulée, je découvris Helmut Kohl alors plus jeune, dynamique et déjà très visionnaire dans sa façon d'appréhender les choses. J'étais de retour au pays lorsqu'il devint Chancelier pour la première fois. Et j'en fus heureux d'autant plus qu'il y avait en cet homme quelque chose d'incroyable qui me fascinait. Mes années de Fribourg ont consolidé ma connaissance de l'homme qui dirigea le gouvernement fédéral allemand pendant près de seize ans, construisit l'Union européenne et réalisa les pas de la réunification allemande. Au-delà du leader politique, il y a eu l'humain qui pleura à chaudes larmes son ami François Mitterrand. Tout le monde se souvient de cette image d'une sincérité et d'une simplicité de cœur admirable. De l'autre côté, c'est aussi l'homme qui, après avoir instauré un strict contrôle sur le financement des partis politiques, tomba en disgrâce à la suite de l'affaire des comptes au Lichtenstein ou en Suisse. Lorsqu'il perdit les élections face à Schröder, il siégea au Bundestag comme un simple député à la grande surprise de ses concitoyens. C'était un politique avec ce que cela comporte de succès et de contradictions. L'hommage qui lui a été rendu à Strasbourg témoignage de l'immense valeur de son combat pour l'avènement d'un monde meilleur.
En Kohl, je salue un artisan de la RFA et de l'UE dont la contribution demeure, quoi que l'on dise ou pense, considérable et inégalable à ce jour. Ruhe in Frieden, Herr Bundeskanzler!
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