8 févr. 2017

Quand notre misère prendra-t-elle fin?

A voir comment le monde évolue, je me demande où se trouve notre place? Mon identité de noir africain, me soumet souvent à des épreuves inattendues. A voir comment les autres s'industrialisent, j'en suis à me demander quand notre peuple et notre continent sortiront de la pauvreté, si jamais. De l'Afrique, on n'a jamais des idées, mais des stéréotypes et des clichés. CNN, RFI, BBC et d'autres grandes chaînes de télécommunication sont là pour le rappeler. Et nous n'en sortirons pratiquement jamais tant que l'ordre mondial sera le même. On a l'impression que tout complote pour nous maintenir dans l'ignorance, dans l'inculture, dans l'incurie et l'inertie intellectuelles. Les préjugés jouent en notre défaveur à tous les niveaux. 
Nous, Africains au sens restreint et étendu du terme, souffront d'une misère viscérale sur tous les plans. On dirait de nous que nous avons été maudits dès la création du monde. La pauvreté nous colle à la peau: c'est même notre raison d'être. Nous prétendons avoir des valeurs que nous tournons en dérision dès que nous sommes en présence de nos dominants. Solidarité africaine, teranga, slogans vides de sens à la moindre épreuve.
Mes recherches sur la négritude m'ont rendu attentif à l'idéalisme béat qui l'a marquée. Les pères fondateurs de ce mouvement ont partagé une vision, discutable peut-être, mais qui a rendu possible une unique prise de conscience raciale. On dit qu'elle est morte, la négritude; tombée désuète et caduque, la négritude. A voir l'incapacité de l'Afrique à devenir démocratique et de distribuer équitablement les dividendes des ressources minérales et naturelles dont elle régorge, c'est à se demander s'il y a une issue de sortie à cette impasse. Ces poètes ont-ils vraiment creusé dans le vide? Les scènes avilissantes et criminelles de nos potentats érigés en intouchables rois sans couronnes témoignent d'une grave transgression des valeurs et droits humains élémentaires. L'impunité érigée en système dévalue l'Afrique aux yeux du monde entier. 
L'eldorado européen a fermé ses frontières aux migrants, la Méditerranée devient le gouffre exterminateur de nos frères et soeurs qui se battent pour un travail et une vie meilleurs, qui fuient les dictatures sanguinaires et impitoyables de nos pays. Que des carnages sur ce chemin vers la liberté occidentale! Et une fois en Occident, on devient un "sans-papiers", réquérant d'asile, traité comme un chien par les fils et filles du pays. On vous répétera tous les jours: "Que venez-vous chercher chez nous? Vous n'avez qu'à rentrer chez vous, vous installer dans vos jungles et vous pavaner sur vos arbres en compagnie des gibbons et des chimpanzés. Votre place n'est pas ici." Et souvent, la situation est telle que retourner chez soi équivaut à une sorte de suicide... Autant rester clandestin et subir en plein visage les humiliations réservées aux étrangers. Quand bien même vous vous intégrerez et adopterez les privilèges, honneurs et devoirs de votre pays-hôte, il vous sera impossible de vous identifier totalement à vos hôtes. Malgré les simulations du système, nous sommes en réalité plus ostracisés, plus persécutés dans ces pays dits de droit que dans les pays "émergeants" dont nous sommes ressortissants. Nous restons dans notre misère atavique. Quand notre misère prendra-t-elle fin? Pas de ma vie. 

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