Une seconde d'erreur peut vous coûter la vie. C'est le cas de l'accident routier, car la vie ne tient qu'à un fil. C'est comme quand on casse un verre, qu'on oublie un chiffre important de son compte à numéro, qu'on confond la droite et la gauche... tout réside dans l'instant. Cet instant peut s'avérer fatal ou salutaire. Quitte ou double. C'est seulement avec l'âge que je me rends compte de plusieurs choses que j'aurais dû faire autrement dans ma jeunesse. Erreurs certes, mais m'était-il possible de les éviter? Je ne crois pas. Je vivais mon âge et ma maturité. Il existe ce qui s'appelle un point de non-retour. On devient fou en une seconde: se déshabiller en public vous range automatiquement du côté des fous. Dès que vous traversez l'entrée de la maison d'un sorcier pour solliciter son assistance, vous vous classez déjà dans l'autre monde. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas reprendre vos esprits, mais la tare du méfait demeure indélébile. Aussi au titre individuel que social. Qu'est-ce qui m'a pris? "Nkibiakhwata" fut le nom de mon oncle Pilamosi. "Qu'est-ce qui m'a pris?" littéralement. Un nom symbolisant un regret, une déception, ou la reconnaissance d'une erreur fatale. Une reprise de conscience, un retour à la bonne conscience car il existe aussi des consciences mal formées. Et il y en a hélas beaucoup qui circulent par milliers parmi nous. Comme il y a des hommes et des femmes, des personnes conscientes de leur ego mais inébranlablement constantes et confiantes dans leur propre intimité. La mauvaise conscience fonctionne sur le nombrilisme, et ne voit le monde qu'à travers l'étroitesse de ses vues qu'elle priviliégie sans discernement ni mesure. Tout est contingent, éphémère: tout peut changer en un tour de main comme par un coup magique. Tant que vous n'avez pas encore soufflé toutes vos bougies de vie, tout peut vous arriver. Riches ruinés, pauvres devenus millionaires ou milliardaires par la force des choses, tout dépend du destin. Que dis-je de la Providence divine? Le mythologue cède au théologien. Allez-voir. Le plus fort du monde peut devenir le plus faible en quelques secondes à la suite d'une erreure de quelques secondes, ou d'un incident technique. Un homme devient criminel à l'instant comme Oedipe se crevant les yeux à la suite de l'oracle de Delphes lui imputant la responsabilité de la peste qui endeuillait Thèbes. Ou même Jocaste, la mère incestueuse d'Antigone et Ismène, se tuant dès que la vérité de l'inceste lui est connue. Le vainqueur du Shpynx réduit à un paricide fatal. Voilà le tragique. Erreure fatale parce que jamais impunie. Elle nous guette à chaque tournant de la vie.
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