28 oct. 2012

Vivre dans la peau d'un autre

Néocolonialisme, impérialiasme, aliénation mentale, esclavage, minorisation, complexe d'infériorité, francophonie, commonwealth, ordre économique mondiale, etc. ont opéré un lavage de cerveau au profit du Nord dans tous les aspects de la vie moderne. On vous prend votre terre, on vous impose une langue et un mode de vie, on vous force de gérer un état colonial-moderne qui n'a aucun rapport avec votre fonctionnement naturel. Démocratie, c'est le cheval de bataille de l'Occident pour se permettre de défendre la liberté des hommes même dans les pays souverains. Sous les apparences d'assistance à la bonne gouvernance et à la gestion financière se cache une dictature culturelle et politique sur le monde en fonction des grandes puissances qui tiennent fermement à préserver leurs acquis antérieurs et à contrôler d'une main de fer l'ordre du monde. FMI, Banque Mondiale, ONG et autres formes d'aide bilatérale, autant des forces tentaculaires pour maintenir le pauvre dans la pauvreté, et l'ignorant dans l'ignorance.
On organise unhold up contre le chef d'état d'un pays qu'on tue sans autre forme de procès, et on appelle cela "libérer". Je remets en question une logique politique de l'Occident qui frise l'assassinat idéologique, l'irrationnel frénétique plûtot que la recherche d'une paix durable entre les peuples qui forment l'humanité. On est unilatéralement fier d'avoir tué dans la mêlée Sadam Hussein, Kadhafi, Usama Ben Laden. Encore faut-il que chacun ait commis les mêmes crimes. Pourquoi ne déloge-t-on pas le leader chinois ni le président nord-coréen de leur pouvoir alors que leurs pays transgressent les droits de l'homme et la démocratie? La réponse est simple: la Chine et la Corée du Nord sont trop puissantes. J'entends militairement. Quant aux autres, pauvres agneaux au milieu de lions, on les met à la traîne.
La RDC est un réservoir du coltan utilisé dans la fabrication des cellulaires. Pourquoi ne pense-t-elle pas à produire ces cellulaires sur place? On vous dira: Ah c'est très compliqué. Vous disposez pas de la science ni de la technologie nécessaires pour cela. En clair, on vous dit: "Votre incapacité technique est congénitale. Votre notre grand-père a utilisé la pirogue et vous l'a léguée sans l'améliorer. Poursuivez cette voie-là. Le progrès vous est étranger". Tout est dit. La RDC ne dispose ni des ressources humaines ni de la technologie voulue pour avoir une industrie de transformation viable et compétitive. Exportez la matière première à défaut de nous la laisser piller. Après tout, ce qui compte, c'est que le paysan de Kimbila-Ngundu ou Kisenga peut acquérir un portable et parler avec sa fille à New York quand il le veut. Vive le pouvoir en place! Sans lui, on n'aurait jamais eu cette opportunité. On n'oublie que les avancées technologiques se font indépendamment des individus qui les développent, car qu'on le veuille ou non, elles doivent arriver un jour, tôt ou tard. Adhérez donc à la francophonie, le français vous ouvre la voie du monde international.
Ce diktat s'impose. On s'en accommode. Nul n'ose le questionner, encore moins le remettre en question. Le français ou l'anglais vous ouvrent les portes du monde, vous permettent d'intervenir à titre égal dans les assises internationales. Qu'avez-vous à faire votre ewe, votre wolof, votre haoussa ou luo? Abandonnez-les. Ce sont des langues primitives incapables d'exprimer la rationnalité ni la logique. Participez au concours de Radio France International qui couronnera votre maîtrise du français. Optez pour le mode de vie français afin de répondre aux exigences du temps. Parlez l'anglais à travers le nez comme Sa Majesté la Reine. Quant à votre monde authentique, il n'a jamais décollé et ne décollera jamais de son statut de paysan, de sa ruralité, de sa sorcellerie et de sa magie légendaires. Donc utilisez notre langue, adoptez les manières de l'Europe, ne nous demandez rien en retour.
Voilà donc mon frère et ma soeur africains acculés et forcés non seulement d'emprunter la langue d'un autre pour s'affirmer, mais aussi et surtout de s'adjuster au regard de l'autre, seul garant de son être. Obéir aux critères d'humanité lui imposés par le maître constitue la clé décisive. La situation devient tellemant prégnante qu'ils en viennent à se renier et à obéir à des "personnages" d'emprunt. Soumis et obséquieux, ils tiennent à plaire à la volonté de leurs maîtres penseurs dont ils perpétuent l'héritage et le succès.
Qui sommes-nous à la fin? Des rien. Des moins que rien. Nous vivons oa vie d'un autre, dans la peau d'un autre.

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