13 oct. 2012

"Je vais à Kinshasa parce que c'est un grand pays" (FH)

« Je vais à Kinshasa parce que c'est un grand pays. Je n'accepte pas que les frontières de ce grand pays puissent être mises en cause par des agressions venant de l'extérieur. » (RFI)

Voici ce qu'en pense un de mes lecteurs:

"Claver,
Merci de poster cette courte réflexion sur ton blog.
Je n'ai rien contre Hollande en particulier. Mais je dois avouer que je comprends très mal une telle déclaration. Ce qui me dérange, c'est d'abord le "je". Il a beaucoup tergiversé avant d'accepter de se rendre à Kinshasa. Pour les Congolais et leur gouvernement, c'était un point d'honneur que de le voir à Kinshasa. Et ils ont tout fait pour gagner ce pari malgré les voix discordantes des "combattants" et de quelques opposants aigris de la Diaspora. Sous-entendu: Un sommet de la francophonie sans la président français est inconcevable. Le secrétaire général de l'OIF l'a dit d'ailleurs.
"Je vais à Kinshasa parce que c'est un grand pays". Français et francophones à vos manuels de grammaire et de culture générale. Kinshasa, pour peu que je sache, n'est pas un pays. On peut dire, par métonymie, Kinshasa c'est la république du Congo. D'accord.
Qu'est-ce que signifie ce langage-là? La Chine est un grand pays, il n'a qu'à s'y rendre. Tout le monde sait qu'il vient à Kinshasa pour le sommet de la francophonie. (Et la RDC est réputée être un scandale géologique). Le sommet aurait eu lieu au Gabon ou à l'Ile Maurice qu'il se serait rendu, sans ajouter cette déclaration qui cache mal la condescendance française, la main-mise française et impériale au nom de la langue française sur leurs soi-disant partenaires.
"Je n'accepte pas que les frontières de ce grand pays..." Echo à la conférence de Berlin de 1885. Entendez: Nous avons depuis plus d'un siècle fixé l'hégémonie européenne sur le territoire africain. Laissez-nous exploiter les richesses, piller les ressources naturelles de ce continent, sans que les Américains et anglophones s'en mêlent. Au concret, que font les Français pour que la guerre à l'est de la RDC cesse? Rien.
La question que je me pose, et que d'autres ne perçoivent peut-être pas ou se taisent de formuler: "Qui est-il pour tenir un tel discours à propos d'un état indépendant et partenaire? Sommes-nous Africains vraiment indépendants? Si oui, pourquoi un président peut naturellement faire passer un tel discours." Tu as l'habitude de remplacer le locuteur. Fais tenir ces propos par un dictateur africain, tu verras.
Tu veux ma réponse? L'Afrique est tout, sauf indépendante. La francophonie est une de ces plates-formes pour la maintenir dans l'exploitation, l'infériorité. Le modèle français subtilement véhiculé par la francophonie n'a que la France comme référence principale, laquelle met généreusement à la disposition de ses "sujets" et la langue et la culture de la France. Néocolonialisme? Je ne le dis pas. Les déclarations de Monsieur Hollande, président de France et d'office président de la francophonie, ne se justifient que dans le contexte de la franophonie. Autrement, elles seraient vides de sens. Au nom de la langue française, le président français préside aux destinées des francophones, leur dicte la conduite à suivre.
Mais comme Kinshasa a réagi sèchement à ses déclarations, il redevient maladroitement diplomate et rectifie ses propos: " Je ne viens pas en Afrique en donneur des leçons". Cela, c'est plus fort que lui. Il ne peut pas y échapper. Suivez attentivement son discours de Dakar. Et comparez-le à celui qu'il tiendra à Kinshasa. Il sera difficile de séparer le partenaire et du donneur des leçons car les utilisateurs de la langue française doivent tout se dire, et franchement."
(PM, Email du 13 octobre 2012)
 

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