L'heure du paysan. Cela me rappelle l'heure d'été introduite en Europe Occidentale. Le matin, très tôt, comme j'habitais chez le missionnaire de Bethléem à Fribourg à proximité d'une ferme et humais tous les matins la bouse des vaches à lait, il m'arrivait d'entretenir une conversation avec un des bouviers. Un monsieur bien fait, solide, travailleur et très bien dans sa peau d'éleveur. L'heure d'été dérange les habitudes des vaches dans leur fonctionnement journalier; en réalité c'est les hommes qui changent alors que les bêtes continuent constamment leur mode de vie. Telle est l'énigme du paysan obligé d'assurer un équilibre entre la vie moderne capitaliste et la vie normale de ses bêtes.
Le temps du paysan qui lit les signes du ciel, interprète le vol des oiseaux, sent l'air pour dire qu'il pleuvra ou non, aussi inconsistant et vague soit-il, possède un impact considérable sur l'ordre du monde que la Raison technique occidentale a imposée de force. L'inadéquation de ces deux systèmes devrait interpeler les critiques. Retrouver le temps du paysan doit se constituer en défi incontournable pour l'élite intellectuelle africaine souvent accusée de laxisme et de manque d'initiatives. Le défi de l'intellectuel africain consiste à gérer son acquis occidental en fonction de son patrimoine culturel naturel. Son destin même en dépend.
L'expression n'est pas de moi, mais de Nira Wickramasinghe. Je la trouve judicieuse et susceptible d'aboutir à une efficacité qui repose sur aucun arrière-fond inédit et original. Le retour au temps du paysans revient à retrouver sa racine primordiale, immaculée et originelle.
NB: La première version diffusée de ce message a été publiée par erreur. Je m'excuse auprès de celles et ceux qui l'ont lue.
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