15 déc. 2012

Le monde et la violence

1. Puissances du monde. Plus le monde devient civilisé, plus on affûte les moyens de tuer. Bombes, grenades, fusils, machettes, baïonnettes, navires de guerre, avions bombardiers, revolvers, couteaux, kalatschnikov, sous-marins, armes nucléaires, javelots, épées, etc. L'ironie veut que le pays qui en détient le plus soit classé le plus puissant du monde. Plus atrocement on peut causer la mort, plus glorieux on devient aux yeux du monde aveugle obnubilé par la violence. En fait, nous sommes dans un monde violent, très violent. C'est l'arme qui parle, plus que la voix. Seule la violence soutenue par l'arme donne droit et accès aux tribunes de décisions du monde.
2. L'arme a justifié les conquêtes, la colonisation, la traite esclavagiste comme l'impérialisme. Elle donne droit au veto à l'ONU, l'institution réputée être chargée de maintenir la paix. C'est pourquoi, je dis aux Congolais, défendons notre terre arme à la main. Personne d'autre ne le fera à notre place. Ne rêvons pas. Le Nord-Kivu ne nous appartient plus que de nom parce qu'en réalité le Rwanda l'a déjà annexé. Ils sont en train d'amasser leurs troupes autour de Goma. Ils nient tout en bloc, mais ils sont le M23. Les récents lapsus de Ban Ki Moon ou Cohen, voire l'erreur des Hollandais de traiter directement avec le Nord-Kivu, sont des signes très pertinents. Les pourparlers de Kampala ne sont qu'un paravent maladroit des intentions réelles de nos voisins. Je me demande comment nos gouvernants ont accepté d'aller négocier à Kampala. Un signe évident de faiblesse? L'Ouganda et le Rwanda sont précisément ces pays qui causent le plus de troubles à notre pays, donc pas du tout neutres ni qualifiés pour assurer une médiation. Au fait, quel est l'objet de ces pourparlers? L'agenda caché du M23 ne prévoit que l'annexion du Nord-Kivu au Rwanda, poussant à faire éclater la répartition territoriale jadis décidée à Berlin.
3. J'ai vécu près de treize ans en Suisse. Un pays réputé pacifique qui abrite les instances de l'ONU et qui sert souvent de médiation entre des états. Ce pays qui a longtemps servi de banque pour des dictateurs et des nantis sans vergogne est aussi, proportionnellement, l'un des plus armés du monde. A deux reprises, j'ai trouvé, surpris et stupéfait, des fusils dans des maisons que j'ai habitées. Pas de quoi s'étonner! En Suisse, tout le monde est soldat. Et en tant que tel, chaque soldat garde son arme à la maison. On prétend que c'est l'armée la plus facilement mobilisable au monde; croyez-y si vous voulez. Là n'est pas mon problème. Je parle en termes de dissémination d'armes. Bien qu'il y ait de temps en temps des accidents malencontreux, nul ne croira que la Suisse est un pays violent. C'est au contraire un pays sûr, calme, paisible, même si des milliards d'argent de la drogue et du crime y sont blanchis chaque année. Un ami congolais est devenu tireur d'élite simplement parce qu'il s'est retrouvé dans un village suisse où le sport favori était le tir à l'arme. Mais pourquoi n'y a-t-il pas en Suisse de meurtres d'une aussi grande envergure qu'aux Etats-Unis? L'éducation de base. Il y a en Suisse un sens du respect de la vie qui, selon ce qu'on voit ou entend, tient peu aux Etats-Unis.
4. Le port d'armes doit être contrôlé par une solide législation préventive et sécuritaire. En Suisse comme aux Etats-Unis, on peut acquérir des armes avec autant de facilité qu'on achète une bouteille de vin en France. Ce n'est pas l'arme qui tue, c'est l'homme. Donc c'est l'homme qu'il faudrait former, éduquer, conscientiser. Un enfant de quinze ans armé jusqu'aux dents équivaut à un régiment sans commandant, à un criminel qui assassine aveuglément tout ce qui bouge. Je l'ai déjà écrit.
  

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