Lors de mon dernier séjour en RDC, j'ai eu trois rencontres je ne dirais pas insolites mais révélatrices. En fait, certaines choses que nous apprenons des gens demeurent parfois enfouies dans notre mémoire et reviennent à l'esprit au détour d'une conversation.
Kenge a tellement changé que je n'ai pas retrouvé mes vieux repaires dans le quartier attenant au couvent des sœurs de Marie Reine de la Paix. A l'occasion d'une visite à mon aîné Alexandre Mutoni, j'ai retrouvé un quartier à la fois transformé et resté le même. Je m'explique: des constructions récentes dont le Centre Pastoral que je n'avais jamais vu que sur maquette - et qui porte aussi mon impact - constituent le décor de ce coin jadis vide. Pour la première fois, j'ai visité de jour ce centre où siège l'Assemblée provinciale du Kwango. J'y suis pourtant passé en 2018 mais de nuit en compagnie des Honorables Mulenga et Lutros, mais je n'avais pas vu grand chose. Je découvre à côté la maison construite par la famille Muzembo mais aliénée plus tard aux sœurs. De vieilles constructions existent encore, mais transformées, repeintes ou adaptées. Lorsque je marche devant le couvent, je remarque des ajouts, le kiosk a disparu. Sur le chemin, de nouveaux édifices aux toits multi-pointus impressionnants, symbole d'extravagance d'un style hérité du Nigéria. Boom immobilier. Cela indique la prospérité de certains propriétaires quoique la précarité demeure la commune mesure. Les enfants qui circulent sont de la deuxième génération après mon départ il y a mille ans. Je ne retrouve plus des maisons que je connaissais pourtant bien, probablement annihilées par l'ouragan de l'histoire. Au-delà du paraître, ce qui m'a le plus marqué de la rencontre avec Ya Alexandre, c'est sa connaissance de l'histoire de la ville de Kenge, des bâtiments, et de surcroît du Kwango. J'ai pu renouer des histoires que je savais négligemment, mais avec un éclairage nouveau. Par exemple je savais que l'abbé Innocent Mwela a fait sa 6e primaire à Kimbau avant d'aller à Kalonda, mais dans quelles circonstances? Je l'ai su de lui. Je l'ai encouragé à mettre ces vastes souvenirs par écrit. La meilleure chose à chose à faire est, je crois, de l'interviewer.
Les deux autres rencontres ont eu lieu à Kin. J'ai été cloué au lit par un malaise alimentaire. Je ne suis sorti que pour le test de l'INRB et une démarche à l'ESU qui n'a même pas abouti. Un pays à la dérive. Ce même jour, j'ai réservé un temps pour visiter une sœur qui a requis l'anonymat chez elle. Un cadre féerique, vraiment bien, calme en plein centre ville. S'est à cette occasion confirmée une histoire entendue jadis d'un inceste familial dont j'ai toujours douté, tellement je n'en croyais pas mes oreilles. Un pacte sorcier lierait à jamais toute la famille dans un secret de polichinelle. Je l'ai entendu comme tout le monde. Il est dans la vie des choses dont tout le monde parle, sans que parfois ce soit vrai. Je me réserve le bénéfice du doute en général. Et là me voilà convaincu alors que je connais ces gens depuis mon enfance. La deuxième histoire, je l'ai apprise, comme par hasard au cours d'une conversation WhatsApp. J'avais appris, du temps de mon petit et grand séminaires, des récits d'abus de belles-sœurs par un illustre cadre de l'éducation non autrement identifié. Une des victimes m'en a révélé la véracité, avec des détails très atroces. Abusée depuis la quatrième primaire par celui que cette orpheline considérait comme son père, elle a été mise à deux reprises à l'internat pour l'éloigner de l'intouchable violeur. La deuxième fois, la décision a été imposée par papa Donatien Mabana. Ce dernier a gardé ce secret jusqu'à la mort sans me le révéler. Mais je comprends mieux certaines piques qu'il ne cessait de lancer à l'endroit du vénérable éducateur.
Ces rencontres physiques et virtuelles m'ont révélé des choses connues certes mais confirmées de sorte à supprimer tout doute. J'en suis resté très ému. Comme quoi, le voisin demeure un parfait inconnu. Même mon pote Vwanga a fait tomber le diable de son illustre piédestal. J'ai toujours dit à MF que je ne me fie qu'à ce qu'elle me dit. J'ai entendu, mais mais je ne crois que ce que tu me dis, F comme Voyelle." Allez-y voir. Cela est un acte de confiance qui me tranquillise la conscience afin de ne pas céder au doute. Chacun a certes sa vérité, mais il est un point qu'il ne faudrait jamais dépasser dans toute relation. C'est quitte ou double. Le doute est destructeur de la vérité, j'en sais quelque chose. En fin de compte, ma vérité n'engage que moi seul. Parole de littéraire! Ne cherchez pas à mettre des visages à ces personnages car toute coïncidence ne serait que scandaleusement fortuite et impertinente. Foi de MF, ma fleur de cactus.
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