Mon séjour de travail et de recherche en RDC s'est achevé il y a deux jours. Enseignement, direction de mémoire et recherches personnelles ont constitué l'essentiel de mon séjour. Je m'en réjouis d'autant plus que j'ai pu, malgré les conditions très difficiles de travail, achever tout ce que j'avais prévu au départ de la Barbade.
Kenge et l'ISP, c'est l'autre bout du monde. L'Internet fonctionne mais n'est pas suffisamment utilisé ni par les collègues profs ni par les étudiants. Le système est tellement suspect qu'un collègue exige que tout texte lui adressé soit envoyé via son neveu, soit une belle cagnotte de 100.000 Francs à chaque envoi. Il charge 5000 Fr par email transféré à son oncle. Et l'oncle de l'autre côté n'accepte que des emails transférés par son neveu. L'Internet est donc une entreprise soumis à des restrictions fantaisistes ou égoïstes.
Kenge et l'ISP, c'est un autre monde. Le personnel académique enseigne dans un bâtiment qui, lorsque j'étais enfant, servait de lieu de répétitions ou présentations dominicales pour les Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. Comme ce sont des salles taillées sans aucun souci d'acoustique, il devient parfois impossible d'enseigner dans ces salles d'un autre siècle. L'EDAP et ses élèves ne facilitent pas la tâche, tellement ils font du bruit. Des écoliers peuvent vociférer, crier, chanter ou taper des mains pendant que vous tentez d'inculquer quelques notions compliquées de sciences agronomiques ou de phénoménologie.
Kenge et l'ISP, c'est un monde d'espoir. Au-delà de ce brouhaha ahurissant, au-delà de ce désordre qui frise l'amateurisme, il y a de l'espoir que le lendemain sera meilleur. Cette conviction-là sert en quelque sorte de leitmotiv. Deux bâtiments sont déjà construits sur le site officiel de l'Institut. Un étudiant, inspiré par un article à moi, a décidé de publier son mémoire sous forme de livre. Il me l'a dit, je n'ai pas vu le texte. Attendons voir la fin de la session et la fin des défenses de mémoires pour en savoir plus. Les étudiants sont enthousiastes, ambitieux et prétentieux dès lors qu'ils ignorent les insuffisances logistiques de leur milieu d'études.
Kenge et l'ISP ont besoin d'infrastructures académiques et administratives pour fonctionner normalement. Le manque de bibliothèque fait les étudiants ont tendance à faire des travaux basés sur de recherches sur le terrain. Ce qui les libère momentanément - crois-je savoir - de visites dans une bibliothèque qui n'existe pas. Autant travailler avec le matériau local. Au résultat ils produisent de bonnes thèses culturalistes sans une solide ossature théorique ni académique. L'Institut doit se doter impérativement d'une bibliothèque bien équipée s'il tient à rivaliser avec les autres instituts de la place. Mais l'effort de mieux faire se perçoit sensiblement. Encore une mer à traverser, auraient dit Césaire et Depestre.
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