24 juil. 2015

M. Nkurunziza a été réélu avec 69%

Quel beau pourcentage! Signe d'une démocratie ratée ou déviée. Monsieur Nkurunziza a le troisième mandat qu'il voulait. Il l'a obtenu à l'issue d'une élection sans enthousiasme pour les opposants, mais réussie pour la CENI et ses partisans. 69%, j'avais dit 55%. La participation selon les officiels aurait été de 73%. Difficile à dire ou à prouver le contraire car nul ne dispose des chiffres. Les gens ont plutôt parlé d'une baisse du taux de participation. Autant de problèmes ou d'incohérences peu élucidés. Qu'importe? Le président a été réélu pour son troisième mandat qu'il dit être le second. Son entêtement a payé, que dis-je, il est allé jusqu'au bout dans un pays où il tient tous les bouts du pouvoirs. Pouvait-il en être autrement? Aurait-il été possible de penser à ce qu'il perde les élections? Tout a été mis en oeuvre pour qu'il en soit ainsi: opposition non partante, quelques candidats sans envergure pour la forme, seul candidat disposant de tous les moyens de propagande et de logistique. Le roi est couronné.
Soyons attentifs. Voyons les répercussions de cette élection sur d'autres territoires dans la même situation où les présidents s'en remettent à la volonté du peuple plutôt que de se prononcer sans ambiguïté. Il ne suffit pas de dire "Oui, je respecterai la Constitution", mais il faut dire "La Constitution m'interdit un troisième mandat; je ne me représenterai pas et céderai le fauteuil à mon dauphin." A croire que le destin du pays dépend seulement de l'individu-président: c'est là que réside entre autres la faiblesse de nos démocraties. Ce qui est surprenant, c'est le fait que des soi-disant constitutionnalistes et des propagandistes soutiennent ces illogismes avec une passion démesurée qui ne convainc qu'eux-mêmes. L'essentiel est que leur message érroné ou judicieux passe.
Au Congo, en RDC, comme au Rwanda, pour ne citer que ces pays, les gens s'activent par la voix du dialogue ou de la consultation, par la signature de pétition, par des manoeuvres politiciennes, par répartition territoriale, pour ouvrir des brèches et prolonger le mandat présidentiel au-delà de la limite. On est d'accord: le président quittera ses fonctions dès l'élection de son successeur, on ne touche pas à la Constitution, mais on tient à l'interpréter dans le sens de la prolongation. On évite de parler de glissement mais d'état de fait prévu par la Constitution. On brouille les cartes à cet effet. Au Togo, la dynastie Eyadema a encore quelques décennies devant elle conformément à la Constitution.
Si l'on y réfléchit de près, Nkurunziza a eu la témérité d'affirmer et d'imposer brutalement ses ambitions sur la place publique et s'est donné les moyens de retenir le pouvoir. Les autres se montrent plus astucieux, plus rusés, cachant habilement leurs vraies intentions sauf là où le peuple unanimément réclame leur maintien ou la prolongation de leur mandat moyennant changement de la Constitution. L'effet Nkurunziza fera du chemin. Attendons voir.

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