5 juil. 2015

La démocratie au Burundi

Les élections au Burundi servent de laboratoire pour les autres pays dont les présidents hésitent à quitter le pouvoir. L'élan inspiré du Burkina Faso qui a chassé Compaoré est révolu, violemment arrêté par les manoeuvres dilatoires des présidents. Et Nkuruniza vint! Le chef de l'état burundais poursuit contre vents et marées sa lancée vers la réélection; et il sera réélu. Après son retour au pouvoir qui a vacillé pendant quelques jours, il est plus que fort pour défier le temps et l'histoire. Le fameux coup d'état manqué lui a redonné du poil: il tient à son pouvoir, plus rien ne peut l'arrêter. Il possède les verrous et en détient tous les secrets. Le peuple, intimidé, joue profil bas et ne peut qu'aquiescer sans réchigner. En outre, il y a en filigrane l'éternel conflit interethnique qu'on ne saurait dans le contexte burundais. On n'en parle pas, mais il est là souterrain.
D'aucuns craignaient la reprise d'une guerre civile dont le pays a déjà expérimenté la monstruosité. Ce n'est pas impossible quoique l'on décèle un certain essoufflement de l'Opposition. Les plus réalistes y voient simplement la concrétisation d'une dictature qui ne dit pas son nom. Tous les responsables du sénat ou de la Céni qui se sont opposés au troisième mandat du président ont pris le chemin de l'exil. Il y a un pouvoir puissant à Bujumbura et qui dispose de tous les moyens pour se maintenir à la tête du pays. Allez encore me dire que la démocratie est faite pour l'Afrique!
Entre-temps, il y a un sommet organisé en Tanzanie pour tenter de débloquer la situation. Le président burundais y est absent, car pour lui la roue de l'histoire tourne en sa faveur. Il n'y a donc aucune raison de s'y rendre, étant donné qu'il tient le bon bout. Il n'y a donc rien à attendre d'un tel sommet qui ressassera des recettes déjà connues, aussi inefficaces les unes que les autres. Quant aux opposants, ils n'ont d'autre choix que d'y aller: c'est la seule tribune où leur voix peut se faire entendre. Au pays, les moyens de l'Etat servent exclusivement le pouvoir en place. Telle est en gros la situation qui prévaut actuellement au Burundi. 
Tous les pays africains ont à présent les regards tournés vers le Burundi afin de scruter ce qui s'y passe. Sur la base de faits observés, leurs stratèges examinent les détails, étudient le phénomène de résistance à la pression populaire et peaufinent des mécanismes de maintien au pouvoir. Service de  renseignements, armée, police, argent, corruption et trafic d'influence constituent les rouages de la réussite politique. Qui les possède a le pouvoir. C'est sur ces recettes que se fondent les analyses des hommes du pouvoir. Rendez-vous le 15 juillet 2015.

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