Ce matin, j'ai été intrigué par le titre d'un article "Maghrébinité et homosexualité" de Renaud Lagabrielle dans le collectif Scènes des genres au Maghreb édité par Claudia Gronemann et Wilfried Pasquier (Amsterdam: Rodopi, 2013). D'abord par l'homophonie des suffixes -ité, j'étais curieux, moi qui parle d'africanité et de créolité dans mes interventions, de bien voir la relation subversive que suggérait la juxtaposition de ces deux termes. Ensuite par un rappel qui remonte à Senghor et Césaire, véritables créateurs de ces concepts autrefois liés à la négritude, à la francité, à l'arabité ou à la mélanité. Un jeu de mots qui affirmait plus une identité qu'un simple fait de différence de race, d'ethnie, de genre ou de culture. Enfin par le caractère inhabituel qui met en scène deux concepts idéologiques représentant l'un une culture musulmane et l'autre une tendance modernisée qui sort de l'indicible et de l'invisible pour détruire le discours traditionnel.
L'article, relativement court, commente un film Le Fil du réalisateur tunisien Medhi Ben Attia comme formant un effort pour aller à l'encontre de l'indicibilité et à l'invisibilité imposées à l'homosexualité au Maghreb. Dans une société islamique profondément basée sur l'honneur masculin, revendiquer les pratiques homosexuelles et leur expression en public constitue un crime de lèse-majesté: ainsi peuvent s'en suivre une incarcération de trois ans, une réprobation sociale. L'homosexualité est perçue comme "un déshonneur, une maladie ou une offense à l'ordre naturel et divin".
N'ayant pas vu le film, je m'intéresse moins à l'intrigue qu'à l'intéressante analyse des sous-entendus culturels et religieux mis en exergue par Lagabrielle. En fait, l'homosexualité existe au Maghreb, mais en silence. Tout le monde sait qu'elle se pratique, mais personne n'en parle ouvertement. Un sujet tabou en quelque sorte. Sa pratique expose au déshonneur. En outre, tout dépend aussi du rôle qu'on joue dans cette pratique. Le rôle actif de l'homme viril est toléré au détriment du rôle passif de la femme. L'homme féminisé fait l'objet de violentes réprobations sociales. En plus, tout laisse penser que cette perversité inacceptable est importée d'Europe, de l'Ouest: l'homosexuel qui n'a jamais été en Occident jouit d'un meilleur jugement aux yeux de l'opinion maghrébine. De ce point de vue, Le Fil, "premier film gay arabe", se classe dans la catégorie de films de coming-out, de déclaration ouverte et de sortie cinématographique. Film d'avant-garde qui brise les chaînes du silence et donne à voir l'utopique, il contribue à une profonde radicalisation du discours moderne sur les paramètres épistémologiques, logiques et éthiques de l'homosexualité. Comme en témoigne le volume Scènes des genres au Maghreb, l'heure des études "quer, gay, genre, homosexualité, lesbiennes, etc." a sonné, fruit d'expression de la liberté et des droits fondamentaux de l'homme.
Que doit conclure le littéraire que je suis? Ce qui se dit du Maghreb, peut mutatis mutandis se dire de l'Afrique subsaharienne au sujet l'homosexualité. Les mêmes pesanteurs culturelles, religieuses et sociales en font un sujet particulier, un sujet tabou. Un président africain aurait menacé de tuer les homosexuels, l'état ougandais aurait aussi radicalisé sa constitution dans ce sens. L'homosexualité existe, mais elle est étouffée par le discours hétérosexuel dominant. D'autres études, nombreuses, vont sans aucun doute paraître dans les mois et les années qui viennent.
N'ayant pas vu le film, je m'intéresse moins à l'intrigue qu'à l'intéressante analyse des sous-entendus culturels et religieux mis en exergue par Lagabrielle. En fait, l'homosexualité existe au Maghreb, mais en silence. Tout le monde sait qu'elle se pratique, mais personne n'en parle ouvertement. Un sujet tabou en quelque sorte. Sa pratique expose au déshonneur. En outre, tout dépend aussi du rôle qu'on joue dans cette pratique. Le rôle actif de l'homme viril est toléré au détriment du rôle passif de la femme. L'homme féminisé fait l'objet de violentes réprobations sociales. En plus, tout laisse penser que cette perversité inacceptable est importée d'Europe, de l'Ouest: l'homosexuel qui n'a jamais été en Occident jouit d'un meilleur jugement aux yeux de l'opinion maghrébine. De ce point de vue, Le Fil, "premier film gay arabe", se classe dans la catégorie de films de coming-out, de déclaration ouverte et de sortie cinématographique. Film d'avant-garde qui brise les chaînes du silence et donne à voir l'utopique, il contribue à une profonde radicalisation du discours moderne sur les paramètres épistémologiques, logiques et éthiques de l'homosexualité. Comme en témoigne le volume Scènes des genres au Maghreb, l'heure des études "quer, gay, genre, homosexualité, lesbiennes, etc." a sonné, fruit d'expression de la liberté et des droits fondamentaux de l'homme.
Que doit conclure le littéraire que je suis? Ce qui se dit du Maghreb, peut mutatis mutandis se dire de l'Afrique subsaharienne au sujet l'homosexualité. Les mêmes pesanteurs culturelles, religieuses et sociales en font un sujet particulier, un sujet tabou. Un président africain aurait menacé de tuer les homosexuels, l'état ougandais aurait aussi radicalisé sa constitution dans ce sens. L'homosexualité existe, mais elle est étouffée par le discours hétérosexuel dominant. D'autres études, nombreuses, vont sans aucun doute paraître dans les mois et les années qui viennent.
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