2 juin 2014

Abbé Arsène Muhau ad aeternitatem

2 juin 2014. 15h45 plus ou moins. Un coup de massue. La mort a encore frappé, et très fort. Je ramenais les jumeaux de l'école lorsque nous sommes rentrés dans un embouteillage dû à des travaux de réfection d'un tronçon routier. C'est là que Donat m'a appelé d'Irlande:
- Tu es en route?
- Oui, ai-je répondu. Dans un bouchon.
- Tu es au courant de la nouvelle?
- Que non, quelle nouvelle?
- L'abbé Arsène Muhau est mort en Afrique du Sud. De suite d'un dysfonctionnement des reins.
- Paix à son âme! (Le téléphone s'est coupé brusquement).
Vous pouvez imaginer l'état dans lequel j'ai effectué le reste du trajet. J'ai cherché, en chemin, à reconstituer mes souvenirs d'Arsène. Dès que je suis arrivé à la maison à 16h05, j'ai appelé son cousin, le père Séraphin Kiosi. Ce dernier venait de m'envoyer un SMS à ce sujet, que je n'ai pas reçu malheureusement:
- Tu viens de lire mon texto?
- Non.
- Eh bien, il y a une très triste nouvelle. Arsène est décédé à Johannesbourg.
- Je viens de l'apprendre de Donat. Paix à son âme! Si jeune! De quoi est-il mort?
- D'une longue maladie. Il était diabétique; il a développé une cirrhose de foie. C'était tellement sérieux que Philo (Mawhoko) qui devait venir ici a retardé son voyage par deux fois.
- Je revois encore le jeune homme à Katende. Je ne crois pas avoir été son enseignant.
- Mais si, il était de la première promotion, du groupe de Parfait Kileya.
- Aha? L'enterrement aura-t-il lieu au pays?
- Je ne crois pas. Philo et Eugénie ont rencontré l'archevêque de Johannesburg à l'hôpital. Ils vont se retrouver demain pour décider des détails. Je me rendrai demain à Ndjili pour voir ses parents. Etc.
J'ai eu Arsène comme élève à mon cours d'anglais au petit séminaire de Katende. Un jeune homme au teint clair, très posé mais plein de vitalité, discret mais à l'intelligence éveillée, c'est le premier souvenir qui me revient. Santé délicate à l'époque, je l'ai vu défendre les bois au lieu de se mesurer au milieu du terrain de foot. La dernière fois que je l'ai rencontré, il était en soutane blanche, étudiant en théologie à Kikwit. Je ne l'ai plus revu, par contre, j'avais de ses nouvelles par Séraphin et d'autres sources. Il y a sur sa page Facebook des photos très suggestives du sérieux qu'il attachait à sa profession sacerdotale.

S'il est une chose que je partage avec Arsène prêtre de Kenge, c'est la particularité d'être passé au secrétariat de l'évêché de Kenge. Il était secrétaire-chancelier de Mgr M'Sanda en 1997, l'année où a eu lieu la bataille-hécatombe de Kenge qui a poussé le président Mobutu à abandonner le pouvoir. Grâce à son courage et à sa fermeté, l'abbé Arsène a sauvé des vies à Kenge alors que militaires et rebelles avaient envahi la ville. A bord d'une jeep avec un haut-parleur, bravant les dangers, il a sillonné la ville et poussé les gens à quitter leurs maisons, à fuir les combats imminents. Ce récit m'a été raconté par feu mon père. Les historiographes ne manqueront pas de souligner cet acte exceptionnel effectué par l'abbé Muhau.
Aux familles Muhau, Mawhoko, Kiosi et à toutes les familles apparentées, aux diocèses de Johannesburg et de Kenge, à toutes celles et à tous ceux qui sont touchés par la mort d'Arsène nos sympathies les plus émues. Puisse le Seigneur seul être notre réconfort!
Arsène, may your soul rest in peace!

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