30 juin 1960 - 30 juin 2011. Voilà un pays, mon pays, dont le destin dépasse tout entendement. Chaque fois que j'y retourne, c'est plus de désolation que l'année précédente. L'insécurité y bat son plein, la population s'appauvrit, la corruption d'arrogants nouveaux riches scandalise, l'eau et l'électricité demeurent encore des denrées rares et rationnées, l'insalubrité des bidonvilles surprend même les microbes, etc. Parlez-moi de politique et de démocratie! Juste un sordide machin pour devenir Crésus en un temps record. Il y a des individus dont le salaire s'élève à quelques milliers de dollars qui bâtissent des immeubles d'une valeur de plus de deux millions de dollars. Et d'autres dont le salaire est inconnu. Et d'autres encore qui entretiennent une pléthore de vingt chauffeurs et de concubines. Et d'autres qui s'approprient des biens de l'Etat et des individus. Et d'autres dont le travail est de "kuluner". Et d'autres... je ne sais pas. "Si, tu sais, mais tu te tais, poltron", me dit mon détracteur préféré. Lui au moins me révèle mon autre face. Je ne donnerais ma peau à brûler que pour défendre mon destin de "martyr". Comment voulez-vous qu'un tel pays s'en sorte? "Mais tu le sais parfaitement". Secret de polichenelle. Je ne sais pas, je ne vois rien venir, je ne sens rien ... hélas.
Révolution? Oui, je me souviens du mouvement populaire de la révolution. Mais une autre révolution a remplacé, m'a demandé Aimé Césaire dont Bunkheti Kifindi dit, avec tout le sérieux du monde, qu'il fut musuku pour avoir écrit: "Likouala Likouala". Oui, lui ai-je répondu, le Zaïre est redevenu Congo. Ah le Congo de Lumumba!