1 déc. 2019

Le temps change les hommes.

Le temps change les gens. Il change aussi les relations humaines. Des amis se séparent, des couples se disloquent, des coalitions volent en éclats. Lorsqu'on prend de l'âge, on voit  des absences, des silences, des vides, des interrogations, des soupçons, des énigmes se créer autour de soi. Une sorte de "Diner for One". Un univers cauchemardesque! On le vit sans y croire alors que c'est la réalité. Les congénères partent, les amis disparaissent un à un comme dans une coudée indienne. On s'affuble des titres de sage, de vieux, de conseiller, de M'Zee ou de Mwalimu ou que sais-je encore.
Tout cela masque mal le poids du temps destructeur. Des plus jeunes les remplacent ceux qui sont "partis", les remplacent-ils réellement? Il faut continuer de vivre. On devient de trop pour les bien-portants, il faut un "asile" ou un hospice du troisième âge pour vour héberger. Il vous faut céder la place utile à ceux qui sont utiles à la société. On croit se faire remplacer par d'autres, plus actifs, plus jeunes et pleins d'avenir. La vie pourtant nous apprend que nul n'est irremplaçable au fil du temps et que nul ne peut remplacer un autre dans un coeur.
Dis-je la vérité? Mon pourfendeur ne me croit pas, sceptique et critique, car selon lui, tout change à l'horizontal (sic). Une expression à la fois macabre, complexe et réaliste. A l'heure de vérité. Autrement la vie serait impossible, et elle l'est en effet. Voyant ce matin une photo de quatre-vingt-deux, il s'est écrié: " Elle était donc dative. L'autre wa l'autre avait raison." Et c'est ce jour-là que s'est ouverte la porte de la mort pour l'homme à qui la providence avait confié tant de grâces, car ce fut une bombe à retardement. On en a encore découvert une aux environs de Turin. Soit! J'arrête là cet incompréhensible charabia des copains.
Oui, c'est décembre déjà. Le temps file, passe vite. Il change les gens, et me change aussi. Pas moi que je dis? Les autres. Je demeure ce que j'ai toujours été. Du moins, je le crois. Ma fleur de cactus épineuse et sarcastique se souvient de l'intrépide mbuta Luvumbu, un sorcier kongo illustré jadis par Franco. Récupération du temps! Et Marcel Proust de larguer sur le marché du livre sa recherche du temps perdu. Je n'ai lu que trois ou quatre volumes de cette impressionnante somme littéraire tandis que mon maître Jean Roudaut avait tout lu. Je finirai la lecture une fois à la retraite si Dieu me prête vie. Curieusement j'ai déjà le dernier volume au titre symbolique: Le temps retrouvé.
Hélas, le temps change. Il change les gens. Il me change moi aussi. Jusques à quand? C'est un secret. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire