Avant-hier je m'ètonnais que l'ancien ministre de la défense encourage les jeunes à s'enroler dans l'armée. Quelle armée et pour quelle guerre? Aujourd'hui j'apprends que cet appel sous le drapeau s'étend dorénavant sur l'ensemble du territoire. Les gouverneurs des provinces conscientisent leurs jeunes en àge de majorité à servir le pays. En effet, depuis la prise de Goma et de Bukavu par le M23/AFC, le recrutement des jeunes dans l'armée prend une ampleur sans pareil. De quoi se poser des questions?
La première impression est que cette gestion calamiteuse de notre défense nationale relève de ce qui s'appelle la cigalomanie: "La cigale ayant chanté tout l'été / Se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue". L'agitation qui s'observe dans le monde politique montre visiblement que cette guerre n'a pas été préparée. Or gouverner c'est, dit-on, prèvoir, pré-voir. Méme les apolitiques que nous prètendons être perçoivent cette lacune dans le chef de nos dirigeants. Fallait-il attendre cette situation embarrassante pour enfin penser recruter les jeunes dans l'armée? Ailleurs cela s'appelle mobilisation. Qu'à cela ne tienne, il n'est jamais tard pour mieux faire.
Un sursaut national d'orgueii. Comme à mon habitude, j'aime à dé-sémantiser certaines expressions. Littérature de salon ou de magouille. Je pèse mes mots en patriote de pacotille. Parlons-en. Parmi nos généraux se comptent des millionnaires, des gestionnaires de xarrés miniers dans différentes provinces alors que les recrues ne gagneront pas plus de 200$ par mois. Et même encore faudra-t-il que ces soldes leur parviennent? L'Etat congolais doit assurer que les jeunes enrôlès bénéficient d'un salaire adéquat et conséquent. L'envers, pour ne pas dire revers, serait de verser des milliers de kuluna armés les rues et quartiers des villes déjà ensanglantées par ces malfaiteurs. C'est le défi catastrophique qui guette ce mouvement de recrutement massif. Un meilleur encadrement de la jeunesse s'impose. Des laborantins politiques préconiseraient la mise en vigueur d'un service militaire obligatoire, mais de telles initiatives ou réformes ne s'improvisent pas.
Trop de sang congolais coule depuis le départ de Mobutu. Les tueries sont devenues monnaie courante à travers le pays, même dans les contrées jadis reputées sans violences. Effets des guerres et rébellions. Notre pays aspire certes à la paix, un motto de sa devise, mais le voeu immédiat est qu'il prépare la guerre. Cette recette me paraît inévitable. Ce n'est pas un choix. La guerre doit se préparer tous les jours; c'est le devoir de tout Etat. Langage belliqueux pour un littéraire certes, mais la situation actuelle exige un tel discours à la fois radical et patriotique. Défendons notre pays contre vents et marées d'où qu'ils viennent. Pro patria mori!
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