J'ai passé deux semaines à Kenge où je suis arrivé dans l'après-midi où se comptaient les résultats des élections. L'ambiance tendue que j'ai perçue à Kin se révélait encore plus virulente dans la ville de Kenge. Mon voisin de palier était candidat, on pouvait sentir la résolution dans ses propos incendiaires vis-à-vis de la vieille classe politique kwangolaise. J'ai aussi réussi à prendre la mesure de la violence verbale et de la division tribale qui empoisonnent cette cité dans laquelle se tiennent tant de nos racines et mémoires. Bref l'effet Fayulu a provoqué une hécatombe chez les favoris du premier tour. C'est donc dans une ambiance d'attente des résultats que s'est déroulé mon séjour.
Dans ces circonstances, j'ai difficilement enseigné mes deux cours. Soit sept jours au lieu de dix. Certains étudiants, non avertis, se trouvaient soit en campagne soit en congé. J'ai quand même eu la grande majorité. J'ai préféré laisser des trauvaux sur la base des livres vus en cours. Grâce à un assistant qui m'a été assigné, les travaux se poursuivent. Un de mes étudiants candidat-suppléant a réussi son pari et est venu au cours tout couvert de la farine de manioc sur la tête et sur sa veste. Proficiat Muteba!
Deux grandes surprises à signaler: la défaite de Mr Théophile Mbemba et ses collistiers, ainsi que l'élection de Mr Félix Tshisekedi comme président de la république. Je réserve les commentaires aux connaisseurs des recettes politiques de notre pays, car comme beaucoup d'observateurs, je suis resté éberlué. Surpris? Pas vraiment car j'ai quelques berges derrière moi. Ce matin, j'ai compris ce qu'est la politique. C'est-à-dire ce que j'en ai toujours su. C'est-à-dire un tissu de calculs, d'arrangements entre tireurs de marionnettes sans que le peuple y trouve son compte. Que dis-je? Seuls les initiés y voient clair. Je l'ai dit.
La veille comme par hasard j'ai évoqué, sans conviction, l'éventualité d'un ticket Tshisekedi comme constituant une meilleure voie de sortie vu le désastre qu'allait subir Shadari devant l'ouragan Fayulu. A quoi mes interlocuteurs ont répondu par niet: "Inimaginable!" Et c'est ce qui s'est produit: "L'inimaginable n'est pas impossible aux pays des Congolais." Voilà où nous en sommes. Dans moins de 24 heures le proclamé président-élu par plus de 7 millions de voix, va prêter serment. Oui, j'ai compris ce qu'est la politique.
Dans la foulée j'apprendrai qu'il y avait une machine à voter dans mon environnement. Et même chez un autre insoupçonnable de telles manoeuvres. Ils ont tous les deux obtenu les voix de leur invesititure nationale en toute innocence et intégrité. Ni vu ni connu. Oui c'est ça la vraie politique. Mani pulite.
Mon retour comme mon arrivée s'est effectué sans spectacle ni tambour. Je suis depuis deux jours à mon domicile fixe. J'insiste à mon domicile "fixe".
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