17 mars 2020

Les rôles changent avec le temps

Juillet 1964. Je me rends compte seulement aujourd'hui que j'ai des ennemis, des gens qui m'en veulent à mort. Ces personnes affûtent chaque jour  leurs armes contre moi. Mon premier ennemi fut un feu de brousse. Ajourd'hui, ce sont des personnes vivantes. Mises à part les relations éphémères, opportunistes ou orchestrées par le hasard, je découvre qu'il y en a aussi de solides et dont l'amour pour moi est indeffectible, insoluble à l'usure du temps et des intérêts.
J'avais sept ans lorsque je participai à mon tout premier feu de brousse. Je venais de finir ma première année primaire et me préparais à entamer la deuxième. J'étais allé passer quelques jours de vacances à Milombi. Le jour du feu de brousse, Ya Matesa me prit sous sa protection et m'amena. Quel âge avait-elle? Je ne saurais le dire car son mariage intervint peu de temps après. Un événement de découverte. J'assistai à mon tout premier tourbillon de feu, la seule fois qu'il me fut donné d'y assister. Ya Matesa avait des chaussures genre slip en bois; elle me mit sur son dos pour fuir le menaçant tourbillon terrestre. Mes cousins Thambu et Kingoma étaient de la partie. A cette chasse collective insolite, les enfants s'occupaient de ramasser des sauterelles alors que les femmes attrapaient des rats, et les hommes tiraient sur les antilope et autres animaux de la brousse.
De ce séjour à Milombi date ma première expérience des moustiques. J'avais déjà été piqué par une abeille, mais jamais encore par un mousique du moins c'est ce que je croyais. A l'époque la famille de ma tante Mvindu, épouse du chef Milombi, habitait au bord d'un étang, ou mieux un marigot où l'on pêchait des tilapias. Peu de temps après, nous prîmes la route pour Makiosi où la famille fut mutée. Ma cousine fut mariée cette année-là, eut plusieurs enfants dont certains sont morts dès leur jeune âge. De Makhondo sa famille s'est installé à Manzau dès 1966 je crois. Je me souviens bien de Kha Mathosi, la maman de Papa Faustin. J'y allais passer les weekends quand cela m'arrangeait. Septembre 79, j'y passai ma dernière nuit avant de rejoindre pour mon voyage de Rome. Fin juin 83 elle perdit son dernier enfant un vendredi où je revins de Kinshasa, j'assurai moi-même l'enterrement au cimetière situé à côté de la piste d'aviation. C'est là aussi que se trouve aussi enterrée Louise d'heureuse mémoire. Pour dire combien j'ai été proche de ma cousine.
A présent ma cousine aînée, devenue entre-temps veuve, est malade. Papa Faustin son mari est mort alors que je me trouvais à Fribourg. J'ai déjà parlé dans ce blog. Elle a failli mourir sans une intervention immédiate de notre part. Elle est de nouveau malade, laissée encore une fois à elle-même. Je suis sans nouvelles. Ce qui étonne et énerve, c'est ses propres enfants qui bloquent aussi bien l'accès à elle qu'aux nouvelles la concernant. On dirait qu'ils auraient intérêt à la voir quitter ce monde. Les rôles ayant changé, il nous revient de nous occuper d'elle.
Aux dernières nouvelles, elle se rétablit petit à petit. Dieu seul sait combien de temps il lui reste à vivre. Comme pour nous tous d'ailleurs. Protégeons-nous du COVID 19.  

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